jeudi 3 mai 2012

Si vous n'êtes pas polarisés par l'élection présidentielle...

...venez, samedi prochain, à 17H00, au Centre Saint Paul assister à une lecture concert : Edith Stein sous le signe de la Croix. Edith Stein est interprétée par Clémentine Stepanoff (qui joue en ce moment - dans le rôle titre - Ondine de Giraudoux au théâtre du Nord Ouest) et Marie Lussignol (qui tourne dans un film de Cyril Moreau, Insupportable).

Juive devenue chrétienne, philosophe devenue carmélite, déportée à Auschwitz et exterminée dans les chambres à gaz, Edith Stein, en religion soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, a porté le magnifique témoignage de l'exigence du Logos. Beaucoup cherchent la sagesse comme un refuge. C'est sous le signe de la Croix et de sa folie d'amour, sous le signe d'une quête absolue de la vérité et du salut qu'Edith Stein a accompli sa philosophie au Carmel. Interdite d'enseignement par les Allemands, elle répond à cette interdiction par un don total d'elle-même. Partant en déportation, elle déclare à nouveau qu'elle offre sa vie "pour son peuple". Elle a été canonisée par Jean-Paul II en tant que martyre. "Le combat entre le Christ et l'antéchrist est ouvertement engagé, écrivait-elle dans ses Cahiers, en s'exhortant elle-même. Si tu te décides pour le Christ, cela peut te coûter la vie".

Longtemps assistante de Edmund Husserl, le grand animateur du mouvement phénoménologique en Allemagne, elle a eu le temps de développer une philosophie de l'Absolue et une anthropologie du féminin.On sent qu'elle a longuement médité les leçons des deux Thérèse, la grande Thérèse d'Avila, dont la lecture avait provoqué sa conversion dès 1922 et la nôtre (qui n'est pas petite) : Thérèse de Lisieux Voici un texte d'elle, qui me rappelle invinciblement le Manuscrit B de L'histoire d'une âme. Souvenez-vous, Thérèse de Lisieux : "Dans le coeur de l'Eglise ma mère, je serai l'amour et ainsi je serai tout". Voici comment soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, philosophe et mystique, comprend l'exclamation de la jeune carmélite normande et la développe :
"Lève les yeux vers le Crucifié. Si tu es son épouse, dans la fidèle observance de tes vœux, son précieux sang sera aussi le tien. Liée à lui, tu seras présente partout, comme il l'est aussi. Non pas ici ou là, comme le médecin, l'infirmière ou le prêtre, mais sur tout les fronts, en chaque lieu de désolation - présente, dans la force de la Croix. Ton amour compatissant, l'amour qui vient du Cœur divin, te portera partout et partout répandra son sang précieux - qui apaise, qui guérit, qui sauve"
 "Tu seras présente partout" : soif du coeur qui aime. Comment être présente partout et à tous ? En étant avec le Crucifié. Il y a là comme une dimension cachée du psychisme : "Mes études en psychologie m'avait convaincue que la psychologie est une science qui en est encore à ses balbutiement" écrit-elle dès 1933 dans son un essai autobiographique (Vie d'une famille juive). A travers la Croix, soeur Thérèse-Bénédicte a certainement cherché cette dimension nouvelle, à travers laquelle nous sommes tous renés et recréés. Voici ce qu'elle en écrit dans une étude sur Thérèse d'Avila :
 "La grâce confère à sainte Thérèse la parfaite santé de l'âme, ce qui se manifeste dans sa sérénité inébranlable, face à laquelle les psychologues naturalistes, qui considèrent les grâces mystiques comme des états d'hystérie, voient leurs théories rigoureusement réduites à l'absurde"
Edith Stein est une de ces héroïnes de la Croix, qui nous rappellent cette dimension nouvelle à laquelle nous sommes appelés, au-delà des resserrements, des étranglements, des angles morts de notre psychisme. Entendre ses poèmes samedi prochain, cela signifie essayer de partager cet élargissement du champ de vision, qui nous fait voir les choses non comme elles nous paraissent, mais comme elles sont : Spinoza aurait dit Sub specie aeternitatis : sous l'aspect de leur éternité. Sommes nous capables de voir ainsi le monde sauvé par la Croix, ou bien nous résignons nous à la mort ?

Un dernier mot : les actrices ont tenu à ce que l'entrée soit libre...

5 commentaires:

  1. Magnifique mais à quelle heure ?

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  2. Enfin, un propos rafraichissant après tout ce tintamarre sur l'élection présidentielle dont tout le monde se contrefiche.

    Bravo de rappeler l'importance d'Edith Stein qui ne fut pas seulement une grande mystique mais également une philosophe de tout premier plan dont l'oeuvre est étudiée dans les universités en Allemagne (hélas en France elle est quasiment inconnue, tout comme son maître Husserl d'ailleurs).

    Vous devriez faire une conférence sur la phénoménologie.

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  3. Si ! on est polarisés par l'élection présidentielle étant donné l'enjeu, étant donné l'engagement à gauche récent du traître Bayrou, étant donné le vote blanc de Marine, etc.
    MAIS on est aussi très, très intéressés par cette invitation à découvrir Edith Stein !
    On trouve aussi qu'une conférence de vous sur la phénoménologie serait fort bien venue, histoire de faire un discernement ; bon nombre de théologiens actuels en France sont marqués par Merleau-Ponty et, plus proche : Michel Henri, et y adhèrent passionnément. Ce que j'aimerais savoir c'est pourquoi cette position les éloigne des Pères de l'Eglise ou plutôt pourquoi les Pères de l'Eglise leur semblent désormais quasiment inutiles ou presque obsolètes.
    Mais je n'ai peut-être rien compris. Besoin de lumière !
    Sophie

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  4. les "pestilentielles" sont notre croix, entre autres.
    quand le destin d 'un peuple "historique" "historial" ou à vocation divine est mis à l'encan et joué aux dés pipés par l'Immonde, c'est une souffrance à accueillir.
    Quand on vit dans le goulag mental international socialiste depuis la "libération"... (et qu'il n 'y pas encore d e loi Gayssot pour interdire d'en parler), c'est une grande aération (de l'intérieur) que de se laisser hisser par la Croix vers les sommets insus de notre plus "propre" caché, secret, vers la graine déposée par le Père lors des 6 jours de la "création" et qui, en ces jours qui sont les derniers (le 7è) croît malgré toutes les pressions et oppressions ecclésiastiques, politiques idéologiques ou autres...

    "Quand je serai élevé de terre, j'attirerai tout à moi"

    Et Dieu sait comme,du fin fond bourbeux et sanglant des ornières et des caniveaux, nous en avons besoin, d'élévation

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