[par RF] Lorsque nous avons le nez collé sur nos problèmes, nous sommes tentés de leur trouver des causes immédiates – et proches. Nous aimons alors penser que tout tient à un seul homme: si on ne se gare plus à Paris c’est un coup de Delanoë et de ses Verts; si l’enseignement va mal en France c’est à cause de Haby et de son collège unique; si le catholicisme recule chez nous c’est du fait de Bugnini et de sa messe.
Mais si nous dézoomons, nous voyons que les mêmes problèmes se posent simultanément dans des sociétés voisines. Sous une forme ou sous une autre, ce sont toutes les mégalopoles anciennes qui chassent l’auto de leur centre. Ce sont tous les pays qui s’interrogent sur la pertinence de leur modèle éducatif. Et le recul du catholicisme? la Suisse ou l’Allemagne offrent à l'observateur l’avantage d’être des sociétés religieusement mixtes mais sociologiquement homogènes. Baptême, mariage, funérailles: les courbes parallèles indiquent la même désaffection chez catholiques et protestants.
Aïe. La ‘nouvelle messe’ ne serait donc pas la clé du recul du catholicisme? Je sens venir l’agacement, la gronderie et les coups. Votre modeste webmestre ne serait-il donc pas tradi? Si. Mais de quel traditionalisme? Je crois qu’il en existe trois types:
Le premier pense que la nouvelle messe tient du complot. Un ennemi intérieur («suivez mon regard…») a voulu frapper l’Eglise à mort, en substituant un ersatz au plus saint de nos mystères. Au sein de cette théorie, on discute pour savoir si l’ersatz remplit cependant sa fonction, et quelle dose de poison il transporte.
Le second traditionalisme pense que la nouvelle messe a honnêtement voulu répondre au déclin déjà amorcé à l’époque. Qu’en modernisant la forme on pensait rendre plus éclatant ce qu’elle réalise. Mais qu’on s’est trompé de remède, et que la réforme loin d’enrayer le déclin l’a précipité.
Le troisième traditionalisme est pragmatique. Il constate que la chrétienté n’existe plus en Europe de l’Ouest, que le tissu religieux s’y est aminci au point de ne plus laisser que des îlots, plus ou moins présents selon les milieux et les régions mais cependant tous fragiles; que certains de ces îlots vivent de la forme liturgique extraordinaire ; et qu’au regard de la rareté et de la fragilité de ce qui reste de chrétienté il convient au minimum de ne mettre de bâtons dans les roues de personne.
Dans cette optique («ne mettre de bâtons dans les roues de personne») la décision romaine d’interdire leur liturgie privilégiée aux Franciscains de l’Immaculée est proprement... étonnante. Mais ce serait là l’objet d’un autre post.
Très bon article. Je mettrai toutefois un bémol. Si les Franciscains de l’Immaculée ont été sanctionnés c'est qu'ils faisaient partie des tradi de la première catégorie.
RépondreSupprimerVous écrivez que "les courbes parallèles indiquent la même désaffection chez catholiques et protestants".
RépondreSupprimerEn Angleterre la courbe de la désaffection est plus prononcée dans l'Eglise établie (i.e. anglicane) que chez les catholiques et les diverses dénominations protestantes traditionnelles . A noter que là comme ailleurs la courbe des évangélistes est en constante ascension.
Serait-ce parce qu'il s'agit d'une religion émotionnelle où l'on met ce que l'on veut. Ne pensez-vous pas qu'il faudrait réfléchir sérieusement au "phénomène" évangélique qui fait de plus en plus d'adeptes dans les communautés des caraïbes en France. J'ai trouvé que les cérémonies (ou plutôt les shows) des JMJ au Brésil étaient copiées sur les cultes des "Mega-churches) ; mêmes musiques, mêmes cris et gesticulations (y compris d'évêques en mitre ce qui m'a paru des plus comique mais écoeuré je n'ai regardé le spectacle qu'une seule fois). Il est vrai que pour des chrétiens de la vieille Europe (catholiques et protestants confondus) habitués à des cultes austères et "intellectuels" il est difficile de se faire une représentation du christianisme sud-américain.
