Magnifique numéro de La Nef en ce mois de mars, avec cette Table ronde autour de deux pensées catholiques françaises d'aujourd'hui, celle de Chantal Delsol et celle de Rémi Brague.C'est une fois de plus la question de la modernité qui est posée par l'un et par l'autre débatteur, qui se plient aux questions de Christophe Geffroy et de Jacques de Guillebon. C'est une revue à se procurer de toute urgence. Le thème des deux intervenants est en substance que seul le christianisme possède le mode d'emploi de la modernité puisque c'est lui qui en est à l'origine.
Lisant Chantal Delsol je retrouve un vieux thème de ce Blog : la dignité de l'homme. Citons : "Je crois que ce qui nous caractérise en tant que civilisation occidentale, c'est d'abord notre attachement non-négociable à la dignité de l'homme, le statut de l'homme en tant qu'être sacré, parce qu'au départ nous le croyons créé à l'image et à la ressemblance de Dieu". L'homme être sacré par lui-même, dont la dignité est inamissible, quoi qu'il ait pu faire... Ce n'est pas du christianisme. C'est la mauvaise copie humaniste, qui a d'ailleurs mis longtemps à se formuler en ces termes. Tout le monde sait bien que la Révolution française a multiplié et béni (autant qu'elle pouvait le faire par l'onction du vote) toutes sortes de crimes et d'assassinats politiques. Elle est née dans "un sang impur", celui des tyrans et de leurs partisans.
Faisons une rapide marche avant : le plaidoyer de Camus contre la guillotine ne se fonde pas sur la sacralité de l'homme. L'auteur de l'Etranger ne peut pas envisager l'homme comme nécessairement sacré. Il met en cause la violence et répute impie tout usage de cette violence, ce n'est pas la même chose.
Qui donc a parlé de la sacralité de l'homme ? Les philosophes de la Renaissance, mon cher Pic de la Mirandole, certes : Magnum miraculum est homo. En parlant de miracle, il souligne que la sacralité humaine est précaire. Pour lui (comme pour Pascal plus tard) l'homme sans nature peut devenir ange ou... bête. On retrouvera cette idée... chez saint Thomas d'Aquin pour lequel le criminel caractérisé est une bête (bestia).
Mais alors qui a parlé de la sacralité inconditionnelle de l'homme ? On peut parler de la sacralité de la vie humaine : mais alors tout dépend de ce que l'on fait de cette vie. On peut parler de sacralité du corps et s'attirer la même remarque. On peut évoquer la transcendance de l'esprit comme es philosophes allemands nous en ont donné l'exemple. Tout cela est vrai. Mais la sacralité de l'homme ? Comme dit Jérémie (le Prophète) : "Malheur à qui croit en l'homme" (Jér. 17, 5). Notre foi en Dieu naît justement du fait que nous ne pouvons pas croire en l'homme, au sens où nous ne trouvons dans l'homme aucun point fixe. "L'homme est un être ondoyant et divers" (Montaigne).
Cette notion de "sacralité (inconditionnelle) de l'homme" vient tout bêtement me semble-t-il de l'hypertrophie moderne du droit subjectif, qui aboutit à réputer sacré... n'importe quel désir de l'homme, même le plus contradictoire. Il y a un droit aux vacances et un droit au travail, un droit à l'enfant et un droit à l'IVG etc. Le droit (subjectivisé à donf autant qu'absolutisé) est devenu le cache sexe du désir dans tous ses états. Rien de bien chrétien dans tout ça.
A propos de sacralité inconditionnelle de l'homme, je voudrais évoquer ce qu'explique saint Thomas d'Aquin dans la Somme théologique à propos de la peine de mort (Je donne la référence en pensant à Laurent qui me l'a demandée il y a un mois : Somme théologique IIaIIae Q64 a2, cité dans le CEC). Dans une pensée dialectique, comme celle de Thomas, on s'enquiert d'abord de l'avis des adversaires. Voici donc l'objection qu'il se fait à lui-même :
"Ce qui est mauvais en soi ne doit se faire pour aucune fin bonne, Augustin et le Philosophe [Aristote] sont d'accord là-dessus. Mais tuer un homme est mauvais en soi. Envers tous les humains nous devons avoir la charité. Nous voulons vivre entre nous en amis et être des amis comme le note le Philosophe (Eth. Nic. 9). Donc il ne faut en aucune façon tuer un homme pécheur".
