jeudi 24 février 2011

A Rome... l'amour des formes

Me voici de nouveau à Rome. Tâche funèbre : il faut fermer la maison, qui était si bien partie. Certains actes ont forcément quelque chose d'irréparable...

Mais la vie reprend toujours le dessus : c'est une nouvelle occasion de vivre au rythme de la Ville éternelle. Un rythme, qui n'a rien à voir avec Paris. Exemple : tout à l'heure dans le bus, petite scène d'anthologie. La voiture est absolument bondée. Les portes ne ferment plus. Le chauffeur tente - oh ! Une vingtaine de fois - d'actionner la fermeture automatique. Sans succès. Sans doute un usager de trop. Il a bien fallu cinq minutes de montre, bus arrêté, pour qu'une vieille dame haute comme trois pommes se mette à hurler : "Scende" (orthographe non garantie), ce qui d'ailleurs dans l'immédiat n'a rien changé. A Rome on a tout son temps : c'est cela aussi la Ville éternelle. Avoir tout son temps ? C'est une bonne définition, une définition à notre portée de l'éternité. Autant dire qu'il faut toujours que nous pensions, nous qui ne sommes pas (encore) dans l'éternité, que nous n'avons pas le temps. C'est le temps qui nous possède hélas, jusqu'à ce que le Christ nous en délivre, en nous faisant porter du fruit : ut eatis et fructum afferatis et fructus vester maneat. Pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit... demeure. Seul le Christ peut faire que notre fruit demeure.

Béni soit Internet ! J'ai pu, sur l'intervention efficace de l'abbé Fournié, réserver des places pour la Villa Borghèse. Du jour pour le lendemain. Formidable. Et nous voilà partis à revoir les formidables groupes sculptés du Bernin. L'enlèvement de Proserpine, et, toujours sur le thème du rapt, Apollon et Daphné. Le cardinal Scipion Borghèse, neveu (nepos) de Paul V (celui qui a mis son nom sur le fronton de Saint-Pierre), était attaqué à cause de la légèreté de ces compositions qu'il commanda à l'immense artiste, qui joue avec le marbre comme d'autre avec une vulgaire pâte à modeler. Il se servit du thème d'Apollon et Daphné : Daphné se transforme visiblement en laurier quand Apollon veut la saisir. Une phrase latine stipule que celui qui aime les belles formes est toujours déçu au moment où il croit les saisir. Pour Scipion Borghèse, esthète parmi les esthètes, la poursuite du Beau reste une perpétuelle insatisfaction... Platon, dans Le Banquet, avait déjà expliqué cela. Et Lacan, d'une autre façon, expliquant : "Le désir, c'est ce qui manque à la visée du sexe".

Est-ce une forme que nous cherchons ? Alors nous serons toujours déçus : la vérité a été sculptée aussi par Le Bernin, comme une femme massive dans son intégral dévoilement, mais nous savons qu'elle est au-delà de toutes allégories, semblance sans pareille de toutes les ressemblances, analogue cachée en toute analogie et jamais dévoilée. N'en déplaise au sculpteur admirable, la vérité n'est jamais nue, jamais pure, elle se donne dans les vêtements du sensible qu'il faut décrypter, elle se montre à travers le bruit de l'événement, qu'il faut toujours tâcher d'interpréter... Les formes rendent la vérité plausible : il ne faut jamais les mépriser. Mais elles sont là pour certifier que le vrai est au-delà d'elles : il ne faut jamais s'y arrêter.

Faut-il envoyer promener toutes les formes, pour pouvoir se mouvoir dans l'absence de formes, comme un poisson dans l'eau ? Heidegger le pensait, qui a essayé de théoriser "la pensée" comme un au-delà de "la connaissance" - sans sujet et sans objet. Pure atmosphère. C'est grave Docteur ? - C'est simplement que Heidegger n'avait pas assez contemplé Le Bernin, qui, au bout de son ciseau de virtuose, a compris qu'on ne pouvait pas se contenter d'une vérité-atmosphère et que, pour nous, ce sont les formes qui nous font entrevoir ce qui est sans forme. Vico a formulé ce qu'il appelle la sagesse des Italiens (voir ce petit livre traduit chez GF) et ce que nous pourrions nommer carrément la sagesse des Romains dans une formule indépassable : "Le vrai et le fait sont convertibles". Verum, factum. Vivent les formes ! Scipion Borghèse avait raison de tenir tête aux punaises de sacristie de son temps - et autres intégristes luthériens ou calvinistes : les formes, toutes les formes sont une prédication de l'existence d'un au-delà des formes, par Lequel elles se ressemblent toutes et par Lequel tous les esprits se comprennent.

Autre attrait momentané de la Villa Borghèse : une exposition Cranach, qui - apparemment, quelqu'un peut-il m'expliquer le pb - fait concurrence à l'exposition parisienne.

A propos d'intégristes luthériens, Cranach est un ami intime de Luther. Il a peint le réformateur dans un petit dyptique avec sa femme, la religieuse Catherine Bora (pas très enthousiasmante au demeurant). il a peint le père(terrible) et la mère de Luther. Il a aussi dessiné et imprimé d'horribles, d'obscènes caricatures du pape (sur ordre de Luther) : Ivan Gobry en a d'ailleurs réédité toute la collection aux éditions Jérôme Millon. Ce spectacle de haine vaut le détour. Pourquoi rappeer ces caricatures ? Pour souligner que la présence de Cranach à Rome ne va pas de soi. Qu'est-ce qui fait que ses peintures s'inscrivent si bien dans le décor luxuriant et baroque de la Villa Borghèse ?

Malgré ce que Calvin appelait lui-même le docétisme luthérien, malgré l'abstraction de cette doctrine du salut par la foi seule, par l'Écriture seule, par la grâce seule, malgré le mépris des formes qu'une telle théologie suppose (voir - de mémoire - sur ce mépris des formes et ce culte luthérien de l'intériorité seule, les 20 points du petit opuscule appelé La liberté du chrétien) - eh bien ! Il y a chez Cranach un culte de la forme, et, en particulier, sans nulle obscénité, dans son Ève, dans ses Lucrèces dans ses Vénus, un culte des formes féminines. Et ce culte va jusqu'à l'ironie cinglante de la série des "couples mal assortis" : ils sont mal assortis, l'homme est un monstre et la femme une divinité (c'est toujours ou presque dans ce sens bien sûr), et cela se voit. Verum et factum convertuntur. Cranach, dans son amitié pour Luther, n'a pas abjuré le culte si catholique de la forme, qui permet seul d'aller au-delà des formes et au-delà du voir.

Pour le dire d'un mot, en une comparaison, Cranach est plus proche du catholique Rubens (même si la plupart du temps, il est moins charnel tout de même : moins explicite) que du protestant Rembrandt (dont il a pourtant le sens de la précision biblique). Tout luthérien qu'il était, Cranach réalisa entièrement la décoration de plusieurs églises catholiques, ainsi que nous l'apprend un commentaire de l'exposition. C'est un peu comme si les auteurs de l'exposition voulaient se défendre d'acclimater je ne sais quelle froideur nordique dans la chaleur romaine. Mais il n'y a rien à défendre pourtant : Cranach à la Villa Borghèse, c'est une magnifique ironie de l'histoire.

mercredi 23 février 2011

[brève] Dislocation - suite

Les chiffres de 2009 de l’Eglise de France viennent d’être publiés. Ils ne sont pas bons. Qu’on en juge, en les comparant avec ceux de 1996 (entre parenthèses):
316.286 baptêmes (contre 421.295)
45.037 confirmations (contre 80.245)
77.664 mariages (contre 124.362).
Clairement, l’Eglise de France maigrit. Entre un quart et une petite moitié de moins, selon ce que l’on regarde, sur même pas une demi-génération. D’aucuns ricaneront que voila l’«Eglise conciliaire», tandis que 'nous', nous nous porterions bien. Et bien… non. Les enfants qui ne sont pas baptisés dans leur paroisse ne le seront pas plus dans le réseau ‘tradi’. Ce n’est pas l’«Eglise concilaire» qui fond, s’amenuise, et s’évapore en France – c’est l’Eglise tout court.

