Je ne sais pas si je vous ai manqué, chers amis lecteurs de ce Blog. Mais c'est vrai que mon absence commence à être un peu longue. Trois semaines. Le Carême. D'habitude, durant le Carême, je vous adresse quelques éléments de méditation. Cette année rien. Enfin me revoilà, plein de bonnes résolutions. Pour cette fois néanmoins, ce ne sera pas une méditation que je vous proposerais. J'aimerais simplement mettre un peu au clair les réflexions qui ont émergé durant l'émission impromptue que j'ai faite hier, jeudi, sur les ondes de Radio Courtoisie, à propos des Municipales. Nous étions quatre à nous pencher sur les résultats, mon camarade et néanmoins ami Romain Koller et deux journalistes de Monde et Vie Hubert Champrun et Jacques Cognerais. Nous avons ausculté l'élection... Au moins avons nous tenté de le faire.
Je voudrais extraire de ces réflexions diverses, souvent profondes et toujours profuses de mes invités, deux thèmes majeurs et un constat.
Le constat c'est que le chiffre de 93 % des musulmans de France votant PS et accordant leur confiance à François Hollande pour l'élection présidentielle de Mai 2012, on n'est pas près de le revoir. Selon certains sondages, près de 45 % des musulmans de France, cette fois, ont voté... UMP voire UDI. C'est clair à Marseille où le petit score du socialiste Patrick Menucci montre la désaffection (le désamour) de sa clientèle ordinaire (qui aurait peut-être voté plus facilement pour sa rivale Samia Ghalli). C'est clair à Bobigny où l'UDI Stéphane de Paoli est en tête au Premier tour avec 44 % des voix. Un fleuron de la couronne rouge de Paris qui tombe. On constate aussi la résistance électorale des vieux bastions communistes : le socialisme chic et choc de la Rue de Solférino ne fait pas recette dans les Banlieues.
Effet à retardement de la Manif pour Tous? Sans doute, mais pas seulement. Les complaisances bobos de Najat Belkacem ministre du droit des femmes et de Vincent Peillon ministre de l'éducation sexuelle à l'Ecole pour la théorie du genre n'ont pas eu l'heur de plaire à cette communauté. Autant le mariage homosexuel est une affaire de Roumis qui ne peut se jouer qu'entre Roumis, autant l'enseignement de la théorie du genre à l'école touche tous et chacun... aujourd'hui. Les Journées de Retrait de l'Ecole de Farida Belghoul, très suivies dans certaines banlieues (on parle de 70 % de grévistes) ont eu un effet sur les consciences. L'alliance entre les bobos athées et les musulmans apparaît aujourd'hui pour ce qu'elle est... : contre nature. Les calculs électoraux du think tank Terra nova, faisant fonds sur la "sainte alliance" des années 80 entre Banlieues et Boboland pourraient donc être à revoir, à cause de l'imprudence et de l'amateurisme idéologue de ce gouvernement.
Les deux thèmes qui émergent de notre réflexion d'hier sont tout aussi passionnants et fondamentaux que ne l'est ce constat. Il s'agit de rien moins que de l'avenir du front républicain d'une part, de l'avenir du bipartisme d'autre part.
Le Front républicain d'abord : il a du plomb dans l'aile. Pour le Deuxième tour, l'opportunisme politique l'a emporté haut la main sur les valeurs républicaines, qui sont tellement accommodées à toutes les sauces que l'on ne sait plus très bien quelles elles sont. Résultat : le Front national ne fait plus peur à l'UMP dont les ténors ont décidé, à l'unanimité cette fois derrière Jean-François Coppé, qu'il fallait se maintenir au Deuxième tour partout où cela était possible et que l'alliance avec le PS n'était pas possible, même pour faire barrage au fascisme.
Que l'UMP ne fasse pas alliance avec le Front national... rien de plus normal : entre le libéralisme de l'un et le protectionnisme de l'autre, entre l'européisme de l'un et le nationalisme de l'autre, il existe finalement assez peu de points communs... Mais que l'UMP n'ait plus peur de "la bête immonde qui monte qui monte" (ça c'est dans... Le Monde d'hier), c'est tout de même très nouveau. En tant que prêtre, je ne peux que me réjouir de cette démonétisation du front républicain : le lynchage en politique, le choix de boucs émissaires ou de "bêtes immondes" que l'on charge selon la formule consacrée de tous les péchés d'Israël, cela fait appel nécessairement à ce qu'il y a de plus archaïque, de moins chrétien dans l'homme.
