Monde & Vie : le magazine de l’identité chrétienne
Jean-Marie Molitor, qui dirige la publication, m’a demandé de prendre en charge la rédaction en chef du magazine Monde & Vie qu’il assurait depuis quelques mois.
Comment conjuguer christianisme et politique ? C’est la question récurrente. Le christianisme n’est pas et ne sera jamais un communautarisme. Mais c’est le levain dans la pâte humaine dont parle l’Evangile, un levain qui manifeste toujours, chez ceux qui l’ont laissé agir en eux, une liberté d’esprit et de cœur.
Notre christianisme ne nous transforme pas en brebis dociles de chapelles putatives. Nous continuerons à nourrir une critique sereine de toutes les pseudo-modernisations du christianisme. Le vin nouveau du Seigneur ne doit pas être mélangé dans de vieilles outres trop humaines avec des préoccupations stratégiques souvent myopes et périmées. Par ailleurs, notre ambition est de travailler pour un bien vraiment commun et de dépasser les conflits entre les catholiques, qui ne sont guère de saison. Il faut montrer la vigueur de la nouvelle génération, qui a manifesté sa force de conviction dans les grandes manifestations contre le mariage homosexuel, et qui cherche à s’engager, à se former sur tous les plans, à vivre de sa Foi, selon une expression souvent reprise par saint Paul.
Face au déchaînement consensuel des clichés de la Pensée unique, nous discernons un ennemi – non pas une personne ni un groupe de personnes, mais un esprit : l’esprit libéralo-libertaire. De Léon XIII à Jean-Paul II combien de grands papes ont averti qu’ils voyaient dans le libéralisme non pas seulement un principe régulateur des engrenages économiques mais une constante anthropologique globale, que l’on retrouve aussi bien dans le refus a priori des traditions religieuses, dans la lutte politiquement programmée contre toutes les formes de la loi naturelle, dans la pseudo-foi en une Tolérance majusculaire qui interdit toute affirmation de valeurs transcendantes.
La force de Monde & Vie, c’est la liberté avec laquelle nous disons et redisons notre conviction : entre l’individualisme opaque et le mondialisme idyllique (deux faces de la même médaille), l’attachement de l’Occident aux nations qui l’ont animé est une nécessité vitale. « Les nations disait Jean-Paul II à l’UNESCO en 1980 sont les grandes institutrices des peuples ». Les peuples qui ont perdu ces institutrices irremplaçables sont condamnés à régresser dans l’histoire humaine et à devenir des peuples de sauvageons.
Face à la perspective d’un suicide français, nous parions pour la mémoire collective, pour cette identité historique qui est inscrite dans notre langue, dans nos paysages et dans nos monuments. Nous pensons qu’en France, le sursaut est possible, que les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques.
Nous défendons l’Eglise pour la France, mais aussi la France pour l’Eglise.
On vous dit que cette position est ringarde ? Nous sommes persuadés que c’est la seule attitude qui ménage un avenir à nos enfants. Et un vrai devenir à notre pays !
Abbé G. de Tanoüarn
Rédacteur en chef
Désolé de ce programme lamentable. Les français non (viscéralement) catholiques, vous en faites quoi ? De mauvais français ? De faux français ? Des français renégats ? On les interdit d'emploi public, d'allocations, déchoit de leur nationalité, on les expulse ? Et après tout, non, je ne suis pas (seulement) désolé: je suis content que, dans cette proclamation, le fond (viscéral) de votre sectarisme se soit trahi (trahi, tradi...).
RépondreSupprimerAvec le renouveau , il n'y aura plus que de vrais français, de coeur!
SupprimerLes autres .... quels autres ? Ceux qui se cramponneront à leurs passés des ridicules et pesantes utopies ,il en restera bien quelques spécimens dans un musée créé pour eux . Histoire d'amuser les gosses.
au revoir M. l'abbé, c'en est trop pour moi : la pseudo-chrétienne qui "vous portait chance", dans ses prières : va voir ailleurs : le Christ a dit : "mon royaume n'est pas de ce monde" : vous le trahissez. La révolution nationale sous couvert de religion soit disant "recconcilliée" avec Rome, "uniquement sur le papier" : ne passera pas : Il a dit : le Ciel et la terre passeront (et donc cette politique qui régit maintenant vos éditoriaux) : mais : Ses paroles à Lui ne passeront pas : je crois que la chapelle "commence à bouger " et donc à comprendre : mon "objection" passera-t-elle ? je crains que non : trop "dangereux", que pourriez vous dire ?
RépondreSupprimerChère anonyme de 23H52... c'est le principe de la porte ouverte: on entre comme on veut, que ce soit dans une chapelle ou sur un blog. Le corollaire est qu'on sort de même. Quitte à re/rentrer, quand on voudra. Voila pour le cadre général.