C'est l'argument que Chantal Delsol réputerait ultra-chrétien. Saint Thomas s'arrange pour montrer que l'on peut aussi mouiller Aristote dans cette affaire. La référence du saint Docteur est-elle concluante ? à vous de voir. Disons qu'aujourd'hui cela n'a pas grand chose à voir avec Aristote, mais c'est du Delsol.
Mais voici la réponse que Thomas se fait à lui-même (et qu'il fait donc à Delsol) :
"Il faut dire que l'homme par son péché s'écarte de l'ordre de la raison. Et donc il s'éloigne de la dignité humaine, selon laquelle l'homme est naturellement libre et existant pour lui-même. Il peut tomber d'une certaine manière dans la servitude des bêtes de sorte que, à son sujet, il sera ordonné selon ce qui est utile aux autres [êtres humains]. On lit dans le Psaume 48 : "L'homme constitué dans l'honneur, n'a pas exercé son intelligence. Il a été comparé aux animaux stupides et il leur a été rendu semblable". Et au chapitre 11 du Livre des Proverbes : "Le sot sera au service du sage". Et donc bien que tuer un homme demeurant dans sa dignité d'homme soit en soi mauvais, cependant tuer un homme pécheur peut être un bien, comme tuer une bête. En effet, l'homme méchant est pire qu'une bête et il est plus nuisible, comme l'indique le Philosophe en Politique I ["L'homme est le plus impie et le plus féroce quand il est sans vertu, il est le pire des animaux dans ses dérèglements sexuels et gloutons" 1253 a 31 trad. Pellegrin].
Il est clair que la seule chose qui puisse justifier une condamnation à mort, c'est le fait que l'homme, par son péché grave, puisse perdre sa dignité. Parfois, reconnaissons-le, l'homme n'est plus du tout sacré (lorsqu'il l'est cela tient du miracle affirmait Pic). Il est semblable à une bête : le mot bestia est répété dans ce texte, ce n'est pas pour rien. La puissance publique et elle seule (IIaIIae Q64 a3) peut alors le condamner à mort.
L'argument de la légitime défense du corps social (développé aussi par saint Thomas, en particulier en Contra Gentes III, 146) est intéressant, il est juste, mais il n'est pas suffisant. En se fondant sur lui, on pourrait justifier toutes sortes de meurtres politiques, qui sont des horreurs (comme le faisaient d'ailleurs Saint-Just et les autres). La peine de mort ne doit pas provenir de la décision unilatérale de l'autorité politique, mais se conformer, en quelque chose, à l'ordre divin.
Il faut encore ajouter que la société dans laquelle nous vivons est trop loin de cet ordre divin pour prétendre exercer un quelconque droit de vie ou de mort sur les citoyens, à moins peut-être - dans le cas de certains serial killers récidivistes ou non repentis - d'une évidence aveuglante.
Je dirais enfin que le problème de la peine de mort, malgré les apparences ne m'intéresse pas spécialement. Ce qui m'intéresse, c'est le statut métaphysique de l'animal humain et sa destinée théologique. Si la dignité humaine était vraiment inamissible, Dieu lui-même pourrait-il condamner à l'enfer, ou accepter que l'homme se juge lui-même et se condamne à la privation définitive de Dieu, avec toutes les souffrances épouvantables que cela signifie pour celui qui, étant passé de l'autre côté du voile, connaît la vérité et a - enfin - aperçu la lumière ?
Addendum facultatif en trois paragraphes : Ce qui m'intéresse dans cette affaire glauque, c'est aussi une question d'ontologie fondamentale : l'essence humaine (l'image de Dieu) est magnifique en elle-même. Mais l'homme peut dégrader cette essence (en elle-même pure puissance) à travers une existence aberrante. A ce moment-là, l'essence humaine (c'est d'elle qu'il s'agit en l'occurrence) serait actualisée de manière intrinsèquement dénaturée et indigne. L'homme créé à l'image de Dieu ne lui "ressemble" plus. Il ne se ressemble d'ailleurs pas à lui-même, il est entré dirait Platon dans la région de la dissimilitude. Malus in se divisus dit Thomas quelque part. Ailleurs, à propos du péché, il parle de deformatio (IaIIae 71 6). Il est un monstre moral, indigne de son Créateur. Le damné est-il autre chose, que cet être qui éprouvera pour toujours sa division d'avec lui-même, sa déformation, qui, de temporaire sera devenue définitive, et de temporelle éternelle ?