[vidéo] Sur la dépendance (#1)

mardi 22 février 2011

Le mal ? Une révélation

Le temps de la Septuagésime a mis un manteau violet sur la liturgie et un voile de gravité sur notre vie chrétienne. Je suis en train de préparer la prédication de Carême de cette année. Sujet : le mal. Prédication : de 18 H à 19 H tous les dimanches de Carême. Cela fait deux ans que je voudrais parler du mal, en particulier dans la Bible, puisque la Bible nous offre, culminant dans le spectacle terrible de la Croix du Seigneur, une véritable révélation sur le mal. Nous découvrons des choses cachées depuis la fondation du monde comme dit Notre Seigneur. Quel scientifique a osé proposer des solutions à un tel problème ? Le monde des scientifiques est un monde régulier, dans lequel tout est programmé : comment comprendre le mal ? Imaginer qu'il est nécessaire, qu'il y a "ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous" comme disent les stoïciens, et que pour ce qui ne dépend pas de nous, il suffit de se résigner ? Impossible ! On ne se résigne pas au mal... Ou alors ce n'est pas vraiment un mal.

On peut faire le tour de tous les philosophes : il y a ceux qui se résignent (de Zénon à Spinoza et à Nietzsche : les adeptes du nécessitarisme et de l'éternel retour du Même), ceux qui ne veulent pas voir ("Nul n'est méchant volontairement" dit Platon, pour lequel le mal n'est qu'une illusion liée à la chute dans la matière qu'évoque le Phèdre par exemple ou le Politique), ceux qui dissertent sur le mal radical et n'envisagent comme remède que l'absolutisme de l'Etat (Aristote et Kant), ceux qui le justifient, ce mal, en en faisant une étape dans la dialectique, un moment nécessaire dans l'histoire (Hegel, Marx, Lénine, Staline), ceux qui le renvoient à l'enfance et aux complexes auxquels elle aurait donné lieu (les post-freudiens), ceux qui n'en parlent pas parce que la raison n'a rien à en dire (Descartes), ceux pour lesquels tout est toujours pour le mieux (Malebranche et Leibniz) etc. Et dans tout cela... Rien qui vaille tripette.

Le Christ, que dit-il du mal ? Il ne dit pas, il montre. Sa croix est "la chaire de son éloquence, où me montrant ce que je crois, il m'apprend tout par son silence" (eh oui ! Les vieux cantiques ont du bon ! Vous avez reconnu peut-être : Vive Jésus vive sa Croix). Si le Christ sur la Croix transforme son agonie en un acte d'amour incomparable... pourquoi n'en ferions nous pas autant avec nos mille bobos à la vie. Comme dit Simone Weil : "Le mal est à l'amour ce que le mystère est à l'intelligence. Il le rend surnaturel" (c'est à dire pour paraphraser Pascal dans le célèbre texte sur les trois ordres : il lui donne une valeur infiniment plus infinie que celle de tous les esprits pris ensemble. Le surnaturel c'est le divin.)

Valeur du mal métamorphosé en offrande par l'amour... Que c'est dur. Mais il n'y a pas d'autre solution.

Certains ont cru que parce que cet enseignement était extrêmemnt difficile, il fallait le mettre sous le boisseau et ne le ortir qu'au happy few dont on imaginera à l'avance qu'il est capable de le comprendre. Quelle erreur pastorale ! Le mal est universel. Dans un sermon, je ne suis pas sûr d'obtenir le silence et l'attention si je parle du Christ. je suis sûr de toucher chacun si je parle du mal et de la révélation que nous en fait l'Evangile.

C'est que le mal n'est pas une anomalie ou une exception. Tout le monde en parle... Et... tout le monde le fait. L'Ancien Testament est étonnamment catégorique sur ce constat : Non est qui faciat bonum, non est usque ad unum. Ca passe mieux en latin ce pessimisme, mais c'est la même chose en français : il n'y en a pas qui fasse le bien, pas un seul... "Tous sont dévoyés, ensemble pervertis" dit un autre psaume. Je passe sur les innombrables imprécations des prophètes, guère plus optimistes que ne l'est le Psalmiste. Et la Torah elle-même ? Pas d'avantage : même Moïse a péché contre Dieu et ne peut entrer dans la terre promise.

Quand j'étais petit et que j'assistais, avec mes parents, à la messe selon le rite ordinaire, j'étais très étonné de cette invitation dès les premiers mots de la liturgie : "Reconnaissons que nous sommes pécheurs". Et je pensais à part moi : même les grandes personnes ? Nous sommes donc tous pécheurs ? Alors à quoi ça sert ?

Et voilà tout le génie éthique du christianisme : "Tout coopère au bien de celui qui aime Dieu, même les péchés" dit saint Augustin, prolongeant l'épître aux Romains. Bienheureux travail du négatif ! Hegel a essayé de transformer ça en dialectique historique : il n'a réussi qu'à faire couler des flots de sang en Europe et dans le monde au nom du Paradis sur la terre. Le travail du négatif, c'est de l'amour, ça ne peut exister qu'à l'échelle d'une personne qui librement sait, à force d'offrande et d'engagements, "transformer les obstacles en moyen" et trouver un dynamisme jusque dans le malheur... quand l'amour s'en mêle.
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PS : Merci à Antoine d'avoir parlé du "véritable amour". Il me semble que si saint Jean n'emploie pas cet adjectif,véritable, il utilise une terminologie très précise et là où un grec attendrait, s'il est question d'amour, que l'on parle d'eros, de storgué ou de philia, lui Jean, comme tous les évangélistes et sans doute comme le Christ lui-même utilise le vieux mot agapé, que personne n'emploie plus : l'amour véritable, celui qui naît de l'oubli de soi.

Sur ce, saint Thomas ajoute que l'agapé (caritas comme il dit en latin) "inclut toutes les formes de l'amour". A entendre le Boeuf muet de Sicile, même l'amour le plus charnel peut être imprégné de charité, c'est-à-dire d'oubli de soi et de préoccupation du bonheur ou du plaisir de l'autre.

samedi 19 février 2011

Mardi 22 février, Jacques Jouanna...

Jacques Jouanna sera au Centre Saint Paul (début de la conférence 20 H 15). Membre de l'Institut, professeur émérite à la Sorbonne, élève de Jacqueline de Romilly, Jacques Jouanna est spécialiste de la médecine antique, éditeur du médecin Galien (131-201). Il viendra nous parler du serment d'Hippocrate, tel qu'il est dans le texte et dans l'esprit. Son titre : Serment d'Hippocrate, serment chrétien, aux sources de l'éthique médicale.

Ce retour et ce recours aux Grecs revêt une importance particulière, alors que, d'un côté, les scientifiques ont de plus en plus les moyens de jouer aux apprentis sorciers et que, de l'autre côté, on accuse les chrétiens de vouloir imposer leur morale. On pourra constater que, dans ses principes au moins, la morale est la même. Elle est chrétienne ? Elle est humaine.
 
Mardi 22 février 2011 à 20H15 : «Serment d’Hippocrate et serment chrétien : les constantes de l’éthique médicale » par Jacques Jouanna, membre de l’Institut de France (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) et Professeur de Grec à la Sorbonne - PAF 5€, tarif réduit à 2€ (étudiants, chômeurs, membres du clergé) - la conférence est suivie d’un verre de l’amitié.

jeudi 17 février 2011

Le mariage, une vocation ?

Merci à tous de vos contributions passionnantes. Cher Julien, j'ai particulièrement apprécié vos deux mises au point et c'est vous qui m'entraînez sur ce terrain du mariage et de la vocation ou du mariage comme vocation. L'un d'entre vous m'écrit en privé sur ce sujet : "Quant à former de vieux couples, les bono-bonos en font autant". Je crois qu'il a raison. Mais je voudrais vous proposer une distinction qui me semble utile.

Il est vrai qu'il n'y a pas de vocation au mariage, quoi qu'en disent certains prêtres pénétrés de l'importance des séances de préparation au mariage qu'ils organisent pour les tourtereaux dont ils s'apprêtent à célébrer les noces comme témoins qualifiés par l'Eglise. Le mariage (et l'accouplement qui en constitue la fin naturelle) relève de la nature. Dieu a créé l'homme "homme et femme", l'homme pour la femme et la femme pour l'homme. Aucune vocation particulière n'est requise pour vivre en couple, ni même pour se marier. C'est le destin commun de l'espèce humaine. Il faut d'ailleurs préciser que la monogamie et la fidélité sont des caractéristiques normales des familles humaines, favorisant l'éducation et l'identité des petits d'homme, et que les pratiques contraires ne viennent pas de la nature mais, comme dit l'Evangile, de "la dureté du coeur des hommes". Cette précision permet de comprendre que la polygamie ne peut jamais apparaître comme un droit, quelles que soient les pratiques de certaines communautés et "l'infidélité native" de certains hommes...

Le mariage n'est donc pas une vocation personnelle mais un dessein de la nature. C'est la raison pour laquelle on retrouve ne cérémonie du mariage dans toutes les civilisations. On peut aussi interpréter la mode du PACS comme une volonté de concilier cette "ritualité" naturelle avec le maximum de liberté individuelle compatible.

En revanche, il faut ajouter que nous avons chacun, au-delà de notre nature, une vocation personnelle, qui n'est pas la vocation religieuse, mais qui désigne un chemin de vie, unique et irreproductible, qui fait apparaître chaque existence, au crépuscule de la vie, comme une "histoire sainte" au sein de laquelle la grâce de Dieu est donnée à chacun d'une manière chaque fois différente.

Dans ce cadre vocationnel ou personnel (les deux mots se recoupent : il y a une providence personnelle du Dieu Personne : "Les cheveux de votre tête sont tous comptés"), on peut dire qu'une rencontre est toujours voulue par Dieu. Comme dit le Père Garrigou Lagrange, "Ce n'est jamais par hasard que deux âmes immortelles se rencontrent". Même un échec amoureux peut être vu comme providentiel et contenant une leçon ou une expérience, qui permettra de réussir une prochaine rencontre. Et puis, lorsque cette rencontre réussie a eu lieu, il faut souligner que son caractère providentiel et divin nous permet de comprendre quelle responsabilité elle fait peser sur chacune des deux personnes : aimer, c'est être pour toujours responsable de ce que l'on aime... Cette responsabilité, voulue par Dieu, dessine pour chacun une vocation particulière et introduit dans une destinée des inflexions que la solitude n'aurait pas admise...

C'est aussi cette conception de la vocation personnelle universelle (voir Caritas in veritate : les 20 premiers paragraphes) qui permet de comprendre que certains n'aient pas été appelés personnellement au mariage, n'aient pas fait la rencontre qui etc. Cette absence peut être saisie comme un manque cruel. Mais tout célibat assumé dans une vue providentielle et vocationnelle est fécond. Comme dit l'un d'entre vous, entrevoyant cette fécondité, c'est le cas par exemple du célibat de l'artiste : fécond par les oeuvres qu'il permet. Je dirais même que le célibat contraint la personne qui le vit à faire de sa vie une oeuvre, puisque d'autres vies ne lui sont pas régulièrement confiées. Dans le célibat, il y a une liberté, qui renvoie, comme toute liberté, à une exigence particulière. Ultimement, c'est aussi le sens du célibat consacré : pouvoir faire plus et donner plus et donc devoir faire plus et donner plus. Cette épure magnifique n'empêche pas hélas que, dans le concret, certains prêtres soient des... vieux-garçons manqués !

mardi 15 février 2011

19 février : "Le Viêt-Nam catholique" - journée thématique

Le Centre Culturel Saint Paul, l’Institut du fleuve et le cercle de l’Aréopage vous invitent à une journée thématique le 19 février 2011, de 10H00 à 18H00, sur: le Viêt-Nam catholique

Programme: Gérard Jubert: L’évangélisation du Viêt-Nam -- Jean Claude Didelot: Les témoins d’aujourd’hui, petit Van, Mgr Thuan -- Tancrède Besse: Les milices catholiques du lieutenant Leroy, un exemple de résistance chrétienne -- Monsieur Jubert: Les martyres du Viêt-Nam -- François Xavier Vu, Manh Hung, Jean Claude Didelot: Images de l’Eglise vietnamienne aujourd’hui.

19 février 2011, de 10H00 à 18H00 - Participation aux frais (incluant le repas indochinois) : 15 euros -- 12 rue st Joseph -- M° Bonne Nouvelle, Grands Boulevards, ou Sentier -- Inscriptions et contact : 06 98 56 02 06

[conf'] «La politique de Jean-Paul II» - par l’Abbé Paul Aulagnier

Mardi 15 février 2011 à 20H00 : «La politique de Jean-Paul II» - par l’Abbé Paul Aulagnier qui dédicacera son livre - PAF 5€, tarif réduit à 2€ (étudiants, chômeurs, membres du clergé) - la conférence est suivie d’un verre de l’amitié.

dimanche 13 février 2011

Considérations intempestives d'un curé sur le mariage

Trouver la liberté dans le mariage, est-ce possible ? De moins en moins souvent. Notre webmestre, à son habitude, a sorti les bons chiffres et marqué là où ça fait un peu mal. Quant à moi, il me semble que, parmi les chiffres qu'il offre, le pire est celui qui concerne les mariages : moins cinquante mille en dix ans. Aujourd'hui 250 000 par ans, quand il y en avait 300 000 en 2000. A ce rythme-là, combien en restera-t-il dans 20 ans. Il faut considérer que pour diverses raisons, fiscales ou morales, le Pacs fait maintenant concurrence au mariage. Efficacement.

Qu'est-ce que cela signifie ?

