Le Père Jacques Hamel était un prêtre sans histoire, mais prêtre de toutes ses fibres. Ainsi la victime a-t-elle été choisie. C'est le prêtre qui était visé par les deux terroristes et le prêtre célébrant le saint Sacrifice de la messe, disant, matinal, sa messe quotidienne. Il ne s'agissait pas de tuer du chrétien : la messe dominicale aurait été le moment approprié pour cela. Il s'agissait d'atteindre, de toucher le sacerdoce catholique, en faisant du prêtre la victime. Il y a eu, d'après Soeur Danielle, celle qui a prévenu les secours, une sorte d'antiliturgie monstrueuse. Après une sorte de prêche en arabe, les deux hommes ont fait mettre le prêtre à genoux avant de l'égorger. Au couteau. Soeur Danielle n'a pas pu regarder, elle s'est échappée.
Qu'aurait-elle vu? L'un des deux jeunes avait dix neuf ans. Il habitait la commune. Ni son nom ni celui de son complice n'ont encore été donnés ce 26 juillet au soir. Nous n'avons que son prénom Adel et une initiale: K. Et pourtant les policiers locaux le connaissaient. Peut-être le Père Jacques aussi le connaissait-il... Et c'est parce qu'il le connaissait, dans une sorte de quête de l'intimité dans le crime, que ce terroriste sans nom l'a égorgé. Cette affaire en tout cas est avant tout une affaire locale. Syrie ou pas, cette petite messe du matin sent le terrorisme de proximité.
Qu'est-ce que cet égorgement signifiait pour Adel K?
Au bout de 2000 ans de christianisme, nous Occidentaux, nous ne comprenons pas ce geste parce que pour nous la Victime est toujours plus sainte que le bourreau. Lorsque Joseph de Maistre a écrit son Eloge du bourreau (après ses Eclaircissements sur les sacrifices) il avait conscience d'aller à l'encontre de l'idée reçue en christianisme qui est celle de la sainteté des victimes. Pourquoi les victimes sont-elles saintes ? Elles sont toutes, elles sont toujours des images du Christ crucifié. Mais le terroriste sans nom n'est pas un chrétien, il n'a pas reçu l'évangile, la bonne nouvelle de l'innocence des victimes.
Adel K vient d'un monde a-chrétien, d'un monde encore moralement archaïque, où les victimes sont toujours coupables, ne serait-ce que parce qu'elles sont des victimes. Il a voulu montrer au Père Jacques sa culpabilité et la Puissance d'Allah. Allah ouakbar s'est-il écrié. Allah est le plus grand, il est vainqueur. Dans ce sacrifice de mécréant, qu'il a commandé (voyez la sourate 9 du Coran) et donc en quelque sorte commandité, dans ce sacrifice réalisé en son honneur, Allah désigne le vaincu, celui dont le sang coule sous le couteau. Ce crime, pour les musulmans radicaux, est une sorte d'ordalie. Un jugement de Dieu, qui déclare la non-violence chrétienne périmée et sonne l'heure de la violence sacrée, au nom de l'islam.
L'islam (d'après les musulmans) est la dernière des religions, celle qui contient tout le message divin. Message simple : il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah et la terre est donnée aux soumis à Allah. Message efficace, qui produit immanquablement une dialectique par rapport à tout ce sur quoi il se surimpose, que ce soit les cultes non Bibliques, ceux du temps de l'ignorance, que ce soit le culte juif, que ce soit aussi le culte chrétien, qui ose faire de Dieu une victime en Jésus Christ... Pour le Coran, Jésus n'a pas été victime, il n'a pas été crucifié, Allah ne l'a pas permis. Il est le plus fort. D'ailleurs, les chrétiens ont tort de se victimiser. N'ont-ils pas donné le terrain (en 2000) sur lequel a été bâtie la mosquée salafiste de Saint Etienne du Rouvray? Bien fait pour eux! Ce sont des loosers! Des perdeurs professionnels, avec leur Dieu victime. Leur messe, sacrifice de la victime divine, est redevenue, grâce au jeune Adel K et au rituel qu'il a improvisé autour d'un couteau (il n'avait pas d'autre arme sur lui), un sacrifice "normal", le sacrifice des perdants.
Je suis sûr que dans notre monde déchristianisé beaucoup sont justement de l'avis d'Adel K. Oui, les chrétiens nous emm. avec leur sacrifice. Comment peuvent-ils mettre Dieu du côté des victimes ?
Eh bien ! Il me semble que le martyre du Père Jacques est une extraordinaire parabole sur l'histoire qui nous reste à vivre, sur la victoire programmée de ceux qui hurlent "Allah est le plus grand" et sur leur défaite finale. Ces gens confondent les martyrs et les tueurs. Mais leur "réalisme" est inhumain, il est monstrueux. L'Evangile apparaîtra plus que jamais comme la seule alternative à ce Pouvoir absolu des plus violents. "Heureux les doux car ils posséderont la terre". Le Père Jacques est mort sans un mot, mais il prophétise la victoire du Bien, par la médiation de la souffrance acceptée, le vrai sacrifice, le sacrifice du matin, celui qui annonce un jour nouveau pour l'humanité, enfin prête à reconnaître son incurable violence, et prête à s'en remettre au Christ qui la sauve d'elle-même.
