vendredi 19 septembre 2008

Une visite en crescendo

Après quelques jours, la bulle médiatique est retombée. Quelques méchancetés encore sont lancées à retardement sur la visite du pape de la paix, dans Marianne par exemple, de fausses flèches de Parthe qui n'atteignent d'ailleurs que ceux qui les lancent.
Ce qui est admirable dans l'ensemble, dans le corpus doctrinal que composent les différents discours, c'est que lorsqu'on les relit, indépendamment des circonstances qui les ont fait naître, ils s'avèrent encore plus riches et toujours plus profonds. Mon ami et néanmoins confrère, l'abbé René Sébastien Fournié, me faisait remarquer tout à l'heure que ces discours se déploient selon un ordre extrêmement clair, balayant tous les sujets, depuis l'identité chrétienne de la France (discours à l'Elysée), en passant par la culture comme quête de Dieu (aux Bernardins), puis en ajoutant que cette quête est celle de la vérité qui est le Christ (aux jeunes), ce qui nous interdit les idoles (Invalides) en nous groupant autour du Saint Sacrifice de la messe (idem, deuxième partie), pour nous faire atteindre le Ciel, sa Lumière et le sourire de Marie (Lourdes). Et puis, lorsqu'on a contemplé le Ciel, comme le philosophe platonicien, il faut redescendre dans la Caverne, en l'occurrence dans l'Eglise. Il faut régler les problèmes qui s'y posent, non pas selon le caprice de l'instant ou selon l'opinion dominante, mais selon ce que l'on a contemplé.
Il n'y a pas opposition entre le pape de l'intériorité qui est apparu partout et le pape de l'ordre et de la foi qui s'est adressé aux évêques. Contempler ne suffit pas, il faut transmettre aux autres ce que l'on a contemplé. Il faut les inviter à vivre selon la vérité...
C'est parce que Benoît est un vrai contemplatif qu'il est en même temps foncièrement actif et efficace. L'évangile de l'Exaltation de la Sainte Croix que nous avons lu dimanche dernier me semble indiquer cet itinéraire, qui va de la contemplation à l'action : "Marchez dans la Lumière tant que vous avez la Lumière, croyez en la lumière afin de devenir des enfants de Lumière". Croyez afin de devenir !
Telle est la foi, cette connaissance voilée de Dieu en lui-même, du Dieu qui parle, du Dieu qui se révèle, qui transforme celui qui connaît en le faisant devenir d'une certaine manière ce qu'il connaît. Il me semble que l'assurance tranquille du petit homme en blanc vient de la confiance qu'il a dans la faculté transformatrice de la foi.
"Tout avait bien commencé" écrit Témoignage chrétien à propos de ce séjour papal en France. Et d'expliquer que la mise au point faite aux évêques a représenté une lamentable chute dans le conservatisme. Et de laisser les lecteurs conclure que tout a donc très mal fini. Mais c'est tout le contraire qui est vrai : la leçon aux évêques (comme dit le Figaro) est bien l'akmé de ce voyage en crescendo. C'est le moment où le pape est le plus pasteur, où il est pasteur des pasteurs, serviteur des serviteurs de Dieu. C'est le moment où il transmet avec assurance la puissance transformatrice de la foi (dans sa dernière encyclique, il a donné à cette puissance transformatrice son vrai nom : c'est l'espérance théologale). Ceux qui manquent à l'espérance, en pensant que le pape aurait dû imaginer des solutions en dehors de ce que la foi nous a transmis, ceux qui crient haro sur le conservatisme du pape allemand devraient réfléchir un instant à la puissance transformatrice qui habite un coeur que la foi a saisi.
Rien n'est moins conformiste, rien n'est plus inattendu qu'un chrétien qui s'est laissé saisir par la parole de Dieu. La fidélité à la parole reçue, qu'évoque le pape dans sa Conférence aux Bernardins, n'a rien à voir avec le fondamentalisme, comme il l'a souligné. L'exactitude de la parole transmise ne signifie aucune crispation rétrograde. Elle est au contraire la condition de possibilité d'une transformation radicale : "Créez en moi Seigneur un coeur pur et innovez dans mes viscères un esprit droit" (Psaume 50). La fidélité et l'exactitude des hommes permet à Dieu de parler à travers eux et de s'exprimer en eux, d'exprimer en eux une puissance inconnue sur notre terre, puissance de changement, d'innovation et même, disons-le, d'originalité personnelle. C'est ce que nous disons lorsqu'avant de célébrer la sainte Messe nous récitons le Psaume Judica me, en appelant sur nous, prêtres et fidèles, le Dieu qui réjouit la jeunesse, en confiant aux humains poussifs, lassés, précocement vieillis, la puissance transformante de son sacrifice propitiatoire.
Ce n'est pas un hasard si le pape a fait remarquer aux évêques cet enthousiasme des jeunes qui l'ont acclamé durant son parcours sur le sol français. La constante verdeur de ce pape de 82 ans est un appel à la jeunesse des coeurs qui se seront laissés renouveler par la foi.

