samedi 23 octobre 2010

Antilibéraux de tous les pays, unissez-vous!

Article repris de Minute du 29 septembre 2010

Les éditions de l’Homme nouveau, émanation du périodique du même nom, viennent de publier en français le livre de Joseph Pearce, avec un titre original : Small is toujours beautiful. Une occasion d’aller faire un tour du côté de l’antilibéralisme catholique. En constatant que rien n’est plus actuel que ce refus des grandes lois économiques actuelles.

Il faut faire l’effort de dépasser les poncifs sur lesquels repose largement notre présent. Exemple de ces poncifs? Le libre-échange est toujours générateur de richesse. Supprimons partout toutes les protections et le monde s’enrichira. L’économiste français Maurice Allais a dit ce qu’il fallait penser de ce nouvel impératif catégorique du libre-échange, qui ne fonctionne vraiment, souligne-t-il, qu’entre partenaires à peu près égaux. Joseph Pierce montre, après bien d’autres, que la généralisation planétaire du libre-échange aboutit à la création de toutes sortes de zones spécialisées dans telle ou telle production dans lesquel les les producteurs (souvent des paysans) sont obligés de se contenter du prix qu’on leur impose, puisqu’ils n’ont pas d’autres ressources. La gestion soi-disant libre-échangiste du commerce mondial aboutit à un dirigisme des multinationales occidentales qui est l’exact opposé de la liberté. La vieille fable du « renard libre dans le poulailler libre » chère à Rosa Luxembourg, se reproduit non plus dans les « factories » anglaises mais à un niveau planétaire. Dans la liberté généralisée, il y en a forcément qui sont plus libres que d’autres et qui imposent leur liberté aux autres.

« Une civilisation blessée au coeur »

Pour que ce scénario catastrophe n’advienne pas à notre monde il importe de défendre tous les petits modèles: small is beautiful! Cette devise qui est aussi, ne nous y trompons pas, un cri de guerre, remonte à l’économiste Ernst-Friedrich Schumacher, qui, dans les années soixantedix, avait publié un livre sous ce titre. Joseph Pierce retrouve cette veine et il montre que l’antilibéralisme doit être politique lorsqu’il s’oppose à la dictature administrative de l’Union européenne, géopolitique lorsqu’il critique le « libre marché » mondial, dominé par les multinationales, écologique lorsqu’il s’oppose à la destruction systématique de l’environnement au nom de la monoculture et lorsqu’il exige que l’on s’interdise le gaspillage des énergies non renouvelables, métaphysique lorsqu’il prône la décroissance et la maîtrise du désir insatiable, spirituel enfin lors qu’il milite pour le retour de l’âme dans les sociétés qui fonctionnent aujourd’hui uniquement sur un calcul de rendement.

«La civilisation moderne ne peut survivre qu’en commençant à éduquer le coeur, car l’être humain est aujourd’hui beaucoup trop intelligent pour être capable de survivre sans la sagesse.» Tel est le dernier mot de Joseph Pierce dans ce livre. Cette allusion finale au coeur fait penser à l’un des derniers livres de l’intellectuel catholique Jean Madiran qui diagnostique, lui aussi, «une civilisation blessée au coeur.»

Le fait qu’un tel livre soit publié aujourd’hui par un journal qui se trouve résolument à droite dans le spectre des publications catholiques a son intérêt. Est-ce qu’une fois de plus ce n’est pas la droite qui est créatrice, originale et… radicale? Alors que la gauche chrétienne n’en finit plus de se morfondre dans les vieux schémas idéologiques, dont elle ne sait pas comment se dépêtrer, c’est la droite qui montre le chemin: antilibéral en politique, en économie et… en religion, pour défendre les identités et respecter l’indispensable biotope: cette nature dont on oublie qu’elle reste d’une manière ou d’une autre la mère de l’homme. Il s’agit de rien moins, dans ce livre d’apparence universitaire, que de défendre, en un ultime combat, l’âme du monde humain contre la dictature du rendement à tout prix et du productivisme sans entrailles. Combat perdu d’avance? Non: combat que l’on a gagné en soimême à partir du moment où l’on accepte de le mener.

Joël Prieur

Joseph Pierce, Small is toujours beautiful, éd. de L’Homme Nouveau, 372 pp., 33 euros. Commande chez l’éditeur.

12 commentaires:

  1. Cela rejoint les thèses de Liberal Orthodoy. Je signale q'il y avait une excellente conférence de John Milbanks, l'intiateur de ce mouvement, jeudi dernier à la librairie La Procure. Il a notamment cité Schumacher et s'est rangé sous la bannière de St Thomas d'Aquin, mais malheureusement en opposition avec les thèses de Maritain et de l'Ecole néo-thomiste française. Bref du Thomisme sans St Thomas.