Oui, une fois que les tradis ont identifié l’ennemi, les francs-macs, les droits de l’homme, la révolution, la Curie Romaine infiltrée jusqu’au plus haut niveau, ils ont tout dit et en fait ils n’ont rien dit du tout. En effet tout cela est vrai, mais l’analyse est largement insuffisante. La gouvernance mondiale à la tête de laquelle la mystique talmudique cherche encore ( même si leur effort est perdu d’avance) à faire échec et mat au christianisme, est tout à fait réel lui aussi. Ce discours est rabâché. On l’a à toutes les sauces. Il est pourtant légitime puisqu’il est exact, mais ce qui me chiffonne dans cette argumentation, c’est qu’elle est trop terre à terre, trop humaine. Tous me paraissent s’illusionner sur le catholicisme d’antan, sur la Foi d’autrefois et sur l’ancien régime comme si dans ce passé se tenait toute la force chrétienne et toute sa Foi. Ces 3 façons de voir la messe moderne rentrent aussi dans ces considérations. Des personnages hautement qualifiés ont tenu ce langage. Je leur poserai à tous quelques questions, à ceux qui encore aujourd’hui traquent l’ennemi, comme à ceux qui nous ont quitté, combattants d’hier… : Peut-on décemment croire que l’humanité (et en particulier les chrétiens) puisse à un moment de l’histoire s’arrêter dans la perfection sans s’encroûter dans des habitudes mortifères, des habitudes de pratique religieuse qui perdent leur âme, comme toute habitude. L’homme est-il capable de se perfectionner sans que l’on lui botte les fesses, sans aiguillon ? Êtes-vous sûrs que ce passé révolu ne se sclérosait pas, devenant pierre morte à l’image de la Gorgone ? L’homme n’est-il pas sujet à l’entropie, à la paresse, à l’endormissement, à la routine ? Pourquoi avoir peur des forces diaboliques ? Le Christ ne les a t-elles pas vaincues ? Dieu ne se sert-il pas du mal pour en faire un bien, supérieur à l’ancien ? Ne veut’ il pas nous faire bouger dans notre cœur et dans notre Esprit ?
RépondreSupprimerPersonne n’envisage le problème sous cet angle et chacun a le nez dans des caricatures de western: monde binaire, blanc-noir! Dézoomer en effet, mais dézoomer largement car « mes voies ne sont pas les vôtres et mes pensées ne sont pas les vôtres » Plus l’ennemi frappe, plus la conversion s’opère, travaille les cœurs, alors évidemment, le plus grand nombre ne change guère mais nous savons aussi qu’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Ces derniers grandissent en Foi en Espérance et en Charité et s’il vient un jour où les chrétiens devront se réfugier dans les catacombes, quelle ardeur chrétienne en sera le fruit !
Juste un petit mot sur ces mascarades à la sauce évangéliste de Rio : On peut comprendre que dans le monde protestant certaines dérives voient le jour car ils n’ont pas la présence Réelle dans leur Temples. Alors effectivement, l’émotionnel peut se déchaîner, mais nous Catholiques, nous l’avons, donc la rencontre physique avec Dieu ne peut se réaliser que dans le silence des lèvres et du cœur. C’est une nécessité. Les gesticulations ridicules de Rio n’approchent pas de ce Dieu là, caché et silencieux ! Elles ne donneront pas la Foi et ce n'est pas une question de culture!
que le mal puisse servir le bien, cela était bien connu de nos ancêtres, qui parlaient du "diable qui porte Pierre", ou d'Attila comme "fléau de Dieu". mais je ne vois pas en quoi dénoncer le Diable et ses pompes et les erreurs commises par ailleurs soient limités, étriqués, passéiste ou je ne sais quoi. le chemin de l'homme se fait certes à tâtons, avec des essais et des erreurs, mais il faut justement discerner, et dénoncer les erreurs. par ailleurs, si le diable porte Pierre, l'épreuve n'est pas pour autant désirable, surtout quand elle touche et perd les âmes.
