Il me semble que c'est Ludwig Feuerbach, penseur de l'athéisme ou plutôt héros de l'antithéisme, qui, en 1841, a mis le doigt sur ce qui est sans doute la véritable phénoménologie du christianisme :
"Le Christ est la toute-puissance de la subjectivité, le coeur sauvé des liens et des lois de la nature, le sentiment qui exclut le monde pour ne se concentrer que sur lui-seul, l'accomplissement de tous les désirs du coeur, l'ascension céleste de l'imagination, la fête de la résurrection du coeur - le Christ est donc la différence du christianisme et du paganisme. Dans le christianisme, l'homme ne s'est concentré que sur lui-même. Il s'est délié de la connexion de l'univers et s'est érigé en totalité autarcique".
Le christianisme selon Feuerbach, on l'a compris, c'est bien évidemment le luthéranisme. Le catholique, lui, n'a jamais voulu rompre avec le monde et ses lois physiques ou morales. Il n'a jamais consenti à l'insularité romantique de la conscience malheureuse. Il suffit de vivre à Rome quelques jours pour comprendre que lorsqu'on veut mettre sa vie à l'heure de Rome de telles perspectives restent au mieux des tentations mais sûrement pas des tendances profondes.
Il n'empêche que c'est bien le christianisme qui a émancipé chaque personne en la responsabilisant ("Faites votre salut avec crainte et tremblement" dit saint Paul), que c'est le Christ qui dit à chacun d'entre nous de chercher son propre trésor et d'y mettre son coeur et que c'est le catholicisme (et non le luthéranisme) qui a fait de l'émotion (cette profonde expression du coeur) un véhicule du voyage méta-physique.
Dans les Banlieues ou dans les ZEP on est peut-être en train d'inventer l'humanité d'après. Maffesoli (dont je parlais dans le post précédent) la voit venir. Mais pour l'instant, chrétien ou non, tout homme se reconnaît dans la révolution personnaliste héritée du christianisme. Est-ce aussi cela le témoignage de l'âme naturellement chrétienne dont parlait Tertullien ? Cette nouvelle anthropologie foncièrement personnaliste nous interdit d'être païen ou de considérer le paganisme autrement que comme un magot de brocante.
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