mardi 23 février 2010

[conf'] mardi 23 février - Abbé G. de Tanoüarn, directeur du Centre Saint Paul - Chrétiens et juifs, un dialogue impossible?

Mardi 23 février à 20H00 au Centre Saint Paul (12 rue Saint Joseph - 75002 Paris), conférence de Abbé G. de Tanoüarn, directeur du Centre Saint Paul - Chrétiens et juifs, un dialogue impossible? - PAF 5€, tarif réduit à 2€ (étudiants, chômeurs, membres du clergé). - La conférence est suivie d'un verre de l'amitié.

7 commentaires:

  1. A quand les audios-mp3 de tels sujets sur votre blog ?

    Nous n'habitons pas tous à Paris ...

    Merci d'y penser !

    Bon Temps de Carême à vous.

    Lecteur de Trèsloin

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  2. Effectivement à l'heure d'internet, à quand la retransmission de vos conférences ? Elles nous seraient si utiles...

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  3. J'avoue une petite déception suite à la conférence sur le dialogue juifs/chrétiens. Depuis longtemps que je me demandais: Parler, oui, mais de quoi?

    Prenez un catholique, prenez un luthérien, ils échangent leurs points de vue (par exemple: l'Église prolonge-t-elle Jésus?), à la fin vous avez (peut-être) deux catholiques, ou deux luthériens, selon qui aura su être persuasif. Prenez maintenant un chrétien et un juif, ils échangent leurs points de vue (par exemple: Jésus est-il le Christ?), à la fin si le chrétien s'est montré persuasif vous avez (peut-être) deux chrétiens mais dans le cas contraire vous n'avez toujours qu'un seul juif - parce que l'ex-chrétien reste goy.

    Il y a là une asymétrie qui fait qu'on ne peut envisager le dialogue juifs/chrétiens comme on envisagerait le dialogue hindous/chrétiens ou musulmans/chrétiens. Entre deux fois, si dissemblables soient-elles dans leurs conceptions ou dans leur objet même, on peut discuter... à la condition qu'elles prétendent chacune à l'universalité, c'est-à-dire qu'elles souhaitent être partagées. A tout le moins: qu'elles envisagent de l'être. Tel n'est pas le cas des religions nationales.

    Difficulté supplémentaire du dialogue juifs/chrétiens s'il se veut religieux: un nombre conséquent de juifs pensent leur judaïsme comme une fidélité à leur histoire, à leur culture, à leur communauté - tout en étant agnostiques. Dans ces conditions, réunis en plus ou moins grandes pompes, les responsables juifs et chrétiens peuvent renouveler le vœu que les communautés vivent en bonne entente, et ensuite... Parler, oui, mais de quoi?

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  4. D'autant plus qu'il est difficile sinon impossible aujourd'hui d'exposer ce qu'est la réalité de la religion judaïque, à savoir qu'elle n'est pas celle des Hébreux de l'Ancien Testament, mais celle du Talmud, compilation de débats interminables entre érudits (rabbins). Cette compilation s'est faite sur environ 6 siècles et a commencé APRÈS la rédaction des Évangiles, en fait en réaction contre le christianisme et pour empêcher les Juifs non chrétiens de se convertir.

    Cela, qui le rappelle ?

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  5. Monsieur l'abbé,

    Nous avons beaucoup aimé votre conférence de ce soir et nous regrettons de n'avoir pas pu vous le dire de vive voix. Nous avons trouvé que votre présentation de plusieurs points successifs était très intéressante, et très profitable car vous avez soulevé des questions importantes que vous avez rendues claires mais qui n'étaient pas évidentes pour des gens qui n'ont que des idées vagues sur la question, comme nous. J'ai trouvé une chose contestable ou difficile à comprendre : quand vous avez parlé du sacrifice, vous avez présenté le problème en vous appuyant sur René Girard et sa thèse du bouc émissaire, mais il me semble que ce dernier généralise abusivement. Les sacrifices ne relèvent pas toujours de cette pratique. L'abbé Laguérie a suggéré, dans son cours de catéchisme, que le sacrifice se justifie de droit naturel en ce qu'il signifie pour ceux qui l'offrent la reconnaissance du dominium de Dieu sur toute la création. On offre pas à Dieu quelque chose que l'on veut bannir : on offre quelque chose ou quelqu'un de précieux, c'est tout le sens des sacrifices humains. D'ailleurs, les jeux de gladiateurs dont vous avez parlé vont dans ce sens. S'ils ont pu servir d'exutoire à la violence, ils ont été à l'origine créés dans le cadre des funérailles. Ils sont apparus chez les Etrusques dans les cérémonies funèbres, comme substitution aux sacrifices humains et c'est aussi pour des funérailles, celles de Junius Brutus, qu'ils ont été introduits à Rome en -264. Les morts dans ces jeux ne servent pas de bouc émissaire. Ils ont pour fonction d'apaiser les dieux d'en bas pour qu'ils accueillent le défunt. Ils lui sont offerts en sacrifice pour leur signifier que les vivants reconnaissent leur pouvoir sur les vivants.

