Voici la lettre que j'ai reçu à propos du post sur Amoris laetitia : elle est signée, donc à prendre en considération :
"Cher Monsieur l'abbé, C'est malheureusement de plus en plus souvent avec douleur ou perplexité qu'il m'arrive de vous lire. Je me demande si vous croyez un mot de ce que vous écrivez, ou si tout cela n'est plus finalement qu'un jeu, voire une posture : celle du prêtre traditionaliste, identifié comme tel, qui systématiquement désormais prend le contre-pied de l'opinion attribuée à ses confrères.
Je sais ce que je vous dois, que je vous suis redevable de principes, et surtout d'un certain sens de l'équilibre qui dans la réflexion comme dans la vie chrétienne m'a évité bien des écueils et tiré de bien des mauvais pas, jusqu'à aujourd'hui : mais c'est précisément la raison pour laquelle ce que vous écrivez ou déclarez m'inquiète de plus en plus, ce qui m'a poussé à laisser ce commentaire en délaissant tout anonymat.
Je dois avouer que je ne vous reconnais plus, et que je doute, si je revenais aujourd'hui au Centre Saint-Paul, que j'y trouverais encore ce que j'ai pu y trouver il y a plusieurs années maintenant".
Fermez le ban !
Cher François, si vous ne me reconnaissez plus, c'est sans doute d'abord parce que cela fait plusieurs années que - pour une raison que j'ignore - vous n'êtes pas passé au Centre Saint Paul ni n'avez cherché à me téléphoner ou à me donner de vos nouvelles. J'espère que tout va bien pour vous...
Je ne prends pas position à plaisir contre mes confrères. D'ailleurs je publie dans Monde et vie des critiques de l'Exhortation apostolique signées Jeanne Smits (une consoeur journaliste) et je participerai mardi à une émission sur RC (Les hommes en noir avec Philippe Maxence à midi) où les critiques risquent d'être nombreuses. Je n'ai jamais été contre les critiques respectueusement adressées à un pape, je crois que ces critiques entretiennent la vigilance des brebis, ce qui n'est pas un luxe par les temps qui courent.
Allez, je vais d'ailleurs faire une critique au Saint père. Je n'ai encore rien écrit sur son attitude par rapport aux migrants. Elle est complexe, certes. Elle se veut chrétienne. Mais j'ai du mal à admettre qu'il ne soit revenu, lui, le Père des chrétiens, avec aucun chrétien de l'île de Lesbos. Problème de papiers ? Parce que le pape ne pouvait pas faire en sorte qu'ils les aient leurs papiers, ces chrétiens ? Non la question n'est pas là. Ce retour avec trois familles musulmanes était un symbole. Le pape se veut "le serviteur de tous", "le père de tous", et il est dans son rôle quand il manifeste cette universalité de son ministère, au-delà des confessions et même des fois.
Certes la papauté a un rayonnement universel. Mais cette universalité, cette catholicité, il ne faut pas la vider de toute substance et, alors que les chrétiens d'Orient sont notoirement balancés par dessus bord dans certaines embarcations de migrants, on a l'impression que le pape collabore à cet état d'esprit et que lui aussi les rejette par dessus bord en n'en prenant aucun dans son avion...
Certes, c'est le fils prodigue, qui, un court instant, semble avoir la préférence du père dans la parabole. Mais, dans cette Parole du Christ, le père se retourne vers le fils aîné pour lui dire : "Tout ce qui est à moi est à toi", ce qu'il ne peut pas dire à son cadet... La joie procurée par retour du fils prodigue ne lui fait pas oublier l'affection profonde qui le lie à son aîné.
