Sur le Forum catholique, Jean Louis d'André, qui a l'honnêteté de signer de son nom, vient à nouveau de m'imputer les idées de la nouvelle droite païenne. L'accusation est tellement surréaliste, lorsque on sait de quoi il s'agit, que je ne me suis jamais donné le mal d'un démenti. Mais il me semble que cette petite goutte-là fait déborder le vase.
Le paganisme et plus encore peut-être l'antichristianisme sont des constantes dans le parcours d'Alain de Benoist ou de Dominique Venner. Mais ce paganisme n'exprime pas forcément la même réalité, les mêmes convictions spirituelles chez les uns et chez les autres.
On peut dire qu'il existe trois manières d'incarner ce néo-paganisme en ce moment.
Chez Dominique Venner, directeur de la Nouvelle revue d'Histoire, très lue dans les milieux catholiques traditionnels, l'antichristianisme relève d'une sorte de rêve historique, où les Indo-européens , avec leur éthique aristocratique, constituent l'identité de l'Europe (voir son livre Histoire et tradition des Européens, Le Rocher 2002).
Chez Alain de Benoist, que je connais depuis longtemps, le paganisme a d'abord été un thème idéologique fort, une affirmation distinctive (cf. Comment peut-on être païen). Aujourd'hui, c'est surtout, dans une sorte d'athéisme pratique assumé me semble-t-il, une métaphysique polycentrée qui se rattache, pour Alain de Benoist, à ce concept. Selon lui, le monothéisme est aliénant. il est nécessaire d'avoir plusieurs Dieu si l'on veut obéir simultanément à plusieurs lois.
On peut aussi citer le sociologue Michel Maffesoli, auteur prolifique, souvent invité par les médias. Il cherche, lui aussi, a mettre en avant ce concept de polythéisme, au nom d'une lecture de Nietzsche. Pour lui, le Moi judéo-chrétien, libre et responsable de ses actes, doit être dépassé. A travers la transe dionysiaque ou païenne, l'homme sans tabous du XXIème siècle peut vivre tranquillement à l'enseigne de l'Eclatez-moi ça cette part sombre de lui-même que maffesoli appelle non sans provocation la part du diable.
Ces trois perspectives - différentes - n'ont rien à voir avec le christianisme. Elles se définissent d'ailleurs contre lui. Est-ce que, parce que je connais personnellement Alain de Benoist et Dominique Venner, que je peux communier à leur néo-paganisme ? La question trouve sa réponse au moment même où on la pose.
Alors me direz-vous peut-être, qu'est-ce que vous leur trouvez à ces païens ?
Trois choses
Le courage et une quête de valeurs qui n'est pas très fréquente dans notre société dite de consommation. Quoi qu'en pensent ceux qui se disent néo-païens, ces valeurs, le christianisme authentique en porte haut les couleurs. L'allégorie johannique du Bon Pasteur (qui m'est particuli-èrement chère puisque je suis membre fondateur de la communauté du même nom) marque bien ce que peut-être l'héroïsme chrétien, puisque "le Pasteur, le beau met sa vuie en jeu pour ses brebis (voir la méditation sur ce thème en avril dernier sur ce Blog).
Le non-conformisme d'une pensée qui se veut et qui se dit rebelle. Saint Paul expliquant aux Romains qu'ils ne doivent pas "se conformer à ce siècle" est le premier à avoir compris, sans doute dans sa longue méditation de la Passion du Christ, que la foule a toujours tort, qu'elle ne sait que réclamer des boucs émissaires pour les tuer (c'est le cas du Christ) et que celui qui cherche avec cohérence la vérité est forcément un résistant.
Enfin il y a entre paganisme et christianisme une longue histoire commune. Cela vaut aussi d'une certaine façon pour le néopaganisme nietzschéen, mais je voudrais m'en expliquer dans un prochain post.
A très bientôt donc sur ce sujet. Je voudrais simplement souligner en terminant que parmi les conversions au christianisme les plus belles auxquelles il m'ait été donné d'assister en tant que prêtre, depuis 20 ans, il y a des néo-païens, qui deviennent chrétiens avec toute la fougue et l'absence de médiocrité qui les caractérisent...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire