mercredi 29 avril 2009

Attention! Une vengeance se prépare contre le Vatican

Une vengeance se prépare contre le Vatican, c’est ce que disent des milliers d’affiches dans Paris et ailleurs, elles font la promotion du film «Anges et Démons» qui sort tantôt, d’après le livre de Dan Brown, l’auteur du «Da Vinci Code», 81 millions d'exemplaires dans 51 langues.

Et bien je vous propose, moi, de prendre Dan Brown ‘au sérieux’. Après tout, pourquoi pas? On prend bien au sérieux Christian Terras (l’«expert» a ses entrées sur les grands plateaux télés). On prend bien au sérieux Mordillat&Prieur («Jésus contre Jésus»). On prend bien au sérieux Nicolas Senèze («les intégristes… les intégristes… les intégristes…»). On prend bien au sérieux Alain Juppé («ce pape commence à poser un vrai problème»). On prend bien au sérieux Jacques Duquesne («On ne peut guère croire à la fois à l’incarnation et à la conception virginale»). On prend bien au sérieux Fiammetta Venner («Les nouveaux soldats du pape»).

Tous ces gens échappent à deux réactions saines qu’on pourrait leur opposer, le haussement d’épaule et le rire franc. J’observe qu’ils sont, oui: pris au sérieux. Dès lors je propose d’englober Dan Brown dans un ‘sérieux’ de même nature. Au nom de quoi leur épargner cela? L'idée n'est pas de moi, je l'ai lue dans Abeilles de verre d'Ernst Jünger. Officier démobilisé dans tous les sens du terme, le Capitaine Richard s'interroge:
Après tout d’ailleurs, si la ‘fraternité d’arme’ avait l’air comique, pourquoi prendre au sérieux des termes comme ‘le gouvernement’? ces messieurs avaient-ils monopolisé le droit d’échapper au comique? dans la dévaluation des mots, faisaient-ils exception?
Est-ce assez clair? Je reprends. Dévaluation ou inflation des mots, c'est une simple question de point de vue de l'observateur. Il n'y a pas de raison de traiter les élucubrations de Dan Brown différemment de celles de Jacques Duquesne - et réciproquement.

samedi 25 avril 2009

L'IBP dans Histoire du christianisme magazine

L'Institut du Bon Pasteur a les honneurs du dernier numéro de cet excellent Magazine. Je ne sais pas ce que l'abbé Laguérie leur a fait, mais il est présent à tous les étages : les 200 ans de Darwin, sur lesquels nous reviendrons ici et à propos desquels vous pouvez d'ores et déjà consulter l'excellent numéro de Monde et Vie : "Darwin prend un coup de vieux". Eh bien ! Sur ce sujet, c'est le Blog de l'abbé Laguérie qui a les honneurs de l'éditorial. Merci ! Le nom de l'éditorialiste ? Jean Yves Riou, qui a été ou qui est responsable des éditions CLD : des éditions qui font partie du monde catholique traditionnelle.

Jean Yves Riou, qui est aussi le directeur de la publication pour ce beau Magazine, se fend ensuite d'un long papier sur les traditionalistes. Le passé est convoqué à la rescousse pour expliquer le présent, selon le principe du Magazine. Et là tout y passe dans une sorte de patchwork pas très professionnel, mais efficace : le but du rédacteur ? Montrer que "l'intégrisme est un univers mental"... irrécupérable doctrinalement. Il est question de la Légion française, de la petite Eglise, de Jacques Maritain et de l'Action Française... et tout ça... dans le même article. Comme si la dissidence traditionaliste, présente dans le monde entier, s'expliquait par cette grille de lecture aussi hétéroclite que franco-française.

Dans ce Capharnaum, l'IBP a les honneurs de la conclusion : "Elle se définit comme la FSPX hier plus l'aval de Rome". Horresco referens !

En réalité si Jean-Yves Riou avait lu nos statuts et s'il avait examiné un peu ce qui se passe depuis trois ans, depuis le 8 septembre 2006, il comprendrait combien son analyse est réductrice. J'ai tendance à dire que mise en un pareil contexte, elle est faite pour tuer. Comme la soi disant "étude" du Père Sesbouë, paru l'année dernière dans la revue du même nom et qu'il republie ces jours-ci sans changement dans un livre éloquemment intitulé De Mgr Lefebvre à Mgr Williamson, anatomie d'un schisme. Cela alors que le Père Sesboüé n'a jamais cherché à contacter le moindre représentant de l'IBP, avant d'écrire son factum (lui aussi cite des textes qui ont souvent dix ou quinze ans, à propos d'une société religieuse qui n'avait qu'un peu plus d'un an). Pour un théologien de cette envergure, c'est faire preuve d'un inquiétant manque de méthode. Il n'est pas nécessaire d'être jésuite pour savoir que les passions humaines sont souvent plus fortes que la rigueur intellectuelle. Père, gardez-vous de ces excès, qui rendent insignifiant qui les cultive ! Je lirais désormais vos livre de théologie avec une certaine inquiétude...

Il me semble important de répondre à Jean Yves Riou. Il me semble important de répondre au Père Sesboüé. Je les invite ici publiquement à s'expliquer sur leur oukase anti IBP. Venez, monsieur, mon Père et discutons en. En privé devant un verre, en public, au Centre saint paul à Paris par exemple...

Le grand problème entre les catholiques, Jean Yves Riou, ce n'est pas l'histoire, ce n'est pas le passé, c'est le présent, c'est l'ignorance monumentale que cultivent les catholiques les uns par rapport aux autres, ce sont les quiproquo et les malentendus qui naissent de cette ignorance.

Ignorance ? C'est avant tout l'ignorance dans laquelle se trouvent beaucoup de catholiques face à leur propre tradition. J'ai eu l'occasion récemment de rencontrer un archevêque et, face aux critiques, je finis par lui dire :"Mgr, connaissez-vous la messe traditionnelle ?". Cela faisait deux heures que nous parlions : il m'a répondu : non.

Si Histoire du christianisme Magazine pouvait faire connaître la tradition liturgique, sans ostracisme, ses rédacteurs (je ne parle même pas de ses lecteurs)comprendraient que ce qui explique le traditionalisme catholique, ce n'est pas je ne sais quelle histoire déterrée d'un passé nauséabond, c'est avant tout l'amour pour la beauté de la liturgie catholique traditionnelle. Cette beauté, selon le jeu de mot de Platon dans le Cratyle, elle est un appel à toute une théologie du sacrifice et de la Rédemption qui nous manque tragiquement aujourd'hui.

Cette liturgie qui avait été mise au placard et dont le pape Benoît XVI vient de nous confirmer, dans les premières lignes de son Motu proprio du 7 juillet 2007, qu'elle n'a jamais été interdite.

vendredi 24 avril 2009

Les fleurs fanées de l'idéal chrétien

Je laisse mon webmestre préféré se lamenter en images sur la mort des librairies et je n'entretiens pas le contact vivant avec vous. Tout cela faute à Laberthonnière. Non ce n'est pas un camarade de collège que j'aurais retrouvé mais un grand philosophe injustement méconnu sur lequel je vais plancher dans quelques jours à l'ICES, en Vendée, et qui occupe mes jours et mes nuits en ce moment.

Comment vous le présenter d'un mot ? C'est le plus ardemment chrétien (si l'on peut donner un prix dans ce domaine) des modernistes condamnés par le pape Pie X en 1907. (pour être précis, disons que lui s'est fait crosser, interdire de publication par saint Pie X lui-même, en mai 1913).

Pour beaucoup d'autres modernistes, même le charmant von Hügel, même l'énigmatique Tyrell, même le papillonnant Brémond, je crois que saint Pie X ne s'était pas trompé en discernant l'agnosticisme au fond des spéculations théologico-biblico-philosophiques. Pour l'abbé Alfred Loisy, c'est clair : le célèbre exégète l'a reconnu lui-même d'ailleurs, cet agnosticisme, et il l'a explicitement professé après 1905 (c'est à dire après sa déprêtrisation personnelle).

Dans le cas de Laberthonnière, rien de tel.

Supérieur du Collège de Juilly puis du Collège Massillon à Paris, cet oratorien, qui avait pris depuis 1905 la direction des Annales de philosophie chrétienne, revue emblématique de l'époque, a été "comme emmuré vivant" selon son expression par la condamnation qui l'a frappé. Il n'a jamais dévié d'un iota dans sa vie personnelle et, alors qu'il était interdit de publication, il a continué à vivre modestement au 23 de la rue Las Cases à Paris, et à remplir des centaines de pages, de sa grande écriture fine, en bon fils du cardinal de Bérulle : à la gloire de Jésus et de cet Evangile, qui, selon sa formule, "nous révèle nous-mêmes à nous mêmes".

"Je répète volontiers avec Pascal : je ne me séparerai pas" disait-il à qui voulait l'entendre.

Je vous ai dit que c'était le plus chrétien des modernistes. Je vais aller un peu plus loin : dans son attitude, en particulier vis à vis de ses juges ecclésiastiques, c'est un intransigeant. Chevaleresque. Droit dans ses bottes. Il lui en coûte de n'avoir aucun ministère lui qui a eu de grandes responsabilités. il lui en coûte de ne rien publier, lui qui passe ses journées à construire une oeuvre écrite. Mais il ne veut surtout pas signer quoi que ce soit, sinon le Credo. Ce côté Mousquetaire, moustache au vent (lui qui n'en avait pas) n'a pas beaucoup plu aux autorités romaines. Encore aujourd'hui, il semble assez rare... Le pape Benoît XV, en 1920, aurait voulu lever la condamnation, après un entretien sur ce sujet avec le Père Nouvelle, ancien supérieur de l'Oratoire et directeur spirituel de Laberthonnière. Deux ou trois cardinaux l'en ont vite dissuadé. Avec un homme pareil, vous pensez ! Toutes les insolences sont à attendre...

Il faut dire que ses idées ne passent pas inaperçues. il y a quantité de bons esprits dans l'Eglise qui déclarent ne pas être thomistes. Mais lui... il déteste saint Thomas et encore plus tous les "thomistismes" comme il disait.

Sa réflexion sur l'autorité selon l'Evangile qui n'est pas de même nature que l'autorité simplement humaine est passionnante. Elle épouse étroitement la lettre de l'Evangile de saint Luc : "les rois des nations exercent leur domination sur elles. Qu'il n'en soit pas ainsi parmi vous et que celui qui commande soit comme celui qui sert". Sicut ministrator... c'est le titre justement de l'un de ses ouvrages posthumes. Mais qu'a-t-il besoin devant Nathan Soderblom, le ponte danois de l'oecuménisme, grand organisateur du sommet Faith and order, de déclarer : "Un esprit de domination s'est introduit dans l'organisation romaine, lui donnant des allures de dictature spirituelle". L'institution pouvait-elle pardonner à un pareil homme ? Lui manifestement ne le souhaitait pas... Sans pour autant envisager de quitter l'Eglise.

L'Eglise avait des raisons de le condamner.

Des raisons souvent mal comprises, hélas ! J'ai eu l'occasion au Saulchoir de lire un grand article de Laberthonnière, annoté de la main du Père Ambroise Gardeil, grand thomiste devant l'Eternel...Il faut bien reconnaître que les annotations, qui révèlent le fonctionnement de l'esprit du lecteur-censeur, ne brillent pas par leur pertinence.

Quel est le problème du Père Laberthonnière ? Je le dirais en une phrase : ennivré du parfum des vérités entêtantes qu'il découvre dans sa philosophie chrétienne, il n'hésite pas : il fait du christianisme une philosophie... et même la philosophie, prenant un peu trop au pied de la lettre les expressions de saint Clément d'Alexandrie et de quelques autres. Ce faisant, sans le vouloir certainement, Laberthonnière fait courir à l'Eglise un péril mortel, bien diagnostiqué par saint Pie X. Un péril que l'on refusera d'apercevoir à Vatican II, en particulier dans la rédaction très "laberthonnière" de forme sinon de fond, du paragraphe 3 de Dignitatis humanae.

Sous sa plume le christianisme est une pensée. une pensée qui exprime sans doute au mieux la Pensée. Une pensée qui éclate dans une action, une pensée qui donne forme et dynamisme à des existences. Mais enfin une pensée essentiellement humaine, enfermée dans les consciences humaines et qui n'existe pas en dehors d'elles. Rien d'autre.

D'où l'idéalisme profond de Laberthonnière et sa proximité avec le spécialiste français de Fichte qu'est Xavier Léon, directeur de la Revue de métaphysique et de morale à l'époque. Il est significatif de voir qu'encore en 1927, dans la dernière série des Conférences de Notre Dame qu'il avait rédigées clandestinement et que prononçait un certain Père Sanson, il appelle le christianisme une "métaphysique de la charité". Il faudrait traduire le langage du philosophe Laberthonnière et écrire : un idéalisme de la charité.

L'idéal est beau, l'idéalisme...

Non, le christianisme n'est pas une métaphysique idéaliste. S'il veut en devenir une, il aura le destin, à la fois chaotique et élitaire, de toutes les rêveries généreuses.

Il faut dire au contraire que le christianisme introduit dans le monde une réalité nouvelle, sur-naturelle, la réalité sacrée de la présence eucharistique, qui est substantielle. La réalité sacrée de la divino-humanité du Verbe de Dieu. La réalité sacrée de notre propre déification (si vous doutez, allez voir la IIème épître de Pierre 1, 4, ou relisez le texte classique de l'Offertoire). Dans ses meilleurs moments, lorsqu'il se déprend de son Bonnet carré de professeur de philosophie au Collège de Juilly, Laberthonnière, de son terrible regard perçoit ce réalisme, loin de tout idéalisme.

Il écrit par exemple, magnifiquement : "Nous ne commençons pas par connaître Dieu (ah ! l'intuition intellectuelle), ni par nous connaître nous-mêmes, ni par connaître les autres êtres tels qu'ils sont. C'est par là que nous devons finir. Nous avons donc en quelque sorte à gagner Dieu, à gagner notre âme, à gagner les autres êtres". Dans son dernier Cours au Collège de France, qui vient de paraître, Michel Foucault n'est pas très loin de cette conception chrétienne du salut, qui consiste pour chacun d'entre nous de manière personnelle, à devenir ce que nous n'étions pas, à gagner ce que nous ne possédions pas. Bref : à éliminer la mort. Etre chrétien, est-ce autre chose au fond ?

mardi 21 avril 2009

"Jonas ou Le désir absent" - 13.30€ - frais de port offerts

Certains libraires s’en étaient émus : en ne facturant pas les frais de livraison, leur concurrent en ligne amazon.fr fausserait le jeu et contournerait la loi Lang sur le prix unique du livre. Les tribunaux ont d'abord condamné le libraire en ligne mais la cour de cassation a depuis estimé que «la prise en charge par le vendeur du coût afférent à l’exécution de son obligation de délivrance du produit vendu ne constitue pas une prime au sens des dispositions du code de la consommation». En clair: un libraire n’a pas le droit de vous consentir plus de 5% de réduction par rapport au prix éditeur, mais il peut vous offrir les frais de livraison. On peut à bon droit penser que cette décision signifie la mort de la plupart des librairies à brève échéance. D’ici là, et très concrètement, amazon.fr vous propose Jonas ou Le désir absent de l'abbé de Tanoüarn pour 13.30€ tout compris - il vous suffit de cliquer ici.

www: « Jonas, ou le désir absent » - recension par Bernard Antony

Nous reprenons cette recension du blog de Bernard Antony
J’ai lu hier après-midi, d’une seule traite, très attentivement, ce livre, peu épais mais à la fois dense et lumineux, de l’Abbé Guillaume de Tanoüarn. Le titre m’avait d’emblée intrigué, les premières pages me surprenaient, la suite me captivait.

Au départ, une réflexion de psychologue sur le désir comme centre de l’aventure humaine. Notamment cette phrase superbe sur Marie-Madeleine à qui le père Bruckberger a consacré un de ses ouvrages les plus prenants : « Si on consulte l’Evangile, Marie-Madeleine est le personnage qui unit en une seule destinée les frasques du désir et les élans de la piété, avec, au centre, cette rencontre du Christ, qui a fourni à un immense désir en déshérence son Orient, son Soleil, son rayonnement. »

Les pages qui suivent nous apportent des considérations très pertinentes sur le devenir du désir dans l’esprit humain. Le danger mortel, et mortel pour l’âme, est de s’installer dans « le néant de la satisfaction ». Le désir se meurt alors dans l’ennui dont Bernanos parle comme de « la forme turpide du désespoir ».

Consommation et consumation sont les mots-clés de la réduction matérialiste du désir, celle de l’engourdissement de l’âme, du cheminement vers la mort. Seule la perspective chrétienne du désir préserve l’homme du néant. Le désir de Dieu est le seul dont on se nourrit sans jamais consommer, qui brûle éternellement sans jamais se consumer.

Et c’est là que se place la très poignante méditation de Guillaume de Tanoüarn sur Jonas. L’histoire de ce personnage biblique comme toute celle de l’Ancien Testament, rappelle-t-il avec insistance, ne peut être comprise dans la plénitude de son sens littéral (c'est-à-dire, selon Saint Thomas, le sens allégorique que l’auteur sacré a voulu donner à la lettre de son texte) qu’à la lumière du nouveau Testament.

Il ne s’agit pas d’un conte mythologique invraisemblable narrant l’ingurgitation d’un homme par une baleine qui ne le digère pas et le dégurgite tout vivant. La baleine c’est le Schéol, c’est la Bête dans le langage de l’Ecriture, c’est Satan. Dieu a appelé Jonas à prêcher à Ninive, la ville abominable. Ce dernier, qui aime tant dormir, veut se dérober à cet appel, refuse d’user du don de prophétie que Dieu lui a accordé dans sa « première grâce ». Il s’enfuit pour Tharsis (Cadix ?). Mais Dieu le rattrape. Il lui pardonne sa désobéissance délibérée, le tire du Schéol, l’extirpe de son désir de petit confort, le ramène à la vocation qu’il lui a assigné. Jonas va donc prêcher à Ninive. Avec succès. Et Dieu pardonne alors aux ninivistes qui trouvent la foi et font pénitence. Mais Jonas ne comprend pas ce pardon. Ce qu’il voulait à la rigueur c’est leur annoncer le châtiment. L’abbé de Tanoüarn cite ici à propos cette définition de l’intégriste par André Frossard : « un homme qui veut faire la volonté de Dieu, que Dieu le veuille ou non ». Jonas, le nationaliste étroit, ne saisit pas ce qui doit lui apparaître comme une révoltante incartade de ce Dieu qui ne devrait être que pour Israël. Alors il s’enfermera à nouveau dans sa léthargie, dans un sommeil qui est refus du désir de Dieu. Et nous lisons : « Le désir absent ? Mais c’est l’enfer… » Et Tanoüarn d’appuyer cela par l’intuition de Bernanos : « L’enfer, c’est le froid ».

Je n’ai pu me dispenser de cette recension, à chaud, insatisfaisante je le pèse bien, mais enthousiaste. J’ai retrouvé dans ces pages de l’abbé de Tanoüarn les formes, les grands accents, la virilité, la prise, comme à bras le corps, de la vigueur évangélique qui est la caractéristique des meilleures œuvres du Père Bruckberger. L’Evangile ce n’est pas du sentimentalisme, ce n’est pas de la guimauve. C’est Dieu qui désire le salut de l’homme et l’appelle au désir de Dieu.

Puissent ces lignes susciter le désir de lire ce livre.

dimanche 19 avril 2009

(et pendant ce temps)

Un événement peut en cacher un autre. Pendant que nous (les internautes du bocal tradi) avions le nez sur les allées et venues de Mgr Williamson, sur la fiabilité de la capote, que sais-je encore ! eh bien pendant ce temps les Franciscains de l’Immaculée faisaient de la forme extraordinaire du rite romain leur «forme privilégiée». En clair: début 2009 ils passent au missel de 1962 - après avoir décidé à la Pentecôte 2008 de tous apprendre à célébrer sous cette forme. Les premières ordinations selon l'usus antiquor ont eu lieu en mars. Tranquillement, sans que personne ne s'agite, est apparue une nouvelle étoile dans la constellation tradie. La deuxième en taille, avec plus de 150 pères et frères, et autant de soeurs.

samedi 18 avril 2009

"Ces gens irréprochables..."

"... qui n'aiment personne". Cher anonyme, votre expression fait mouche. J'ai entendu une fois dans ma vie de prêtre quelqu'un me déclarer avec un grand sérieux : "Je suis irréprochable". Cette personne correspondait sans doute à votre description. Même si elle ne s'en rendait pas compte, elle devait être dans une tristesse à couper au couteau.

Seulement voilà, dans tout amour, dans l'amour humain comme dans l'amour divin, dans l'amour charnel comme dans l'amour du Christ sur la Croix, il y a un risque. Assumé. Un amour sécuritaire à cent pour cent, un amour qui donne pour recevoir et qui reçoit autant qu'il donne (oh le retour sur investissement), eh bien... théoriquement c'est le plan idéal, mais... cela n'existe pas. Regardez le Christ : il a tout donné (sa vie à partager, comme ses vêtements). Il n'a reçu que bien peu : "Je cherche quelqu'un qui me console, dit le Psaume, et je n'en trouve pas". Regardez les parents : ils donnent la vie à leur enfant. A tous égards ils prennent un risque : qui sera cet enfant ? Comment le nourrir etc. Ce risque, ils ne peuvent pas ne pas le prendre, tant est grande dans les coeurs humains (dans les coeurs des mères) la puissance de l'amour. Retour sur investissement ? C'est comme pour le Christ... Le retour est bien moindre que le don. La vie ne revient pas en arrière : les enfants quittent leurs parents et, eux aussi, prennent le risque... etc.

Depuis le commencement du monde, l'humanité fonctionne sur ce risque et sur cette inégalité entre le don et le contre-don... Aujourd'hui on voudrait rationnaliser tout cela. On aboutira, à force de rationalité, au meilleur des mondes d'Aldous Huxley : un monde dans lequel il ne reste que le calcul du plaisir et où tout amour a disparu.

L'amour n'est jamais irréprochable. Platon dans le Banquet fait d'Eros un être plein d'astuces et sans beauté... L'amour est pauvre. L'amour nous met dans une situation d'inégalité : être amoureux, c'est forcément courir le risque d'être dominé, exploité etc. L'amour nous fait entreprendre sans assurance : pas de petit papier vert, pas de code de la route non plus : aimer c'est accepter de se conduire en état d'ivresse.

Vous trouvez que j'exagère : regardez le Christ en croix. La Passion du Christ n'est vraiment pas raisonnable ! Et nous voudrions l'être avec lui ? Nous voudrions l'être, raisonnable, avec la personne que nous aimons ? L'amour extrême du Christ nous interdit, à nous chrétiens, la médiocrité en amour... L'amour comptable (ses qualités et ses défauts sur deux colonne et le bilan en bas de page). L'amour alibi (de notre manque de responsabilité : je sors avec quelqu'un que je n'épouserai pas etc.). L'amour, raison sociale (l'époux hypostasié qui ne sait plus être lui-même et ne pense qu'à ses droits d'époux etc.). L'amour tarifé (ça ne se passe pas que sur le trottoir ces choses là, ça existe aussi dans des salons lambrissés du plus pur style parisien). L'amour des fonctionnaires de Dieu, de telle heure à telle heure, uniquement les jours ouvrables... et le reste du temps sur répondeur. Ah ! Ces répondeurs !...