Cette perspective est celle de l'existentialisme chrétien, formulé (n'en déplaise à Gilson) par Cajétan, qui affirme dans son Commentaire du De ente : Existentia substantiae est substantia. L'existence de la substance est la substance. L'existence n'est pas un simple"fait d'être" comme l'imaginera Suarez, ce n'est pas le croupion logique ou l'attribut de l'essence, ce n'est pas non plus le prométhéen projet de l'être comme l'imaginera Sartre, c'est tout simplement ce que devient l'essence en acte, c'est-à-dire la substance (ousia, l'étance de la chose). La force de Heidegger est d'avoir retrouvé cette intuition profondément thomiste, en particulier dans Etre et temps.
Cet existentialisme est celui de Cajétan, mais c'est d'abord celui de l'Evangile : là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur. Nous devenons ce que nous faisons. "Heureux ceux qui sont morts dans le Seigneur car leurs oeuvres les suivent". (Apocalypse de Jean). Au fond, il y a toute l'austérité du Carême et toute la gravité de la vie chrétienne dans cet existentialisme-là.
"Le droit (subjectivisé à donf autant qu'absolutisé) est devenu le cache sexe du désir dans tous ses états."
RépondreSupprimerDroit subjectif dont la genèse le fait remonter au nominalisme en passant par Descartes ....
Ajouterai-je que trop souvent, on oublie la dimension "politique" de la dignité humaine. cette dignité n'est véritablement complète et parfaite que dans l'amitié entre concitoyens d'une même communauté. Il n'y a pas de dignité totale de l'individu en lui-même (même si l'on remplace le mot "individu" par celui, ô combien plus gratifiant, de "personne" !)
RépondreSupprimerDelsol , à mon étonnement , est persona grata dans les médias , notamment sur radio notre dame , je comprends mieux pourquoi .
RépondreSupprimerElle n'est pas métaphysicienne et en tient pour le christianisme implicite , en fait dévoyé , de la modernité .
Pour ma part, je n’envisage pas un Dieu qui verrait le mal. Donc se conformer à l’ordre divin en ce qui concerne la peine de mort, je trouve cela très dangereux. L’ordre social est un argument terrestre mais bien suffisant pour un tel crime (même justifié). Pas la peine d’y ajouter une justification religieuse !
RépondreSupprimerLorsque vous écrivez MAG2T, que « l’homme créé à l’image de Dieu ne lui ressemble plus », c’est comme si vous parliez de notre état après la chute, celui qui a suivi le péché originel. J’enfonce peut-être une porte ouverte, mais croyez-vous que chaque chrétien ait pris conscience de cet état de dissimilitude dans lequel l’être humain s’était enfoncé ? Je ne le crois pas. Je ne crois pas que ce vertige devant le Néant soit médité par beaucoup de nos semblables. Et pourtant il serait salutaire pour être capable d’entrevoir l’Histoire du Salut. La prise de conscience des réalités religieuses, voilà ce qui manque le plus ! Cela est valable pour les clercs et les laïcs. Si cet état de dissimilitude était vraiment ressenti, on ne pourrait plus le revivre. Or effectivement, on peut refuser le salut et se complaire dans la mort spirituelle et dans le désir, c’est à dire la mort tout court.