SupprimerLe problème de l´église d`aujourd´hui c`est manque de vraie foi. Si celle-ci existait, en vérité, chacun devrait respecter la préférence de l`autre, pour aller à la messe traditionnel ou à la nouvelle messe. Il manque de la foi, de la charité, de l´amour du prochain. Quand il y aura de la foi, de la charité, de l´amour, tout cela va disparaître. Lorsque les gens comprennent que l´important c´est vivre l`Évangile, ces questions purement humaines vont disparaître. Mais l´intelligence humaine semble reculer... il y a une aveuglement spirituel dans le monde. Les gens s´inquiètent avec la forme de la messe et oublient la foi, la charité, et tout ce que Jésus a prêché. C´est le problème. Il n´a jamais dit que la messe devrait être en latin, en français, en italien, en espagnol, etc. Qu´elle doit suivre tel ou tel rite... Jésus a prêché l ´amour de Dieu et du prochain, et cela est la vraie difficulté du monde moderne. Comme toujours.
RépondreSupprimerSi on se réveille en 2000 aprés quarante ans de sommeil il y a de quoi être estomaqué.Les messes, d'alors, nombreuses chaque dimanche dans une même paroisse, suivies, non sans ferveur, par une assistance laissant peu de vides relèvent aujourd'hui d'un paradis perdu.
RépondreSupprimerIl faut dire qu'il y avait des curés, pas toujours jeunes, qui croyaient seulement secouer le cocotier et qu'ils ont tout flanqué par terre, bêtement , brutalement , sans délicatesse et encore moins de charité .Aidé en cela par des laïcs sans véritables connaissances religieuses.
Et comme ailleurs la"remise en question" était devenue systématique cela est devenu leur leit motiv à tout fonctionnement.Si chaque curé était Evêque en sa paroisse , des Evêques se sont voulus pape, chaperonnés par des théologiens , hommes et femmes, sûrs d'eux et peu enclins au dialogue.
Si les pratiques religieuses ont fondu aux fil des ans ,tout ce beau monde nous a sérieusement expliqué qu'ils avaient maintenant la qualité en lieu et place de la quantité des temps passés.
Et puis faute de véritable enseignement religieux ,sans mises en garde dans les chagements de la vie en société , tout a paru admissible.
On nous a même laissé entendre que nous irions tous au Paradis.
Et puis, brutalement, en 2013, les catholiques en France sont moqués, brimés et dans beaucoup de pays maintenant persécutés.
Et dans la catholi-cité assiégée , au lieu d'être aux remparts ça se chamaille sur les rations de " survie".
Pauvre France catholique qui rejoue la chûte de Constantinople.
Excellent message relatif à l'article du regretté Etienne Gilson. Cette réflexion me parait particulièement pertinente: " Gilson explique bien la nature de cette blessure du dogme. Il ne s’agit nullement pour ceux qui traduisent « consubstantiel » par « de même nature » d’insinuer une hérésie christologique : ils désirent simplement faciliter aux fidèles l’accès aux textes liturgiques en banalisant les termes difficiles, quitte à les fausser, plutôt que d’en expliquer le sens."
RépondreSupprimerC'est par démagogie, pour "faire peuple" que l'on a publié des traductions édulcorées. En fait ces gens avaient un véritable mépris du peuple car ils pensaient que les simples fidèles non diplômés en théologie étaient incapable des comprendre les termes religieux. On a ainsi bani le mot calice, on a supprimé quasiment tous les mots hébreux et surtout le mot "Shabaot" qui désigne le Dieu des Armées (célestes) par peur de se faire taxer de zélateur du Sabre et du Goupillon et je pourrai multiplier les exemples. Par contre on a introduit de nouveaux mots comme synaxe ou anamnèse qui ne disaient rien à personne et naturelement le fameux "Praesidium" épiscopal qui vous avait un petit air soviétique (en référence au Praesidium du Comité central du PCUS)
En théologie comme en droit les mots ont un sens technique et consubstantiel n'est nullement synonyme de "même nature". C'est comme en droit administratif : abrogation (qui n'a d'effet que pour l'avenir) et révocation (qui a anéantit le texte rétroactivement (par ex. l'Edit de Fontainebleau a révoqué l'Edit de Nantes)a d'un texte n'ont pas la même signification.