    Certes, le libéralisme absolu est totalement condamnable. Mais peut-on croire un seul instant qu'il y aura un quelconque progrès économique et social sans liberté d'entreprendre ?

    L'Etat (international, national ou local) doit jouer un rôle d'arbitre, poser des règles du jeu et assurer la défense des plus faibles ; mais il ne lui apartient pas d'être un acteur économique. On sait trop comment finit l'économie administrée.

    Il faut en revenir à la Doctrine sociale de l'Eglise : c'est la démonstration claire comme le jour que la propriété privée est indispensable mais exercée dans le sens du bien commun et non à des fins purement égoîstes. Tout était dit dans Rerum Novarum (1891) qu'il faudrait relire et méditer sans cesse. Cette encyclique du Pape Léon XIII n'est que l'actualisation de l'Evangile au monde contemporain. Si nous l'avions appliquée nul doute que nous ayions évité guerres, révolutions et dictatures contre nature.

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  2. Réponse à Anonyme : le mouvement lancé par John Milbank s'appelle Radical Orthodoxy. Il est profondément antilibéral. L'antilibéralisme n'est pas contraire à une saine liberté d'entreprendre, pourvu que celle-ci soit intégrée dans un cadre moral et social (ce qui ne veut pas dire étatique).

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  3. (copie d'un article lu sur un autre site)

    La base du libéralisme est dans la relation avec Dieu

    Benoît XVI a écrit une lettre au philosophe et sénateur italien Marcello Pera (ancien président du Sénat, qui s'est déjà illustré sur l'islam) pour le remercier de la contribution apportée par son dernier livre, où il montre que la base du libéralisme se trouve dans la relation de la personne avec Dieu. L'ouvrage, intitulé « Perché dobbiamo dirci cristiani. Il liberalismo, l'Europa, l'etica » («Pourquoi devons-nous nous dire chrétiens. Le libéralisme, l'Europe, l'éthique»), contenant le message du pape, a été présenté jeudi à Rome. Après avoir reconnu que la lecture de ce livre était «passionnante», le pape a souligné qu'il partageait les observations qui y sont faites, notamment

    "l'analyse sur l'essence du libéralisme à partir de ses fondements [...] à l'essence du libéralisme appartient son enracinement dans l'image chrétienne de Dieu : sa relation avec Dieu dont l'homme est l'image et dont nous avons reçu le don de la liberté. Dans une logique indéniable, vous montrez que le libéralisme perd sa base et se détruit lui-même s'il abandonne ce fondement. Votre analyse sur ce que peuvent être l'Europe et une Constitution européenne où l'Europe ne se transformerait pas en une réalité cosmopolite, mais trouverait, à partir de son fondement chrétien libéral, sa propre identité est d'une importance capitale".

    Selon Benoît XVI, Marcello Pera

    "montre que le libéralisme, sans cesser d'être un libéralisme mais au contraire, pour être fidèle à soi-même, peut renvoyer à une doctrine du bien, en particulier à la doctrine chrétienne qui lui est congénère, offrant ainsi vraiment une contribution au dépassement de la crise. Sobre et rationnel, ce livre, aux arguments forts et aux riches informations philosophiques, est à mon avis d'une importance fondamentale en cette heure de l'Europe et du monde".

    Dans un entretien accordé à Radio Vatican le 28 novembre, Marcello Pera a confié ses espoirs que Benoît XVI aide le libéralisme à trouver ses racines. Le philosophe italien a aussi expliqué les motifs pour lesquels le libéralisme est parfois devenu antichrétien :

    "Pour ce qui est de l'Europe en particulier, il y a une explication historique. Bon nombre de libéraux se sont souvent trouvés en conflit avec l'Eglise catholique, et c'est un fait amer de l'histoire de l'Europe qui ne se vérifie pas dans l'histoire de l'Amérique. Certains Etats nationaux, l'Italie et la France, se sont d'ailleurs constitués comme Etats-nations en s'opposant, en entrant en conflit avec l'Eglise catholique. Ceci a engendré un phénomène bien connu qui est l'anticléricalisme, et l'anticléricalisme en a engendré un autre : celui que j'appelle dans mon livre ‘l'équation laïque', autrement dit libéral = non chrétien. Ceci est une erreur, car on peut discuter historiquement des mérites ou non de l'Eglise catholique en Europe lors de la fondation des Etats nationaux, mais on ne peut discuter de l'importance du message chrétien. Nous voyons bien cela aujourd'hui, car si nous faisons ce deuxième choix, c'est-à-dire si nous passons de l'anticléricalisme à l'antichristianisme, ce qui équivaudrait à une apostasie du christianisme, nous perdons les qualités mêmes, les vérités mêmes, les fondements mêmes de ces libertés et de ces droits sur lesquels se fondent nos Etats libéraux".