Un certain nombre parmi vous soulignent que le mariage civil n'est pas crédible et que, perte du sens religieux aidant, il est assez prévisible que les contractants préfèrent un engagement soft - le Pacs - à un engagement total - le mariage, avec les conséquences que celui-ci risque d'avoir, si divorce il y a, en particulier - désolé mesdames mais il faut le dire - pour le mari. Dans le bouffon des rois (éd. Plon 2011), Francis Perrin, qui s'est marié cinq fois et se déclare "heureux depuis dix ans avec une femme et trois enfants" (dont un autiste, pour lequel il a remué ciel et terre)nous présente sa désolation dans une maison vide : "Une absence de huit jours due à quelques dates d'une tournée de mon dernier spectacle a suffi pour qu'elle emporte tout de la cave au grenier. Il me reste tout de même le petit lit de la chambre d'amis (...) Quel est le sinistre connard qui a pondu cet article du code civil précisant qu'il n'y a pas de vol entre époux ? Le déménagement surprise qu'elle a organisé, comment pourrait-on l'appeler ? Un emprunt non remboursable ou le paiement de la lourde facture de quinze années de vie commune ? Je ne m'attarderai pas à vous la présenter. Elle fait partie de la race plus répandue qu'on ne croit des femmes rapaces, dont le visage, à la rondeur angélique, prend au fil des années la forme émaciée d'un oiseau de proie, la tendresse des yeux bleus virant au bleu noir de la rancoeur et de la méchanceté"

Voilà. Je n'ai pas résisté à vous citer le portrait de la douce, pas trop mal écrit, même s'il est cruel et peut-être injuste ! Evidemment qui n'entend qu'un son n'entend qu'une cloche, je sais ! Mais enfin, le problème du mariage me semble bien posé : peut-on vraiment se faire confiance l'un à l'autre ? Et qu'adviendra-t-il si etc. ? On change tellement dans la vie : le visage et le coeur changent comme le souligne méchamment Francis Perrin... Alors pourquoi continuer à vouloir faire rimer "en vrai" amour avec toujours ? Bref, comme dit l'humoriste, le mariage, pour en vouloir, il n'y aura bientôt plus que... les prêtres et les homosexuels... L'un d'entre vous remarque le nombre de vieux garçons vertueux et de vieilles filles "très curé". Laissons de côté ceux qui vivent cela très mal. La plupart le vivent bien ! C'est que beaucoup de catholiques, même s'ils ne mènent pas des vies de Patachon, foi oblige, ont le sens de leur confort et très peu le goût du risque. C'est leur manière d'être de leur temps. Le mariage ? Et si cela ne marchait pas ? Ceux-là, on a envie de les engueuler : "Hommes de peu de foi"...

C'est qu'il faut une grande foi pour s'engager dans le mariage. Je prêche cela très souvent aux futurs époux, cette foi concrète dans leur union, en tant que, bénie de Dieu, elle est unique et sacrée. Il m'arrive de parler d'héroïsme, et je crois que certains couples poussent la fidélité jusqu'à l'héroïsme. Mon cher père, m'ayant entendu une fois sur ce registre, m'a fait remarquer que j'exagérais sans doute. C'est que de son temps, le mariage était une évidence. Dans le nôtre, il est de plus en plus et - concurrence du Pacs aidant - il sera sans doute assez définitivement un choix d'excellence. Il faut en avoir conscience.

Oh ! Je sais, il est aussi un rite social et il procure une sorte de reconnaissance, qui est gratifiante. Aujourd'hui la plupart des mariages seulement civils mais aussi certains mariages religieux sont fondés sur cette reconnaissance. Attention ! Je ne crois pas du tout que cette reconnaissance et le statut qu'elle confère soit un mal. Au contraire ! Que le mariage civil conserve un sens à travers cette reconnaissance qu'il procure, tant mieux.

Cela permet au mariage religieux de se présenter dans toute sa signification spirituelle, comme la volonté de réaliser sur la terre la communauté de charité la plus aboutie, la plus étroite, la plus exigeante et la plus gratifiante tout ensemble. Cette communauté (consistant parfois à "ramasser ensemble le vomi de bébé qui a glissé entre les lattes du vieux parquet") est fondée sur la foi. Je l'ai dit : il faut que chacun des époux ait la foi dans l'union qui existe entre eux de par Dieu. Cette union est divine, elle est plus grande que chacun d'eux pris à part, parce qu'elle vient de Dieu : "Ce que Dieu a uni que l'homme ne le sépare pas" dit l'Evangile de la messe de mariage dans sa brièveté, qu'il ne faut pas snober. Je précise que cette communion fondée sur la foi engendre l'espérance, une espérance indéfectible, pour "racheter le temps" comme dit saint Paul. Dans le mariage, le temps prend un sens, celui de la vie qui jaillit et rejaillit et non celui de la mort qui approche.

La crise du mariage civil est indéniable parce que la reconnaissance sociale, même si elle est de tous les temps, passe de moins en moins par ce genre de rituel. La crise du mariage religieux (je n'ai pas les chiffres) existe aussi, si on en reste au plan strictement quantitatif. Mais on peut dire que de plus en plus, ceux qui se marient le font non pas portés par des structures sociales et par une sorte d'habitude, mais de tout leur coeur, de toute leur âme et de toute leur vie.

A ceux-là, ceux qui aujourd'hui continuent de se marier à l'Eglise, qu'est-ce qui peut leur nuire ? Les aléas ou les accidents de l'existence, certes. Mais souvent, en réalité, ce qui leur nuit, c'est leur optimisme, leur croyance en la facilité de l'idéal matrimonial - qui a été le leur lorsqu'ils ont contracté cet engagement devant Dieu. Je sais, je vais me faire lyncher.. Mais je le dis quand même : on ne se marie pas pour être heureux. Ou alors c'est la déception assurée ! Le bonheur n'est pas un droit, c'est une grâce. Celui qui fait de son bonheur son droit passe toujours à côté et ne récolte que l'insatisfaction. "Qui veut gagner sa vie la perdra" dit le Christ, toujours lapidaire.

On se marie pour être à sa place, "à bonne distance dans l'existence, à distance respectueuse" comme dit Lacan quelque part. On se marie pour tenir son rôle dans la vie, pour offrir à d'autre la vie que l'on a reçue gratuitement.

Aïe ! Que c'est froid tout ça ! Et l'amour ? direz vous.

L'amour, c'est la vie donnée justement... Mais l'amour, c'est TOUT. Cela dit, comme le souligne le grand pessimiste qu'est Denis de Rougemont (cf. L'amour et l'Occident collection 10-18, à lire et relire), il faut avant tout vouloir aimer. Et se souvenir que l'amour chrétien, c'est cet amour qui procède de l'oubli de soi (cf. Catherine de Sienne : le Dialogue). Il ne faut pas s'aimer de n'importe quel amour, mais s'aimer de charité, s'aimer de cet amour qui est Dieu puisque Dieu est charité.

Je vois certains d'entre vous rire sous cape en pensant que les choses, entre un homme et une femme ne se passent pas ainsi et qu'il faut être "curé" pour le croire. J'aime beaucoup une formule de saint Thomas dans la distinction 27 de son Commentaire du IIIème livre des Sentences : Caritas includit omnes amores. la charité inclut toutes les formes d'amour vrai. La charité confère à tout amour, même au moment où il est le plus passionnel et le plus charnel, cette prévenance, cette élégance, cette délicatesse de sentiment, ce "total respect", mais aussi cette audace, cette confiance, cet élan, cette durée qui n'appartiennent qu'à l'amour chrétien.

