jeudi 22 août 2013

[verbatim] "Tous les rapports sociaux traditionnels et figés, avec leur cortège de croyances et d’idées admises et vénérables, se dissolvent" [posté par RF]

[par RF] Sans commentaire inutile, je livre à votre lecture ce bref extrait sur la désacralisation de notre monde
"[...] La bourgeoisie a joué dans l'histoire un rôle éminemment révolutionnaire. Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l'homme féodal à ses "supérieurs naturels", elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant". Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale. La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent. [...]"
... et cet autre extrait, sur la mondialisation: industrielle et culturelle...
"[...] Par l'exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l'industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l'adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n'emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. A la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. A la place de l'ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l'est pas moins des productions de l'esprit Les oeuvres intellectuelles d'une nation deviennent la propriété commune de toutes. L'étroitesse et l'exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles et de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle. [...]"
Voila ce qu'écrivait Karl Marx ("Le Manifeste du Parti Communiste") il y a 5 ou 6 générations, et que ne lisent sans doute plus ni ceux qui se réclament encore de lui, ni ceux d'en face.

8 commentaires:

  1. Beau roman historique, qui n'a rien à voir avec l'histoire réelle. C'est lyrique certes mais scientifiquement cela ne tient pas debout. Bien entendu personne ne lit plus ce genre de prose.

    Comment à-t-on pu croire à des calembredaines pareilles :

    " Toute l’histoire de la société humaine jusqu’à ce jour est l’histoire de luttes de classes."

    Les choses sont un peu plus complexes que ce qu'exprimait Monsieur Karl Marx (rien sur le rôle du climat dans l'évolution des sociétés).

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  2. je ne vois pas bien où vous voulez en venir avec ces deux extraits fort connus de Marx . Car enfin , la charge de Marx contre la bourgeoisie n’est pas univoque , si je lis bien il la qualifie de “classe révolutionnaire” , ce qui dans son esprit est plutôt positif . Quant aux rapports sociaux qu’elle a abolis , il n’en parle pas sans ironie : “relations...idylliques” , “frissons sacrés de l’extase religieuse” , “sentimentalité petite bourgeoise”(ce qui d’ailleurs semble incompatible avec ce qui précède : “enthousiasme chevaleresque”), “illusions religieuses et politiques” , “voile de sentimentalité” , etc...Plutôt que désacralisation , il me semble que Marx veut plutôt dire “démystification” , ne pensez-vous pas ? j’en conclus que l’usage de ce texte est à double tranchant .

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    1. Ces deux extraits vous sont "fort connus", mais ne le sont pas pour tous. Quant à l'ironie, puisque vous êtes lecteur de Marx, vous savez qu'elle lui est aussi complètement étrangère. On ne la trouve pas plus dans son oeuvre que (par exemple) dans le code civil.

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  3. dans le message de/zomm on lit ceci :

    Lorsque nous avons le nez collé sur nos problèmes, nous sommes tentés de leur trouver des causes immédiates – et proches. Nous aimons alors penser que tout tient à un seul homme: si on ne se gare plus à Paris c’est un coup de Delanoë et de ses Verts; si l’enseignement va mal en France c’est à cause de Haby et de son collège unique; si le catholicisme recule chez nous c’est du fait de Bugnini et de sa messe.

    Je pense qu'on peut en dire autant du barbu Karl Marx qui pensait que tout ne tenait qu'à une seule chose : la lutte des classes. Comment des gens sensés ont-ils pu avaler des choses pareilles ?

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    1. Peut-être qu'en France c'était plus difficile à digérer qu'en Grande Bretagne où ce texte a été écrit et publié, ou encore en Russie où il a rencontré le succès que nous lui avons connu.
      Mais, si les pays catholiques avaient conservé une organisation sociale où la charité mettait de l'huile dans les rouages (y compris sous la forme du catholicisme social tellement décrié) et où la peur du qu'en-dira-t-on faisait le reste, la Grande Bretagne vivait très exactement ce que Marx a décrit. Et la Russie connaissait encore le servage... La France n'est pas le monde, non ?

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  4. Une chose est certaine: nous ne pouvons pas retenir au siècle XIX, ou aux siècles précédents. Et les erreurs des hommes ne peuvent pas être attribués à une seule personne. Si la politique est mauvaise, si la société va mal, si l´église va mal, tous les hommes sont culpables, quand ils laissent de côté l ´honnêteté, la justice, etc. Les parents qui ne savent pas éduquer leurs enfants,des hommes qui veulent seulement profiter de son prochain... L´homme moderne n´a pas d´honnêteté, il n´a pas aussi de caractère, etc. Manque honte... Lorque nous laissons de valoriser ce qui est juste, l´erreur s´instale partout. Sur la désacralisation et autres problèmes dans l´église, cela vient de que l ´homme moderne a mis Dieu à la deuxième place dans sa vie. Et les evêques et les prêtres sont aussi coupables, parce qu´ils généralement , pensent en leurs propres intérêts. Il ne donnent pas exemples d´amour, de charité, de patience. Il suffit de voir la désunion au sein de l´église: celle-ci est divisée et le clergé ne sait pas comment retourner à l ´unité, parce que chacun pense avoir la raison et préfére accuser l ´autre que de voir leurs propres torts... Tout cela c´est parce que ils ont perdu le sens de l ´Èvangile. Lorqu´ils reviennent a mettre Dieu en premier, tout va changer.

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  5. De quel coté se situe Marx- sans ironie- , du coté de la bourgeoisie qui fait avancer l'histoire en détrusiant les vieux rapports ou du coté de ceux qui tiennent à une autre vision de l'histoire? Bref du coté des victimes ou de ceux qui exploitent?
    D'ailleurs tout le monde connait la blague qu'on se répétait dans le pays socialistes avantla chute du mur :
    "Qu'est ce que le capitalisme ?
    L'exploitation de l'homme par l'homme.
    Qu'est ce que le socialisme : le contraire "
    N'a-t-on pas tourné en rond depuis 150 ans -non sans d'immenses dommages collatéraux- en partant d'une analyse, certes brillante, mais qui n'apporte aucun vrai remède en voyant plus haut.

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  6. on peut s'interroger sur la continuité d'un concile (qui s'est d'ailleurs pensé lui-même comme explicitement pastoral, cf de nombreuses déclarations de JXXIII et PVI) avec la doctrine antérieure de l'Eglise ( le pire me semble être cet esprit profane d'ouverture au monde issu de Gaudium et Spes et dont les considérations pseudo-sociologiques semblent justifier un accord entre l'Eglise et le monde moderne- alors que NS jésus parle fréquemment du monde en un sens qui n'a certes rien de positif ( le monde= le Diable, Satan, prince de ce monde). Cela déjà suffit à juger l'arbre à ses fruits. De là découlent aussi tous les maux du modernisme à outrance dont nous souffrons tous les jours: c'est l'abomination de la désolation, la ruine du sanctuaire, le terrain déblayé pour l'arrivée de "quelque chose" qui alors ne rencontrera plus de résistances, puisque l'Eglise aura été neutralisée en tant qu'obstacle à la réalisation de ses desseins. Tout cela fait frémir assurément. " Inveniet fidem?"

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