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  4. (également lu ailleurs)
    Les papes ont condamné le libéralisme qui prétendait refuser les règles de la morale naturelle ; mais ce libéralisme n'était que la ligne politique des bourgeoisies voltairiennesdu XIX ème siècle, qui s'étaient affublées du terme de libéral, alors que leur seul credo était de se servir de l'Etat pour refuser les libertés sociales, et les droits civils élémentaires à toutes les catégories sociales et corps intermédiaires dans la ligne de Robespierre et de Napoléon. C'est contre eux que se dressèrent les catholiques sociaux, qui défendaient eux, l'autonomie des corps sociaux et leurs doits moraux et juridiques à la fois contre l'Etat et aussi contre les groupes dominants. Et donc qui préconisaient que la dignité et la liberté des personnes soient garanties, non par une Déclaration mais par des institutions sociales libres.
    C'est là que se situe le point de convergence entre le libéralisme économique et la DSE : le principe de subsidiarité traduit concrètement par le droit reconnu aux corps sociaux d'élaborer leurs règles de fonctionnement et de ne pas dépendre de la puissance publique.
    Tocqueville, en décrivant la société américaine de son temps avait bien compris que ce qui faisait le ciment de cette société était le contrat entre individus et groupes constitués, selon un modèle proche de la société d'Ancien Régime. A l'inverse complet du jacobinisme étatique et de plus en plus socialisant : le modèle dit ''républicain'' qui fait du citoyen un serf de l'Etat.
    Quant à l'état-nation c'est une théorie révolutionnaire, qui fait de l'Etat le remplaçant du Roi mais sans la morale chrétienne que lui imposait l'onction du sacre. L'Etat-nation jacobin réalise le rêve rousseauiste du contrat social, qui interdit tout contrat privé majeur au sein de la société, au profit du seul pouvoir de l'Etat, lequel est avec son administration et sa législation sans fondements moraux le ma^tre absolu que ne fut jamais aucun souverain même absolu de l'ancien Régime.
    En ce sens le Moyen Age, pyramide de contrats garantis par le serment fut libéral et chrétien. Il assura d'ailleurs la plus grande et la plus longue période de progrès économique et démographique de notre histoire, envisagé sur toute sa durée.

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  5. A sureau :

    Effectivement, je devais penser à autre chose en écrivant Liberal au lieu de Radical Orthodoxy. Une sorte de lapsus du clavier, d'autant plus que j'avais entendu la veille John Millbanks lui-même à la Procure et que son propos m'avait laissé dubitatif. Dans son dernier ouvrage il cite un grand nombre d'auteurs français (reportez-vous à l'index) mais on se peut demander s'il les a bien compris et assimilés (pourquoi tant de mépris à l'égard de Marion ou de Maritain ?).

    Le libéralisme absolu sans frein est tout à fait condamnable mais n'oublions pas les ravages de l'Etatisme absolus c'est à die du régime marxiste qui abolit toutes les libertés, asservit les hommes pour aboutir à la plus grande catastrophe économique et écologique qui soit (la Russie en aura pour des siècles avant de se reconstruire.)

    A tout prendre je préfère vivre aux USA qu'en URSS.

    Ce qu'il faut souhaiter c'est un Etat fort qui édicte les règles nécessaires et les fait respecter mais qui surtout ne se mèle pas d'agir à la place des acteurs économiques et ne leur dicte pas leur conduite.

    Si notre économie étouffe c'est que les entreprises sont paralysées par un embrouillamimi de règlements absurdes.

    L'Ancien régime n'était pas exempt de tares : la plus grande étant la Révocation de l'Edit de Nantes (1685) qui a entraîné une catastrophe économique par le départ des Protestants particulièrement dynamiques dans le commerce et l'industrie et qui sont partis faire profter nos ennemis (Prusse et Hollande) de leur savoir-faire. S'ils étaient restés, la France aurait fait sa révolution industrielle dès les années 1780.