Je viens de terminer Cinq personnages en quête d'amour d'Alain Besançon (éd. de Fallois). Ce livre n'est peut être pas tout à fait abouti, mais il veut montrer et il y parvient assez bien, que la seule véritable éducation sentimentale est le mariage religieux, au-delà de tous les rites sociaux, parce que dans ce mariage Dieu est toujours en tiers, entre les époux, élargissant le théâtre de la "tendre guerre" dont parle si cruellement Brel, et conjurant de son infinité, de sa bonté, de sa sacralité, tout ce qui dans l'être humain, demeure si désespérément étroit et égoïste.

Quelles que soient les statistiques, l'amour sacré qui dément toutes les probabilités, s'affirme plus que jamais comme une des aventures les plus enivrantes que l'on puisse imaginer au cours d'une vie. Une sorte de synthèse concrète de la vie divine, à la portée de tous ceux et de toutes celles qui le veulent vraiment, une surnaturalisation concrète de l'existence en quelque sorte.

"Vous n'y êtes pas, dit l'humoriste, à qui vraiment on ne la fait pas. Le mariage, c'est simplement l'art de résoudre à deux des pbs que l'on n'aurait pas eu tout seul". Je dirais plutôt et je mets tel ou tel visage dans ma réponse : c'est un défi permanent pour transformer par l'amour tous les obstacles en moyens.

vendredi 11 février 2011

Quand le désir de Dieu vous saisit...

Thierry Bizot est l’homme dont on parle en ce moment. Auteur à succès d’un livre toujours très demandé, Catholique anonyme, dans lequel il raconte sa (re-)conversion au catholicisme, il est devenu, par l’intervention de sa femme, productrice, le héros d’un film qui reprend le livre sous un autre titre : Qui a envie d’être aimé. Signe : la critique de Dandrieu dans Valeurs est très négative pour le film. L’une de mes paroissiennes ne peut s’empêcher de remarquer que le nouveau titre, le titre du film est une vacherie de femme jalouse : pour elle, Qui a envie d’être aimé? pourrait se lire équivalemment: Je ne te suffis pas? Passons!

Je n’ai pas encore eu le temps d’aller voir le film. Mais s’il est contesté, cela me semble être une raison supplémentaire de regarder ce témoignage en direct de Thierry Bizot. Oui regardez Thierry Bizot témoigner : cela sonne juste. Il impressionne. On a vraiment l’impression qu’il a découvert des choses qui échappent à ceux qui ne vivent pas de la foi… Nostalgie de Dieu, d’un Dieu qui est loin, désir de la beauté d’une vie dans le Christ!


MàJ_12FEV2011: les liens n'étant pas actifs lorsqu'on les poste en 'commentaires' je donne ici ceux que Laurent Dandrieu signale dans sa réaction à ce message: sa critique du livre - sa critique du film.

jeudi 10 février 2011

"Il en est à 50 mètres!" (Semetipsum)

Semetipsum nous écrit (06/02/11) :

Je suis allé voir l’abbé Berche hier (samedi) à Berck Plage à l’hôpital Maritime. Je lui ai remis vos dons (plus de mille Euros) ; l’ordinateur portable suivra sous peu… il est en cours de paramétrage. Il vous est très reconnaissant de votre générosité que j'ai pris la liberté de solliciter. Mes essais avec mon ordi personnel tendent à prouver qu’il ne disposera pas d’un réseau WiFi (sans fil) il aura donc besoin d’une clé USB dite 3G (qu’il a laissé à Garches) pour accéder à sa messagerie, avec un assez faible débit, à moins que la salle informatique de l’hôpital (sur réservation et où il ne va pas) n’en soit équipée (du WiFi).

Il était assez fier de me montrer le couloir ou il s’entraine à la marche, il en est à 50 mètres ! Le plus dur est la coordination des mouvements, le réflexe de la marche doit se rétablir ou se recréer… J’ai trouvé que son expression orale s’était légèrement améliorée. Il faudrait qu’il parle plus pour s’entrainer mais il faut quelqu’un à qui parler. En dehors de sa maman qui vient le dimanche, j’étais le premier à lui rendre visite et si vos dons lui ont prouvé votre attachement, je suis sur qu’une visite le comblerait. Les bâtiments de l’hôpital sont vastes, très lumineux et à quelques encablures de la mer que l’on voit de sa chambre. Le tout est bien organisé pour des malades en fauteuil roulant. Ah ! le fauteuil roulant ! Il est très heureux d’en avoir un électrique, lui qu’on appelait « le danger publique » à Garches. Les couloirs sont très longs et larges et il y circule avec dextérité. L’hôpital dispose d’une salle de cinéma, indisponible car en réfection… et d’une salle d’activité où il peut bricoler pour s’occuper et retrouver une certaine agilité manuelle. Il lit aussi et quand je suis arrivé, il ne m’attendait pas car je ne l’avais pas prévenu, je l’ai trouvé dans un des couloirs du rez-de-chaussée de retour de cette fameuse salle.

Bien des aspects sont donc plus positifs qu’à Garches mais… il n’y a pas de chapelle, pas d’aumônier et les visites moins nombreuses, pour ne pas dire quasi inexistantes du fait de la distance. Pour la petite histoire, son arrière grand père Berche était chirurgien ophtalmo dans cet hôpital à la fin du 19ème siècle, début vingtième j’imagine. Vous pouvez le voir à la chambre 223, 2ème étage du bâtiment Ménard, c’est à 2H30, ou à peine plus, de Paris. Continuons de prier pour son rétablissement et celui de notre cher abbé Schaeffer.

mercredi 9 février 2011

PACS : la bonne nouvelle

Il faut une sacré dose d’optimisme, je sais, pour voir une bonne nouvelle dans les chiffres du PACS : on vient de franchir la barre du million de personnes «pacsées», on compte maintenant trois PACS pour quatre mariages, et au vu des courbes et de leur évolution, on peut raisonnablement annoncer qu’elles vont se croiser. Bref, le PACS a la cote, surtout parmi les jeunes, surtout quand ils s’en sortent bien financièrement, tandis que le mariage périclite.

Cependant! il est possible de lire cette explosion du PACS comme un regain de la nuptialité. Bien sûr le PACS n’est qu’une singerie du mariage civil, qui n’est lui-même qu’une singerie du mariage religieux - mais tout de même, il y a là une idée d’officialiser. Napoléon disait que «les concubins ignorent la loi, la loi les ignorent» : le PACS s’inscrit au contraire dans une logique de reconnaissance.

Et surtout! c’est que 6% des PACS établis le sont entre personnes du même sexe. Si l’on ajoute PACS et mariage, c’est donc une union sur quarante, pas plus, qui est homosexuelle. Je répète : dans les faits, en France, une union c’est monsieur plus madame.

Un débat passionnant...

La formule du débat contradictoire fait peur ; mais en même temps elle attire. Ce soir, magnifique débat sur une des grandes machines de guerre de la propagande antichrétienne depuis les Lumières : la question de la violence religieuse.

Jean-Pierre Castel a écrit un livre qui porte sur la violence religieuse, mais d'une façon encore plus précise sur le fait que les chrétiens nie qu'elle puisse venir de leur foi. La thèse de notre invité pour ce débat est que l'unicité de la vérité produit mécaniquement la violence, avec le prosélytisme.