Irréprochable ? Alors ce n'est pas de l'amour, puisque le Christ lui-même, le Christ crucifié se voit reprocher son excès d'amour... "- Mais oui, ma chère, on n'a pas idée de se mettre dans des états pareils... Cachez moi cette croix que je ne saurais voir. Je veux bien entendre parler du Christ, mais alors d'un Christ raisonnable, sans Croix".

Un Christ qui prescrit des comportements moraux, mais qui n'aime pas... Irréprochable celui-là : une référence dans les dîners !

jeudi 16 avril 2009

Henri Tincq légèrement à côté de la plaque?

Henri Tincq a été le spécialiste des affaires religieuses au journal Le Monde pendant plus de 20 ans. Ses positions sont donc connues, ce sont celles d'un catholique progressiste, sans concessions envers l’institution et (nous concernant) avec un certain parti pris contre les traditionalistes. Il faut avoir cela bien présent à l’esprit quand on lit son article du 22 mars 2009, «La curée contre le pape». Il n’y défend pas Benoît XVI ni ses propos ni ses actes, mais il demande ce qu’il nomme l’épreuve du réel, à savoir : «chercher à comprendre ce qui s'est réellement passé, au delà de ce qu'en rapportent les médias». C’est qu’Henri Tincq n'est pas un plaisantin. Il connaît son sujet et s’étonne qu’il n’en aille pas de même chez les autres commentateurs :
«[…] les plus prompts à s'emporter sont ceux qui ignorent tout de l'Eglise, de ses mécanismes de fonctionnement, du substrat de ses décisions, de son histoire et de son droit. Sans doute tout observateur, même sans culture catholique, a t-il le droit de se faire une opinion, et de l'exprimer, sur des personnalités qui - pape ou président - assurent un pouvoir politique ou moral. Mais le désaveu sans nuance et l'exécution sommaire sont des méthodes d'autant plus insupportables que la connaissance des dossiers est médiocre, l'information incomplète, partiale et biaisée, l'interprétation expéditive, la répétition des mêmes mots abusive. C'est le règne de la doxa - c'est-à-dire d'une opinion médiatique dominante contre laquelle, au nom du ‘politiquement correct’, personne n'ose s'insurger - ; celui de l'amalgame qui, pour entretenir les fonds de commerce de la polémique, mélangent des affaires qui n'ont pas toujours à voir entre elles. […]»
Et Henri Tincq de montrer que sur le préservatif, sur l’Eglise en Afrique ou sur la levée des excommunications d'évêques traditionalistes, les choses sont un peu plus complexes qu'on ne l'a dit. Il n'épargne pas le pape ni son entourage («Les crispations qui atteignent ainsi, comme dans une spirale infernale, la personne du pape et divisent l'Eglise jusqu'à son sommet traduisent d'incroyables erreurs de cap») mais demande que l’on sache raison garder («l'objectivité commande d'aller au delà des stéréotypes, d'éviter les assimilations hâtives, de vérifier autant que possible son information, enfin de ne pas céder au piège des petites phrases et de la pensée unique.» Bref: approuvez, critiquez, mais en connaissance de cause - et de bonne foi.

Cher Henri Tincq, il est possible que vous soyez légèrement à côté de la plaque.

Je m’explique : quand un méchant en veut à votre argent ou à votre personne, il va d’abord vous chercher une mauvaise querelle et se convaincre que vous l’avez regardé de travers, ou empêché de vivre à sa guise. Il ne lui suffit pas de vous rosser, il veut que vous en soyez responsable. C’est ce qui s’est passé ces derniers mois. Les ennemis de Benoît XVI lui ont fait subir un véritable passage à tabac (virtuel). Réduire leurs attaques à une dissension sur la prophylaxie ou la discipline ecclésiale, ce n’est pas rendre justice à leurs efforts. Ils n’ont pas «la connaissance des dossiers»... et alors ? c'est toujours bien assez pour se payer Benoît XVI. Et faire du catholicisme, par ricochet, une opinion controversée, de celles que l’on garde par-devers soi. Il n'était déjà plus qu'une idée parmi d'autres...

mercredi 15 avril 2009

La chasteté rend-elle méchant(e) ?

Certains vont dire que ce blog tourne à l'incontinence verbale... Je voudrais simplement répondre complètement à l'anonyme, dont la grande idée, dans le commentaire important qu'il fait sur "Barrabas, du nouveau", est que la chasteté rend méchant. Tout le monde. Sauf les prêtres qui ont des grâces d'état, ajoute-t-il charitablement.

Il est vrai que chacun a dans son entourage des célibataires aigris. "Post hoc ergo propter hoc". S'ils sont aigris, c'est parce qu'ils sont seuls. Preuve ? La double malédiction qui pèse sur les célibataires : Vae soli ! disent les Romains. "Il n'est pas bon pour l'homme d'être seul" affirme le Livre de la Genèse. Pas bon ? Eh bien ! dira-t-on, c'est normal : le solitaire, son état n'est pas bon pour lui, il n'est donc pas bon lui-même pour les autres. L'anonyme, qui manifestement sait de quoi il (ou elle) parle, semble considérer en outre, que le dicton "heureux au lit, heureux dans la vie" s'applique de manière très générale...

Je voudrais ici prendre la défense du célibat et des célibataires... Et pour cela, je poserai une première question, en inversant la charge de la preuve.

Vous dites, cher anonyme que c'est le célibat qui rend méchant. N'est-ce pas plutôt la méchanceté qui rend célibataire ? Il y a des gens qui sont incapables d'aimer ce qui est différent d'eux. Des filles qui ne supportent pas les garçons (pas seulement dans le sketch de Florence Foresti). Des garçons qui ne supportent pas les filles... autrement qu'en rêve... Il y a tous ces célibataires qui le sont parce qu'ils ne veulent pas être aimables. Parce que l'aventure amoureuse dépasse leur capacité de don. Parce qu'elle ne rentre pas dans leur calcul. Parce qu'ils attendent de l'autre, avant toute chose, un respect voisin de la vénération. Quel drame lorsque ce sont des garçons qui attendent que la fille tombe amoureuse éperdument de leur personne, sans faire le moindre geste pour mettre la machine en marche : certains attendront toute leur vie. Quel drame lorsqu'il s'agit de filles dominantes, qui ne veulent pas se contenter d'un pigeon à plumer parce qu'elles valent mieux que cela... mais qui ne trouvent rien d'autre.

"La tanche rebutée, il trouva du gougeon" dit La Fontaine du Héron... La fable conclut que l'oiseau, à force de mépris, dut se contenter d'un limaçon... Est-ce une fable matrimoniale ?

Ce cas de figure, que je décris d'une manière un peu cruelle, j'en conviens, est celui du célibat subi. Rien à voir avec le célibat choisi.

Mais, dans ma défense des (vrais) célibataires, qui appartiennent souvent (ma vieille expérience pastorale me l'a montré) à la partie la plus intéressante, la moins aisément domesticable de l'humanité, je voudrais ajouter que le célibat choisi n'est pas forcément celui dont on a le choix. Certains, restés célibataire sur un malentendu, choisissent de le demeurer. Ils n'ont pas (eu) le choix, mais ils choisissent, ils embrassent résolument leur état, ils se donnent aux autres dans le militantisme, dans l'action charitable, dans leur métier, que sais-je ? Oui, on n'a pas la choix, mais on choisit résolument ce qui se présente à vous sans alternative, c'est possible. Cajétan et de très bons auteurs scolastiques le soulignent, même si ce n'est pas forcément à propos du célibat.

Ce choix, qui n'a d'ailleurs rien d'irréversible, ne dépend que de soi même. Raison pour laquelle il est plus facile de vivre seul que de rester mal accompagné pour une raison ou une autre, comme le proclame la formule consacrée. Qui dira la tristesse de couples mal assortis, où tout effort est unilatéral (venant d'ailleurs alternativement de l'un et de l'autre, mais jamais - ce serait trop simple ! - des deux en même temps).

Vous me direz que pour l'instant, je ne parle que de célibat, et pas de chasteté. Pour être cru, je ne crois pas que la satisfaction sexuelle puisse jamais constituer une fin en soi (même une fin seconde). Les conseillers conjugaux en milieu catho, partisans fervent de cet amour ultra protégé qui est l'amour en couple, me semblent avoir oublié un... détail, bien vu par Freud : la satisfaction pure débouche toujours sur du néant. Ou sur un sentiment poignant d'insatisfaction. Si l'épanouissement sexuel est recherché pour lui-même, le couple ira toujours à la catastrophe. Heureux au lit, heureux dans la vie, disais-je tout à l'heure, je crois que ce n'est pas si simple.

Toute vraie satisfaction est d'un autre ordre. Il faut en revenir sur ce point à Aristote, le philosophe qui aimait sa femme (rien à voir, donc, avec Platon comme vous savez ; rien non plus avec ce misogyne de Socrate, qui déteste sa Xantippe). Aristote au Livre VII de l'Ethique à Nicomaque, explique que le plaisir vrai est la conséquence d'un bien possédé ou au moins recherché. Celui, donc qui cherche le plaisir, mais sans vouloir le bien, ne trouve rien. Ou trouve... le rien !

La vieille idée selon laquelle c'est le plaisir qui rend bon sent son utilitarisme à plein nez. Non la bonté (et donc le bonheur) ne viennent pas du plaisir, n'en déplaise à Michel Onfray. C'est l'inverse : le plaisir profond et... satisfaisant, le plaisir durable (comme le développement du même nom) vient d'une perception aigue du bien. Il renvoie d'une manière ou d'une autre à l'oeuvre bonne. Et l'oeuvre bonne à l'amour qui la suscite et qu'elle produit...

Mais quittons donc Aristote et venons en à nouveau à la Vierge Marie : sa chasteté résolument choisie (et qui la fait résister à l'ange Gabriel en personne cf. Luc 1, 30) est conçue comme une oeuvre bonne, celle de la liberté d'être à Dieu. Ou comme dirait sainte Thérèse de l'Enfant Jésus d'une manière sans doute plus humaine, plus tangible, plus féminine : d'être la préférée de Dieu.

Dieu a comblé Marie de grâce en couronnant ce choix absolu qu'elle fait par une Maternité miraculeuse. Par maternité miraculeuse, j'entends non seulement la maternité divine, absolument imprévisible pour elle, mais aussi cette maternité universelle qu'elle exerce en tant que nouvelle Eve sur "le reste de sa descendance" (Apoc. 12, 17), non pas sur les trois ou quatre autres enfants qu'un Joseph de rencontre aurait pu lui donner, mais sur tous les hommes de bonne volonté, qui, à travers saint Jean, lui sont confiés, avant qu'il ne meure, par le Christ lui-même : "Femme, voici ton Fils".

Célibat, chasteté et christianisme

Il y a beaucoup de choses dans l'intervention de l'anonyme, juste derrière mon post précédent. beaucoup de choses sur la Vierge. Sur sa virginité. Je crois que personne ne peut contester que Marie ait eu le propos de rester vierge : l'ange lui annonce qu'elle sera la mère du Messie et cette jeune fille "fiancée à un homme nommé Joseph de la maison de david" comme dit saint Luc déclare bonnement : "je ne connais pas d'homme". Qu'est-ce que cela signifie sinon : Je ne veux pas en connaître. Quant aux frères du Christ, sur les 4 qu'énumère Marc 6, 3, les deux premiers Jacques et Joset se trouvent ailleurs attribués dans le même ordre à une autre Marie, la femme de Cléophas (Marc 15, 40). L'Evangile me semble donc extrêmement clair sur ce sujet, de la généalogie du Christ et ceux qui le contestent font de l'ethnocentrisme en donnant au mot frère le sens de frère de sang qu'il n'a ni chez les Hébreux de cette époque ni chez les Africains d'aujourd'hui.