Qu'est-ce que cette parabole signifie. Dans le langage thomiste que j'utilise et qui en vaut bien d'autres, il faudrait dire : la paternité du pape est certes universelle mais cette universalité n'est pas univoque, la paternité du pape n'est pas la même pour tous. Elle ne se laisserait pas réduire à une définition à une représentation, à un concept qui serait le même pour un bouddhiste, pour un musulman, pour un chrétien et pour un catholique. Il faut donc dire que cette paternité universelle est aussi analogique, elle est analogiquement universelle, comme est analogique la notion d'appartenance universelle à l'Eglise (IIIa Q8 a3). Qu'est-ce que cela veut dire ? Ce serait vider cette paternité de sa signification que d'imaginer qu'elle s'exerce de la même façon pour tous les hommes. Ce serait vider la notion d'appartenance à l'Eglise de sa substance que de dire - parce qu'elle est vraiment universelle - qu'elle s'exerce de la même façon dans tous les hommes, comme s'ils étaient identiquement appelés. La formule de l'analogie est donnée par Aristote au chapitre 5 du livre 12 de la Métaphysique : "autre dans les choses autres". Il faut donc bien admettre que le pape est autrement le père des chrétien et autrement le père des musulmans. Il est d'abord le père des chrétiens et de façon seconde quoique tout aussi inoubliable, le Père de tous les hommes. On l'appelle pour cette raison le Saint Père et, pour les chrétiens, sa paternité comporte une forme de protection. François, pape de Rome, a un rôle de protection vis-à-vis des chrétiens que, - pour cette fois publiquement - il n'a pas voulu remplir. Pas sûr que ce déni, pas sûr que cette attitude symbolique soit bien comprise, non seulement des chrétiens mais des musulmans eux-mêmes.
Je fais cette critique respectueuse au Père commun pour vous montrer, à vous François H, que mon papier dans Aleteia (voir post précédent sur ce Blog) n'est ni le reflet d'une stratégie personnelle ni une nouveauté comme vous m'en accusez en termes à peine voilés. Je crois payer assez cher ma liberté pour l'exercer.
En l'occurrence, si l'on revient à l'exhortation Amoris laetitia, j'ai fait, il y a vingt-cinq ans, ce qui, sur le fond, est le même papier, avec les mêmes citations de saint Thomas, mais c'était à propos de Veritatis splendor, célèbre encyclique de Jean-Paul II. J'accusai alors le pape de développer une morale "objectiviste", kantienne dans son déploiement catégorique, ignorant les ressources prudentielles de la morale aristotélicienne et oubliant la casuistique catholique. Cet article critique du pape alors régnant était parue dans Fideliter. Il avait été bien reçue par la FSSPX à laquelle j'appartenais alors. Je ne vois pas pourquoi, aujourd'hui, alors que François intègre à l'enseignement de Jean-Paul II la dimension subjective (ou intentionnelle) de toute morale, citant longuement la IaIIae Q94 a4 sur l'analogicité de la loi naturelle, non, je ne vois pas pourquoi je ne ferai pas entendre le même son de cloche. Il se trouve que cette fois je suis d'accord, au nom de saint Thomas d'Aquin dans le texte, avec le pape régnant... Est-ce que je n'aurais pas le droit d'être d'accord avec le pape ? Au nom de quoi ? De qui ? De mes confrères dites-vous ? Lesquels ? Ceux, nombreux, qui me félicitent aujourd'hui ? Quel sens cela a-t-il ? Magis amica veritas... Je parle de cette part de vérité que j'ai aperçue depuis longtemps dans le thomisme et que je n'aurais pas le droit d'exprimer parce qu'elle s'éloigne de la doxa traditionaliste du moment. Je n'ai jamais préféré la doxa à ce qui me paraissait être la vérité. Au séminaire déjà, cela m'a couté cher.
Mais parlons stratégie, puisque ce non-dit de votre texte semble l'envelopper tout entier. Vous ne vous livrez à aucune remarque de fond. Vous ne discutez aucune citation. Aucune interprétation. Vous me reprochez simplement d'avoir changé... Il faut distinguer deux types de stratégie : les stratégies personnelles. Je n'en ai aucune. Et les stratégies collective, qui renvoient à la description, forcément partielle d'une orthodromie de l'ensemble des chrétiens. J'ai une stratégie collective et celle-là c'est vrai a changé depuis vingt ans.
Il y a vingt ans, je croyais aux vertus de la Résistance ecclésiale, au nom d'un trésor liturgique à transmettre et de reproches doctrinaux précis que j'ai mis dans mon livre Vatican II et l'Evangile (épuisé mais disponible sur Internet) et dans le document de synthèse concluant ce que nous avions appelé, avec quelques amis, le symposium de Paris (c'est l'annexe 3 de ce livre).