Dans la prière du Lavabo, on y récite le psaume 25 : « …pour moi, je marche dans l’innocence… » (Ego autem in innocéntia ingressum sum). A priori on pourrait juger ces paroles très osées. En effet personne ne marche dans l’innocence. Dieu seul est Saint…etc. Mais il me semble pourtant que la réponse se trouve dans ces quelques mots. « Je suis revenu dans l’innocence car je suis dans tes pas, Seigneur » semble dire le prêtre à ce moment là de la Messe. Pour lui c’est évident car il a incorporé Jésus-Christ déjà depuis le début de l’Offertoire mais pour nous c’est aussi le seul programme, le seul logiciel dirait-on aujourd’hui, qui nous permet de retrouver l’innocence et de la revêtir. Le Dieu auquel je crois ne voit que cette innocence qui même mélangée à notre nature, nous ouvre les portes du Royaume. Et c’est bien une question de changement de substance. C’est notre chair qui avant de connaître la Résurrection se transfigure. Elle se transfigure en vivant selon les Evangiles. Dieu ne peut nous voir qu’à ce prix-là. Le reste disparaîtra. NSJC a bien dit aux vierges folles : « Je ne vous connais pas » ! Quant à ce mot de « dignité » c’est une supercherie car c’est non seulement une parole qui cache le désir mais surtout qui dissimule la prise de pouvoir du fort sur le faible. « Dignité » qui justifie le meurtre des vieillards, des fœtus, des handicapés et bientôt de tous les faibles en général. Pour finir: "Vere dignum et justum est, aequm et salutare et ubique gratias agere: Domine sancte, pater omnipotens aeterne deus"... Le seul acte de "dignité" se trouve récité dans la prière de la Préface. "Il est digne de de te rendre grâces..." ou bien Pascal si vous préférez: "l'homme n'est jamais aussi grand qu'à genoux devant son Dieu"
M l'abbé, Je vous ai entendu à radio Courtoisie discuter avec votre nouvel ami Christophe Geffroy. Le leitmotiv de ce brave homme est que les prêtres de la FSSPX, et bien entendu ceux qui en sont issus, n'ont pas le niveau de formation suffisant pour comprendre la sublime évolution religieuse des temps modernes. J'espère qu'il ne vous inclut pas dans son mépris?
RépondreSupprimerJe crains de me fendre une fois de plus d'une de mes indignations vertueuses qui agacent sur ce blog.
RépondreSupprimersi j'entre dans vos nuances, un chrétien ne peut croire en l'homme faute de trouver en lui un point fixe. Or Dieu lui offre-t-Il ce point fixe, Lui Qui Est à la fois fondamentalement LE MEME et fondamentalement mon DEVENIR?
Je préfère devenir ce que je suis que ce que je fais, car je ne sais pas ce que je fais. Je ne sais pas non plus ce que je suis, mais la vérité de mon être n'est pas entre mes mains. Je ne pourrai devenir ce que je fais que si ce que je fais coïncide exactement avec ce que je suis et ce que je veux, or je ne sais ni ce que je suis, ni ce que je veux. Au mieux, je connais mes projets et mes intentions. Mais réaliser mes projets relève d'une autocréation prométhéenne de moi-même, ainsi que vous définissez justement l'existentialisme de Sartre. Car comme l'écrit très bien Neal-Donald Walsh, une sorte de Platon américain du "new age", "Dieu Seul peut faire coïncider les intentions avec leurs résultats."
Maintenant, si je n'entre plus dans vos nuances, mais vais au fond de votre pensée, que dites-vous?
Vous dites pour commencer une chose qui ne peut que choquer le moderne que je suis sans le savoir : la dignité humaine n'est pas inamissible.
Mais ensuite, vous dites avec Saint Thomas (le "docteur angélique" qui trouve que la putain est plus répréhensible que son client), une première chose épouvantable: c'est que vvous pouvez tuer l'homme qui, "créé dans l'honneur", ne fait pas honneur à sa condition et qui dégrade son intelligence.
Et puis vous dites sans saint Thomas que ce n'est certainement pas le pouvoir légal de cette société illégitime au jugement corrompu qui peut prononcer cette sentence. Donc qui sera le juge du meurtre de l'homme-bête qui n'a même pas besoin de s'abriter derrière la peine de mort? Je supose que c'est le groupe de ceux qui "pensent bien" et ne croient pas en la fixité de la nature humaine tout en détestant ce qui est contre nature.
Je pousse le bouchon? Pas tant que ça, tirez vous-même les conséquences de votre démonstration.Reste à savoir pourquoi vous le dites : vous le dites pour sauver l'enfer derrière la peine de mort que mérite l'homme-bête, qui ne prend pas à honneur de rechercher la ressemblance de son créateur en dégradant l'Image de Dieu. Dieu Est-Il biodégradable?