La question plus profonde qui est posée est celle de la discipline du désir et de sa légitimité. Selon l'anonyme, les commandements de Dieu dans leur signification primitive n'ont qu'une portée sociale : c'est le vol ou la convoitise du bien (la femme, l'homme) d'autrui qui est condamnée par Dieu. Le Livre de l'Exode, au chapitre 20 est parfaitement clair : "Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain. tu ne convoiteras pas la femme de ton prochan, ni son serviteur ni sa servante, ni son boeuf ni son âne, rien de ce qui est à lui". Ce qui est condamné en première instance, c'est le vol. Le vol des femmes sur le même plan que celui qui concerne l'âne ou le boeuf.

En réalité, il est clair, dès l'Ancien Testament condamnant vigoureusement certaines impuretés (l'épanchement séminal chez l'homme, sic, Lév. 15. La BJ précise : il ne s'agit pas de blennorragie mais du simple écoulement séminal) ou certaines pratiques sexuelles (l'onanisme), que les sources de la vie sont sacrées et que le désir doit être discipliné.

Dans l'Evangile, le Christ explique lui-même qu'il est plus rigoureux que ne l'a été Moïse : "celui qui pose les yeux sur une femme avec convoitise a déjà commis l'adultère avec elle". Mais en même temps, il pardonne à la femme adultère comme à cette Samaritaine qui a eu cinq maris, alors que la Loi prescrit pour les femmes adultères la lapidation (Deut. 22, 23). Paradoxe de l'Evangile, exigeant et indulgent tout à la fois. Paradoxe de l'amour ou l'exigence ne va jamais sans l'indulgence et ou l'indulgence ne peut se passer d'exigeance.

Quelle est l'exigence évangélique ? "Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur" dit Notre Seigneur en une formule célèbre. Qu'est-ce que ce trésor, sinon l'objet du désir. Allant au-delà des observances toutes extérieures de l'AT, le Christ révèle à l'homme que son désir l'identifie toujours à ce qu'il convoite.

De manière finalement très proche, saint Paul dit à la fin de l'Epître aux Galates : "Celui qui sème dans la chair récoltera de la chair la corruption. celui qui sème dans l'esprit récoltera de l'esprit la vie éternelle". Il faut évidemment donner au mot chair (en hébreu : l'humanité de l'homme : "basar") et au mot esprit (grec : pneuma ; hébreu : rouah) leur signification originelle.

Lorsque le même saint Paul condamne vigoureusement non seulement l'adultère mais la fornication au chapitre 6 de la première aux Corinthiens, ce n'est pas par je ne sais quel mépris du corps, c'est parce que nos corps sont "des membres du Christ" et "des temples du Saint Esprit", promis à la résurrection (I Cor. 15). il y a chez saint Paul un infini et terrible respect du corps, non pas en sorte qu'il ne faille pas y toucher, mais dans la mesure où l'oeuvre de notre corps nous identifie ou nous révèle à nous même : "Celui qui fornique pèche contre son propre corps". Contre lui-même et contre le respect qu'il se doit à lui-même.

Cette immense dignité de la chair interdit qu'on s'amuse d'elle ou avec elle. Elle est la compagne inséparable de l'âme comme dit Tertullien dans le De carne Christi. La morale platonicienne ou la morale indienne procèdent avec des fortunes diverses d'un dédoublement du corps et de l'esprit. La morale chrétienne, dans son austérité, provient d'un refus de ce dédoublement du corps et de l'esprit. C'est de ce refus du dédoublement corps/esprit que naît toute claire responsabilité vis-à-vis de soi-même
(à suivre)

lundi 13 avril 2009

Réponses sur Barabbas : du nouveau

Pourquoi je m'acharne sur ce pauvre Barabbas, qui, il y a deux mille ans, a sauvé sa peau dans un procès sordide , alors que nous venons de célébrer la résurrection de Jésus et sa victoire sur la mort, et que les cérémonies, cette année au Centre Saint Paul, nous ont apporté tant de paix ?

Ce sont les hypothèses de François Miclo sur le Blog Le Causeur qui en constituent l'occasion. François a découvert une curiosité dans l'Evangile. Et avec beaucoup d'assurance, il soutient la thèse de Barabbas sosie du Christ, thèse déjà soutenue avant la 2ème Guerre Mondiale par Paul Louis Couchoud, qui, lui, va jusqu'au bout et considère que Jésus n'est pas un personnage historique. Miclo, c'est Barabbas qu'il remet en question : il y a un début à tout. Le problème ? Cette mise en question qui passe pour érudite ne tient pas. C'est ce que je voudrais montrer maintenant, non de ma propre autorité, car sur ce chapitre, je ne suis pas un spécialiste, mais en me contentant (pour moi aussi c'est un début) d'une petite incursion dans ma bibliothèque personnelle.

Je ne prétends être ici qu'un transmetteur d'érudition.

Je suis d'abord allé voir le Commentaire de l'Evangile de Matthieu par le Père Buzy, un savant estimable et catholique convaincu. Voici sa trouvaille : "Barabbas (fils du père) était alors un nom très fréquent. Le traité berakoth raconte l'histoire de quelqu'un qui se rend au cimetière et appelle un mort : "je cherche Abbas. Les morts répondirent : il y a beaucoup d'Abbas par ici. Il cria alors : je cherche Abba bar Abba. Ils répondirent : il y a aussi beaucoup d'Abba bar Abba ici. Il cria : je cherche Abba bar Abba, père de Samuel, où est-il ?" - L'histoire est étrange. Elle montre bien que le patronyme Barabbas était très courant... Il y a ici un sens profond une sorte de prophétie cachée dans ce jugement de Barabbas. Mais rien qui indique un improbable sosie du Christ.

Le Père Lagrange, quant à lui, dans son Commentaire de saint Matthieu, s'intéresse au prénom Yoshua, donné à Barabbas par certaines versions et il souligne, en comparant des groupes de manuscrits (ce qui dépasse mes compétences) que l'on ne peut avoir aucune certitude sur l'authenticité de ce prénom : ce prénom est-il un ajout à prétention théologique ? A-t-il été ôté du texte original par respect pour Jésus ? Qui peut le savoir ? En tout cas les manuscrits les plus importants ne le comportent pas.

Origène s'en est saisi, tout en remarquant qu'il ne se trouvait pas partout dans la traduction manuscrite. dans ses œuvres, Origène, ce grand savant, si proche de l'origine puisqu'il meurt vers 250, évolue. Ici, le fameux auteur des Hexaples (juxtaposition de six versions du texte biblique) estime que l'on ne peut pas être sûr que Barabbas s'appelait bien Yoshua. Et là il se sert de ce prénom pour en tirer toute une théologie. Bref, il semble tenir le problème pour négligeable dans tous les cas.


Et c'est à la .f

Et c'est aussi le verdict de cet exégète ultra critique qu'est le Père Raymond Brown. A la page 904 de La mort du Messie, de Gethsémani au Tombeau, Encyclopédie de la Passion du Christ (Bayard 2005) l'exégète américain écrit après avoir passé toutes les hypothèses en revue, dont celle du sosie qu'il attribue à Couchoud : "Plutôt que des théories aussi fantaisistes, il faut beaucoup moins d'imagination pour poser en principe que historiquement, un homme réel portant le nom de fils d'Abba et le prénom de Jésus ait été arrêté durant une émeute à Jérusalem et finalement épargné par Pilate".

Je donne toutes ces références sans prétendre aucunement être exhaustif pour montrer la richesse de la tradition interprétative sur tout sujet tiré de l'Evangile.

Et je pense en ce moment à mon ami Alain de Benoist, qui voulait montrer, lui, la fausseté de la révélation chrétienne, en démontrant que, selon le texte même de l'Evangile, Marie avait eu d'autres enfants que le Christ. Il en a sorti d'abord je crois pour le Bulletin de la Société Ernest Renan, puis, dans une deuxième version corrigée pour Nouvelle Ecole, un article énorme (qu'il m'a d'ailleurs dédié en souvenir de nos conversations). Cet article n'est pas convainquant. Il se heurte lui aussi aux homonymies très fréquente à cette époque : je le dis d'un mot et sans développer mais Mc 15, 40 suffit à expliquer Marc 6, 3 et les quatre (autres) enfants que l'on prête à la Vierge. Mais ceci est une autre affaire.

Ce qui est frappant, en tout état de cause, c'est l'extrême résistance de ce texte en quatre versions authentiques qui est l'Evangile. Plus qu'aucun autre texte au monde il a été saucissonné, analysé, tourné et retourné. Mais il est toujours là, aussi jeune, aussi vivant, aussi irritant qu'au premier jour... L'avez-vous lu ?

Cette résistance, c'est ce que j'appelle depuis 25 ans la preuve par l'Evangile.

vendredi 10 avril 2009

Barabbas ou Jésus ?

Extraordinaire Pilate ! Un seul mot pourrait le décrire : "Ce sont mes troupes, il faut bien que je les suive".

Ce personnage, cité par Tacite, fait partie de la upper class. il a du métier. On ne se retrouve pas par hasard procurateur d'une poudrière ! Parce qu'il a du métier, il sait que Jésus est innocent. Seulement voilà, c'est un innocent un peu particulier. Lui ne clame pas son innocence. Il se tait ! Au plus grand étonnement du Procurateur (étonnement noté par les trois synoptiques), Jésus garde le silence. "Ne sais tu pas que j'ai le pouvoir ? " demande Pilate dans saint Jean. Oui le pouvoir de vie et de mort sur toi... "Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir s'il ne t'avais été donné d'en haut".

Pilate a quelques principes de gouvernement. il sait bien que condamner un innocent, cela n'arrange jamais les affaires. Et puis sa femme lui a fait dire des choses... inquiétantes sur ce personnage. En bon Romain, Pilate est superstitieux. Il cherche un moyen...

Qui voulez-vous que je vous délivre, Barabbas ou Jésus appelé Messie ? Cette question a une portée que Anne Cécile me fait découvrir, en me mettant sous les yeux un texte intéressant, avec lequel bien sûr je ne suis pas d'accord. En toute courtoisie. François Miclo, sur Le Causeur (un Bog passionnant dirigé par Elisabeth Lévy), souligne que bar-abbas, cela signifie "fils de papa". Il ne lui en faut pas plus pour faire de Barabbas une sorte de sosie inversé du Christ. Un personnage du coup qui, sous sa plume, devient purement allégorique.

Mais enfin, cela n'a rien à voir. Ce n'est pas parce que le Christ appelait Dieu "papa" (abba), que Jésus devient Barabbas (fils de papa). Oh ! Il y a certainement un jeu de mot sur le nom de barabbas : le fils à papa. Les Juifs, sollicité par Pilate, ont préféré garder le fils à papa, plutôt que d'épargner celui qui s'était dit lui-même le fils de l'homme, en référence à la sublime prophétie de Daniel (7, 14), sur un Fils d'Homme assis à la droite de la puissance divine. Celui-là, alors qu'il est dans leur propre Livre, sur le moment ils ne l'admettent pas. Celui qui est épargné, c'est le Fils à papa, celui qui commet des attentats pour que le Peuple reprenne son indépendance.

Qui sera gracié par le Romain, le fils à papa ou le Fils de l'Homme que dans quelques minutes Pilate désignera en deux mots restés fameux : Ecce homo. L'homme. L'homme Dieu qui annonce aux hommes, s'ils la veulent, leur divinisation. Ca vaut la peine de ne pas rester un fils à papa, de ne pas s'en tenir à sa lignée et à sa généalogie, lorsque ce qui est en question est un tel destin.

Non nascuntur christiani, dit Tertullien. On ne naît pas chrétien, on le devient. Pas de fils à papa chez nous, seulement des gens qui se revendiquent, avec aplomb, fils et filles de Dieu et qui, le revendiquant, finissent par devenir dignes de ce titre. Mgr de Quelen avait beau expliquer, en pleine Restauration (avant 1830) que "Jésus était de très bonne famille par sa mère". Peu importe ! Dans le royaume des cieux les quartiers de noblesse ne s'acquièrent pas par héritage, mais uniquement par le mérite. Barabbas, le fils à papa, n'y a pas sa place.

