[par RF] Étrange visite que celle du Saint Père, aujourd’hui au Parlement Européen et au Conseil de Strasbourg. Arrivé à 10H00, François a redécollé un peu moins de quatre heures après. Des journalistes étaient là, tout de même plus nombreux que pour les femen qui la veille s’étaient invitées à la cathédrale de Strasbourg. Les rues étaient vides, personne ou presque sur le trajet; à en juger par les mises à jour du site des Dernières Nouvelles d’Alsace, la ville semblait surtout s’intéresser à l’impact (somme toute très modeste) du dispositif de sécurité sur la circulation. Etrange visite également quand Marie-Georges Buffet (communiste) recommande la lecture des textes de François, en réponse à Jean-Luc Mélenchon (socialiste de gauche) qui estimait que la place d’un pape serait plutôt à la cathédrale. Les autorités civiles avaient tout de même prévu quelques gestes protocolaires, un lever des couleurs par exemple – sans elles la visite tenait en une heure.
Bref, on est loin, très loin des voyages de Jean-Paul II ou de Benoît XVI: François tient à être banal dans sa forme et il y réussit assez bien. Or on se mobilise mal autour de la banalité; et puis il y a le contexte, la perte de poids continue du catholicisme dans la société française. Il y a encore trente ans, le gros du pays conservait comme l’écho de ce qui avait été sa religion. Les prélats bénéficiaient encore de certains égards, auprès des représentants de l’Etat et des médias; certains d’entre eux récusaient ces privilèges que peu de gens songeraient aujourd’hui à leur reconnaître. Les mots de notre foi étaient peut-être mal compris, mais ils restaient connus du grand public. Tout cela s’efface. Faites demain le test de demander à dix passants le nom de leur évêque, c’est... édifiant.
Il y a eu une génération Jean-Paul II, et Benoît XVI ; il n’y aura probablement pas de génération François: non pas par manque de ‘François’, mais par manque de ‘génération’. François a surpris et désarçonné plus d’un fidèle depuis 20 mois qu’il est pape. Sans doute veut-il remettre en cause des certitudes trop faciles, des habitudes trop confortables, pour ouvrir son troupeau à la périphérie? Il ne m’appartient pas d’en juger. Mais dans la France de 2014, il n’y a plus trop de brebis en-dessous de 40 voire 50 ans. Les rares qui restent sont régulièrement dans une opération survie de leur foi, déjà mise à mal par le monde tel qu’il va, et qui n’a certes pas besoin d’être bousculée. François est comme ces politiciens atypiques, qui séduisent surtout hors de leur camp, des gens qui les trouvent sympathiques mais ne vont pas jusqu'à les rejoindre.
Bref, on est loin, très loin des voyages de Jean-Paul II ou de Benoît XVI: François tient à être banal dans sa forme et il y réussit assez bien. Or on se mobilise mal autour de la banalité; et puis il y a le contexte, la perte de poids continue du catholicisme dans la société française. Il y a encore trente ans, le gros du pays conservait comme l’écho de ce qui avait été sa religion. Les prélats bénéficiaient encore de certains égards, auprès des représentants de l’Etat et des médias; certains d’entre eux récusaient ces privilèges que peu de gens songeraient aujourd’hui à leur reconnaître. Les mots de notre foi étaient peut-être mal compris, mais ils restaient connus du grand public. Tout cela s’efface. Faites demain le test de demander à dix passants le nom de leur évêque, c’est... édifiant.
Il y a eu une génération Jean-Paul II, et Benoît XVI ; il n’y aura probablement pas de génération François: non pas par manque de ‘François’, mais par manque de ‘génération’. François a surpris et désarçonné plus d’un fidèle depuis 20 mois qu’il est pape. Sans doute veut-il remettre en cause des certitudes trop faciles, des habitudes trop confortables, pour ouvrir son troupeau à la périphérie? Il ne m’appartient pas d’en juger. Mais dans la France de 2014, il n’y a plus trop de brebis en-dessous de 40 voire 50 ans. Les rares qui restent sont régulièrement dans une opération survie de leur foi, déjà mise à mal par le monde tel qu’il va, et qui n’a certes pas besoin d’être bousculée. François est comme ces politiciens atypiques, qui séduisent surtout hors de leur camp, des gens qui les trouvent sympathiques mais ne vont pas jusqu'à les rejoindre.
Strasbourg vide ... Le pape n'a pas voulu voir les Alsaciens. Les Alsaciens n'ont pas voulu voir le Pape. Visite aussi courte que... triste
— Jean-Marie Guénois (@jmguenois) 25 Novembre 2014
Très beau commentaire qui a la splendeur du vrai ( sans aucune ironie )
RépondreSupprimerMerci.
Triste commentaire qui passe, et tente de nous faire passer, à côté de l'essentiel... Comme quoi, le petit micro-cosme tradi reste désespérément attaché aux formes, aux à-côtés, aux détails, à l'écume des jours... Ainsi, le Pape est venu faire un discours et pour rendre ce discours d'une importance incontournable, pour faire en sorte qu'on ne parle que de l'essentiel, que du fond, il a évité tout déploiement de pompe (comme à son habitude d'ailleurs...). Mais peu importe : les tradis à frou-frou vont donc 'commenter' (lire 'critiquer' car on ne se refait pas...) l'absence de forme et passer comme d'habitude totalement à côté du fond. Pour les tradis, on pourrait ainsi adapter le célèbre proverbe : "Le sage montre la lune et le tradi critique le doigt non ganté"...