J'ai envie de dire: "bravo". Et j'aimerais bien que beaucoup de conciliaires (comme moi) fassent preuve d'autant d'intelligente lucidité que vous, cher webmestre inconnu.
RépondreSupprimerMais... mais je me demande aussi si votre analyse n'est pas un peu en marge de ce qui est vraiment en cause dans la mouvance tradi. Est-ce vaiment et avant tout un style liturgique ? Non, me semble-t-il (et les posts de ce blog le démontrent abondamment). C'est une logique bien plus profonde. Trouvez-moi un seul tradi qui ne soit pas opposé à ces trois piliers de Vatican II que sont la collegialite (pas seulement episcopale, mais ecclesiale), l'oecumenisme (et l'universalisme), et la liberté religieuse (et donc la laïcité)... Vous le savez bien: chez les "franciscains de l'immaculée", par exemple, ce n'est pas un style liturgique qui est en cause, ni même les dérives/délires hélas classiques dans les mouvements "néos-tradis" (Béatitudes, St Jean, etc). Mais plus profondément ce qui est en jeu dans ces trois piliers: une logique du rapport à l'autre, et donc à soi-même.
Une logique, un esprit. Horreur: "l'esprit du Concile" ...
il s'agit bien plus d'un "style" liturgique en effet, il s'agit de la liturgie elle-même, ie du culte rendu à Dieu, du sacrifice ; pas de la "commémoration" d'un "repas" lors d'une "assemblée" "présidée" par un ou deux ou une multitude de "célébrants". lex orandi, lex credendi. si le "style" n'était pas important et révélateur du fond, pourquoi l'église qui s'est dite "conciliaire" (Paul VI) est-elle arc-boutée mordicus contre la messe St Pie V ? (et même, incidemment, contre le missel Jean XXIII). quant aux trois piliers de V II que vosu mentionnez, ils sont douteux en effet, pour ne pas dire hérétiques. c'est une difficulté certaine que la nouvelle église ne veut pas voir, ne peut pas voir, tant cela remettrait en question "l'esprit" de la révolution. il existe pourtant des remises en question, venant de l'intérieur de l'église auto-programmée conciliaire, Gherardini entre autres, mais pas seulement, qui questionne cette fameuse "logique".
Supprimerexact : on a osé traduire "Dominus Deus Shabaoth"* par Dieu de l'Univers ce qui ne veut strictement rien dire du tout. Par définition Dieu est le Dieu de l'univers puisqu'il a créé l'univers. De même dans la consécration la traduction de multis par multitude, ce qui vaudrait un zéro pointé à un élève de 4ème et je ne parle pas du fameux "pour la gloire de Dieu et le salut du monde".
RépondreSupprimer* Tshavaoth est le pluriel de Tsahal.
explication alambiquée dans WIKIPEDIA :
"Sabaoth" est resté dans la traduction latine ce qui montre bien que peu de mots latins (donc français) permettent d'exprimer l'idée originale. En fait, "Sabaoth" signifie plus qu'armées, il signifie toutes les "multitudes organisées", les armées entre autres. Le fait l'introduire l'idée d'armée introduit une incompréhension (sic) qu'on cherche alors à lever en ajoutant des adjectifs comme ici "célestes". D'ailleurs, plus aucune traduction récente (Bible de Jérusalem, TOB, Chouraqui, La Bible de Bayard Presse) ne reprend le terme "armées", Chouraqui laisse "Sabaoth", et les autres parlent de "Dieu Maitre de tout", "Dieu tout puissant" ou des équivalents."