Pilate a eu le choix entre Jésus et Barabbas. Nous avons nous le choix entre : rester des fils à papa, fiers de nos familles et de nos ethnies, ou devenir disciples du Fils de l'homme.

Vous allez me dire qu'avec Barabbas, c'est de l'identité dont je doute. Pas du tout ! La grâce ne supprime pas la nature. Le surnaturel ne fait pas disparaître l'ordre humain des choses. mais le chrétien est celui qui, par son baptême s'établit dans la dualité, fils de Dieu au-dessus de tous les jeux sociaux (Nietzsche, fils de Pasteur, lorsqu'il parle du Surhomme, a en tête ce "fils de Dieu" chrétien) et en même temps issu d'une famille, d'un pays, d'une éducation etc. Ne reniant rien. Ni l'un ni l'autre. C'est la foule qui choisit entre Barabbas le patriote et Jésus le grand prêtre des biens à venir. C'est Pilate qui oblige à ce choix.

Il me semble que le chrétien n'envoie à la mort ni Jésus le Fils de l'homme ni Barabbas, le fils à papa... C'est toute sa grandeur, cette dualité. Assumée.

Jésus n'aimait pas la souffrance (suite)

Hier, j'ai eu cette idée simple et tellement rassurante pour nous, en réfléchissant à Gethsemani. Au Jardin des Oliviers, en effet, alors qu'aucun soldat ne l'a seulement touché, alors qu'il pourrait certainement s'enfuir pour échapper à l'équipe de bras cassés commanditée par Caïphe, qui est venue le prendre, cum gladiis et fustibus, "avec des épées et des bâtons".

Mais aujourd'hui Jeudi (il est un peu tard), je réfléchis à la Prière sacerdotale dans saint Jean. Manifestement le Christ veut protéger. Et lui qui sait qu'il va mourir, ce qu'il souhaite aux disciple c'est la joie et la paix : "Vous êtes maintenant dans la tristesse, mais je vous reverrai et votre cœur se réjouira et personne ne pourra vous ravir votre joie. Ce jour là vous ne m'interrogerez plus sur rien" (Jean 16, 22).

Mais alors pourquoi la souffrance et la Croix ? Parce que, même lorsqu'on est dans la plus grande consolation, à un moment ou à un autre, la souffrance fait partie du programme de la vie. Alors il faut savoir, non pas s'inventer une croix, mais saisir celle qui nous est tendue, prendre sa Croix sans peur. Jésus nous protègera de notre propre Croix, comme il a tout fait pour protéger ses apôtres de la sienne.

mercredi 8 avril 2009

Golias/Terras tête baissée

Pâques approche, Pâques est là, j’hésite presque à vous parler du marigot et pourtant…

Ça aurait pu rester une blague de potache : mercredi dernier Le Salon Beige nous annonce que l’assemblée des évêques de France réunie à Lourdes « accueille aujourd'hui Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, ainsi que Mgr Tissier de Malleray » afin de faire connaissance. Et pour ceux qui n’auraient pas compris qu’on était le 1er avril, Le Salon Beige place un lien vers la peluche de poisson que vend doudou-shop.com. Une blague de potache et rien de plus donc - jusqu'à l'entrée en scène de Golias.

(Deuxième acte: Golias entre en scène... )

... entre en scène et gobe tout cru ce poisson d'avril. Golias est cette publication «catholique contestatrice» selon les uns, au «catholicisme» contestable selon les autres. Ah, la formule du Père Olivier de La Brosse qui écrivait en 1998 que la Conférence des Evêques de France (il en était le porte-parole) était amenée «à se demander en quel sens cette revue peut prétendre au titre de catholique.». Golias c’est avant tout un homme, Christian Terras. Sa méthode est simple: il lit internet et reformule l’info. Prenez une phrase toute bête de n'importe quelle agence de presse («Benoît XVI nomme Mgr XXX évêque de ZZZ») - retravaillée par Terras ça devient «On murmure qu’un nouvel évêque serait nommé à ZZZ – selon des sources vaticanes il s’agirait de Mgr XXX» ou encore «On laisse entendre dans les couloirs de la Curie que...». Ça marche auprès de quelques gogos (trop fort ce Terras!) qui veulent voir en lui l'expert qu'il n'est pas.

Début avril, donc, Golias/Terras lit dans Le Salon Beige que deux évêques de la Fraternité Saint Pie X ont été invités à Lourdes, il tombe dans le panneau et s’empresse de fustiger «les évêques réintégristes» (colossalle finesse) et les «épiscopes français» qui mènent «double jeu». Avec cette visite, Golias/Terras tient l’explication à des propos du Cardinal Vingt-Trois qui curieusement ne lui avaient pas trop déplus: on a voulu «donner un os à ronger aux catholiques critiques», on a voulu «endormir [sa] vigilance», mais c’est fini: «le masque est tombé». Il en fait une page. Il grince: «André Vingt-Trois prêche un ‘retour permanent vers la Croix du Christ’. Tenant à ajouter pour enfoncer le clou». Ce mauvais jeu de mots (c’est de Dieu dont il s’agit tout de même) est la seule allusion de Golias/Terras à la semaine de la Passion qui s’ouvre.

L’article reste en ligne quelques temps, il y était encore le 5 avril au soir, il a disparu sans un mot d’excuse. Golias/Terras aurait pu nous dire «je me suis fichu dedans» et botter en touche avec quelques considérations sur les dangers de l’instantané, mais non en fait, il n’aurait pas pu. Pas le genre de la maison. L’article disparaît point barre. Il faut aller dans le cache Google pour le lire encore - il disparaitra bientôt.

(Il la tient, son exclusivité)


Comment a-t-il pu se planter aussi complètement ? le site e-Deo tente une explication:
Golias fait preuve d’un amateurisme violent et nauséabond qui saisit tout ce qui passe pour critiquer sadiquement l’Eglise. On aurait pu croire qu’il le ferait de manière professionnelle. Erreur ! Il se contente de lire Le Salon Beige, blog qu’il sait fidèle au pape et à l’Eglise avant de retranscrire à sa sauce, qu’il prépare pimentée. […] Le Salon Beige lui aura donné la confirmation de tout ce qu’il attend depuis longtemps. “Les voilà !!! Je l’savais !!! Y ont tous partie lié !!! L’Église toute entière est intégriste !!!” Et sans plus attendre, il commence à rédiger un article. Il la tient, son exclusivité, celle qui devra apporter le jour au monde et sortir l’humanité des Ténèbres. Il la tient et il la laissera pas s’échapper.
Pâques approche, Pâques est là, j’ai hésité à vous parler du marigot mais le fait valait d’être noté, et le fait est qu’aujourd’hui Golias/Terras passe pour ce qu’il est.

Doit-on canoniser la souffrance ?

Alors qu'approche le terrible Vendredi Saint, qui a fait dire à Luther en toute rigueur théologique "Dieu est mort" (comprenez : une mort humaine peut être attribuée au Dieu éternel), vos commentaires retrouvent spontanément la grande et terrible question de la souffrance. Etait-il vraiment nécessaire d'en passer par là.

Nous sommes dans la société de l'euphorie obligatoire, du sourire de commande (on doit voir les dents : bien blanches de préférence) et des médicaments dits de confort (qui sont destinés à rendre un peu moins pénible l'émission permanente de ce fameux sourire : vive les antidépresseurs !). Nous sommes dans la société de ce que Philippe Ariès a appelé naguère La mort interdite. Non seulement il est interdit de mourir parce que c'est sale (on meurt dans des maisons spécialisées pour ne pas infliger ce spectacle à ses proches), mais je dirai qu'il est interdit de souffrir. Si tu souffres, tais-toi ou alors prends un cachet et... souris ! Elle est pas belle la vie ?

J'ai un ami très bon chrétien, qui a connu la fameuse deuxième conversion chère au Père Garrigou Lagrange. Un chrétien de première ligne. Il ne supporte pas la souffrance, il a du mal à en évoquer l'idée. Et sans doute parmi mes lecteurs, certains se reconnaîtront-ils dans cette description (pour les amateurs d'énnéagramme cette réaction est caractéristique du type 7). Il est permis de détester la souffrance. Le Christ lui-même, alors que pas un soldat ne l'a touché - il est au Jardin des Oliviers - dans la très belle Passion selon saint Luc que l'on entend aujourd'hui Mercredi dans notre Extraordinaire rite, on nous dit que "sa sueur est devenue comme des gouttes de sang qui coulent jusqu'à terre". Phénomène médical, relevé par ce médecin grec qu'était saint Luc. Cette scène nous montre bien combien Jésus déteste la souffrance.

Aucune complaisance morbide ! Aucun dolorisme ! Pas la moindre trace de masochisme ! Une fois pour toutes, le Seigneur "a endurci sa face pour monter à Jérusalem". Merveilleuse virilité du Christ, caricaturée, déformée ou même simplement niée par tous les Zeffirelli du monde, si pétris soient-ils de bonnes intentions.

Le Christ supporte la souffrance parce qu'il ne pouvait pas faire autrement : Oportet pati Christum. Et il ne pouvait pas faire autrement, parce que s'unissant à l'humanité d'une manière étroitement personnelle, il devait rencontrer cette souffrance, qui, que nous le souhaitions ou non, fait partie de notre vie. Il fallait que le Christ souffre parce que tout homme (surtout quand il entend bien oublier ce détail) doit souffrir.

Mais il ne s'agit pas seulement de regarder le Christ s'unir à nous et nous rejoindre. Il faut aussi concevoir que nous, nous ne pouvons pas l'imiter dans sa sainteté qui est inimitable (comme l'avait compris le cardinal de Bérulle, expliquant que nous n'imitons pas le Christ mais que c'est le Christ qui s'imite en nous). Mais nous pouvons l'imiter dans sa souffrance et dans sa mort. Et alors, rappelle saint Paul, si nous mourons avec lui, nous vivrons avec lui.

Indiscutablement la souffrance (quelle qu'en soit la forme) est le trou noir d'une vie humaine. Mais, dans l'amour du Christ, dans l'imitation du Christ, cette souffrance que nous ne pourrons pas fuir indéfiniment sans nous fuir nous-mêmes, elle peut devenir un foyer de lumière. Elle fait de nous non seulement les spectateurs passifs de la Miséricorde de Dieu (c'est sous cet angle que l'on comprend souvent la Passion aujourd'hui), mais, bien plus encore, les acteurs de la Justice divine, capables de mériter avec le Christ et, dans le Christ crucifié, de se sauver eux-mêmes.

Par l'offrande silencieuse de ce qui manque à la Passion du Christ.

mardi 7 avril 2009

Pour votre Vendredi Saint

Voici le magnifique Chemin de Croix, prêché par l'abbé René Sébastien Fournié au Centre Saint Paul l'an dernier. Faites en votre miel en cette Grande Semaine. N'hésitez pas à faire vous même ce Chemin de Croix et à le méditer.


1° Station - Jésus condamné à mort.