On peut se pencher sur des faits historiques, et l'on n'a pas manqué ce soir d'évoquer l'inquisition, les violences coloniales ou la répression antipaïenne. Y a-t-il en tout cela violence purement religieuse ? Difficile à admettre. Jean-Pierre Castel et moi, nous avions cinq minutes chacun et...le débat menaçait de s'enliser dans la banalité. Après ce duel, la salle avait la parole. Magnifique intervention de notre ami Kostas, sur l'inquisition : "En désignant quelques suspects, après enquête, l'inquisition française a évité les pogroms et la diabolisation de toute une population. Vu de ce point de vue, l'inquisition diminue l'intensité de la violence... par une violence très contrôlée. La salle vibrait. Le ton, libre, vraiment libre, était donné pour une soirée non conformiste.

Le débat est devenu plus passionné encore lorsque Jean Pierre Castel a souligné que la tolérance n'existait pas dans l'Evangile, mais qu'elle existait dans l'Empire romain.

J'avoue que j'ai été en dessous de tout : j'ai oublié la parabole du bon grain et de l'ivraie : "Laissez les pousser ensemble jusqu'à la moisson [la fin du monde], de peur qu'en arrachant la mauvaise herbe, vous arrachiez aussi le bon grain". Quel plus bel enseignement sur la véritable tolérance : la tolérance chrétienne et non pas celle de Mr Locke dans ses Lettres sur la tolérance, qui ne supporte, en matière religieuse que les opinions et qui refuse de tolérer les papistes parce qu'ils pensent détenir la vérité.

Je crois en tout cas que ce débat contradictoire a été de part et d'autre une belle illustration de ce qu'est la tolérance : le respect de l'autre et non pas la canonisation de toutes les opinions du moment qu'elles ne sont pas des dogmes.

Je voudrais sincèrement remercier tous les participants (dont certains lisent ce Blog) pour la qualité de chacune des contributions à ce débat. Jean Pierre castel m'avait dit son goût pour le débat sur l'agora. Au Centre Saint Paul, ce soir, nous étions sur l'agora : il n'y eut pas un mot plus haut que l'autre de la part de quiconque.

Je compte donner une suite, un mardi par mois, en continuant à organiser ce genre de débat contradictoire. J'ai déjà ma petite idée sur la prochaine fois.

mardi 8 février 2011

Benoît XVI : le tournant

Vous avez aimé le Ratzinger de droite [condamnation de "l'esprit du Concile" et Motu proprio libéralisant la messe traditionnelle] ; vous allez découvrir le Ratzinger de gauche [Assise III Parvis des gentils et retours sur le préservatif]... C'est le même. Je donnerai une conférence sur ce thème mardi prochain à 20 H au Centre Saint Paul, en reprenant un dossier paru dans le dernier numéro de la revue Monde et Vie. Un peu de débat en perspective. De quoi contribuer, en toute modestie, à l'intelligence de l'Eglise et au rayonnement de sa vérité (voir le post intitulé Dialogue).
 
Mardi 8 février 2011 à 20H15 : Benoit XVI, le tournant - par l’abbé de Tanoüarn - PAF 5€, tarif réduit à 2€ (étudiants, chômeurs, membres du clergé) - la conférence est suivie d’un verre de l’amitié.

[conf'] Demain mardi, un débat contradictoire...

Demain mardi, un débat contradictoire au Centre Saint Paul. Jean-Pierre Castel a écrit un livre publié chez L'harmattan, intitulé Le déni de la violence monothéiste. Les religions monothéistes sont-elles violentes? Excellente question! Mais plus précisément : Le christianisme est-il violent ? Pourquoi convertir ? Notre liberté n'est-elle pas... violentée par la revendication de vérité que l'on trouve à toutes les pages de l'Evangile. Jean-Pierre Castel le pense. Moi pas. Nous aurons donc un débat et ensuite une discussion avec le public (dont j'espère qu'il ne sera pas composé que de cathos!). En ces temps de Pensée unique, rien de tel qu'un débat contradictoire pour se réveiller les neurones! Pour les Parisiens, à demain, 20H15 au 12 rue Saint Joseph!
 
Mardi 1 février 2011 à 20H15 : «Le christianisme est-il violent? Oui… Non…» - débat contradictoire entre Jean-Pierre Castel et l’Abbé de Tanoüarn - PAF 5€, tarif réduit à 2€ (étudiants, chômeurs, membres du clergé) - la conférence est suivie d’un verre de l’amitié.

lundi 7 février 2011

A propos d'Assise III : un sondage dans le Parisien

36 % des Français croient en Dieu : C'était dans le Parisien-dimanche : deux pages dossier sous la houlette d'Anne-Cécile Juillet, à l'occasion de la prochaine sortie en salles d'un film de Anne Giafferi : "Qui a envie d'être aimé ?". Anne Giafferi, à la ville, est l'épouse de Thierry Bizot, dont elle adapte ainsi le livre "Catholique anonyme". Adaptation sensible et respectueuse, on s'en doute, puisque tout cela se passe en famille.

Je reparlerai sans doute du film, qui sort mercredi. Le livre m'avait paru d'une grande justesse de ton, malgré son titre énigmatique. Que nous dit-il ? Thierry Bizot, que j'ai eu l'occasion de rencontrer personnellement, a suivi pendant quelques mois la pédagogie du Chemin néocatéchuménal. Il commence par se moquer des quelques personnes avec qui il entame ces "stages" d'un genre nouveau. Et puis finalement il prend ou reprend goût à cet enseignement de la foi et découvre que cette foi, qu'il avait oublié un peu vite, il ne peut pas s'en passer.

Eh bien ! Le Parisien nous apprend que d'après un sondage réalisé sur un panel Louis Harris de 1051 individus, 36 % des sondés déclarent qu'ils croient en Dieu et 22 % affirment qu'ils se posent la question. 34 % déclarent ne pas croire en Dieu (ce qui est énorme) et 8 % affirment qu'ils ne se posent jamais la question. Cela fait 42 % des gens qui "résistent" à la foi.

Cela pose une question simple et même basique : la croyance en Dieu est-elle naturelle à l'homme ?

Si je réponds : oui à cette question, je suppose qu'un bon tiers de mes concitoyens est composé de... dénaturés ! Si je réponds : non, je suis obligé de concevoir que la croyance en Dieu n'est qu'une construction de la raison humaine, pas forcément fausse mais criticable, contestable comme tout ce que la raison construit hors de l'expérience sensible (Kant a bien expliqué cela).

Que me reste-t-il ? Dans le même sondage, 44 % des personnes interrogés déclarent que le sujet "est trop intime" et qu'"elles ont du mal à en parler". Je crois que ce détail peut nous mettre sur la voie. Si la religion est un sujet "intime", cela signifie qu'il touche non seulement la raison mais l'affectivité, le coeur. Je ne parle pas de je ne sais quel sentimentalisme ou de je ne sais quel "sentiment religieux". Avec le coeur, je parle d'une dimension constitutive de l'esprit.