Mais ce qui va plus loin et qui consomme peut-être le divorce des traditionalisteset des lénifiants ou, plus profondément, des infernaux et de ceux qui espèrent le "paradis pour tous", c'est que vous souhaitez "la mort du pécheur". Vous souhaitez la mort de votre ennemi. Et ce faisant, vous défendez un christianisme morbide, mortifère et criminogène. C'est pourquoi il ne vous gêne pas de frayer avec la presse haineuse.
Ce christianisme pourra-t-il jamais se réconcilier avec celui de l'espérance à trop bon marché? Voilà qui explique intimement la dissention entre les deux christianismes, celui de Vatican II et celui d'avant ce concile qui a jeté un anathème sur l'anathème. Les deux christianismes continuent de cohabiter au sein de la même eglise, car les contraires s'attirent, mais pour combien de temps? Ne faudra-t-il pas choisir un jour entre les deux?
Le problème de la peine de mort est que on peu condamner un inocent, car ce genre de chose est dèjà arrivé.
RépondreSupprimerEn outre, un des commandements de Dieu dit : « Tu ne tueras pas. » Donc, c`est seulement Dieu qui peut juger, pas les hommes. N´oublions pas cela....
Combien faut-il d'éloignememt à la brebis perdue pour que le Bon Pasteur renonce à la ramener dans le troupeau?
RépondreSupprimerAvez-vous la réponse M l'abbé?
Soyons un peu sérieux, Julien, l’Abbé ne souhaite pas la mort de son ennemi. Le criminel en question n’est pas un ennemi personnel ! C’est la société qui le juge comme tel. Par contre l’Abbé rêve d’une justice humaine qui s’emboîterait parfaitement dans ce qu’il entend ou comprend de la justice divine. Et comme en fin de compte, personne sur terre n’est capable de concevoir Dieu, chaque chrétien y va de sa propre interprétation, laquelle s’étend sur un large éventail, du Dieu autoritaire et vengeur (de l’ancienne Alliance) au doux Sauveur (qui Lui n’est pas venu pour juger mais pour servir…) C’est pourquoi je dis que la peine de mort n’admet pas de justification religieuse à moins de retomber dans la LOI !
RépondreSupprimerJe ne connais pas ce Christophe Geffroy mais moi aussi, je crois que le sens de Vatican II échappe à une partie du clergé Tradi. Il me semble que c’est la parabole des ouvriers de la 11ème heure et que, comme le Christ l’a si bien imagé, les ouvriers des premières heures ne sont pas contents du tout et ils sont tellement mécontents qu’ils préfèrent quitter l’Eglise du Christ. C’est brièvement résumé, mais l’idée y est.
Le seul problème c'est que l'abbé se sert d'un argument assez étonnant.
Supprimer"Si la dignité humaine était vraiment inamissible, Dieu lui-même pourrait-il condamner à l'enfer, ou accepter que l'homme se juge lui-même et se condamne à la privation définitive de Dieu, avec toutes les souffrances épouvantables que cela signifie pour celui qui, étant passé de l'autre côté du voile, connaît la vérité et a - enfin - aperçu la lumière ?"
En relisant l'évangile on trouvera au moins deux épisodes contredisant cet amalgame, pour justifier l'injustifiable, la peine de mort.
A moins que l'abbé ose aussi amalgamer, la justice divine et la justice humaine, la miséricorde divine et la miséricorde humaine.
L'abbé nous dit aussi:
Si la dignité humaine était vraiment inamissible, Dieu lui-même pourrait-il condamner à l'enfer, "ou" accepter que l'homme se juge lui-même et se condamne à la privation définitive de Dieu, avec toutes les souffrances épouvantables que cela signifie pour celui qui, étant passé de l'autre côté du voile, connaît la vérité et a - enfin - aperçu la lumière ?
Si c'est l'homme qui se condamne à l'enfer, et non pas Dieu qui le condamne ne serait-ce pas car cette dignité est inamissible, car que tient l'homme que Dieu ne lui ait donné?