"Explication" officielle de Robert Le Gall actuel evêque de Toulouse dans son Dictionnaire de Liturgie (on est instamment prié de ne pas rigoler) :
"Pluriel du mot hébreu sâbâ’ : « armée ». Le titre de « Yahvé Sabaoth », que l’Écriture donne souvent à Dieu, signifie « Seigneur des Armées » ; il s’agit des armées célestes, c’est-à-dire des anges et des astres. Le titre est repris par la liturgie dans le Sanctus : Dominus Deus Sabaoth ; la traduction française le rend par « Seigneur, Dieu de l’univers ».
Cher webmestre,
RépondreSupprimer-Vous êtes un tradi du troisième type, ça me va!
- j'abonde dans le sens des commentateurs qui expliquent qu'il n'y a pas de spiritualité indépendante d'une sociologie.
-@Benoîte,
Je conçois que le talmud se soit écrit en réaction contre le christianisme. Mais je ne conçois pas en retour que le christianisme doive faire profession d'antitalmudisme. C'est désigner bien inutilement un ennemi, d'une façon que rené girard réprouverait, si sa théorie faisait plus que faire des moulinets dans l'air en pastichant la danse de saint-guy.
Il manque "les trois blancheurs" aux évangélistes. Certes, mais l'évangélisme est un seuil. C'est le seul courant chrétien qui, en France, sache intégrer "le quart monde", j'en ai encore vu des effets cet été.
Les JMJ ont tenté une parodie de ces mouvements. Souffrez que l'on préfère l'original à la copie. Mais le catholicisme a du retard à rattraper pour introduire "les trois blancheurs" dans une louange évangélique. Même dans la liturgie antéconciliaire, la messe avait aussi pour fonction d'être un "sacrifice de louange".
-Des îlots de latinité et de romanité pourront constituer les oasis sacrificiels et silencieux de la liturgie eucharistique, ils ne peuvent pas représenter l'avenir de la liturgie du plus grand nombre des nouveaux convertis, à quoi bon se bercer de cette illusion, puisque, même culturellement, elle n'est déjà plus en mesure de remplir les églises?L'"ancienne messe" fait des convertis, mais elle est loin d'être à l'origine de toutes les conversions.
-Ne comptez pas sur une Eglise qui puisse s'appuyer sur des piliers aussi solides que la doctrine et les sacrements. Ils sont insuffisants. La doctrine est une espèce d'idéologie qui prétend monter de la terre pour rejoindre le ciel, avec le volontarisme d'une loi d'airain. Quant aux sacrements, servis par le formalisme d'une certaine théologie sacramentelle, ils assurent le maintien d'u néo-paganisme dans l'Eglise.
Certes, du seul fait que le catholicisme est "associateur" en ce qu'il a inventé la trinité comme pont entre le mono et le polithéisme (clin d'oeil à Alain de Benoist), il se dresse comme voie de passage entre le judaïsme et la gentilité. Mais point trop ne faut de paganisme, l'intransigeance des "gens du livre" est là pour nous le rappeler, il nous faut tenir l'équilibre entre une croix qui soit scandale messianique pour les juifs, folie à répudier au moyen de la substitution du crucifié pour les musulmans qui sont assez rationalistes dans leur genre, contrairement à ce qu'affirmait le discours de Ratisbonne, et personnalisme inimitable pour les païens, dont "le culte du chef" ne peut s'accommoder de l'universel crucifiement.
-La Croix commence par le renoncement au pouvoir. Je m'étonne que beaucoup de nos tradis se cantonnent dans la critique de celui-ci. Il ne devrait pas autant les intéresser. Je m'étonne qu'on reprenne si peu l'article d'andrea Tornielli où Benoît XVI met fin aux rumeurs complotistes sur les motifs de sa démission et trouve beaucoup de charisme (évangéliste ou non) à son successeur, charisme qui le confirme dans son inspiration de s'être retiré ("Laissez passer l'homme libre", disait le frère Luc dans "Des hommes et des dieux"), au risque de laisser les "accordistes sceptiques" dans le désert de leurs attermoiements scholastiques. Tant pis pour les tradis sociologiques ou sclérosés, il y a un temps pour tout, et ils ont perdu le leur en de nuisibles compromissions politiques.