Maistre n'a jamais écrit d'"Eloge du bourreau"! Il y a dans les Soirées de Saint-Pétersbourg une réflexion admirable sur le paradoxe du bourreau, que les critiques de Maistre ont désigné comme "l'éloge du bourreau" (avec une minuscule à éloge et sans italiques!).
RépondreSupprimerJe pensais à ses Lettres à un gentilhomme russe sur l'inquisition espagnole
SupprimerCher abbé, votre texte est très beau. Je crois néanmoins que vous vous trompez en mettant sur un plan équivalent l'abominable assassinat de ce jeune musulman et le sacrifice de la Messe et le martyr du Père Jacques Hamel. Cet assassinat a une dimension politique que vous ne mentionnez pas, parce que le Coran est un livre de préceptes d'organisation d'une société où la soumission à la Loi est fondamentale et dans lequel 2 camps sont clairement identifiés : celui de ceux qui sont soumis à Allah par l'intermédiaire de son scribe Mohammed et celui des ennemis qui sont les autres qu'il faut, au moins soumettre, mais de préférence éliminer physiquement.
RépondreSupprimerLe geste du terroriste n'a pas pour objet de montrer au prêtre qu'Allah, auquel il a fait totale allégeance, est le plus fort, mais de le montrer au reste du monde. Il faut ahurir l'ennemi pour l'abattre, comme doit le faire le "kiaï" poussé par le karateka au moment de frapper. Ce que pense le prêtre assassiné n'a aucune importance (sans celà, peut-être l'assassin serait-il converti ?), il faut impressionner l'ennemi et le décourager en rabaissant au maximum ce qui est le plus sacré pour lui. C'est celà l'objectif du terrorisme. Il s'agit d'une action politique et non religieuse !
On peut discuter sereinement de religion entre intellectuels. Ici, il ne s'agit pas d'imposer une religion, mais d'imposer un pouvoir politique par la force, comme ont cherché à le faire les révolutionnaires de 1792. Les moyens -- et les méthodes -- n'ont pas changé, on retrouve les mêmes atrocités que les anciens comme moi ont découvert pendant la guerre d'Algérie. Il s'agit d'une guerre révolutionnaire et non d'une guerre classique. La pseudo-religion musulmane est un leurre pour les gogos, ce n'est pas le moteur ultime du conflit ("Nos mosquées sont nos casernes, nos minarets sont nos baïonnettes et les croyants nos soldats", ce n'est pas un langage théologique !).
Puis je reprendre votre commentaire sur ma page Facebook?
SupprimerCocagne Malatesta?
Sans problème, c'est fait pour...
SupprimerJ'aime beaucoup votre commentaire Georges et je ne pensais pas trouver une réflexion aussi sereine et réaliste. Nous sommes dans un conflit géopolitique où nos gouvernements nous assassinent parce qu'ils ont placé l'argent et le confort à la place de Dieu et de l'Homme.
SupprimerLe meurtre d'un prêtre dans une église est un déguisement,un voile religieux que l'on revêt pour maquiller une dimension beaucoup plus politique.
Je lis avec plaisir la complainte religieuse et la musicalité des mots délicatement choisis par l'abbé mais il est dans son rôle de ministre de Dieu. Sa prose et son élégance dans l'écriture en sont toujours aussi séduisantes mais le fond est, à mon sens, beaucoup empreint de pragmatisme.
Merci, cher Georges. Vous avez raison de souligner cette dimension politique de l'islam, qui existait déjà si fortement pendant la Guerre d'Algérie comme le souligne Jean Birnbaum dans Un silence religieux (Seuil).En tant que prêtre, je me suis délibérément placé dans une perspective religieuse ou plutôt mystique, qui ne me semble pas fausse pour autant, même si elle m'amène parfois à grossir le trait, par exemple en imaginant un "terorisme de proximité" et l'idée non démontrée que le bourreau et la victime se connaissaient.
RépondreSupprimerIl y a en effet plusieurs angles (ou niveaux) d'analyse. Sur le plan mystique, le prêtre durant la messe est identifié au Christ qui est à la fois "prêtre, autel et victime". Il court-circuite le temps pour mettre au présent l'uique sacrifice rédempteur. Le sacrifice du père Hamel le configure au Christ, à l'Agneau immolé, de manière totale. Le sarifice du perdant, the loser, si bien décrit par Isaïe, qui sauve l'humanité. Alors bien entendu on peut aussi faire une analyse géopolitique, psychiatrique, ou ce qu'on voudra, mais ce n'est pas là que se situe la puissance de ce sacrifice.
RépondreSupprimerJe me suis attristé par cet acte satanique. Je me salue devant le Martyr d'aujourd'hui, Pere Jacques Hamel. Son sang qui est coulé a l'autel de France est un grand événement pour que la France et surtout l'Eglise de France se reveille. Quand moi et mes amis étaient en France nous avons déjà ressentis pourquoi les Français ne reconnaissent-ils pas le grand danger du terrorisme s'agrandissent dans sa ventre. Je prie pour la France. Pere Peter
RépondreSupprimerJe crois surtout
RépondreSupprimer1 Ce Musulman n'a rien pris à ce prêtre et encore moins la vie. Car la vie de ce prêtre était déjà toute offerte.