La résistance liturgique a trouvé un écho romain dans le Motu proprio de 2007, exauçant une demande de la FSSPX. Ce MP pourrait et devrait être mieux respecté. Mais il est là, c'est un merveilleux instrument pour diffuser le rite traditionnel, sa puissance spirituelle unique, sa force dont l'Eglise ne peut pas se passer.
La contestation doctrinale respectueuse est reconnue comme un droit théologique, en particulier dans les statuts de l'Institut du Bon Pasteur auquel j'ai l'honneur d'appartenir. L'abbé Laguérie, supérieur, a estimé prudentiellement qu'il n'était pas temps de se livrer à une critique collective organisée des "nouveaux théologiens" pour prendre une expression de Péguy. En tout cas, nous en avons les moyens juridiques. Sans doute manquons nous des moyens intellectuels... Ce sera quand Dieu voudra.
Face à cette double légitimité reconnue à Rome, alors oui, j'ai changé. Je ne me sens pas le droit de m'immobiliser dans une attitude de refus ou de résistance, si cette résistance s'en prenait à des gens qui vont dans le même sens que moi et sont dans le même bateau, l'Eglise. "Nul n'est de trop dans l'Eglise". Ce que Benoît XVI disait en parlant des traditionalistes vaut pour tous les chrétiens sincèrement attachés à la Parole du Christ. De même que personne n'avait le droit de nous exclure de l'Eglise, nous traditionalistes, de même nous n'avons pas le droit aujourd'hui d'exclure les chapelles rivales au nom d'une vieille tendance au monopole. C'est dans ce contexte que nous avons à chercher l'unité de l'Eglise. Chaque fois que je vais à Rome, je suis saisi par la fragilité du Bâtiment. Nous devons, nous ses fils, tout faire pour que cette Institution vénérable, aujourd'hui attaquée et par les Institutions internationales et par l'islam terroriste et par les évangélistes fondamentalistes, puisse continuer à délivrer le message du Christ. Le pape François a évoqué une situation apocalyptique, comme étant celle dans laquelle nous nous trouvons. Il a conscience de la gravité de la situation, devant laquelle le souci d'exhiber nos petites différences doit disparaître.
Voici la situation telle qu'il l'a peinte lui-même au cours d'une messe à Sainte-Marthe. Ce texte est paru sur zenit le 12 avril dernier :
« Nous vivons une persécution, je dirais un peu ironiquement, « éduquée ». C’est quand l’homme est persécuté non pas pour avoir confessé le nom du Christ, mais pour avoir voulu manifester les valeurs du Fils de Dieu. C’est une persécution contre Dieu le Créateur, dans la personne de ses enfants ! Et ainsi nous voyons tous les jours que les puissances font des lois qui obligent à aller sur cette voie, et une nation qui ne suit pas ces lois modernes, ou au moins qui ne veut pas les avoir dans sa législation, en vient à être accusée, à être persécutée « poliment ». C’est la persécution qui coupe à l’homme la liberté de l’objection de conscience », a fait observer le pape.
« Cela, c’est la persécution du monde » qui « coupe la liberté », alors que « Dieu nous fait libres » de donner le témoignage « du Père qui nous a créés, et du Christ qui nous a sauvés ». Et cette persécution, a-t-il souligné, « a aussi un chef » : « Le chef de la persécution polie, éduquée, Jésus l’a nommé : « le prince de ce monde ». Et quand les puissances veulent imposer des attitudes, des lois contre la dignité des enfants de Dieu, ils persécutent ceux-ci et vont contre le Dieu Créateur, a répété le Souverain pontife. C’est la grande apostasie. »
J'aime que François ne soit pas terrassé par ce tableau qui renvoie à des pressions très concrètes des Institutions internationales sur le magistère de Pierre. J'aime qu'il ait la force de la qualifier "un peu ironiquement" comme il le dit lui-même de "persécution éduquée".
J'espère quant à moi être suffisamment éduqué pour me trouver clairement du côté de ceux qui, avec le pape François, résistent à la "politesse" de cette persécution. Je ne serai jamais du côté d'une pseudo résistance, salonnarde et superficielle, mettant une fierté mal placée à dire non au pape. La belle affaire ! Le beau courage ! Je préfère mille fois être du côté de ceux qui, avec le pape, disent non aux politesses raffinée de la nouvelle persécution libéralo-libertaire.