La condamnation à mort survient après cette nuit pâle de souffrance et de prière vécue par le Christ. Il se tient seul, au centre de la scène, agenouillé sur la terre de ce jardin. Comme toute personne affrontée à la mort, le Christ aussi est tenaillé par l’angoisse. Saint Luc emploie le mot d’« agonie », c’est-à-dire de lutte. La prière de Jésus est dramatique, tendue comme dans un combat, et la sueur mêlée de sang qui coule sur son visage est le signe d’un tourment âpre et dur. Son cri est lancé vers le ciel, vers ce Père qui semble mystérieux et muet : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe », coupe de souffrance et de mort. Jacob lui aussi, durant une nuit sombre sur les rives d’un affluent du Jourdain, avait rencontré Dieu au travers d’une personne mystérieuse qui « avait lutté avec lui jusqu’au lever de l’aurore ».
Prier au moment de l’épreuve est une expérience qui bouleverse le corps et l’âme. Le Christ lui aussi, dans les ténèbres de ce terrible soir a poussé un grand cri dans les larmes, et a prié en suppliant Dieu de pouvoir le sauver de la mort.
Dans le Christ de Gethsémani aux prises avec l’angoisse, nous nous retrouvons nous-mêmes quand nous traversons la nuit de la souffrance qui déchire, la nuit de la solitude lorsque les amis nous abandonnent, la nuit du silence de Dieu. En lui nous découvrons aussi notre visage, quand il est baigné de larmes et marqué par la désolation.
Regardons ce Saint, ce Juste et ce Véritable qui fut jugé par les pécheurs et mis à mort. Et pourtant, tandis qu'ils Le jugeaient, ils étaient forcés de L'acquitter. Judas, après L'avoir trahi, alla dire aux prêtres : " J'ai péché, car j'ai livré le sang innocent. " Pilate, qui rendit la sentence, dit à son tour : " Je suis innocent du sang de ce juste ", et rejeta le crime sur les Juifs. Le Centurion qui L'avait vu crucifier dit aussi : " En vérité, celui-ci était un juste. "
Ainsi toujours, le Christ est justifié jusque dans ses paroles et il est vainqueur quand il est jugé. Le combat de Jésus n’aboutit pas à la tentation de se laisser vaincre par le désespoir, mais il aboutit à professer sa confiance dans le Père et dans son mystérieux dessein. Ce sont les paroles du « Notre Père » qu’il propose de nouveau en cette heure amère : « Priez pour ne pas entrer en tentation… Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ! ». Et voici qu’apparaît l’ange de la consolation, du soutien et du réconfort, qui aide Jésus et qui nous aide à continuer jusqu’au bout notre chemin.
Accordez-nous Seigneur la grâce d'être vrai avec nous même, avec vous, et que reconnaissant notre état de pécheur et votre amour infini, nous sachions nous tourner humblement vers vous pour recevoir votre pardon et la force de changer de vie.


2° Station - Jésus reçoit sa Croix.

Le soleil du vendredi saint s’est levé derrière le Mont des Oliviers, après avoir éclairé les vallées du désert de Judas. Les 71 membres du Sanhédrin, la plus haute institution juive, sont réunis autour du Christ. L’audience va s’ouvrir, avec la procédure habituelle des procès en justice : le contrôle d’identité, les chefs d’inculpation, les témoins. Le jugement est de nature religieuse selon les compétences de ce tribunal, comme il apparaît aussi dans les deux questions décisives : « Es-tu le Christ ? … Es-tu le Fils de Dieu ? ».
La réponse du Christ exprime au début comme un désabusement : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j’interroge, vous ne répondrez pas ». Il sait que, dans ce simulacre de procès, il y a l’incompréhension, la suspicion et l’équivoque. Il ressent autour de lui la froideur d’un mur de défiance et d’hostilité, encore plus oppressante parce que dressée contre lui par sa propre communauté religieuse et par sa propre nation.
L’accusation, qui conduira à une sentence de mort, à porter la croix, devient une révélation et notre profession de foi dans le Christ, Fils de Dieu. Cet accusé, humilié par une cour orgueilleuse, par une assemblée présomptueuse et par un jugement désormais scellé, rappelle à tous le devoir de rendre témoignage à la vérité, la vérité de la croix, la vérité de notre Rédemption. Un témoignage à faire retentir même quand est forte la tentation de se cacher, de se résigner, de se laisser aller à la dérive de l’opinion dominante.
O Seigneur, Dieu Tout-Puissant, qui portez sans lassitude le poids du monde entier, qui avez porté avec une fatigue accablante le fardeau de tous nos péchés, Vous qui conservez nos corps par votre Providence, soyez aussi le Sauveur de nos âmes par votre précieux sang et donnez-nous d’être des témoins de la Croix.


3° Station - Jésus tombe pour la première fois sous le poids de sa Croix.

Satan tomba du ciel au commencement, par la sentence de Dieu contre lequel il s'était révolté. Plus tard il réussit à associer l'homme à sa rébellion et Dieu vint pour sauver sa créature : pour se faire le Verbe revêtu de chair, fut mis sous le pouvoir du démon, qui jadis frappé par Dieu, frappa à son tour Celui contre Lequel il se rebella : Ce coup fut la cause de la chute de Jésus. A travers cette chute nous pouvons donc y voir l’attaque perfide du diable mais aussi nos propres attaques, nos propres lâchetés et nos trahisons. Tel Judas… Cette trahison et ce baiser sont devenus au cours des siècles le symbole de toutes les infidélités, de toutes les apostasies, de toutes les tromperies. Le Christ rencontre donc une autre épreuve, celle de la trahison qui provoque l’abandon et l’isolement. Ce n’est pas cette solitude qui lui était si chère, telle celle quand il se retirait sur la montagne pour prier, ce n’est pas la solitude intérieure, source de paix et de tranquillité parce que, par elle, se dévoile à nous le mystère de l’âme et de Dieu. Au contraire, il s’agit de cette solitude causée par l’abandon, notre abandon, quand tant de fois nous l’abandonnons, quand tant de fois nous nous détournons de lui et de notre prochain. A chaque fois, nous participons à cette chute du Christ, à chaque fois nous freinons la progression de ce Corps mystique… à chaque fois nous réactualisons cette terrible phrase de Notre-seigneur : « C’est maintenant votre heure, c’est la domination des ténèbres ». Cessons de faire chuter le Christ à travers son corps mystique, cessons de permettre au mal de se développer dans son linceul de violence, d’agression et de brutalité. Relevons-nous avec le divin Seigneur, Lui qui fut toujours certain que le pouvoir des ténèbres – apparemment invincible et jamais rassasié de triomphes – est destiné à être vaincu. À la nuit succède l’aube, à l’obscurité la lumière, à la trahison le repentir, à la chute, la reprise confiante.
Seigneur, c'est pour nous, que vous avez eu ce courage. Et nous qui démissionnons si souvent devant les efforts à faire, devant les plus petits sacrifices ! Apprenez-nous à vous aimer et à nous aimer comme vous nous aimez. Apprenez-nous nous à marcher à votre suite, à nous relever dans les difficultés, les combats, car avec vous il y a le salut des âmes à gagner. Faites nous grandir dans l'amour, ayez pitié de notre faiblesse et venez nous aider à nous relever lorsque nous tombons, que nous soyons des hommes dignes afin d'être de dignes enfants du Père.


4° Station - Jésus rencontre sa Mère.

Toute mère est visage de l'amour, refuge de tendresse, fidélité qui n'abandonne pas, parce qu'une vraie mère aime même quand elle n'est pas aimée. Marie est Mère! Sur le chemin de croix de Jésus, se trouve Marie, sa Mère. Durant la vie publique de son fils, elle avait dû se tenir à l’écart, pour faire place à la nouvelle famille de Jésus, à la famille naissante de ses disciples. Elle avait entendu ses paroles qui peuvent nous paraître dures de la part de son Fils : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? ... Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère. » Et bien on voit à présent qu’elle est la Mère de Jésus, non seulement dans son corps, mais dans son cœur. Avant même de l’avoir conçu dans son corps, elle l’avait conçu dans son cœur, grâce à son obéissance. Et Siméon lui avait prédit « ton cœur sera transpercé par un glaive ». A présent tout devient réalité. Mais dans son cœur, demeure bien vivant la parole que l’ange lui avait dite quand tout avait commencé: « Sois sans crainte, Marie ». Les disciples se sont enfuis, elle, non. Elle reste là, avec son courage de mère, avec sa fidélité de mère, avec sa bonté de mère et avec sa foi, qui résiste dans l’obscurité : « Heureuse celle qui a cru » est-il écrit dans saint Luc ; ainsi que… « Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? ». Oui, à ce moment-là, Il le sait : il trouvera la foi. En cette heure-là, c’est sa grande consolation.
Nous sommes loin de l’attitude de Saint Pierre qui révèle une âme misérable, sa fragilité, son égoïsme, sa peur. Pourtant, quelques heures auparavant, celui-là avait proclamé : « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas… Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas ».
Cependant, le rideau ne tombe pas sur cette trahison, un son déchire le silence de Jérusalem mais surtout la conscience de Pierre : c’est le chant d’un coq. À ce moment précis, Jésus sort du tribunal qui l’a condamné. Luc décrit le croisement des regards entre le Christ et Pierre en utilisant un verbe grec qui indique le fait de fixer profondément un visage. Mais, comme le note l’évangéliste, ce n’est pas n’importe quel homme qui en regarde maintenant un autre, c’est « le Seigneur », dont les yeux scrutent le cœur et les reins, c’est-à-dire le secret intime d’une âme.
Et des yeux de l’apôtre coulent les larmes du repentir. Cet événement concentre tant d’histoires d’infidélité et de conversion, de faiblesse et de libération. « J’ai pleuré et j’ai cru ! ».
Seigneur comme notre amour pour vous est loin de ressembler à celui de Marie! Nous qui avons tant peur de souffrir… Notre-Dame, venez nous donner la main, pour nous apprendre à suivre Jésus et à faire la volonté du Père tout au long de notre vie, chaque jour de notre vie.


5° Station - Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa Croix.

Simon fait ce qu’il doit faire, avec certainement beaucoup de répugnance, mais de cette rencontre involontaire est née la foi. Le mystère de Jésus souffrant et muet a touché son cœur. Jésus, dont seul l’amour divin pouvait et peut racheter l’humanité entière, veut que nous partagions sa croix, pour compléter ce qui manque encore à ses souffrances comme dit Saint Paul. Chaque fois qu’avec bonté nous allons à la rencontre de celui qui souffre, de celui qui est persécuté et faible, en partageant sa souffrance, nous aidons Jésus à porter sa propre croix. Ainsi nous obtenons le salut et nous pouvons nous-mêmes coopérer au salut du monde.
Oui Simon tu portes la croix d'un Autre, tu soulèves le bois de souffrance et tu empêches qu'il n'écrase la victime.
Tu nous rappelles que nous ne sommes nous-mêmes que si nous ne pensons pas à nous-mêmes. Saurons-nous reconnaître ces croix des autres à porter avec eux ? Viendrons-nous en aide plus ardemment à notre prochain après ce jour du Vendredi Saint ? Ou mourrons-nous dans notre égoïsme?
Serons-nous l’image de l’indifférence, du manque d’intérêt, du primat de l’opportunisme. L’indifférence est pire que l’immoralité explicite, car elle engendre au moins un sursaut ou une réaction ; l’indifférence en revanche, est pure amoralité ; elle paralyse la conscience, elle éteint le remords et elle émousse l’intelligence. L’indifférence est la mort lente de l’image de Dieu en nous.
Seigneur, regarde comme nous démissionnons rapidement dès que cela devient un peu dur. Vois aussi combien de fois nous « faisons semblant » de porter notre fardeau alors que nous nous arrangeons sinon pour le laisser de côté, du moins pour le traîner derrière nous. Seigneur, agissant ainsi nous sommes loin de ressembler à Simon, et pourtant nous prétendons être tes disciples. Oh Jésus toutes nos croix ne sont que des petits bouts de la tienne et si nous les portons avec toi, c'est surtout toi qui les portes avec nous ! Apprends nous Seigneur à porter nos croix avec toi, que ce soit les nôtres ou celles des autres. Apprends-nous à te suivre ainsi dans l'effort, mais surtout dans l'amour et la confiance.


6° Station - La Face de Jésus est essuyée par Véronique.

