vendredi 24 février 2012

Vendredi après les Cendres

«Plus encore qu’une religion du péché pardonné, le christianisme est la religion de la grâce et de l’amour, c’est donc la religion de la liberté, car la grâce est la liberté de Dieu et l’homme lui-même ne peut aimer que librement»
Père RL Bruckberger, Histoire de Jésus-Christ éd. Grasset p. 453
Extraordinaire Père Bruck, auquel on peut reprocher bien des choses... Oui le christianisme est la religion du péché pardonné. Oui, il est capital de nous faire concevoir que Dieu ne nous abandonne pas à nous-mêmes, mais qu'il est capable, après nous avoir créé, de nous transformer, de nous rendre participants de sa vie, autant que nous en sommes capables. "Mon Dieu, prenez-moi à moi et donnez moi à vous" disait saint Nicolas de Flue. Qui a expérimenté ce nouveau commencement ?

Rien ne résiste à l'amour de Dieu. Notre péché, si grand, si lourd soit-il, n'y résiste pas.

Ce qui résiste, c'est notre apathie, notre absence de vie véritable, notre désir de ne pas prendre de risque. Piètre désir ! Ce qui résiste, c'est notre mauvaise volonté, notre volonté de dire non. Face à ces résistances ou plutôt à ces lourdeurs, il faut nous en souvenir, la grâce de Dieu EST notre liberté. On a longtemps voulu opposer l'une à l'autre, la grâce et la liberté, en oubliant cette grande leçon de saint Augustin. Pendant le Carême, alors que nous essayons de nous déprendre de telle ou telle habitude, il faut nous souvenir que la grâce est notre liberté, notre mérite, notre élan.

Mais qu'est-ce que la liberté ? Le pouvoir de remonter nos pentes. Le pouvoir de ne pas nous laisser séduire par une existence ordinaire. Le pouvoir de demander plus à la vie : de faire de notre vie un destin, happé par la beauté de Dieu.

4 commentaires:

  1. Votre conclusion est vraiment magnifique. Vous démontrez que la liberté, ce n'est pas faire n'importe quoi mais remonter nos pentes et demander plus à la vie.

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  2. Une ami, à qui je demandais comment elle concevait le repentir, me répondit exactement comme vous définissez la liberté, comme une capacité à remonter la pente, manière peut-être habile de ne pas culpabiliser le repentir et de faire de ce mot un synonyme de "la conversion" et, grâce à vous, de la liberté.

    Le jour du mercredi des cendres, la liturgie nous adresse deux paroles possibles:

    "Convertissez-vous et croyez en la bonne Nouvelle", parole dont l'enthousiasme a déclenché l'écriture du "Journal d'une conversion" d'Henry bonnier, ou:

    "Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière".

    Y a-t-il un lien entre ces deux invitations, l'une à se retourner pour changer de vie, l'autre à penser à sa mort en ne se souvenant pas que la poussière que l'on a été a été insufflée de la bouche de Dieu?"

    Les traductions de la Bible divergent aussi, certaines choisissant : "repentez-vous" de préférence à : "convertissez-vous". Ce qui fait dire à un pasteur protestant de mes amis:
    "L'annonce de la bonne Nouvelle commence par une mauvaise nouvelle." Se repentir, c'est-à-dire considérer que notre vie a suivi sa pente, et se retourner pour la remonter, vers le souffle originel que nous avons reçu de dieu:

    "Souviens-toi que tu es poussière à qui dieu a donné vie par Son souffle, comme un souffleur de verre fait des formes avec son souffle , comme un potier pétrissant l'argile dont tu es fait."

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  3. vous m'expliquerez comment on peut remonter une pente qu'on ne savait pas être pente ( par exemple l'inceste ...enfoui pendant 60 ans dans une conscience déclarée fausse par les psycho-marxo-thérapeutes et déguisée sous le péché par les ecclésiastiques, experts en désamour, i.e? travestissant en fautes des blessures subies..)

    vous semblez vivre et penser dans une transparence absolue, comme si la difficulté était de "faire son devoir" et pas de " connaître son devoir", comme si le problème était de "remonter la pente" et non pas de connaitre les pentes, de se confesser( et pas de "connaître son péché caché")!

    vous avez oublié que le pire nous a été donné comme le meilleur, même en Eglise (il m'a fallu aller jusque chez les conseillistes et les situationnistes pour trouver une critique de l'URSS, de la Chine et de Cuba, qui ne se faisait même pas dans l'Eglise catholique, et ça va continuer avec le prochain voyage de B16 là bas(1)

    Vous semblez oublier qu'on ne connaît plus comme mal absolu qu'une fraction de la criminalité de la 2ème guerre mondiale : les 50 autres millions de morts étant passés à la trappe (à des élèves à qui incidemment, je racontais l'évasion de mon père d'un camp de prisonniers, il me fut répondu" ah bon, votre père était feuj?")

    vous semblez ne pas savoir que la guerre civile s 'organise dans les cités (C.Reichmann le savait en 2002 et le premier point de son programme présidentiel était d'aller y récupérer les armes..autant vous dire qu'il n' pas eu une seule signature de maire!!!) et la guerre mondiale ailleurs, grâce aux minorités actives anti catholiques, avec lesquelles on dialogue à tout bout de champ dans un pacifisme digne de Briand( mais Briand était très apprécié aussi dans les hauteurs béantes du Vatican pendant qu'on massacrait les Christeros...Civilisation de l'amour et de la liberté oblige !

    Nous vivons dans un moulag étouffant , sous la camisole de force du politiquement criminel, de la non pensée multiple...et notre liberté y est aussi encensée !!! quelques nuances seraient fort utiles.. le serf-arbitre sera peut-être vaincu par la grâce, mais encore faudrait -il le reconnaître !
    Bref l'histoire se répète et les prêtres aussi, chacun son métier et les vaches sacrées seront bien gardées...

    morituri te salutant...

    '1) je tiens à votre disposition les analyses d'Armando Valladarés, poète catholique longtemps détenu dans les geoles castristes et qui a écrit un très beau texte (que j'ai fait traduire de l'Espagnol) lors de la "béatification" de Jean Paul 2 ...sur la masse de torturés et de massacrés..

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  4. Je voudrais ajouter ceci, venant de lire le billet du lundi de la première semaine où vous nous apprenez à traiter dieu comme un Inconnu et non pas comme un étranger, et où j'en déduis que la foi vient nous donner du courage contre la peur de l'Inconnu pour cultiver en nous la juste crainte de Dieu: c'est que, ce qui cependant résiste à la Grâce en nous, ce n'est pas tellement l'apathie que la peur du vide et qu'autre est la peur de l'inconnu, autre est la peur du vide; autre le désir de connaître Dieu, d'apprivoiser Son Mystère (si l'on peut risquer cette antithèse), autre n'en demeure pas moins le vertige qui saisit notre lourde chair quand elle doit sauter dans le vide du renoncement nécessaire à la conversion pour se conformer à l'objet de la connaissance du coeur auquel elle aspire et qui est ce dieu qu'elle accueille en son coeur de chair. Peut-on vaincre à la fois la peur de l'inconnu et la peur du vide? Y en a-t-il une par laquelle il faudrait commencer?

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