RépondreSupprimerJ'aurais voulu répondre aussi sur votre cas particulier, de même que sur celui de G2S. Mais j'ai beau relire le texte-programme de l'abbé, je ne vois pas ce qui peut vous y choquer, pour peu que vous lisiez le texte tel qu'il est écrit... et non ce que peut-être vous craigniez (ou souhaitez) y trouver. Car enfin, ce programme ne sort pas du principe évangélique: Rendre à César ce qui est à César... rendre à Dieu ce qui est à Dieu.
Ce principe est communément accepté par tous en Occident, y compris par les laïcards, encore qu'ils estiment parfois qu'il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, rendre à César ce qui est à César ... mais que bien sûr tout serait à César!
Dans cette optique, tout l'espace public (la rue mais aussi les médias) relève de César, de même que toute question sociale: vie humaine, éducation, enseignement, économie, migrations, etc.
Notre intention n'est certes pas de nous plier à cette pirouette.
"...les Français vont à nouveau s’aimer eux-mêmes et s’aimer entre eux, pour se redécouvrir tels qu’ils sont : viscéralement catholiques. "
SupprimerUn peu contradictoire avec "Rendre à César...", non ?
Christianisme ; religion de la révélation par le Christ.
RépondreSupprimerPolitique : moindre mal pour pouvoir vivre en société. Abandons de liberté en échange de biens. Ces biens sont-ils communs ? Chacun ne recherchera pas les mêmes choses dans l'échange.
Donc, christianisme et politique, sont des ordres différents. L'indépendance du politique par rapport au religieux a été voulue par le Christ « Rendez à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu ». Toutes les religions pratiquées par les français ne semblent pas admettre cette indépendance.
La question importante, pour moi, est le périmètre d'intervention du politique. Quand ce périmètre devient trop grand, inéluctablement, cela va susciter des désaccords entre citoyens. Nous pouvons trouver un accord sur les fonctions régaliennes, cela sera déjà plus difficile pour déterminer quelle politique ces fonctions régaliennes vont appliquer. Or aujourd'hui en analysant le périmètre d'intervention de l'état en termes de coûts nous constatons que ce périmètre est vingt fois plus important que les fonctions régaliennes (coût des fonctions régaliennes : 2,8% du PIB, dépenses controlées par l'Etat : 56 % du PIB).
Or plus ce périmètre sera important, plus le risque de collision avec ma foi sera important. Les bricolages sociétaux me gênent beaucoup.
Catholique : ce mot n'est-il pas devenu un mot-valise qui recouvre des réalités ou des conceptions bien différentes et parfois contradictoires. Qui peut dire qu'il est vraiment catholique ? La vérité existe, j'en suis convaincu, mais y avons-nous accès en plénitude ? Je ne le pense pas. « Je suis la Vérité » et « Je suis le Chemin » ; pouvons-nous en déduire que dans ce monde la Vérité est un chemin ? Je le pense.
Bien commun : chez Saint Thomas, le bien commun c'est Dieu. Je suis beaucoup plus méfiant sur cette notion de bien commun en dehors de cette définition. En effet, qui va nous dire ce qu'est le bien commun ? Et qui va le mettre en œuvre ? Deux occasions de prise de pouvoir. Je suis très méfiant sur le pouvoir qu'un homme peut exercer sur un autre. Je ne pense pas que tout pouvoir soit intrinsèquement pervers, il est nécessaire. Mais l'abus est tellement facile et tellement tentant...
Loi naturelle : s'il s'agit d'un corpus de lois qui seraient pré-cablées dans notre cerveau, je n'y crois pas. S'il s'agit de l'expérimentation, de la transmission et de la reconnaissance par la conscience que lorsque Dieu a crée notre univers, il y a intégré des lois, alors peut-être, par analogie avec le principe anthropique.
Tolérance : s'il s'agit de penser que toutes les opinions sont bonnes, non ! Comme disait Bachelard, toutes les opinions sont mauvaises. Je pense qu'entre l'opinion fondée sur du sable et le savoir (rare) fondé sur le roc de l'expérience de la réalité et de la raison, il existe une notion de croyance, appelée foi chez les chrétiens. Nous disons « Je crois en Dieu » et non pas « je sais que Dieu existe ».
S'il s'agit de respecter l'autre, en tant qu'homme, et homme attaché à une croyance que nous ne partageons pas, oui !
Fin du commentaire précédent
RépondreSupprimerNation : structure humaine et donc provisoire. Nous avons besoin de structures qui nous soient proches et qui nous soient compréhensibles et compréhensives. Les structures humaines sont là pour nous aider à cheminer. Nous ne pouvons tout simplement pas vivre sans ces structures. Notre famille nous a fait naître et nous a assistés pendant une longue phase d'apprentissage de l'autonomie. Nous avons besoin d'autres structures pour satisfaire nos besoins (famille, associations, entreprises, structures politiques, etc.). Mais, pour paraphraser Valéry, nous avons appris que nos structures sont mortelles. Et sans doute d'autant plus mortelles qu'elles ne seront pas évolutives. Et c'est à nous de les faire évoluer. Je ne pense pas que l'évolution soit bonne ou mauvaise en soi, mais je constate que nos structures ont évolué.
