Je ne voulais pas laisser passer la fête du Coeur Immaculé de Marie, dont M. l'abbé Héry avait voulu faire une fête patronale de notre Institut. Combien cette fête est éloquente aujourd'hui, combien il est important de parler du coeur et de l'intelligence qui en découle. Nos contemporains sont asphyxiés entre le rationnel (ce bon vieux calcul de nos intérêts qui fondamentalement nous dirige) et le compassionnel (cette tendance à verser des larmes de crocodile sur tel ou tel événement en s'empêchant toujours, ainsi de voir l'ensemble d'une question). Le grand oublié, c'est le coeur, d'où vient toute science de la vie, toute foi et toute beauté.
Marie avait du coeur plus que personne au monde. Marie avait la foi mieux que quiconque. Marie comblée de grâce semble même émouvoir l'ange. Le Seigneur est avec elle lui dit Gabriel avant qu'il ne s'incarne en elle. "Elle a conçu Jésus dans son coeur avant de le concevoir dans son corps", raison pour laquelle, comme dit Luther dans son Commentaire du Magnificat, elle est sans doute la première chrétienne : chrétienne avant le Christ et pour qu'il y ait le Christ. En elle, on peut dire d'une certaine façon que l'Esprit saint s'est incarné. C'est le sens que donnait le Père Kolbe à ces deux mots mystérieux : conception immaculée.
Saint Paul nous dit que le Christ est le nouvel Adam (I Co 15). Il fallait au nouvel Adam une nouvelle Eve, sinon où serait la parité ? Dieu se serait contraint, se serait limité au sexe mâle ? Impossible. De la même façon que l'homme psychique est créé "mâle et femelle" (Gen. 1, 29), de la même façon l'homme spirituel est donné au monde dans les deux sexes, qui, en quelque sorte se partagent l'image de Dieu dans l'être humain. C'est pourquoi, comme saint Bernard, on doit répéter "De Maria numquam satis". D'une certaine façon, on ne dira jamais assez de la Vierge Marie, cette femme qui a soumis les éléments du monde dans la vision de l'Apocalypse : elle est vêtue du soleil, elle a la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles. Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que, selon sa prévision, "toutes les générations la disent bienheureuse". Dans l'Apocalypse c'était chose faite de façon oh combien autorisée.
Voila qui explique le culte Marial.
RépondreSupprimerEtonnement de voir citer Luther indiquant Marie , première chrétienne.
Sur RCF , à chaque halte spirituelle, il y a en plus de l'Evangile du jour la récitation du Notre Père mais jamais de Je vous salue Marie.Je pensais , avant la citation de Luther que c'était pour ne pas chagriner les protestants auditeurs de cette radio chrétienne.
Pour eux pas de culte des Saints,y compris la Sainte Vierge.
Ca va peut-être changer.
Il me semble cher Abbé, que nous avons déjà évoqué la problématique de l’Immaculée Conception sur ce blog et que nous avions déjà parlé de M. Kolbe. Il est vrai qu’il a été très loin dans sa réflexion sur ce sujet et comme je crois l’avoir déjà dit ici, tellement loin que peu de personnes le suivent. La requête de toute sa vie était de chercher à percer Son mystère : « Ô Immaculée, je me permets de te demander, toi qui es si bonne, de me dire qui tu es ! » Parce que ce mystère n’est pas facile à appréhender, il se laisse approcher par le cœur, pas le cœur affectif comme vous le dîtes, mais celui de Pascal, de la Foi. C’est ainsi que le père Maximilien K. peut oser une réflexion théologique sur l’Immaculée qu’il identifie (presque) avec le Saint Esprit et qu’il approche aussi de la Sainte trinité. Certains crieront à l’hérésie de peur que l’on touche à la Trinité et que l’on y ajoute une quatrième personne… Lisons-le plutôt : « Et qui est l’esprit ? Il est le fruit de l’amour du Père et du Fils. Le fruit de l’amour incréé est une conception créée. Mais le prototype de cet amour créé est nécessairement lui-même « conception ». L’esprit est donc la Conception incréé, éternelle, le prototype de toute vie conçue dans l’univers. » (Cette réflexion, quant à moi, me bouleverse par sa profondeur).