Quant au bipartisme qui serait remplacé par un tripartisme, il me semble qu'il y a là un simple voeu pieux pour l'instant (je sais : c'est celui d'Eric Zemmour). Tant que le scrutin majoritaire à deux tours demeure, il n'y a place en France que pour deux coalitions. Pas trois. Mais la crise des Partis, l'uniformisation de l'offre politique qui ne fait plus que dans le techno, l'aplatissement de la fonction présidentielle, tout cela appelle certainement à une évolution de la République vers des scrutins plus démocratiques - à la proportionnelle. Faute de quoi le premier parti de France, celui des abstentionnistes, va continuer à grandir.
L'émission était excellente. La meilleure entendue depuis longtemps y compris sur notre radio avec des intervenants brillants et parfois drôles. Je lâche l'encensoir. Louis.
RépondreSupprimerMe trouvant dans le train à l'heure où était diffusée votre émission, je n'ai pu en entendre qu'un très bref extrait, quand nous passâmes aux alentours de roissy Charles de gaulle.
RépondreSupprimerMais je crois que l'analyse que vous y avez présentée est à nuancer sur les trois points que vous nous restituez:
1. Concernant la désaffection de l'électorat musulman à l'encontre du Parti Socialiste, vous feriez fausse route de l'attribuer pour l'essentiel à l'expérimentation de "la théorie du genre" à l'école, et votre alliance de circonstance de "roumi", ami de Christine Tasin, avec Farida belghoul, est encore plus contre nature que celle des "bobos athées" avec ceux qui ne veulent pas servir de boucs émissaires au racisme ordinaire. Les principales causes de cette désaffection sont à rechercher précisément dans la banalisation des stéréotypes racistes, que les musulmans conscients de leur identité appellent une "islamophobie" rampante et galopante de la parole et des regards posés sur leur religion et ceux qui la pratiquent. Il y a autre chose que cet électorat ne pardonne pas à celui qui était censé être le candidat "le moins sioniste" des deux compétiteurs du second tour de l'élection présidentielle: ce sont ses croisades au centre Afrique et au Mali, et c'est sa volonté d'aller en découdre avec le régime sirien.
2. Si le Front républicain se fissure, la banalisation de ces préjugés y contribue beaucoup. Mais la diabolisation du front National a aussi montré ses limites, puisqu'il est débordé sur sa droite par Dieudonné et Alain soral. L'épouvantail de l'"extrême droite" s'est donc déplacé d'un cran, de "l'extrême droite" à "l'ultradroite", et "le système" trouve plus commode de rendre le front National plus fréquentable que ces nouveaux boucs émissaires politiques avec qui il est interdit d'entretenir, fût-ce un "dialogue désaccordé" comme Eric Naulot.
3. Enfin, ce que vous dites du bipartisme et du scrutin majoritaire à deux tours tiendra aussi longtemps que l'extrême gauche ne se rendra pas compte de l'impasse de l'antifascisme, au nom duquel la seconde guerre mondiale a dû attendre la remilitarisation de la rhénanie, les accords de Münich et le pacte germano-soviétique, conclu par la puissance stalinienne en contradiction avec cet antifascisme qu'on promouvait dans les masses, pour être déclarée inévitable.
Car du moment que l'extrême gauche et le front national constituent l'autre bras de l'alternative dont les partis dits de gouvernement constituent l'alternance organisée, il est de bonne politique de coalition que l'extrême gauche surmonte les relents "nauséabonds" que lui inspire la xénophobie réelle ou supposée du Front National et que le front National surmonte son antibolchévisme et son anticommunisme primaire, pour organiser un compromis alternatif sur la base de leurs solutions communes.
Cette alliance des deux bras de l'alternative des deux "extrêmes" de notre échiquier politique est beaucoup plus naturelle que celle des militants de "la manif pour tous" ou de "la France bien élevée" avec le prolétariat des petits entrepreneurs et des précaires coalisés, tel qu'envisagé par Henri Hude à l'orée du "printemps français". Je ne vois pas ce qu'une Béatrice Bourges aurait à faire avec les braillards de Jean-Luc Mélanchon ou avec le tout nouveau maire d'Hénin beaumont.