Monsieur le webmestre,
RépondreSupprimerIl me semble qu'il y a des carences dans votre raisonnement.
Vous rappelez - à juste titre, quoiqu'il faudrait apporter sans doute quelques nuances - que dans les sociétés religieusement mixtes, le même déclin s'observe chez les catholiques et chez les protestants. Or les traditionalistes des types 1 et 2 (qui ne seraient si l'on en croit le qualificatif du type 3 ni réalistes ni "pragmatiques") insistent sur le fait que l'on a, volontairement ou non, protestantisé le catholicisme, et dans le sens du protestantisme libéral qui est dominant chez les protestants de ces sociétés mixtes (par exemple en Allemagne) et qui est précisément l'équivalent et le précurseur de ce qu'est le modernisme dans l'Eglise catholique.
Le problème est justement qu'il devrait y avoir une différence, dans ces sociétés religieusement mixtes, entre protestants (libéraux pour la plupart, de surcroît) et catholiques, et qu'il n'y en a pas. Ce constat, loin d'aller dans le sens des "traditionalistes de type 3" (ceux que j'appellerais les néo-tradis), va donc au contraire dans le sens des traditionalistes de type 1 et 2 : alors que le catholicisme, en tant que vraie religion, vivifié par le secours surnaturel de la prière et des sacrements, aurait dû opposer une résistance spécifique à l'effondrement général, il a connu le même déclin que les protestants dont il a précisément plagié les méthodes pastorales, voire les doctrines.
Par ailleurs, votre classification des traditionalistes fait me semble-t-il gravement l'impasse sur tous les aspects proprement doctrinaux, liturgiques et spirituels qui sont pourtant au cœur du problème. Le regretté Jean Madiran, dans sa Réclamation de 1972, avait à mon sens bien défini, par cette demande, les trois piliers du traditionalisme : Rendez-nous l'Ecriture, le catéchisme et la messe. Par suite, je ne vois pas en quoi votre type 3 relève encore du traditionalisme ; il faudrait plutôt désigner ses tenants comme des néo-tradi (finalement biritualistes) ou simplement comme des philo-tradi (appréciant les traditionalistes dans la mesure où ceux-ci leur semblent témoigner d'un certain dynamisme).
Bonne journée à vous,
Peregrinus (de type 1,5 ou 1,75)
Cher Pérégrinus, il y a plusieurs points dans votre message, je voudrais prolonger un peu ce que vous dites, et pour plus de lisibilité permettez moi de répondre en plusieurs fois. Et déjà sur les autres aspects problématiques ("doctrinaux, liturgiques et spirituels") car il est vrai qu'il n'y a pas que la messe... Ce à quoi je vous réponds deux choses:
Supprimer/1/ que les "trois types" que je dessine s'appliquent aussi bien aux textes du magistère récent. Si j'avais écrit tout un essai, je l'aurais précisé - mais je ne suis pas qualifié pour cela. Je m'en tiens donc à "la messe" qui me semble centrale dans la réaction traditionaliste. Ne serait-ce que parce que tous les catholiques vont à la messe, tandis que tous ne lisent pas les encycliques, ni les textes du concile.
/2/ ensuite que la messe donne son sens à la doctrine. Je m'explique: on sait avec la tête, on "sait" aussi avec le cœur et avec les tripes. Par exemple l'hostie est Jésus, oui. Mais quand on assiste à des cérémonies qui mettent l'accent sur l'adoration, craintive et émerveillée, eh bien on ressent avec plus de force ce qu'on ne savait que d'une manière intellectuelle. -- Traditionalisons la liturgie, et la doctrine suivra.
Cher Peregrinus - vous nous dites que ce n'est pas le catholicisme qui baisse, mais une chose qui s'appellerait encore de ce nom, quand elle ne serait plus qu'une sorte de protestantisme, dans le fond comme dans la forme. Dans cette optique, il n'y aurait pas chute du catholicisme, mais chute du seul protestantisme, lequel existerait sous deux modes: le protestantisme officiellement protestant, et un protestantisme officiellement catholique. Dans cette optique toujours, le parallélisme des courbes serait une évidence, puisqu'elles mesureraient des réalités à tout le moins très proches.