Mise au point eblouissante
RépondreSupprimerje me demande si le Pape ne vise pas le fait de toucher le coeur des musulmans, du plus grand nombre d'entre eux, d'ébranler les consciences de ceux qui sont de bonne volonté, dans le but de mettre fin à ces exactions au plus vite, en prenant ces trois familles. il agit peut-être sur inspiration divine. et puis même s'il y a des chrétiens persécutés, c'est vrai, il y a de très nombreux musulmans qui sont chassés de chez eux.
RépondreSupprimerMerci beaucoup M l'abbé pour votre intelligence toujours aiguisé à chercher la Vérité plus que la conformité à une pensée unique.
RépondreSupprimerMerci, M. L'Abbé, de cette mise au point qui montre votre cohérence au service de la pensée thomiste si enrichissante pour notre foi et nourrissante pour notre spiritualité.
RépondreSupprimerEn même temps, le commentaire et sa réponse m'amènent à me poser plein de questions : changeons-nous dans notre façon de voir les choses ? Est-ce nous qui changeons ? ou notre façon de voir ? ou les choses et les événements ? Faut-il changer d'avis ? faut-il rester inébranlablement fidèle à nos certitudes de jeunesse ? Et nos évolutions sont-elles alors des trahisons, des renoncements ?
Et pourtant note foi n'est-elle pas basée sur notre capacité à nous changer, à quitter le vieil homme pour renaître, à nous convertir, à modifier profondément nos inclinaisons pour nous tourner vers le Christ ? Et notre vie chrétienne n'est-elle pas un voyage ? une progression vers le Royaume ?
Comme Henri Pourrat, je crois que l'intelligence grandit avec le cœur : plus nous aimons (les autres en particulier) mieux nous les comprenons et acceptons les méandres de la pensée humaine... Plus nous aimons Dieu aussi, et mieux nous le connaissons, mieux nous comprenons ce monde tel qu'Il l'a fait, mieux nous nous intégrons dans son plan divin ou du moins l'acceptons. Ainsi, notre capacité à aimer s'approfondit dans la vie de la grâce et ainsi s'agrandit notre intelligence pour mieux nous faire comprendre les profondeurs de la foi, non ?
J'ai trouvé que ce commentaire vachard manquait terriblement de cet amour de l'autre, qui cherche à comprendre et non à blesser, à accompagner et non à contrer, à rassurer et non à rejeter.
RépondreSupprimerJe crains que ce ne soit ce qui nous manque le plus : l'amour, l'amour de l'autre, l'amour du Christ et aussi le véritable amour de soi, qui implique de bien se connaître et non de s'imaginer tel que l'on se rêve (on donnerait moins de leçons aux autres...) N'a-t-on pas tendance à aimer de façon restrictive ? aimer ce qui nous est proche, ce qui ne nous remet pas en cause, ce qui nous ressemble ? Certes, c'est confortable, mais cela n'amène pas à aller aux périphéries : on reste auprès de chez soi, on se marie entre soi, dans son groupe, on pratique de la même façon, on n'échange qu'avec des gens dont l'avis similaire confortera le nôtre et évitera toute remise en question de ses opinions, toute remise en cause de son être... N'est-ce pas une forme de conformisme intellectuel qui conduit à tous les conformismes comportementaux ? Cet amour ouvert exclusivement sur soi (un soi hédoniste qui se ment à lui-même), sur ce qui nous ressemble, sur ce que l'on connaît, excluant l'altérité profonde, n'explique-t-il pas l'explosion de l'homosexualité ?
Et cet amour qui n'est pas agapé, n'est-il pas tout le contraire de celui que nous a montré le Christ qui est mort non pour ceux de son peuple seuls, mais pour tous les autres, les périphériques, et par dessus tout les pécheurs, dont le comportement est si éloigné du Sien, Lui est tellement étranger ?
Eh bien je pense que c'est cet amour du Christ que prêche le Pape François, tant dans ses textes que par son exemple. Et ce qu'il a fait pour ces réfugiés, ce n'est pas la parabole du fils prodigue (où il est si facile de s'identifier) mais celle du bon samaritain où c'est le plus étranger des étrangers qui vient au service du blessé, le soigne de la façon la plus gratuite et la plus totale. Ce pape me bouleverse, dans ma compréhension de l'Evangile, dans mon appréhension de l'amour du Christ pour nous... Il me rassure, me réconforte au fond de mon cœur et me fait grandir dans ma foi, changer dans la compréhension de l'amour de Dieu, évoluer, rejeter mes certitudes anciennes, abandonner la forme pour donner la priorité au fond.