« C’est ta face, Seigneur, que je cherche ; ne me cache pas ta face », nous font chanter les psaumes. Véronique ne se laisse ni gagner par la brutalité des soldats, ni immobiliser par la peur des disciples. Elle est l’image de la femme éprise de bonté qui, dans le désarroi et l’obscurité des cœurs, garde le courage de la bonté, et ne permet pas que son cœur s’obscurcisse. « Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! » Au début, Véronique voit seulement un visage maltraité et marqué par la souffrance. Mais l’acte d’amour imprime dans son cœur la véritable image de Jésus : sur son visage humain, couvert de sang et de blessures, elle voit le visage de Dieu et de sa bonté, qui nous accompagne aussi dans la souffrance la plus profonde. C’est seulement avec le cœur que nous pouvons voir Jésus. Seul l’amour nous rend capables de voir et nous rend purs. Seul l’amour nous fait reconnaître Dieu, qui est l’amour même.
Seigneur, que notre visage Vous soit agréable, qu'il ne soit pas souillé par le péché, mais lavé et purifié par votre précieux Sang. Aurions-nous eu le courage d'une telle démarche ? Rien n'est moins sûr quand nous regardons toutes nos fuites devant les responsabilités, les risques à prendre. Seigneur aide nous dans notre faiblesse, nos lâchetés, nos compromis et fais nous grandir. Seigneur, que l'exemple de cette femme soit source de grâce en nous et que nous apprenions à avoir le courage de vivre notre foi sous le regard des autres.


7° Station - Jésus tombe une seconde fois.

Satan subit une seconde chute quand Notre-Seigneur vint sur la terre. Il avait depuis longtemps usurpé l'empire du monde entier, et s'en nommait roi. Et il osa enlever dans ses bras le Sauveur très-saint, lui montrer tous les royaumes de la terre et lui faire la promesse blasphématoire de les lui donner, à Lui, son Créateur, s'il voulait l'adorer. Jésus lui répondit : « Retire-toi, Satan ! » ; et Satan tomba du haut de la montagne. Et Jésus rendit témoignage de cette chute en disant : « Je vis Satan tomber du ciel comme l'éclair ». Le Démon se souvenant de cette seconde défaite, frappa le Christ pour la seconde fois.
La tradition établit un parallèle entre la chute du Christ, toute physique, avec celle d’Adam et de l’humanité, morale celle-ci. Au cours de l’histoire, la chute de l’homme prend des formes toujours nouvelles. Dans sa première épître, saint Jean parle d’une triple chute de l’homme : Celle de la chair, celle de l’orgueil et celle des richesses matérielles. Cependant nous pouvons aussi penser à nos détachements de la foi, à nos abandons. N’est-ce pas là ce que produisent les grandes idéologies, comme la banalisation de l’homme qui ne croit plus à rien et qui se laisse simplement aller, construisant ainsi un nouveau paganisme, un paganisme plus mauvais, qui, en voulant mettre définitivement Dieu à part, a fini par se débarrasser de l’homme. L’homme gît ainsi dans la cendre. Le Seigneur porte ce poids, il tombe et il retombe, pour pouvoir venir jusqu’à nous ; il nous regarde afin que notre cœur se réveille ; il retombe pour nous relever.
O mon Dieu, apprenez-nous à souffrir avec Vous, et à ne pas craindre les soufflets que Satan pourrait donner à ceux qui lui résistent.


8° Station - Les femmes de Jérusalem pleurent sur Notre-Seigneur.

Écouter Jésus alors qu’il fait des reproches aux femmes de Jérusalem qui le suivent et qui pleurent sur lui nous surprend puis nous fait réfléchir. Comment comprendre cette attitude du Christ ? S’agit-il de reproches adressés à une piété purement sentimentale et qui n’a rien d’une vraie conversion et d’une foi vécue ? Il ne sert à rien de pleurer sur les souffrances de ce monde avec des paroles et par des sentiments, alors que notre vie continue toujours à être égale à elle-même. C’est pourquoi le Seigneur nous avertit du danger dans lequel nous sommes nous-mêmes. Il nous montre la gravité du péché et la gravité du jugement. Malgré tous nos discours effrayés devant le mal et la souffrance des innocents, ne sommes-nous pas trop enclins à banaliser le mystère du mal ? En définitive, de l’image de Dieu et de Jésus, nous ne retenons peut-être que l’aspect doux et aimable, alors que nous avons évacué tranquillement l’aspect du jugement… Nous nous demandons si Dieu peut encore prendre notre faiblesse au tragique. Car nous ne sommes que des hommes ! Mais en regardant les souffrances du Fils, nous voyons toute la gravité du péché, nous voyons comment il doit être expié jusqu’à la fin pour pouvoir être vaincu. Le mal ne peut pas continuer à être banalisé devant l’image du Seigneur qui souffre. A nous aussi, le Seigneur déclare : Ne pleurez pas sur moi, pleurez sur vous-mêmes ... car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ?
Les larmes ne suffisent pas. Les larmes doivent se transformer en amour qui éduque, en force qui guide. Les larmes doivent empêcher d'autres larmes !


9° Station - Jésus tombe pour la troisième fois.

Que peut nous dire la troisième chute de Jésus sous le poids de la croix ? A nouveau comment ne pas penser à la chute de l’homme ? Mais cette fois-ci considérons à ce que le Christ souffre dans son Église Elle-même ? Combien de fois abusons-nous du Saint-Sacrement, de sa présence, dans quel cœur vide et mauvais entre-t-Il souvent ? Combien de fois ne célébrons-nous que nous-mêmes, et ne prenons-nous même pas conscience de sa présence ? Combien de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée ? Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! Que de manques d’attention au sacrement de pénitence, où le Christ nous attend pour nous relever de nos chutes ! Tout cela est présent dans sa passion. La trahison des disciples, la réception indigne de son Corps et de son Sang sont certainement les plus grandes souffrances du Rédempteur, celles qui lui transpercent le cœur.
Satan fera une troisième et dernière chute à la fin du monde, alors qu'il sera enfermé pour toujours dans la prison éternelle de l’absence de Dieu. Il sait dès le commencement que telle sera sa fin, il n'a nulle espérance ; il est plongé dans le désespoir. Il savait donc bien qu'aucune souffrance infligée au Christ ne servirait pas à le faire échapper à ce sort inévitable. Mais il avait résolu, dans sa haine et son horrible rage, de l'insulter et de le torturer, pendant qu’il était encore son pouvoir. Voilà pourquoi il Le renversa une troisième fois.
Il ne nous reste plus qu’à adresser à Notre Dieu, du plus profond de notre âme, ce cri : Kyrie, eleison.


10° Station - Jésus est dépouillé de ses vêtements.

Le vêtement donne à l’homme sa position sociale, il lui donne sa place dans la société, il le fait être quelqu’un. Être dépouillé en public signifie, pour Jésus, n’être plus personne, n’être rien d’autre qu’un exclu, méprisé de tous. Le moment du dépouillement nous rappelle aussi l’exclusion du paradis : la splendeur de Dieu a disparu en l’homme qui maintenant se trouve là, nu et exposé, dénudé et honteux. De cette manière, Jésus assume encore une fois la situation de l’homme pécheur. Ce Jésus dépouillé nous rappelle le fait que, tous, nous avons perdu notre «premier vêtement», c’est-à-dire la splendeur de Dieu. Sous la croix les soldats tirent au sort pour se partager ses pauvres biens, ses vêtements. Les évangiles rappellent qu'il s’agit là de l’accomplissement des prophéties. Rien n’est pure coïncidence, tout ce qui arrive est contenu dans la Parole de Dieu et voulu par son dessein divin. Le Seigneur fait l’expérience de toutes les stations et de tous les degrés de la perdition humaine, et chacun de ces degrés est, avec toute son amertume, une étape de la Rédemption : c’est ainsi qu’il ramène au bercail la brebis perdue.
En outre, cet habit du Christ était riche de symbole : en effet, saint Jean nous enseignant que sa tunique était toute d’une pièce, on peut y voir une allusion au vêtement du grand prêtre, qui lui aussi était tissé d’une seule pièce. Dès lors, comment ne pas comprendre que Lui, le Crucifié, est le véritable grand prêtre.


11° Station - Jésus est cloué à la Croix.

Les minutes de l’agonie s’écoulent et l’énergie vitale de Jésus s’épuise lentement sur la croix. Pourtant il a encore la force d’accomplir un dernier acte d’amour à l’égard de l’un des deux condamnés à mort qui sont à ses côtés. Entre le Christ et cet homme se déroule un fragile dialogue qui tient en deux phrases essentielles : D’un côté, l’appel du malfaiteur, du bon larron, du converti de la dernière heure : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton Royaume ». La réponse de Jésus est très brève… comme un souffle : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Ce mot « Paradis » est très rare dans l’Écriture : Il n’apparaît que deux autres fois dans le Nouveau Testament. Il évoque à l’origine un jardin fertile et fleuri : C’est une image évocatrice du Royaume de lumière et de paix que Jésus avait annoncé dans sa prédication et qu’il avait inauguré par ses miracles. C’est le but de notre difficile chemin dans l’histoire, c’est la plénitude de la vie, c’est l’intimité de l’étreinte avec Dieu. C’est le don ultime que le Christ nous fait à travers le sacrifice de sa mort qui s’ouvre sur la gloire de la résurrection.
Le dialogue s’arrête donc là. Mais ces quelques paroles jaillissant péniblement des deux gorges desséchées, se font encore entendre aujourd’hui et elles résonnent toujours comme un signe de confiance et de salut pour celui qui a péché mais qui aussi a cru et espéré, fût-ce à la toute dernière extrémité de sa vie.


12° Station - Jésus meurt sur la Croix.

Au début de ce chemin de croix, nous avons considéré la nuit pâle de Gethsémani. Mais maintenant c’est l’obscurité. Les ténèbres semblent donc vaincre la terre où Dieu meurt. Le Fils de Dieu pour être vraiment homme et notre frère, doit aussi boire le calice de la mort car cette dernière est commune à nous autres, fils d’Adam. Ainsi devient-Il par sa mort, semblable à ses frères. Il devient pleinement l’un de nous, présent avec nous à ce moment terrible. Moment qui se produit certainement en ce moment même pour un homme ou une femme, ici à Paris, dans d’autres villes et lieux de ce monde.
Dans le Christ qui meurt, il y a un Dieu passionné, amoureux de ses créatures au point de mourir librement dans la souffrance. C’est pour cela que le Christ Crucifié est le signe humain universel de la solitude de la mort, de l’injustice et du mal ; mais aussi le signe divin universel d’espérance, de don de soi et de vie.
En effet, même lorsqu’il est là, mourant sur la croix, tandis que son souffle s’éteint, Jésus ne cesse pas d’être le Fils de Dieu. À ce moment-là, toutes les souffrances et toutes les morts sont traversées et prises par la divinité, elles sont irradiées d’éternité, un germe de vie éternelle est déposé en elles, et sur elles brille une étincelle de lumière divine.
« Père, entre tes mains je remets mon esprit… Consummatum est… Tout est accompli… » Le mystère de l'amour de Dieu envers nous est accompli !
La rançon est payée et nous sommes rachetés. Dieu ne voulait pas nous pardonner gratuitement afin de nous montrer combien nous étions chers à ses yeux : Ce que l'on achète a de la valeur. Aussi pour montrer son amour pour nous, Il fixa un prix : La mort de son propre Fils, revêtu de notre nature humaine.


13° Station - Jésus est déposé dans les bras de sa sainte Mère.

Si Marie avait commencé à se détacher de son Fils depuis ses douze ans où Il lui avait dit qu’il avait une autre maison et une autre mission à accomplir, à ce moment précis, son détachement est suprême. C’est une heure de déchirement, celle que connaît toute mère quand elle voit renversée la logique même de la nature selon laquelle ce sont les mères qui doivent mourir avant leurs enfants. Mais saint Jean n’évoque aucune larme sur son visage, aucun cri sur ses lèvres. C’est au contraire un halo de silence.
Ce détachement extrême n’est pas stérile : au contraire il est d’une fécondité inattendue, semblable à une mère qui accouche. En effet, Marie redevient mère. Et de fait l’Evangile reprend le mot de « mère » 5 fois dans ce tragique passage. Marie donc, redevient mère et ses fils seront tous ceux qui, comme « le disciple bien-aimé », se placent sous le manteau de la grâce divine et qui suivent le Christ dans la foi et dans l’amour.
À partir de cet instant, Marie ne sera plus seule, elle deviendra la mère de l'Église, d’un peuple immense, de toute langue, nation et race, qui, tout au long des siècles, se pressera avec elle autour de la croix du Christ, son premier-né.
Jésus est maintenant redevenu votre propriété, ô Vierge-Mère, car le monde et Lui se sont séparés pour toujours. Il vous avait quittée pour faire l'œuvre de son Père, Il l'a terminée et l'a soufferte. Satan et les mauvais hommes n'ont plus maintenant aucun droit sur Lui, trop longtemps Il a été dans leurs mains. Vous avez maintenant droit à Le reprendre, maintenant que le monde a fini de Lui nuire.
Vierge Mère de Dieu, priez pour nous.