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  6. Il y a là de la part de BENOIT XVI une réévaluation de ce qu'est le libéralisme en ce début de XXI ème siècle : "en particulier à la doctrine chrétienne qui lui est congénère".
    Certes, il s'agit bien de la liberté au sens chrétien : la possibilité donnée à l'homme de choisir librement le Bien contre le Mal. Ce qui dans la DSE est décliné selon un certain nombre de principes, qui balisent politiquement et socialement le couple liberté-responsabilité, auquel correspond le libre contrat chez les penseurs libéraux classiques, comme BASTIAT.
    Mais il est ainsi dit que libéralisme et christianisme ne sont pas antagonistes. F. von HAYEK avait déjà pressenti cette possibilité. Michael NOVAK, libéral américain catholique qui a fortement marqué certaines encycliques de J-P II avait également développé l'idée que la liberté éclairée par la morale chrétienne permet de construire une société responsable sans l'omniprésence étatique faussement ''libérale''.

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  7. "la liberté éclairée par la morale chrétienne" certes, mais comment faire pour faire apliquer ce principe dans les faits.

    Il y a des chefs d'entreprise chrétiens et/ ou humanistes qui appliquent les règles d'une morale sociale et des affaires (concurrence loyale, respect des principes sociaux des droits des travailleurs rappelés par l'Eglise). Le droit à une retraite digne fait d'ailleurs intégralement partie de la doctrine sociale de l'Eglise.

    Ce qu'il faut montrer aux chefs d'entrprise c'est que l'application de ces principes permet d'obtenir de meilleurs résultats au plan économique et que la loi de la jungle (c'est à dire l'absence de loi) conduit au désastre économique pour l'entreprise elle-même.

    Iy a d'ailleurs un exemple topique : Michelin qui est la société française la plus florissante est managé par des dirigeants foncièrement catholiques qui ont mis leur principes en action.

    Bien entendu,il faut être impitoyable envers les entreprises sans principe moraux qui exploitent sans vergogne concurrents, sous-traitants et salariés ou dont les dirigeants se servent des rémunérations extravagantes.

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  8. Le mauvais usage de la liberté individuelle des hommes produit automatiquement l'intervention musclée et arbitraire de l'État. Et cette ''intervention-dictature'' se produit sous le prétexte de la liberté. En réalité, nous devrions savoir que c'est de la métamorphose. (Du marxiste déguisé)..

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  9. Un bon patron doit être comme un bon pasteur. Il connait ses salariés et ses salariés le connaissent. Il est une sorte de père pour eux (et tant pis si l'on m'accuse de paternalisme).

    Le modèle du bon employeur c'est celui décrit dans la logia dite des ouvriers de la dernière heure (Matth. 20, 1-16). Il paye les derniers ouvriers comme les premiers car il sait qu'eux aussi ont une famille à faire vivre et que leurs enfants ne doivent pas souffrir du fait que leur père n'a pu être embauché plus tôt. En fait cet homme était le précurseur de Pôle Emploi. Je me suis souvent demandé si le Seigneur n'avait pas raconté une hisoire réelle qui s'est passée il y a plus de 2 000 ans en Palestine occupée ; par délicatesse il n'a pas révélé le nom de ce chef d'entreprise exemplaire qu'il a du très bien connaître. J'adore cette page que l'on dirait extraite du journal d'aujourd'hui. Déjà à l'époque il y avait des raleurs drivés par une espèce de chef cégétiste avant la lettre, mécontents parce que leurs frères d'infortune (voir le verset 7 : "personne ne nous a embauchés" qui serre le coeur) avaient reçu un salaire identique au leur. Bref, le "toujours plus" était déjà d'actualité.

    Morale de l'hisoire : on devrait relire plus souvent les évangiles.

    NB Le prêtre qui nous délivrait l'instruction religieuse en classe de 3ème nous avait donné comme sujet de composition :"Rédigez sous la forme d'une courte nouvelle la parabole de Matthieu 20 , 1-16."

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  10. Comment devenir riche?
    Un seul moyen (mis à part l'héritage, le vol, et le gain à la loterie):exploiter le travail de "mes frères"!