La France est un concept très difficile à cerner. Cela me dit évidemment quelque chose, surtout au niveau des sentiments et ma connaissance historique. Mais mon voisin n'en n'aura sans doute pas la même appréhension, qui sera encore différente de celles de nos aïeux, vraisemblablement toutes différentes. La nation française est encore autre chose. Elle n'est pas équivalente à la France. La nation est une structure politique, pas la France.
La France recouvre des notions d'expériences, de culture, de civilisations, de caractéristiques propres à ceux qui se reconnaissent comme « français ». Cela ne recouvre pas obligatoirement une origine française, mais une reconnaissance qu'entre les différentes nations, l'on se sente plus français qu'allemand ou italien.
Il semble que ce concept de France ait perdu de son attractivité. C'est grave, dans la mesure ou, si un concept n'est plus reconnu comme attractif, il peut disparaître.
Le français est-il viscéralement catholique ? Bien sûr une longue tradition nous lie à l'Église catholique. Mais mes ancêtres protestants sont-ils moins français que moi ? Tel israélite, musulman ou agnostique qui se reconnaît dans le concept de France, est-il moins français que moi ? Je ne le pense pas.
@RF,
RépondreSupprimerPour être juste, si les laïcards pensent que "tout est à César", les traditionalistes version feu Jean Madiran ont tendance à penser que "tout est à Dieu" (c'est lui qui a trouvé cette pirrouette).
@G2S et l'anonyme qui tire sa révérence, pas d'anachronisme ni de procès d'intention! L'histoire ne se répète pas, même si elle bégaye souvent. La Révolution nationale n'est pas le modèle a priori de la réconciliation nationale de l'Eglise et de la France souhaitée par l'abbé dans ce texte manifeste plus que faire-part. IL faut réconcilier les nations de l'Europe chrétienne avec l'eglise universelle qui les a inculturées et parier en occidental que les nations son le cadre politique naturel, postule l'abbé. Mais le sont-elles du seul Occident ou du monde entier ? Malgré qu'on en ait, les résurgences nationales sont un fait observables, y compris en Europe, depuis deux décennies et les dernières guerres balkaniques. Il se peut même que les dangers du nationalisme nous préservent de ceux de l'ethnicisme ou du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" absolutisé en autodétermination systématique, même là où les frontières des peuples débordent les intégrités territoriales de ces éléments de stabilité souvent fabriqués que sont les nations.
@Monsieur l'abbé,
que devons-nous entendre par "faire-part"? Est-ce la mort annoncée du métablog que vos nouvelles fonctions de rédacteur en chef de "Monde&vie" vous empêchent désormais de tenir? Déjà, vos articles se raréfient. En ce cas, publiez, je vous en prie, une version numérique de "monde et vie" comme j'en ai adressé la demande à votre rédaction dans un message téléphonique. Mais la rédaction de "Monde&vie" non plus que vous-même ne répondez souvent aux messages qu'on vous envoie. Si c'est pour faire ainsi, pourquoi donner votre numéro de téléphone? Que dieu vous accompagne dans vos nouvelles fonctions qui précisent et unifient votre charisme de prêtre, journaliste et philosophe!
Julien, bien décidé à continuer de tout vous pardonner, mais ne vous passer rien.
@Julien
J’aurais toujours plaisir – à ma modeste place – d’échanger avec vous . Même si je ne suis pas d’accord. Toute discussion suppose au moins un léger désaccord au départ.
Maintenant pour revenir au chrétien et César je vous livre cette réflexion de Théodore Haecker un philosophe allemand converti au catholicisme sous l’influence de Newman, qui a été l’inspirateur secret de « la Rose Blanche »
« Les chrétiens ont été persécutés par l’Etat romain au nom d’un comportement que ce dernier considérait comme politique, parce qu’ils voulaient certes donner à César ce qui est à César sans se laisser dépasser par quiconque sur ce terrain) mais ils ne voulaient pas lui donner ce qui ne revenait qu’à Dieu, et parce qu’ils croyaient qu’il ne revenait que de l’autorité de l’Eglise de décider ce qui était à César, et ce que qui ne l’était pas. – des avis de toutes sortes peuvent effet se faire jour. Le plus élevé décide de ce qui est inférieur. ; même parmi des pairs, il y aurait encore un premier. Tel était l’ordre, ainsi était il, et sera –t-il."
Citation tirée du livre: "Le chrétien et l’histoire" éditions des Provinciales Cerf , traduction de Cécile et Jacqueline Rastoin