vendredi 23 juillet 2010

[Paul Verley - Respublica Christiana] Culture de mort, acte II


L’état catastrophique de nos finances publiques, le poids croissant de la dette, la nécessité de trouver de nouveaux financements pourraient bien avoir pour effet indirect, d’ici quelques semestres, de remettre incidemment sur le devant de la scène le thème du « droit à mourir dans la dignité ».

La technique utilisée pour faire avancer ce type de cause (avortement, euthanasie, fécondation in vitro, etc.) est bien connue. On exploite, à longueur de médias, un drame particulièrement bouleversant (jeune fille enceinte à la suite d’un viol, infirmité monstrueuse, souffrance des parents stériles) ; on expose de faux raisonnements à base de sophismes (la loi Veil présentée comme un moyen d’éviter les avortements clandestins ou d’épargner à un enfant les affres d’une vie condamnée au malheur) ; on propose enfin une voie prétendument médiane, entre les deux excès que constitueraient l’interdiction totale et la libéralisation sans contrôle. Le fameux Comité consultatif national d’éthique excelle dans ce dernier rôle.

Par un effrayant paradoxe, l’avortement et l’euthanasie apparaissent comme des biens alors que leurs opposants sont taxés d’insensibilité. Ce refus d’appeler les choses par leur nom révoltait déjà le prophète Isaïe : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres » (Is 5, 20).

Comme le rapportent les médecins et infirmiers chrétiens, on n’a plus la force, dans beaucoup d’hôpitaux français, de porter la souffrance des malades ou des vieillards. Interrogeons-nous. D’où vient cette incapacité de notre société à (sup)porter la personne qui souffre ? Elle provient, au fond, nous répond le Saint Père dans Spe Salvi, de notre incapacité à donner nous-mêmes un sens à notre propre souffrance :

« Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n'est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine. Cependant, la société ne peut accepter les souffrants et les soutenir dans leur souffrance, si chacun n'est pas lui-même capable de cela et, d'autre part, chacun ne peut accepter la souffrance de l'autre si lui-même personnellement ne réussit pas à trouver un sens à la souffrance, un chemin de purification et de maturation, un chemin d'espérance. »

La défense de la vie, qui devrait bientôt mobiliser une nouvelle fois les catholiques, ne sera pas seulement affaire d’arguments, de discours et de manifestations. Elle passera d’abord par l’acceptation du mystère de la croix dans nos propres vies.

Paul Verley

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