Et j'ai de la peine quand je vois les réactions de haine qu'il suscite "au nom de la foi de toujours"... Si cette foi de toujours est aussi haineuse, alors ce n'est plus la mienne, mes convictions ont changé, je n'en ai plus, je veux juste aimer comme je suis aimé et c'est ce pape qui m'y aide le mieux, notamment par ses paroles sur la Miséricorde qui peut seule sauver le monde...
M.Antoine: J´ai aimé votre commentaire! Merci.
SupprimerCher Monsieur l'abbé,
RépondreSupprimerPuisque votre article se veut une réponse à mon modeste commentaire, il me paraît opportun de procéder à quelques mises au point, tout d'abord relativement aux positions que vous me prêtez, puis relativement à ce que j'ai écrit.
C'est en effet non sans étonnement qu'en réponse à un commentaire qui n'était qu'une expression de tristesse et de perplexité je vois que vous dénoncez les tenants de la Résistance ecclésiale (salonnarde, superficielle et raffinée, qui plus est), adeptes des monopoles, des exclusives et des guerres de chapelles ; ce qui revient de fait à renvoyer mon cas à cette triste catégorie. Or je ne défends aucune des positions que vous me prêtez. Mon commentaire du reste ne mentionnait aucun institut, aucune fraternité. Je ne sais donc pas à qui vous prétendez ici répondre, puisqu'il me semble que vous me connaissez et que vous savez donc pertinemment que je ne suis pas précisément, c'est le moins qu'on puisse dire, un prophète de la "Résistance" ou un défenseur par principe de tous les lieux communs du milieu traditionaliste.
Une grande partie de votre réponse est consacrée à l'examen de vos stratégies successives. Or à aucun moment je n'ai parlé de stratégie : j'ai parlé de jeu ou de posture, ce qui est sensiblement différent. Là encore, il me semble que votre article, qui se veut pourtant une réponse, tend à créer un contradicteur imaginaire : celui d'un traditionaliste incapable de comprendre que nous ne sommes plus en 1970 ni en 1988. Non que de tels traditionalistes n'existent pas : mais ce n'est certainement pas me répondre que me prêter une attitude pour laquelle je ne me sens que de l'éloignement.
Je conçois sans peine que les stratégies changent, ou que l'on reconnaisse simultanément - c'est mon cas - la validité de plusieurs stratégies que l'on estime complémentaires. En revanche il me semble que le plus légitime, le plus opportun des changements de stratégie, personnelle ou collective, ne transformera jamais un mauvais texte en un merveilleux manuel de la miséricorde. Je peux comprendre que l'on s'attache à sauver l'orthodoxie de l'exhortation apostolique, même contre l'intention de plus en plus claire de son auteur ; je ne peux pas comprendre en revanche qu'on la salue comme le chef d'oeuvre qu'elle n'est manifestement pas, ne serait-ce que par son manque de densité et de concision, à l'origine de sa longueur, ou par son usage abusif des citations : par exemple, au n°301, où la difficulté chez les saints à exercer telle vertu morale dont ils possèdent pourtant l'habitus dont parle saint Thomas d'Aquin est mise sur le même plan que la persévérance dans une situation objective de péché grave ; ou encore l'incroyable détournement, qui a déjà fait l'objet d'un grand nombre de commentaires, de la citation de Gaudium et Spes dans la note 329.
C'est pourquoi j'ai parlé d'un jeu : un jeu qui consiste à transformer, à force de virtuosité verbale, le texte le plus indigent, filandreux et mal écrit en un chef d'oeuvre de la pensée chrétienne.
Je vous prie de croire, Monsieur l'abbé, que tout cela ne m'amuse guère et qu'il m'a beaucoup coûté d'écrire tant le premier commentaire que cette nouvelle réponse.
Respectueusement,
François Hou
“Je n´ai jamais préféré la doxa à ce qui me paraissa être la vérité”
RépondreSupprimerTrès bien, M. l´abbé. Permettez-moi um bref commentaire sur le sujet de tant de divergences de pensée aujourd´hui.
