Texte paru dans Monde & Vie - 20 octobre 2012Une année de la foi? Quel enjeu, alors que depuis cinquante ans la foi a été si malmenée ! Une nouvelle évangélisation ? Quel bonheur, alors que l’Eglise a paru enfouir son talent pour ne pas avoir à le montrer au monde…
Jean-Marie Guesnois dans le Figaro, nous gratifie de 
formules ronflantes qui font plaisir. Exemple le 11 octobre, jour anniversaire 
de l’ouverture du Concile : « Vatican II a-t-il vieilli plus vite que l’Eglise? 
». Je reconnais que cela fait du bien découvrir cette question dans le 
Figaro. Mais il n’est pas sûr que cela renvoie à l’atmosphère dans 
laquelle se déroule en ce moment (et depuis le 9 octobre) le synode sur la 
nouvelle évangélisation… dont Guesnois est censé nous entretenir.
  
Comment savoir ce qui se passe, à huis-clos, parmi les 262 
cardinaux, patriarches, archevêques, évêques, supérieurs généraux de 
congrégation qui sont en assemblée à Rome en ce moment? C’est difficile. L’agence 
APIC laisse fuiter de temps en temps un mot, une expression plus tranchante que les autres… L’impression que j’ai en parcourant les textes, c’est 
que ce synode ne fait que répéter Evangelii nuntiandi de Paul VI (1 
971) et Redemptoris missio de Jean Paul II (1991). En 2012, on n’a pas 
beaucoup avancé. De temps en temps, il y a – en dehors du Synode épiscopal 
mais lui étant adressé – un mot de Benoît XVI : huit discours rien que la 
première semaine du Synode. Un telle abondance ne lui est pas habituelle, à 
notre pape. Il parle du « vide » dans lequel se débattent les 
sociétés occidentales.
  
Il redit l’importance de la foi en Dieu. Il répète que « 
nos oreilles sont sourdes à la voix de Dieu », comme il l’a souvent dit 
déjà. Il a même rappelé qu’ « il ne fallait pas écarter la pensée de 
no tre salut », ce qui rend un son un peu pessimiste, nettement plus 
traditionnel. Mais enfin, le leitmotiv, comme dans Evangelii nuntiandi, 
comme dans Redemptoris missio, c’est « la joie de la foi ». Ce 
message est-il proportionné à la terrible crise de civilisation que nous 
traversons? Sommes-nous capables d’éprouver – ici et maintenant – la joie 
de la foi?
  
Pour cela, nous enseigne le vieux catéchisme, il faut que nous 
ayons rompu avec le péché. Il ne s’agit pas de goûter à une sorte de 
bonheur artificiel, fait de surmotivation, de surexposition, de 
surmultiplication… Non ! Gare aux erreurs de calcul. Il faut humblement 
accepter d’être sauvés par le Christ, sous peine de ne rien connaître de sa 
miséricorde.
« Les hommes d’Eglise modernes semblent presque avoir honte de la foi… »
Le pape nous dit que le grand problème de l’Eglise, c’est « 
la tiédeur » des chrétiens. Au synode, on parle, comme dans les vieux 
documents déjà cités, de sainteté, de témoignage, de foi effervescente… 
Comme si tout cela allait de soi. Comme si la ferveur n’était pas un don de 
Dieu. Comme si elle était programmable par l’homme. Et surtout comme si l’esprit 
charismatique était le seul avenir de l’Eglise.
  
Face à cet état d’esprit encore trop proche de l’optimisme 
conciliaire, il me semble que deux personnalités se sont exprimées avec force, 
le Père Michel Viot et le Père Niklaus Pfluger, l’un prêtre dans le 
diocèse de Blois, l’autre premier assistant du Supérieur général de la 
FSSPX.
  
C’est à travers un livre intitulé La Révolution 
chrétienne, publié aux éditions de L’Homme nouveau, que le Père Viot, 
s’appuyant sans complexe sur une théologie luthérienne très pessimiste sur 
l’homme et sur les humanismes, chrétiens ou pas, rappelle à tous et à 
chacun que le Christ est avant tout sauveur, qu’il nous délivre des idoles de 
notre temps et qu’il nous ramène au vrai Dieu.
  
Quant au Père Niklaus Pfluger, il vient de donner un entretien 
très bien ficelé traduit et publié le 13 octobre par l’Agence Dici. 
Son diagnostic ? « Les hommes d’Eglise modernes semblent presque avoir 
honte de la foi, c’est pourquoi ils se préoccupent de la défense de l’environnement, 
de la redistribution des biens et de l’aide au développement. Nous ne pouvons 
pas attendre qu’ils se ressaisissent. Nous devons aller davantage à l’extérieur, 
gagner une influence publique et rebâtir la Chrétienté. Avec mesure, 
humilité et charité ».
  
N’en déplaise à Mgr Pascal Wintzer, évêque de Poitiers, « 
la chrétienté » n’est pas seulement « la sacralisation d’une 
forme historique de la présence de l’Eglise catholique », comme il le 
déclarait le 10 octobre à Rome. La chrétienté n’a pas seulement un passé. 
Elle a un présent et un avenir. C’est l’aujourd’hui de la chrétienté 
qui nous intéresse, ce grand « Nous » que nous formons, nous les 
chrétiens, dans un élan à la fois personnel et collectif vers le salut (et 
non vers le monde)… Le pape a su manifester cet élan un peu partout dans le 
monde, le rendre visible. Les évêques… Dans l’atmosphère feutrée du 
Synode, on sent bien qu’ils n’ont pas encore compris à quel point leur 
mission est de rejoindre l’humanité là où elle est, dans la fange de son 
péché, dans sa négation de Dieu, dans son refus de tout ordre que l’homme n’a 
pas établi lui-même… Il va bien falloir se salir les mains, c’est tout ce 
que le Concile avait oublié de prévoir.
Abbé G. de Tanoüarn
Une leçon d’italien
Reprendre le mot « aggiorna mento » (mise à jour 
dans l’italien du pape Jean XXIII) à l’adversaire progressiste et aux 
tenants de l’herméneutique de rupture pour le ramener à la continuité de l’Eglise. 
Voilà à quoi s’est exercé Benoît XVI le 11 octobre 2012, pour les 50 ans 
du Concile : « Aggiornamento ne veut pas dire réduire la foi, la plier à l’air 
du temps, au bon plaisir de l’opinion. Tout au contraire. Comme le firent les 
pères conciliaires, il nous faut porter notre aujourd’hui dans le temps de 
Dieu.»
G. T.
Comment allons-nous faire pour émerger des catacombes du silence dans lesquelles les Chrétiens sont et se sont enfermés ? La question est là ! Comment faire, maintenant que de mauvais plis sont pris pour reprendre la parole, nous montrer, oser le faire et que cela porte ses fruits ?
RépondreSupprimerClément d'Aubier
Curieux cette intervention de l'Evêque de Poitiers.
RépondreSupprimerEn quoi la "chrétienté' signifierait la sacralisation d'une forme historique de présence chrétienne ?