14° Station - Jésus est déposé dans le sépulcre.

Le corps crucifié et torturé du Christ est délicatement enveloppé dans le Saint-Suaire par Joseph d’Arimathie et placé dans le sépulcre taillé dans le roc. Durant les heures de silence qui vont suivre, le Christ sera vraiment comme tous les hommes qui entrent dans les entrailles obscures de la mort et de la rigidité cadavérique. Pourtant, dans ce crépuscule du Vendredi saint, il y a comme un frémissement : Saint Luc note que « déjà brillaient les lumières du sabbat » aux fenêtres des maisons de Jérusalem. La veillée que les Juifs vivent dans leurs maisons devient presque le symbole de l’attente des femmes et de Joseph d’Arimathie et des autres disciples. Une attente qui emplit maintenant avec une tonalité nouvelle le cœur de tout croyant qui se trouve devant un tombeau ou qui sent la main glacée de la maladie ou de la mort l’envahir. C’est l’attente d’une aube nouvelle. En cette aurore, sur le chemin qui mène aux tombeaux, l’ange viendra à notre rencontre et il nous dira : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité ! ». Et sur le chemin du retour vers nos maisons, c’est le Ressuscité qui s’approchera de nous, marchant avec nous, et qui passera le seuil de la maison pour être l’hôte de notre table.

dimanche 5 avril 2009

Les chiffres ne sont pas bon… pourquoi ?

Effondrement des baptêmes, des mariages, des funérailles religieuses : il y chez les traditionalistes une explication toute trouvée. Les bouleversements qui ont suivi Vatican II seraient en cause. L’explication est rassurante à plusieurs titres : cause identifiée, remède simple, et en plus agréable. Le changement de missel explique certainement le décrochage de la pratique dominicale (1970/1975), des personnes qui allaient à la messe par tradition familiale ont arrêté après qu’on leur ait changé leurs habitudes, il y a eu rupture d’un contrat tacite et ce n’était pas de leur fait.

Hélas ! pour ce que les sociologues appellent les ‘rites de passages’ (naissance, entrée dans l'age adulte, mariage, mort) l’explication ne tient plus. A preuve, la comparaison des courbes dans des pays où cohabitent catholicisme et protestantisme. Les protestants chutent tout autant que les catholiques sans avoir l’excuse du Concile pour cela.

Pour 100 naissances suisses, en 1970 il y 95 baptêmes (60 chez les catholiques, et 35 chez les protestants). En 2000 il n’y a plus que 65 baptêmes : 41 chez les catholiques et 24 chez les protestants. Catholiques ou protestants, c’est pareil : ils perdent en 30 ans un tiers de part de marché.

Sur 100 mariages en République Fédérale Allemande, en 1955, 80 donnent lieu à un mariage religieux : 41 chez les catholiques et 39 chez les protestants. En 2000, pour 100 mariages toujours, il n’y en a plus que 16 chez les catholiques et 16 chez les protestants. La encore, la part de marché des uns comme des autres a dévissé de 60%. La chute de la proportion de mariages religieux s’explique aussi par d’autres phénomènes – ce qui compte ici c’est que les courbes catholiques et protestantes se tiennent.

Alfred Dittgen est démographe – c’est en démographe qu’il analyse la déchristianisation de nos sociétés :
Dans la plupart des pays européens, les rites religieux qui accompagnent les grands moments de la vie sont en régression. Mais les valeurs actuelles sont très variables. Un facteur d'explication de ces différences est sans conteste le facteur politique, plus précisément les relations religion/société. Le rite tient mieux quand la religion majoritaire n'a pas beaucoup de concurrents, comme en Scandinavie ou en Europe du Sud, et, évidemment, quand son pouvoir n'est pas contesté, car elle est alors constitutive de l'identité nationale. Cela est encore plus vrai dans les pays où la religion a contribué à maintenir cette identité dans les périodes de disparition de l'État, comme en Grèce, en Irlande, en Pologne ou en Lituanie. Il est évidemment impossible de dire comment ces rites religieux vont évoluer dans les années à venir. Mais comme leurs concurrents civils ne sont guère attractifs, même si les convictions et les pratiques religieuses continuent à baisser, ces rites ont encore de l'avenir.
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Alfred Dittgen - Évolution des rites religieux dans l’Europe contemporaine. Statistiques et contextes - Annales de Démographie Historique 2003, n°2, pages 111 à 129
Des rites qui auraient "encore de l'avenir" faute de concurrence attractive... voila qui n'est guère encourageant.

samedi 4 avril 2009

France: Les chiffres ne sont pas bons

Les chiffres ne sont pas bons et notre graphique le montre assez.

Les baptêmes des petits enfants tout d’abord : l’érosion est constante. En prenant l’année 1990 comme base 100, on tombe à ‘67’ en 2007. Même en comptant les baptêmes des plus grands (7 ans et plus – il y en a eu 20.000 en 2007) le nombre total de baptêmes correspond péniblement à 40% des naissances de l’année. Et la descente se poursuit.

Les confirmations ensuite. Avec toujours 1990 comme base 100, on tombe à ‘48’ en 2007, et là encore : érosion constante, descente continue. En 2007 les confirmés représentent 5 à 6% de leur classe d’age.

Résumé: en une demie génération nous avons perdu un tiers des baptêmes et la moitié des confirmations.

La bonne nouvelle maintenant : Pâques approche.
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Sources : Annuaire statistique de l'Eglise et Conférence des évêques de France

Beauté du catholicisme à côté de chez vous

Il faut aller voir l'exposition Lippi au Palais du Luxembourg... La peinture de Lippi (Filippo, le père), on l'a appelée "le style doux". Douceur des paysages de toscane, qui forment souvent l'arrière plan de ses tableaux. Douceur de ces visages de Madone, que personne n'a égalé.

Et pourtant Dieu sait que la peinture, si délicatement chrétienne et si profondément féministe et mariale de Lippi commencent dans une forme de scandale. C'est Côme de Médicis, "tyran" de Florence comme il y eut chez les Grecs des tyrans de Syracuse, qui découvre le talent incroyable de ce jeune garçon, qui dessine dans la rue. il s'enquiert de son état. Filippo est orphelin. Un gamin des rues. Il a cent occasions de mal tourner. Côme repère son talent du premier coup d'oeil. Il se charge du jeune garçon qu'il fait rentrer chez les Carmes, à charge pour les religieux de lui donner une éducation à la hauteur de ses dons.

Filippo, qui n'est pas Florentin pour rien, est marqué par Fra Angelico et par sa peinture angélique : lumière des corps, douceur des visages. En même temps, il apprend les techniques les plus récentes, et en particulier l'art de la perspective, découvert par Brunelleschi. Il inaugure ce que l'on appellera "le style doux", une manière de peindre éminemment chrétienne.

Ce religieux carme n'a pourtant pas une vocation très affermie. Il est devenu religieux sous l'égide du tout puissant Côme. Il ne peint que des Madonnes. Ses modèles sont des religieuses carmélites. Las... Il tombe amoureux de l'un de ses modèles (dans l'exposition une superbe sainte Marguerite. Superbe ? Simplement émouvante. Si vivante. Triste. Présente terriblement dans sa tristesse voilée. Féminine). Il l'enlève. Scandale. Le pape Pie II, attaché, comme ses prédécesseurs et ses successeurs à l'expression en beauté de la foi catholique, finit par les délier tous deux de leurs voeux. In favorem bonorum artium.

A-t-il eu raison ? Les esprits chagrins ne manqueront pas de murmurer contre ce pape, auteur dans sa jeunesse de sonnets libertins, qui font aujourd'hui encore (parfum de scandale aidant) la fortune des éditeurs. Mais la politique de Rome a toujours été de sponsoriser, ou si l'on préfère le terme latin, de "patroner" les artistes, si excentriques soient-ils. Voyez plus tard le Bernin, qui est peut-être le plus grand des sculpteurs, et le Caravage, ce peintre audacieux qui joue avec les corps et avec la lumière et qui a tant fait, si mauvais sujet soit-il, pour la gloire de Rome.

Le geste de Pie II a produit un fruit immédiat, le fils de Filippo, Filippino, cet homme si foncièrement chrétien, dont Vasari fait l'éloge (cité dans l'audio-guide de l'expo). L'exposition, me semble-t-il, ne rend peut-être pas au fils l'honneur qui lui est due. Mais voyez la belle annonciation de Filippino à Santa Maria Sopra Minerva, près du Panthéon à Rome. Une splendeur. Un rêve de couleur et de lumière. Dans cette freque intransportable, voyez l'ange vraiment... angélique, encore une fois.

Le père et le fils prolongent, avec de nouveaux moyens techniques (la perspective) l'art incroyablement chrétien de Fra Angelico. Ils lèguent à la piété chrétienne les images incroyablement pures et merveilleusement vraies des Madonnes qu'ils ont peintes si souvent. Il saisissent, sans effort, naturellement, du bout du pinceau, quelque chose de la beauté du Ciel. Je regardais les gens regardant ces Madonnes, ces saints et ces saintes et je me disais : une telle beauté ne peut pas rester sans écho dans les coeurs de tous ces gens qui ont sans doute déserter les églises depuis 20 ou 40 ans, de tous ces jeunes qui ne connaissent pas le a et le b de la foi, auxquels on enseigne que le pape est le diable, coupable permanent de crime contre l'humanité quand il ose dire que le préservatif n'est pas la solution de la pandémie du sida... Ce qu'ils découvrent de la foi, à travers cette peinture si simplement évidente, c'est son vrai visage résistant à toutes les diabolisations diaboliques, sa douceur conquérante, inscrite dans les visages, souvent si différents les uns des autres, de ses Madonnes.

NB : Aujourd'hui vendredi, nous avons célébré les sept douleurs de la Vierge. L'exposition comporte un superbe tableau, signé Lippi, de Jacopone de Todi, auteur de cette magnifique séquence du Stabat Mater, une hymne à la Vierge des douleurs, que nous avons récitée durant cette messe et qui est souvent chantée entre les stations du Chemin de la Croix.

mercredi 1 avril 2009

Fin du Forum catholique

Le Salon Beige nous fait part de la fin du 'forum catholique'.
Le webmestre du Forum Catholique nous informe du fait qu'il a décidé de mettre un terme au Forum Catholique. Développé depuis août 2000, le forum constituait une charge de travail importante. Avec le temps, la situation n'était plus tenable sur un plan personnel et familial.
-- Commentaire: <°)))))><

Comment osez-vous!

Nous avons ajouté une revue de presse dans la colonne de droite, en haut de ce blog. Faut-il le préciser? Ce service est offert par Google: nous choisissons des mots-clefs, à partir de là leur ordinateur sélectionne les articles qui correspondent le mieux à «évêque», «messe», «catholique», etc, parmi 500 sources francophones. L’avantage est d’avoir un fil actualité sans cesse à jour. Seuls les gros périodiques sont concernés, avec un point de vue qui est parfois aux antipodes du nôtre, un point de vue qui est parfois idiot. Quand donc vous êtes surpris par un titre dites vous bien que c'est un inconvénient et non une nouvelle audace de notre part.