Saint Paul: “Je vous en conjure par le nom de N.S.J.Christ que tous disent la même chose, et qu´il n´y ait pas des divisions parmi vous, mais soyez parfaits dans le même esprit, etc....Christ est-il divisé? Peut- être Paul a été crucifié pour vous?” (S.Paul, 1ª Cor 1, 10-17).
Les hommes se répètent: “je suis de l´ église actuel, “, Je suis de la tradition”, “Je suis de la resistance”, “je suis sedevacantiste”, “je suis l´unique vrai église” (nous pouvons ici dire le sedevacantisme du sedevacantisme), etc.
De nouveau, les paroles de S.Paul sont actuelles ... qui a été crucifié? Il est déjà temps de changer cette mentalité...
N.N.
réponse à N.M.: Vous avez tout à fait raison. Tout catholique de bonne foi pense comme vous: qu'il fait s'en tenir au Christ et ne pas chercher à créer sa propre chapelle. Mais il y a un petit problème: c'est que tous ne sont pas d'accord sur la manière de s'en tenir au Christ. Cette même exigence amène les uns à être sédévacantistes, les autres à l'esprit du concile, d'autres encore à un catholicisme conservateur et bourgeois, d'autres encore à l’effusion dans l'Esprit, etc. Un même point de départ donc, avec des chemins divergents. C'est là que vous êtes novateur, puisque vous venez supposer (pour le leur reprocher!) que ceux qui n'ont pas le même chemin que vous n'auraient seulement pas le même point de départ. Très bien mais... prouvez-le.
SupprimerVous dites:”un même point de départ, avec des chemins divergents.” Je suppose que vous dites: un même point de départ= la foi en Christ. (corrigez, si je me trompe). OK.
SupprimerJe n´ai pas dit que “ceux qui n´ont pas le même chemin que moi n ´auraient pas le même point de départ.”
J´ai dit : S.Paul a dit que le Christ ne devrait pas être divisé. Voyons: “Je vous en conjure par le nom de N.S.J.Christ que tous disent la même chose, et qu´il n´y ait pas des divisions parmi vous, mais soyez parfaits dans le même esprit, etc....Christ est-il divisé? Peut- être Paul a été crucifié pour vous?” (S.Paul, 1ª Cor 1, 10-17). C´est S.Paul qui dit, non moi.
Considérons: le point de départ c`est le Christ. Cela est OK. Mais une chose est avoir autres chemins (église actuel, église traditionnel, etc) et se mantenir dans chaque chemin EN PAIX, EN PRIÈRE, CHACUN EN VIVANT SON CHEMIN . Dieu voit tout cela et il le permet: il doit avoir ses raisons!... Mais AUTRE CHOSE est vivre un chemin et vouloir IMPOSER ce chemin aux autres, comme “la seule vérité.” Ici, ces différences de pensée ont atteint un point, où il y a quelques trois ou quatre prêtres qui disent:”La vérité est avec moi. La véritable église sommes nous , et ceux qui nous suivent.” Et pire encore, ces personnes disent aussi aux fidèles: “ n´allez paz à aucune autre messe.Car les messes actuelles sont sans valeur,les messes fsspx aussi, etc.Votre abbé (Le Centre Saint Paul) est (pour eux) un mensonge, “à cause de l ´ unité avec les hérétiques” ,et tous ceux qui suivent un autre chemin sont “hérétiques”.
C´est ça le problème.Vouloir IMPOSER aux autres une “seule vérité” (selon certains groupes, sédévacantistes e ultra sédévacantistes). Comment approcher le problème avec ce qui dit S.Paul? Il parle: “soyez parfaits dans le même esprit...” Quel esprit? Donner la priorité au Christ. Mantenir la foi, mas aussi LA PAIX, LA PRIÈRE, et non les guerres et la discorde, la haine et la rancune les uns avec les autres!...
Voulez –vous savoir quelle (messe) je suis actuellement? Je vais à la messe traditionnelle,(plusieurs groupes ou ordres religieux) je vais à la nouvelle messe, lorsque les célébrants sont humbles, prêchent l ´Évangile ,prient, et ne parlent pas mal de personne.
N.N.