Simple interrogation dubitative de ma part : d' où tirez vous M. L abbe cet "existentialisme chrétien". Quant à cette perte de la dignité du pêcheur dont vous parlez, n' oubliez vous pas que Dieu a dit ss citer les mots exacts que chacun de nos cheveux est compte à ces yeux, et que si une mère oubliait son enfant, "moi je ne l' oublierai jamais" dit il. Votre Dieu à vous en fait est si lointain ! Alors qu'il n' est que tendresse et miséricorde, ne juge pas (sauf ds l' autre monde) et quant aux droits de l' homme, comment pouvez vous en faire fi à l' heure où tant de peuples sont bafoués plus que ds leur dignité. Ces fameux droits de l' homme je crois d' ailleurs que vous en avez bien besoin, frappés il est vrai, ds votre fraternité par un ostracisme honteux je l' avoue. Ms si vous consentiez à faire un petit bout de chemin supplémentaire en banissant tout ce qui vous marginalise, vous fait faire bande à part, par exemple ce pauvre Mauras, alors que vous valez mieux que lui et pourriez faire un parcours personnel, en accord avec nos derniers papes qui ont accordé leur confiance à vous et l' abbe laguerie, l' auriez vous oublié? Une confiance pr rentrer ds la communauté de l' église, et c sûr que Mauras, plus le journal minute, font un peu désordre ds le tableau, même si vous vous en demarquez. Vous ne pouvez pas rester ds le camp des frontistes en gardant une virginité intellectuelle, et j'ajouterai que vous choisissez mal vos "amis" comme vous dites, et qu'un prêtre ne doit entrer ds aucune compromission politique, même au nom du non conformisme, terme favori de l' extrême droite, ça aussi l' auriez vous oublié?
RépondreSupprimer@Benoîte,
RépondreSupprimerJe partage votre analyse qui confirme en partie la mienne, que je vais aggraver, si vous le voulez bien, pour ne pas édulcorer ce débat qui me paraît capital:
Il existe un christianisme, non seulement morbide, mortifère et criminogène qui a beau jeu de se gargariser de "la culture de mort" de ses adversaires pour ne pas faire son propre examen de conscience; mais j'irai jusqu'à dire qu'il existe un christianisme hommicide, qui, littéralement, ne croit pas en l'ohomme et a besoin d'une déperdition dans la création pour sentir sa condition de racheté.
Ce christianisme pèche contre l'espérance, dans la mesure où cette vertu théologale n'est pas égoïstement ordonnée au salut personnel de mon "ego" recouvrant sa dignité dans l'au-delà, mais au souhait que tous soient sauvés et que rien ne se perde de ce que Dieu a créé.
Pourquoi l'empressement avec lequel je souhaite "faire mon salut" doit-il avoir pour corolaire que d'autres ne partagent pas ma béatitude et que je n'en souffre pas, puisque ce ne sont que des bêtes?
Cette indifférence à la perdition me paraît criminelle. Seuls à ma connaissance, les témoins de Jéhovah y ont trouvé une parade en formulant explicitement que, dans leur paradis, on ne regrettera pas les méchants, et cette absence de regret se fera sans méchanceté, car la méchanceté fera partie du monde ancien.
A suivre l'abbé, c'est peut-être la société qui condamne le réprouvé, mais quelle autorité dans la société? L'abbé va jusqu'à dire que la peine de mort ne l'intéresse pas, donc la condamnation doit être prononcée par un consentement plus légitime qui prend sa source dans une pureté et des mérites personnels. Au nom de l'illégalisme, c'est la porte ouverte à ce que qui se sente pur se fasse justicier.
Si, comme vous le dites, on ne peut conaître l'Image de Dieu, et que même le christianisme est impuissant à nous révéler si le Dieu en Lequel nous croyons est un Dieu vengeur ou un doux sauveur, à quoi bon parler de Dieu, puisque nous ne savons même pas de quel Dieu nous parlons?
Pourtant, ce qui tient l'Eglise, c'est l'esprit de corps, le chaleureux besoin de la promiscuité, de "la douceur de vivre entre frères", qui ne savent même pas s'ils ont le même port.
Malgré la réalité paradoxale de la nature humaine et de nos existences contradictoires, ne serait-ce pas la dignité du christianisme que de résoudre ce paradoxe, et de décider s'il est hommicide ou philanthropique pour l'éternité?
A vous lire.