RépondreSupprimerSi le traditionalisme était positif et bienveillant, peut-être attirerait-il autrement que des aigris et des commères ?
Dans l'Evangile, il y a une seule colère du Christ et des centaines de preuves de bonté et de douceur... Chez nous c'est exactement l'inverse.
La saison a beau être douce, me voici chaudement habillé pour l’hiver, selon l’expression populaire et par les soins d’Antoine. Hélas! il me pare de ‘frou-frou’, préoccupé d’écume et d’accessoire, et de doigts gantés. C’est bien aimable mais… je ne trouve pas mon compte dans ces atours qu’il me prête bien trop généreusement. Et je ne reconnais pas le milieu traditionaliste comme un ‘microcosme’ : non pas que nous soyons nombreux, mais microcosme implique un repli sur soi, un enfermement, dont je n’observe pas qu’il soit général ni même habituel. Et je n’y ai pas rencontré tellement plus de commères ni d’aigris ni de désespérés qu’ailleurs. Et puis voilà.
SupprimerA dire vrai , C'est aussi ce que j'ai pensé, comme Antoine . Le Pape François vient d'Amérique latine où si la ferveur populaire y est plus intense qu'en Europe les "élites" et autres politiques ne sont pas forcément tolérantes et ce Parlement Européen ne lui est pas, à priori, acquis d'avance.
SupprimerLa prudence est une vertu.
St JPII,de par son expérience du rideau de fer, avait de quoi clouer le bec aux prétentieux qui oseraient afficher un " laïcisme cent pour cent pur porc".Les temps ont changé et la christianophobie est de retour .
Aussi ,comme vrai catholique, je comprends et participe à la déception des strasbourgeois.Déception courte car seul importe le résultat , l'attention portée aux paroles du Christ par l'intermédiaire du successeur de Saint Pierre.
Et puis l'humilité est pour nous catholiques un vrai baume.
Excusez moi Antoine , mais dans l’Évangile il n'y pas qu'une seule colère du Christ mais plusieurs quand il interpelle rudement ses interlocuteurs. et même ses apôtres. Et puis de manière générale l'évangile est tout sauf du bisinounours, une interpellation souvent directe, exigeante qui démasque notre attachement à notre petite personne. même s' il y a aussi des preuves d'amour et de bonté, qui ne doivent pas écarter le Christ de sa mission......
SupprimerLe discours au Parlement européen (je n'ai pas assez bien analysé celui prononcé au Conseil de l'Europe) me laisse l'impression d'une grande banalité. Au point que j'ai du mal à comprendre qu'on fasse se déplacer le pape là où une bone téléconférence aurait largement fait l'affaire. François veut tellement une "Eglise pour les pauvres" que les Alsaciens sont confinés dans la cathédrale à le regarder sur écran géant, il ne prend même pas la peine de les saluer, ni d'aller se recueillir dans ce joyau du patrimoine chrétien et dédié à Notre-Dame. C'est encore une fois Jean-Luc Mélanchon et certains "liseurs" du forum catholique qui ont vu juste: avec l'existence de skype, ce voyage pontifical ne se justifiait que si Pierre ancrait sa barque dans la cathédrale.
RépondreSupprimerLe discours de François ne supporte pas la comparaison avec celui de saint Jean-Paul II devant les mêmes instances ou de Benoît XVI aux bernardins. Une Europe qui respire sur ses deux poumons a plus de perspective qu'une Europe grand-mère. Il serait cruel d'expliquer cela parce que le pape vit avec un poumon...
Mais on ne voit pas la cohérence de la proposition pontificale: en quoi le primat personnaliste de François, qui le place dans la continuité de ses prédécesseurs, pourrait-il contrer concrètement l'individualisme consumériste? Comment une Europe non protégée pourrait-elle faire rayonner sur le marché mondial un art qui a perdu toute identité distinctive? Comment pourrait-ele réconcilier avec elle un citoyen solitaire, auquel le pape propose d'adhérer paisiblement à la flexisécurité qui le précarise?Quelle est la politique migratoire de l'Europe passoire préconisée par François? est-il raisonnable de proposer l'extension aux Balkans de notre UE mal élargie? Ce discours n'aurait-il pas gagné à ce que la rédaction en soit approfondie?
En quoi le personnalisme du pape entraîne-t-il, dans la généalogie des idées, la substitution anthropologique du modèle familial au modèle individualiste? Mais même sur ce point, le grand écart synodal donne-t-il la certitude que françois marche sur ses deux jambes? L'adhésion de françois à ce modèle est-elle crédible?
François fait pourtant un rappel utile: la société des "droits humains" [sic] ne doit pas faire oublier que l'homme est aussi un sujet de devoirs.
Au lendemain de ce discours, un sujet du journal de "france culture" que j'écoute en écrivant ces lignes était consacré à célébrer les quarante ans du discours de Simone veil. Les producteurs des "matins" ne relayent le discours du discours du pape qu'en interviewant florian PHilippo, par ailleurs relégué par le discours centriste de François aux marges de la politique. Le péronisme est-il soluble dans l'eurobéatitude?