    [à suivre]

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  6. [suite]

    Je n'ai pas lu les propos de René Girard sur le sacrifice, mais j'ai du mal à comprendre vraiment ce qu'il dit du bouc émissaire, ou du moins je crois qu'il faut limiter l'extension de cette pratique. De même, quand vous dites qu'une communauté est soudée par le mal : elle l'est souvent, de fait, mais pas toujours ou pas uniquement. En France, on observe un nationalisme de rejet à la fin du XIXème siècle, mais il n'a été que le palliatif d'un nationalisme d'adhésion. D'ailleurs, il est difficile de croire que le rejet ait suffisamment de puissance créatrice pour fonder quoi que ce soit. Je crois qu'une communauté peut fort bien se passer de bouc émissaire. A mon avis, mais je réserve mon opinion car encore une fois je n'ai pas lu ce livre de Girard, il est trop pessimiste et il tombe sous le coup de ce qu'il a lui-même reproché à d'autres dans un autre de ses ouvrages, Mensonges romantiques et vérité romanesque: "Le réalisme, c'est faire systématiquement pencher la balance du mauvais côté". Par cette opinion, si c'est vraiment la sienne, Girard se range dans la compagnie embarrassante de Georges Bataille, surréaliste nietzschéen. Si pour Girard il faut un bouc émissaire pour fonder autour du mal une communauté, Bataille a été arrêté avec sa bande d'amis parce qu'il voulait souder leur groupe indissolublement en organisant l'assassinat collectif d'un homme dans la forêt de Fontainebleau... Je trouve cela aussi douteux que déprimant. Vous avez mentionné Pascal et la manière dont il relie judaïsme et christianisme. Ingrid me signale qu'il y a un fragment particulièrement intéressant dans les Pensées, dans lequel il pose la question de savoir si les Juifs n'auraient pas mérité d'être « exterminés » (le mot acquiert aujourd'hui un résonance particulière) pour n'avoir pas reconnu le Christ alors qu'il était annoncé. Et il répond : « premièrement, cela a été prédit, et qu'ils ne croiraient point une chose si claire, et qu'ils ne seraient point exterminés. Et rien n'est plus glorieux au Messie, car il ne suffisait pas qu'il y eût des prophètes, il fallait qu'ils fussent conservés sans soupçon. » Il y revient dans un autre fragment : « Si les Juifs eussent tous été convertis par Jésus-Christ, nous n'aurions plus que des témoins suspects. Et s'ils avaient été exterminés, nous n'en aurions point du tout ». Dire, comme le font beaucoup, que l'antijudaïsme catholique justifiait l'éradication des Juifs s'avère donc faux : selon Pascal, l'erreur des Juifs est nécessaire à la vérité chrétienne, et le christianisme a besoin des Juifs.

    Nous vous félicitons encore pour vos conférences qui sont d'une immense fécondité intellectuelle.

    JBIR

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  7. Un grand merci pour cette conférence. je dois avouer que le sujet me tenait un peu à distance, mais sans doute procédé-je toujours ainsi. un de mes amis m'avait beaucoup parlé de cette "Promesse" de Lustiger, disant et répétant "les dons de Dieu sont irrémédiables, l'ancienne Alliance n'est pas abolie" ... j'étais sceptique, incrédule : le Verus Israel, la théologie de la substitution, ça faisait sens; la non-exclusion me paraissait trop comme la logique à la mode (vue la première fois sur la 4ème ed. couverture d'un livre d'Atlan justement). et puis il y avait les thèses de Laurigan, "l'Eglise et la Syngogue", etc. du Sel de la Terre, mettant en exergue la doctrine Benamozegh. j'avais même acheté un de ses livres, c'est assez direct! un article publié sur le Forum Catholique récemment donnait l'intervention d'un rabbin, Rav di Segni, lors d'une réunion de la commission pour le dialogue avec les Juifs, qui allait tout à fait dans ce sens: aux Gentils la morale noachique, aux Juifs le vrai service du Temple. Le rôle des Chrétiens est de guider les autres vers la morale, etc.

    Vous avez bien pris le sujet, l'avez élevé à la hauteur qui convient et l'avez bien éclairé. Il y avait d'autres scories à rattacher à cette trame: dans les "incompréhensions", ou les détestations modernes, il y a la politique de l'Etat d'Israël, n'est-ce pas? et au-delà, la nature même de l'Etat d'Israël, et les attitudes "supérieures, sûres d'eux, dominateurs" des Juifs/Israéliens (et même carrément méprisantes, dit-on, Cf "L'autre visage d'Israël", écrit par un juif américain) sont une question. Ne faudrait-il pas distinguer entre judaïsme/christianisme et Juifs/Chrétiens? C'était implicite, mais une des questions finales - "Israël va-t-il disparaître?" - était le reflet de cette interrogation.

    Vous êtes passé assez vite sur la prière du vendredi Saint, "le peuple déicide" ... même si l'interprétation de Green est belle, quid de la théologie "traditionnelle"? l'image de la Synagogue aveuglée est-elle purement symbolique ?

    [...]

    Parmi les livres plus "gentils" qui existent, j'ai à la maison celui de Schoeman, "Le salut vient des Juifs", traduit par Judith Cabaud. mais ne l'ai pas encore lu. Enfin, le sujet est vaste ... et ce sont juste quelques réactions à chaud.

    CP

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