RépondreSupprimer« L’esprit est donc cette Conception très sainte, infiniment sainte, Immaculée » Et pour finir : « En quoi consiste la vie de l’Esprit en Elle ? Il est l’Amour en elle, c’est l’Amour du Père et du Fils, amour dont Dieu s’aime lui-même. Amour de toute la très Sainte trinité, amour fécond, conception. » (Entretiens spirituels)
Il est vrai que de l’Amour fécond, on pense à « l’Action du Saint Esprit », qui rend l’Incarnation du Christ possible. On pourrait, si on osait, nommer l’Immaculée : « Notre Dame du saint Esprit » mais je perçois déjà les fronts se plier et les esprits « dogmatiquement dogmatiques » se bloquer à cette idée. Pourtant, je pense qu’elle fera son chemin avec celui qui reprendra l’enquête du père M.Kolbe là où il la laissée…
J.P II à Lourdes, parlant de l’Immaculée la qualifiait de « Vierge Eucharistique ». N’est-ce pas alors : Corps et Sang Immaculés ?…C’est pourquoi, MAG2T, je n’aime pas beaucoup votre définition de la nouvelle Eve par rapport au Nouvel Adam. Même si cela est vrai dans le sens ou Marie fille d’Israël, est la première à avoir vu le Royaume du Père et que Son Cœur Immaculée la pousse irrésistiblement vers le « Fiat ». Mais n’y mettons pas de « genre » étant donné qu’au Ciel, il n’y aura ni hommes ni femmes (ni mari ni femme, dit le Christ) Nous savons aussi que la femme n’a été crée que pour combler une sorte d’ennui, un vide… C’est pourquoi, ici-bas chacun recherche sa chacune, sans se rendre compte que la totalité de chacun, c’est le Christ ! La parité spirituelle c’est de la science fiction ou alors je ne vous ai pas bien compris. Si vous dîtes que chacun de nous est à la fois masculin et féminin, c’est d’accord. Disons pour faire court qu’au ciel, la « femme » n’existe pas. Chacun de nous sera entier et comblé d’Être. La femme n’est pas l’avenir de l’homme…n'en déplaise à Aragon.
Bonjour M. l'abbé,
RépondreSupprimerVous parlez du "coeur et de l'intelligence qui en découle", mais vous savez bien que dans le langage courant, on a tendance à opposer le coeur (l'affect) et la raison. Comment l'intelligence peut-elle découler du coeur? Dans la même veine, vous dites : "Le grand oublié, c'est le coeur, d'où vient toute science de la vie, toute foi et toute beauté."
Pourtant, les évangiles semblent dire le contraire. Marie donne justement l'impression de ne pas bien comprendre ce qui se passe alors qu'elle est censée avoir toutes les grâces. J'ai en tête le recouvrement du Christ au temple ou à Cana ou quand elle se présente avec les frères et sœurs du Christ.
Que dire de Saint-Paul qui me semble-t-il est le "penseur" par excellence de la foi chrétienne, et qui ne cite jamais Marie. Cela dit, Il est clair chez Saint-Paul que ce sont les convoitises, donc le coeur mal orienté, qui font obstacle à la sanctification. Peut-être est-ce le sens de votre propos.
Vous avez parfaitement raison, saint Paul ne parle jamais de Marie. Le premier chrétien c'était bien entendu Jésus qui se fit baptiser par Jean. Mais le véritable théoricien des débuts du christianisme ce fut saint Paul qui mit au point la doctrine chrétienne bien avant les évangiles qui furent rédigés au début du 2ème siècle AD.
RépondreSupprimerCe que vous affirmez sont des sottises modernistes qui ne reposent sur rien. Le British Museum a un fragment de l'Evangile de saint Marc qui a été daté de l'an 45.
SupprimerJe n'ai jamais lu une telle stupidité ; ne serait-ce que parce que le Temple a été détruit en 70. il faudra vous y faire les évangiles ont été rédigés par des rédacteurs inconnus en GREC après l'an 100.
RépondreSupprimerDom Jean de Monléon a réfuté tout cela, commentant les encycliques de Léon XIII, saint Pie X et Pie XI (cf préface à Jonas). Les chrétiens ont tous échappé à la destruction de 70, prévenus par des Anges, réfugiés sur les hauteurs autour de la Ville, sinon l'Eglise aurait disparu à Jérusalem. Et les écrits de l'Ancien Testament auraient disparu également...Le 7Q5 a été daté très scientifiquement. Les Evangiles ont été rédigés par les Quatre Evangélistes, dont deux Apôtres et deux collaborateurs étroits d'Apôtres. Le grec était la langue vernaculaire, mais il existe une version primitive orale en araméen de l'Evangile de saint Mathieu.
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