SupprimerBien. Mais... ça ne colle pas. Pourquoi? parce que la courbe 'catholicisme' a entamé sa chute bien avant les changements d'esprit que l'on peut déplorer lorsqu'on est traditionaliste. La désaffection a tapé tôt, elle a aussi tapé dans des zones traditionnelles & conservatrices. Ce dont les gens ont commencé à se détacher, c'est du protestantisme protestant, mais dans le même temps, et dans le même mesure, du catholicisme catholique.
Précision - Les trois "types" de traditionalisme n'entendent pas être des cases exclusives les unes des autres. C'est plutôt trois clefs que je dessine, à l'intention des lecteurs qui se reconnaîtront plus ou moins (ou pas du tout) dans chacune d'entre elles.
RépondreSupprimerJe pense à un prêtre de la FSSPX américaine par exemple, qui estime qu'un complot a fortement commotionné l'Eglise (type 1), que cependant dans cette Eglise blessée on trouve des laïcs et des clercs qui ont su rester authentiquement catholiques (type 3), et qu'ils en ont d'autant plus de mérite qu'ils ne bénéficient pas des trésors liturgiques que nous avons.
La messe dite de Paul VI est une falsification de la véritable liturgie catholique, avec ses "formulaires" de prière eucharistique qui la rapprochent des assemblées luthériennes, son mépris de l'ethos catholique- génuflexions (=adoration), baisers sur l'autel (=symbole du Corps du Christ), bricolage et "animation"(sic!) liturgique tournant au parodique (=profanation), en contradiction directe et formelle avec la bulle de St Pie V, valable à perpétuité et irréformable: l'Eglise encourt maintenant l'indignation des Apôtres Pierre et Paul et le courroux de Dieu lui-même (= épouse infidèle). Et les prêtres de la néo-Eglise de déplorer l'abandon des fidèles, alors qu'ils leur proposent des contrefaçons, avec des déformations à la limite du supportable! Au point où on en est, on peut se dire que l'Ennemi est dans la place ( voir les saisissantes prédictions de Léon XIII qui le poussèrent à établir son exorcisme à la fin de chaque messe).
RépondreSupprimerBeaucoup de fidèles-dont je suis, hélas!- ont manifesté leur mécontentement et leur dégoût face à la subversion liturgique en désertant le sanctuaire si souvent profané..Et ils ne sont jamais revenus..Quant aux prêtres modernistes, il faut plaindre ces pauvres hommes qui ont semé la désolation partout où ils passèrent, ils en répondront devant Dieu dans un autre monde..Les déformations liturgiques sacrilèges "souvent à la limite du supportable" font d'ailleurs ressembler le culte catholique à de la basse sorcellerie dans bien des cas..Que faire?! Personnellement, j'attends que la "descente" soit finie et l'intervention divine.. Mais auparavant, il faudra que "l'homme de péché"(St Paul) apparaisse..Encore de longues tribulations en perspective.. Mais je mortifie mon coeur car je sais que "c'est un coeur brisé qui plaît à Dieu".
RépondreSupprimerUne intervention divine? J'espère que vous plaisantez -- et je crains que vous soyez sérieux.
SupprimerOn est samedi, tard. Demain, comme chaque jour, Jésus va descendre sur des milliers d'autels, lors de messes célébrées selon divers rites. J'ai bien du mal à croire que vous viviez trop éloigné de tout pour ne jamais avoir accès à une messe selon un des rites traditionnels de l'Eglise, si les "innovations" vous déplaisent. Vous pourriez sous y rendre, vous y trouveriez à vous confesser, vous pourriez communier, bénéficier de grâces, etc.
Mais vous préférez présenter à Dieu "un coeur brisé".... que vous vous astreignez à briser plus encore. Bigre!