2 Ce prêtre a vécu comme il l'a voulu jusqu'à son dernier souffle comme il l'a voulu en servant le Christ jusqu'à l ultime Mystère la Croix/ l Eucharistie
Ce prêtre n'est pas mort en victime servile mais en martyr ultime.
Les apparences sont d'une tristesse sans nom . Mais en vérité ce prêtre est allé jusqu'au but ultime la Rencontre avec Dieu au moment de la Sainte Messe.
En revanche je suis saisie d effroi devant les conséquences de cette acte. Une église est un lieu sain où chacun doit pouvoir trouver un refuge et la paix.
Je ne parle pas de la profanation et du sacrilège commis sur la personne du prêtre ...
Sidération, effroi, tout le monde s'accorde sur les réactions face à l'ignoble. Pour les chrétiens cependant (et seulement pour eux ?)ce qui s'est passé dans cette église et sur la personne de ce vieux prêtre relève d'un acte satanique. Satan est là pour réveiller paradoxalement les consciences. Puisse cet assassinat qui dépasse en horreur l'inimaginable nous convertir car nous n'avons plus aucune excuse, aucune, pour ne pas rallier le camp des Saints.
SupprimerMr l'Abbé de Tanoüar, avant de vous précipiter sur ce commentaire, attendez plutôt le détail donné par le Nouvel Obs, et vous changerez d'avis, d'ailleurs cette soeur (aucun signe religieux ) a vu Jacques (...) et les futurs assassins tourner autour de l'autel, qu'as-t-elle fait ? Elle s'est carapatée..
RépondreSupprimerQue pouvait faire de plus une vieille sœur face à deux jeunes hommes armés ? Grace à Dieu, elle a eu le reflexe de prévenir immédiatement la police, limitant le nombre de victimes au Père Hamel et à ce paroissien (dont les jours ne sont plus en danger d'après ce que j'ai lu).
SupprimerCher M. l'abbé,
RépondreSupprimerUne fois de plus et non volontairement, désolé de "casser les codes", c'est de naissance!
Etes-vous sûr que le Père Jacques soit un martyr?Il paraît que le martyre est canoniquement constitué par une vie donnée, confessante de la foi. Mais le P. Jacques, pris en otage et mis à genoux par des voyous qui n'avaient aucun sens de l'honneur et ne respectaient ni le prêtre, ni l'âge de leurs victimes, a-t-il eu le choix de renier sa foi? Peuton abjurer un couteau sous la gorge?
Mais surtout, n'est-ce pas le christianisme qui a inventé le martyre? Pour faire la preuve de la foi par la persécution? En ce cas, ne demeure-t-il pas le plus grand vecteur de violence, s'il faut toujours des bourreaux et des victimes à l'entretien de la béatitude des persécutés?
Son caractère essentiellement non violent, qui ne fait pas cas de l'histoire violente de la chrétienté, ne doit-il pas au minimum être historiquement et théologiquement expliqué, avant que l'on affirme que Dieu ne saurait faire violence à Ses ennemis?
Le martyre unique du Christ a-t-il fait le nécessaire? A-t-il fait l'économie du martyrologe de tous ceux, non seulement morts en Sa mémoire et à sa gloire, mais morts pour que leur sang devienne semences de chrétiens, morts pour souffrir dans leur chair ce qui restait à souffrir des souffrances du christ?
Le culte de ces martyrs et la béatitude des persécutés n'entretiennent-ils pas la violence au sein du christianisme?
Cet assassinat de ce prêtre a été horrible. C´est un acte satanique. Dans l´islamisme il n´y a pas “modérés” .Ils sont tous radicaux, car cette réligion (et politique) prêche que tous que ne sont pas islamiques doivent être morts: chrétiens, juifs, etc.
RépondreSupprimerLa France devrait expulser tous ces gens du pays. La France et l ´Église de France ont bésoin de se réveiller. Ou vous irez perdre votre christianisme, votre culture, votre langue, vos traditions, votre peuple.
Vous ne reconnaissez pas le danger du terrorisme. Ces personnes doivent être déportés vers leurs pays d´origine.
Quand il ne reste que 1/3 de la France, sera trop tard.
Réponse excessive et complètement déraisonnable. Le racisme et la xénophobie ne sont pas les voix qui mène à la charité chrétienne. N'ayez pas peur de ce que vous ne connaissez pas. Apprenez à connaître l'autre et vous ferez la distinction entre un voyou ou délinquant de tradition musulman et un citoyen raisonnable et éduqué de tradition musulman. J'en appelle à votre bon sens.
SupprimerDans l'amour de Notre Seigneur qui nous a appris à regarder notre prochain comme un notre Christ. Que la paix soit avec vous!
En Orient la où passe Daech ne repousse plus le Christianisme
Supprimer(Excusez-moi des fautes, la fatigue!)
SupprimerSommes-nous Daech?