Jean Laporte, interprétant Pascal explique que pour l'auteur des pensées le coeur est "l'organe" de la foi. Si tant de gens déclarent aujourd'hui avoir du mal à parler de Dieu, qui est pour eux un sujet "intime (sujet qui concerne aussi le monde entier) n'est-ce pas parce que, quoi qu'on en dise et même si on roule les mécaniques, ce sont les coeurs qui, aujourd'hui comme encore et toujours, sont touchés ou blessés par cette question ? (à suivre)

dimanche 6 février 2011

Assise III : le risque d’une nouvelle stratégie

Article paru sur Monde & Vie
Ça y est, c’est officiel : le pape Benoît XVI, nous l’annoncions dans notre dernier numéro, a fait savoir sa volonté d’organiser une grande réunion interreligieuse à la fin de l’année à Assise. Objectif : commémorer le geste de Jean-Paul II, convoquant pour la première fois une réunion interreligieuse dans la même ville d’Assise, il y a 25 ans. Quelle est la signification de cette annonce, faite en grande pompe le Premier de l’An neuf ?

La question de la signification de ce projet d’anniversaire se pose d’autant plus aisément que le cardinal Ratzinger passait pour l’un de ceux qui, dans la Curie de Jean Paul II en 1986, avait émis des critiques ou des doutes au sujet du bien fondé de cette convocation des religions du monde à « être ensemble pour prier ». On ignore bien sûr la teneur exacte de ce que se sont dit Jean Paul II et le futur Benoît XVI à ce sujet. Mais dans son ouvrage Foi, Vérité, tolérance, le pape régnant revient sur le dialogue interreligieux. Il est assurément critique sur ce chapitre, en soulignant le danger de relativisme inhérent à de telles tentatives, le caractère d’exception dont elles sont revêtues et en insistant sur les précautions à prendre (voyez l’encadré).

Pourquoi convoque-t-il une telle réunion, alors qu’il est si clairement opposé à la dynamique perverse que revêtent de tels gestes, non seulement pour ceux qui assistent à ces réunions, comme il le précise, mais pour tous ceux qui en sont informés d’une manière ou d’une autre ?

Il me semble qu’il y a deux explications, aussi importantes l’une que l’autre : une explication circonstancielle et une explication fondamentale. Les circonstances ne sont pas moins importantes que les raisons abstraites : ce sont elles qui les font venir au jour.

L’un des actes les plus controversés de Benoît XVI, c’est, à l’occasion de sa visite en Turquie, en décembre 2006, sa présence à la Mosquée bleue, où il s’est retrouvé dans une position de prière familière aux musulmans. Le Discours de Ratisbonne venait d’avoir lieu. Le pape avait évoqué le risque de violence inhérent à un certain islam. Il avait déclenché une tempête de protestations. C’était en septembre. En décembre il était à Istanbul. A l’époque, Mustafa Cagrici, Grand Mufti d’Istanbul et amphitryon du pape en la circonstance, avait déclaré à la presse turque : « La prière de Benoît XVI est encore plus significative qu’une excuse [pour le discours de Ratisbonne]. Avec sa posture [familière aux musulmans : mains croisées sur le ventre, les yeux fermés, les lèvres mi-closes], il a donné un message à tous les musulmans ». Benoît XVI lui-même, quelques jours plus tard, place Saint Pierre, avait expliqué ainsi sa prière : « En m’arrêtant quelques instants pour me recueillir en ce lieu de prières, je me suis adressé à l’Unique Seigneur du Ciel et de la terre, Père miséricordieux de l’humanité tout entière ».

Les circonstances et la doctrine sont ici mêlées : Benoît XVI, lors de ce voyage en Turquie, donnait des gages à la Bienpensance universelle, en montrant son aptitude au dialogue interreligieux, pour faire oublier la saillie de Ratisbonne. Mais en même temps, il élaborait, l’air de rien, une nouvelle doctrine et une nouvelle pratique de la prière interreligieuse (et non pas seulement multireligieuse, ce qui, dans la terminologie du pape, aurait supposé des lieux de prière différents), doctrine et pratique assez différentes somme toute de ce que l’on peut lire dans Foi, Vérité, tolérance.
Pour le cardinal Ratzinger, dans Foi, Vérité, Tolérance, on ne peut prier ensemble que si l’on a la même conception de Dieu. Pour le pape Benoît XVI aujourd’hui, on ne peut prier ensemble que selon une conception de Dieu qui nous est commune. Il a donc prié, avec Mustafa Cagrici, « l’unique Seigneur du Ciel et de la terre ». A ce jeu, je le signale, les chrétiens, qui ont la foi la plus compréhensive et la plus riche, sont toujours perdants : ils adorent le Christ, mais, nous dit-on, ils peuvent bien prier « le Seigneur du Ciel et de la terre »… en faisant abstraction du Christ. Inconvénient d’une telle pratique : on fait oublier que toute prière passe par le Christ, qu’il n’y a pas de prière agréable à Dieu sans le Christ. La prière est prononcée en son nom. Même le Notre Père, qui s’adresse au Père, on peut dire que c’est lui, le Christ, qui nous l’a apprise. Elle est d’une certaine façon sa prière.

Il est clair que la vérité chrétienne a beaucoup à perdre dans cette gesticulation programmée. L’abbé Lorans, dans Dici, généralise encore la crise doctrinale qui s’annonce. Il explique le lien étroit qui existe, dans la prédication pontificale, entre liberté religieuse et dialogue interreligieux. La liberté religieuse fait, en cette année 2011, le fond du « Message pour la paix », traditionnellement délivré par le pape le 1er janvier de chaque année ; et c’est en ce même premier jour de l’an que s’est faite, de manière hautement symbolique, l’annonce d’Assise III, relançant le dialogue interreligieux. L’abbé Lorans, réfléchissant à cette occurrence, écrit : « On voit comment s’établit, pour le pape, un lien étroit entre son Message pour la paix et l’annonce de sa présence en octobre à Assise, entre la liberté religieuse et le dialogue interreligieux, entre la laïcité et la paix. Cette paix doit être obtenue par la reconnaissance du pluralisme laïque, au nom de la liberté religieuse qui autorise le dialogue interreligieux. La Vérité révélée se trouve alors ravalée au rang des autres « convictions religieuses » ».

On peut penser ce qu’on veut des intentions du pape que nul ne connaît avec certitude. On peut se fier à ce que le cardinal Ratzinger écrivit en 2002 sur les difficultés d’un Sommet interreligieux (voir encadré). Mais il est clair que l’on ne maîtrise pas forcément toutes les conséquences de ce genre d’événements, par hypothèse ultra-médiatisé.

Et puis, s’il advient qu’au mois d’octobre prochain, toutes les religions se réunissent pour la paix, sans distinction de croyances et sans la moindre prière commune, comme certains le pensent ou le souhaitent, la question de l’islam coranique se trouvera à nouveau posée. Oh ! C’est vrai qu’elle ne se pose pas dans les pays occidentaux, pas encore. Mais en Égypte ? En Irak ? Au Nigéria ? Au Pakistan ? Aux quatre coins du monde musulman, cette question de la violence envers les non-musulmans se pose. Elle est posée par le Coran (voyez ne serait-ce que la sourate 9).