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  11. Les commentaires de ce poste sont d'une insondable diversité et richesse. En émargent deux choses: la première est qu'à partir d'un article dont l'intitulé appelait tous les antilibéraux à s'unir comme autrefois, les marxistes y appelaient les prolétaires, le commentaire opère un retournement et, au détour, on découvre que Benoît XVI a préfacé un ouvrage faisant l'apologie du libéralisme ou peu s'en faut. Il en va de l'antilibéralisme supposé des papes comme de ce que devient, passé au crible de l'analyse sémantique, la dénonciation de "la dictature du relativisme". Comment le pape peut-il être contre le relativisme alors que l'originalité de la foi en un dieu trinitaire aboutit à ce que, précédant la découverte de la relativité générale émanant de cette Trinité créatrice, l'Absolu devienne Relatif. Que l'Absolu consente à Se relativiser de lui-même n'est pas la même chose que les sociétés se relativisent, me dira-t-on, et, comme à mon habitude, j'ergote. Je le confesse, mais je suis un passionné de sémantique et la sémantique aide, comme dirait l'abbé de tanoûarn, à ne pas oublier la vérité contraire. Le pourfendeur du relativisme est l'adepte d'un dieu Qui a transformé l'absolu en relatif. Fustigeant le relativisme, il se met dans le cas d'être dans une impasse conceptuelle. D'autant que, qu'est-ce qui est le contraire du relativisme? L'absolutisme. Il en va de la dénonciation de "la dictature du relativisme" comme de celle du syncrétisme. Que je sache, le syncrétique est le contraire du diabolique. C'est le diable qui possède un "royaume divisé" puisqu'il est lui-même prince et principe de division. On aboutit à cette absurdité que toutes les religions sont d'accord sur un seul point: c'est la condamnation du syncrétique, cherchez l'erreur!

    Bon. On en tient pour l'absolutisme. N'est-ce pas là tout le problème (et j'en arrive au second pint que je voulais souligner)? On est souvent antilibéral parce qu'on est un nostalgique de la monarchie absolue. On préfère une pyramide de contrats avec une foule d'intermédiaires, mais une pyramide sans sommet, car ce sommet serait l'etat. Or on ne veut pas de l'Etat sous prétexte qu'il n'y aurait plus de roi. C'est oublier que la monarchie n'a jamais été jugée, de Saint-thomas d'aquin à rousseau, que comme une option politique possible de régime légitime. En dernière analyse, le roi sans Etat ou l'etat sans roi incarnent "le souverain" comme dirait Rousseau. La souveraineté est "le principe" comme dirait Maurras.

    L'antilibéralisme catholique est-il si général? Savoir... Voyez maître patrick simon écrivant son livre (assez criant de mauvaise foi): "PEUT-ON ETRE CATHOLIQUE ET LIBERAL"? Voyez Michel de Ponsins fondant son association Catholiques pour les Libertés economiques. Mais, pour sortir de la famille (qui est mienne bien que j'en sois le fou, en "bouffon de société", en saltimbanque insomniaque et torrentiel), voyez Lacordère à qui l'on prête cette parole:
    "Je mourrai catholique pénitent, mais libéral impénitent."

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  12. Il me faut compléter, sinon corriger la première partie de mon précédent commentaire. En maître incontesté de l'analogie dont je gage qu'il n'est pas loin de penser que tout langage est quasiment d'essence analogique et, par l'analogie, se tient près du verbe, dans la profonde humilité du mal à dire, l'abbé de tanoüarn ne manquera pas de me reprendre et de me dire que ma question touchant "la dictature du relativisme" est mal posée. La bonne question n'est pas: "quel est le contraire du relativisme", mais, pour analyset tous les termes de l'analogie: "Quel est le contraire de "la dictature du relativisme"? Et l'analyse de cette question nous oblige d'abord à remarquer que "la dictature du relativisme" est un oxymore. En théorie, ne saurait être dictatorial ce qui croit à l'égalité universelle de toutes les opinions. En pratique, on voit qu'il en va souvent tout autrement. Mais esquissons notre réponse: le contraire de "la dictature du relativisme", c'est quelque chose comme "l'anarchie de l'absolutisme". De quoi apporter de l'eau au moulin de l'abbé de tanoüarn qui y retrouve ses prémisses maurrassiennes:
    "La monarchie, c'est l'anarchie+un.
    L'anarchi dans l'absolutisme, c'est la liberté dans l'ordre. Mais alors, on aboutit à ce nouveau paradoxe: c'est qu'il faut mallaxer cette matière relative du politique en faisant la part de l'absolu; tandis que, par la Création du Dieu Relationnel qui, tout en restant transcendant, s'est voulu "diffusif de soi", la religion découvre que l'absolu est Relatif. De là à dire que "toutes les religions se valent", il y a un pas qu'on n'aime pas franchir et moi pas plus qu'un autre parce que ce serait nous faire sombrer dans la confusion. Mais je maintiens que, si l'on dépasse la confusion, le syncrétique comme le symbolique est le contraire du diabolique. Que l'on m'explique dès lors pourquoi toutes les religions ne sont décidément syncrétiques que sur un point, qui est la condamnation du syncrétisme!

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