jeudi 1 mars 2012

Jeudi de la Première semaine

"...Jésus ne vient pas pour rendre la vie facile, mais il apporte le feu sur la terre, le grand feu vivant de l'amour de Dieu, qu'est le Saint Esprit, un feu qui brûle. Origène rapporte une parole apocryphe de Jésus : "Qui m'approche approche du feu". Celui-là donc qui l'approche doit être prêt à se laisser enflammer. Le feu qui brûle n'est pas un feu qui détruit, mais un feu qui éclaire, qui purifie, qui libère, qui fait grandir. Etre chrétien, c'est risquer de s'exposer à ce feu-là avec confiance"
Benoît XVI, Voici quel est votre Dieu, p. 167-168
Admirable simplicité de Benoît XVI, mais aussi quelle exactitude !
Et pourtant, dans cette exactitude, tout repose sur la métaphore du feu... Dieu ne peut nous parler que par analogie...Mais quelle est la clé du chiffre ? Qu'est-ce que le feu ?

"Je suis venu apporter le feu sur la terre" dit Jésus (Luc 12, 49). Par nature l'homme est ha Adam, le terreux, le glaiseux. Le Nouvel Adam se présente avec un nouvel élément du monde : parce qu'il s'est fait vraiment chair, il est terre, comme le premier. Mais il porte le feu.

Quel est ce feu ? "Le grand feu vivant qu'est le Saint-Esprit". Ce n'est pas le Christ en tant qu'homme qui est le feu. Le Christ est porte-feu. Mais qui s'en approche s'approche du feu qu'il apporte. Le feu, c'est l'esprit. "Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'Esprit est esprit" (Jean 3, 6). Quelle leçon pour nous ! Nous ne trouvons le feu de Dieu que dans l'esprit. C'est "l'Esprit en personne qui se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu" (Romains 14, 6), pour attester que nous sommes feu.

Nous croyons toujours que le feu est dans notre chair et ce n'est que le désir ordinaire, celui qu'une simple satisfaction suffit à faire disparaître. Le vrai feu, le feu qui brûle tout ce qui n'est pas lui se trouve dans l'esprit. Lorsque ce vrai feu a fait son oeuvre spirituelle en nous, le vrai désir paraît, non pas celui qui cesse sans cesse pour renaître, mais au contraire, ce désir qui augmente dans la mesure où il se croit satisfait. Voilà le feu : oeuvre de Dieu et non oeuvre de chair.

Voilà le seul désir "qui fait grandir". Son nom ? Amour. L'amour augmente quand il est satisfait : ce n'est décidément pas un produit de consommation courante.

3 commentaires:

  1. Quelques questions sur votre très beau texte :

    1) Création de l'Homme, est-ce seulement création de la chair ?
    - Le feu : Mais est-ce que Adam, ce terreux, ce glaiseux, en était dépourvu ? totalement dépourvu ?
    Il n'aurait pu aimer alors ? or sa finalité était bien d'aimer Dieu, de le servir et de lui rendre gloire.
    - Et l'Esprit-Saint qui planait sur la surface des eaux féconda le monde avec quoi d'autre que son feu ?

    2) Est-ce qu'il faut à ce point scinder la chair et l'esprit en la nature de l'Homme (l'Homme originel) ?

    3) N'est-ce pas le péché des origines qui divisa en l'Homme ce que Dieu avait uni en lui : nature et sur-nature ?

    4) "Ce n'est pas le Christ en tant qu'homme qui est le feu. Le Christ est porte-feu" dites-vous.
    - Mais le Christ qui ne porte pas le péché en Lui n'est-il pas, dans son humanité déjà, porte-feu ?
    Même si on sépare les deux natures, la part "Adam" en lui est sorti de la glaise, mis debout par souffle de l'Esprit "Tu as d'abord le limon glorieux d'avoir été touché par les mains divines, la chair plus glorieuse encore du souffle divin, par lequel elle a déposé les grossiers éléments du limon et rçu la dignité de l'âme" (Tertullien "de la resurrection de la chair" VII, dans ce que j'appelle "L'Hymne à la Chair" !) "Toute la vie de l'âme est si bien la vie de la chair, que ne plus vivre n'est autre chose pour l'âme que la séparation d'avec la chair" (id)
    - De plus, la part seulement "Homme" en Lui n'existe pas puisque, contrairement à nous, 1/2 part l'est seulement, son Père étant génétiquement l'Esprit-feu fécondant.
    - Quant au Christ en gloire, il préfigure déjà l'Homme qui porte le feu dans sa chair...encore plus si l'on peut dire : "(la chair et l'âme) ne peuvent être séparées dans la récompense puisqu'elles sont associées dans le travail" (par la grâce et le combat spirituel). "Réponds ! que penses-tu de la chair, lorsque traînée en public et livrée à la haine de tous, elle combat pour la foi ?" (id.VIII)
    5) Est-ce que saint Paul (que je vénère et révère par ailleurs et qui est admirable en tout point) n'a pas -un tout petit peu- une vision pessimiste de la chair ? Est-ce que cela n'a pas entraîné, avec d'autres "auteurs", un certain déficit spirituel, moral, intellectuel, démenti au cours des siècles par la longue histoire des saints, qui à l'image de leur Maître et Ami, ont payé de leur être -chair et âme- leur Amour, leur attachement (viscéral) à Dieu ?

    Ne voyez là que des questions, non pas des critiques. J'adore (oui, je sais : "j'aime beaucoup") ce Metablog journalier surtout pendant ce carême.

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  2. (suite de l'Anonyme de 11h37)
    Quand je dis :"- De plus, la part seulement "Homme" en Lui n'existe pas puisque, contrairement à nous, 1/2 part l'est seulement, son Père étant génétiquement l'Esprit-feu fécondant."
    Attention, je ne dis pas que Jésus n'éxiste pas en tant qu'Homme. Il faut lire : "la part qui serait "seulement homme", n'existe pas." J'avais mal placé les guillemets. Pardon.

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  3. Et jusqu'où peut-on poursuivre l'analogie élémentale?

    Jésus, Homme, Terre et feu, a marché sur les eaux, symbole du mal, et les eaux n'ont pas éteint le feu; les eaux sont devenues les eaux du baptême; sont-ce les mêmes eaux que ces "eaux d'en haut" et ces "eaux d'en bas" sur lesquelles l'Esprit planait et qui ont été séparées au moment de la création?

    D'autre part, dans quelle mesure ne peut-on pas dire que l'air est l'élément du ciel, de l'état de ciel, par le caractère automatique et faussement inépuisable de la respiration, qui le deviendra vraiment lorsque nous aurons atteint nos fins dernières et que nous respirerons dieu Qui ne fait que nous inspirer ici-bas?

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