La tenue d’un sommet interreligieux n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui. Il ne peut plus revendiquer la nouveauté et l’audace. Il affronte une situation géopolitique extrêmement tendue. Il faudra au pape toute sa diplomatie, toute sa douceur, tout son courage et toute sa science pour que « le tournant » ne se termine pas dans un précipice…

Abbé G. de Tanoüarn

mercredi 2 février 2011

"Bons Prêtres & Mauvaise Impression"

Né en 1951, l’abbé Anthony Cekada a été ordonné en 1976 par Mgr Lefebvre. Il s’en est ensuite éloigné – l’abbé ne voulait pas adopter le missel de Jean XXIII (trop moderne!), il y avait aussi des divergences doctrinales. Concrètement, l’abbé Cekada est sédévacantiste, c’est-à-dire qu’il ne reconnaît pas Paul VI, Jean Paul I, Jean Paul II ni Benoît XVI comme papes de l’Eglise catholique. Le sédévacantisme est une opinion assez terrible qui n’est certes pas celle du MetaBlog. Je mentionne qu'elle est celle de l’abbé Cekada à seule fin de montrer qu’il n’est a priori ni libéral ni mou-du-genou. Or c’est ce prêtre, plutôt hardline, qui a écrit en 1994 un texte («Why Do Good Priests Leave Bad Impressions?») que j’ai envie de partager avec vous. Certains pourront le lire en anglais sur internet. Pour les autres voici un extrait, en traduction plus ou moins libre:
Quelle impression donnons-nous, nous les prêtres traditionnels, aux personnes qui se rendent pour la première fois dans nos centres de messe ? Pour en donner une idée, imaginons ce petit scénario :
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Imaginez que vous soyez un jeune laïc catholique avec une femme et deux petits enfants. Vous n’aimez pas ce que vous voyez dans votre paroisse locale, Saint-Teilhard. A peu près tout ce que vous y trouvez vient contredire ce que vous savez être l’enseignement catholique. … Vous en avez assez, et vous lisez une annonce pour une messe en latin traditionnelle. … Vous vous levez tôt ce dimanche, le centre de messe est à une demi heure, vous entassez dans la voiture votre femme qui est sceptique, votre gamin de 6 ans qui trépigne, et votre nourrisson qui s’agite – et c’est parti. – Vous entrez dans la chapelle, vous installez au fond. Un type pas très sympa arrive avec un napperon en dentelle, le jette à votre femme en disant «voilà !». La messe est prévue à 9H00, elle commence avec 15 minutes de retard, il parait que le prêtre terminait de confesser. La messe commence, vous êtes impressionné par l’aspect révérencieux du rite, mais vous ne comprenez pas ce qui se passe. – Le prêtre va à l’ambon, suivent toute une série d’annonces. Le prêtre explique qui est interdit de Communion, c’est long et compliqué, quelque chose à propos des baptêmes douteux, des mariages invalides et du Novus Ordo (késako?) – Il se lance ensuite dans un sermon qui attaque les «parents libéraux» qui n’envoient pas leurs enfants à son école, et reproche à tous l’insuffisance de leur soutien financier. Quel sermon! Ou plutôt, vous pensiez que c’était le sermon. Viennent l’épître et l’évangile en anglais. Apres quoi le prêtre s’embarque pendant 25 minutes dans une dénonciation du Novus Ordo (encore cette expression zarbi) et du pape (je pensais que c’était un type bien!), le tout ponctué par de terribles menaces qui toute personne liée à l’un ou à l’autre ira probablement directement en enfer. – A un moment, le prêtre s’arrête net et vous dévisage : votre nourrisson, sans doute, a fait un peu de bruit. …. Enfin, après 45 minutes à l’ambon, le prêtre retourne à l’autel. Vous êtes impressionné par le déroulement de la messe… jusqu’à la Communion. Vous recevez la Communion mais le prêtre s’arrête à votre femme : «vous n’êtes pas habillée comme il faut, et je ne vous donne pas la communion» lance-t-il. Ca vous surprend : elle porte un pantalon baggy et un chemisier à col haut sans manche – comparée aux femmes à Saint Teilhard, votre épouse s’habille comme la reine Victoria. Elle s’éloigne de la table de Communion. – Quand le prêtre finit par quitter l’autel, il est 10h40, une heure et quarante minute après le début théorique de la messe (vous apprenez ensuite qu’il ne s’agit que de la messe basse et vous vous demandez combien durerait la messe au nom menaçant de grand’) – Vous sortez, espérant attraper le prêtre et lui poser quelques questions. Dommage vous dit un responsable : il est déjà parti, en route vers une autre messe. Vous cherchez quelque chose qui vous expliquerait ce qui s’est déroulé. Sur un présentoir, tout ce que vous trouvez sont quelques vieux livres de neuvaines. – La plupart des gens vous ignorent, sauf une dame qui vous alpague. Après quelque brefs préliminaires, elle vous met en garde : le prêtre est un vrai monstre. Elle est rejointe par une autre dame qui tente d’être d’une grande aide pour expliquer la situation dans l’Eglise depuis Vatican II. Ça parle de soucoupes volantes, et du pape qui est en fait un robot contrôlé par un ordinateur du nom de ‘666’, à Bruxelles. Elle vous confie qu’elle a appris cela tandis qu’elle était prisonnière de David Rockefeller dans le donjon de la Chase Manhattan Bank. – Sur un jeu de mot vous quittez les lieux avec votre femme pour prendre un petit-déjeuner.
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J’aimerais vous dire que j’ai inventé ces horreurs pour illustrer mon propos – Hélas ! soit je les ai perpétrées moi-même à certains moment de ma vie sacerdotale, soit je les ai laissées avoir lieu dans les centres de messe que j’ai desservis, peut-être pas toutes le même jour, espérons-le. Nous, les prêtres qui célébrons la messe traditionnelle, nous exerçons parfois notre ministère sans trop nous soucier des laïcs catholiques «non-convertis» qui ne se satisfont pas de la nouvelle religion, mais qui ne savent pas encore trop que faire, en pratique. Ces âmes peuvent entendre parler d’une messe traditionnelle près de chez eux et décider de venir voir. Ils savent probablement que l’ establishment conciliaire nous considère comme des renégats. C’est un grand pas pour eux de pousser la porte d’une chapelle traditionnelle un dimanche matin. S’ils le font, ça peut être notre seule chance de les convaincre. Si ces nouveaux venus ont une mauvaise impression la première fois (que nous sommes sectaires, bizarres, etc.), nous ne les verrons plus jamais, à défaut d’un extraordinaire miracle de grâce divine. – Comment pouvons-nous améliorer cette première impression ? tout d’abord, les prêtres traditionnels devraient considérer ce qui se passent dans leurs chapelles du point de vue d’une personne qui assiste pour la première fois à la messe traditionnelle. Dans notre scénario, peut-être penser que ce père de famille va revenir ? c’est peu probable. Alors qu’il est parti d’un bon a priori envers la foi catholique traditionnelle et qu’il a fait un gros effort de son point de vue pour travailler la chose, à peu près tout ce qu’il a trouvé le dissuade d’aller plus avant. Les laïcs qu’il rencontre sont bizarres ou impolis. Il n’a reçu aucune information sur le déroulement. Il a entendu des règles bizarres exprimées de manière peu familière. Le tout semblant mal organisé. Les annonces et le sermon sont de longues tirades. Le prêtre humilie sa femme et ses enfants. Et le tout dure bien trop longtemps. Bref : tout lui indique de retourner à Saint-Teilhard. – Ce sont là autant de ratages en matière de communication, de bonnes manières, de bon sens et de charité. Le prêtre en charge d’un centre de messe néglige d’apporter l’information qu’il faut à un «converti» potentiel, ou permet qu’on le traite comme un lépreux.. [...]
Voici donc l'extrait du texte de l’abbé Cekada. Comme je sais que chacun d’entre nous peut avoir la tentation d’y aller de sa petite anecdote, et comme je pense que ce genre de choses ne s’améliorent pas via internet, je ferme ce message aux commentaires.