10 commentaires:

  1. Vous comparez le Pape a un philosophe platonicien??? Vous en tenez une couche!!! Merci mais le communisme platonicien c'est une horreur!! Vous rendez vous compte de vos propos?? peut-etre pas... c'est vrai que quand on met son absolue dans la liturgie, dans les formes exterieurs et les grands ideaux, le ciel des idees de Platon semble etre plus "pur" que le realisme d'Aristote; Une chose: ce sont les theologiens qui ont suivis Platon, fideiste et Hegelien qui ont enfantes l'atheisme moderne... Comprendrez-vous un jour votre manque d'intelligence tue la foi, la foi contemplative?
    Les carmelites sont de vraies contemplatives: ou est leur apostolat? leur action? votre propos est imprecis, vague et sujet a beaucoup d'erreur. Merci de faire preuve de davantage d'intelligence.
    (Je sais que vous pouvez ne pas publiez ce mot. On va vite mesurer votre degre d'humilite..)
    a Dieu!

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  2. Oui, c'est vrai que ce n'est pas tres heureux de comparer Notre St Pere a Platon, qui n'est pas pour ainsi dire celui qui a 'aime' la matiere, et donc l'incarnation.. Ceci dit, le texte parle davantage de la foi que de liturgie... c'est plutot assez 'progressiste' comme regard... auquel j'adhere completement: la puissance transformatrice de la Parole de Dieu, lie directement a sa source... qui transforme notre adhesion de foi, notre menducatio, notre pauvrete de coeur...
    C'est presque un discour de 'born again'...

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  3. Platon communiste ??? C'est bien lui qui a parlé de l'incompétence de la foule. Le philosophe platonicien a bien contemplé le Ciel, juxtaposé à la Caverne où l'on ne voit que des ombres que l'on prend pour La Réalité - la comparaison de M.l'Abbé est plutôt intéressante et imagée, le Pape voit plus grand, plus loin, alors que nous restons pour la plupart dans la Caverne, en nous agitant pour ce qui ne relève pas de la Réalité Vraie. La Philosophie est un défi intellectuel d'oser regarder plus loin que le réel perçu, même plus loin que la raison et l'expérience empirique, c'est là qu'elle se retrouve avec la Foi. Il ne s'agit pas là d'une telle ou telle conception, l'immatériel vesus l'incarnation par exemple, il s'agit d'oser voir plus grand, afin de pouvoir ensuite mieux orienter plus petit - en ce sens la comparaison avec Platon est très à propos.
    Par ailleurs les qualificatifs du
    1er Anonyme mettant en doute l'intelligence de M.l'Abbé frôlent l'insulte. Celui dont la Foi est forte n'a pas besoin d'abaisser l'autre pour se rassurer dans ses certitudes (...fondamentalistes que dénonce le Pape?)

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  4. Relisez la Republique de Platon, son communisme des femmes qu'il demande et meme la maniere dont il parle de la contemplation et comme si la contemplation etait ordonne a l'action politique... on retrouve chez vous le desir du messianisme temporel: le Rgne du Christ se fait sur la Croix, c'est cela la contemplation, pas "les ciels des idees, des formes en soi" va pour les idealistes de bas-etages, bon pour les romantiques qui revent d'un empire chretien...
    Il n'y pas d'insulte dans mes propos: je corrige un regard faux; et le fait d'etre pretre ne donne pas d'etre plus intelligent, meme si il faut etre intelligent pour choisir cette voie la!

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  5. Si Saint Paul et les Apôtres n'avaient fait "que" contempler la Croix, les Chrétiens seraient aujourd'hui ....au nombre de 13 ! On entendrait les pierres crier très fort, mais y aurait-il quelqu'un pour les comprendre ?

    Ravi d'entendre l'abbé de Tanouarn sur ces échanges

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  6. Bonjour,
    Il serait intéressant que les personnes qui ont critiqué le lien effectué par M. l'abbé entre Benoît XVI et Platon s'avisent d'étudier avec autant d'intelligence que celle dont ils déplorent l'absence dans cet article les écrits des Pères de l'Eglise.
    Ils découvriraient ainsi que Platon fut abondamment utilisé pour pourvoir aux nécessités du développement de la doctrine chrétienne.

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  7. C'est très intéressant ce que vous dites sur le règne du Christ sur la Croix... Souvent, il semble que les catholiques aient une attente d'un messianisme temporel et je me demande si cette attitude ne doit pas beaucoup à Maurras qui, avec son fameux "politique d'abord" donnait l'impression que la foi ne pouvait se développer que dans un ordre temporel acquis à la royauté du christ. Du coup, qu'en est-il de la royauté sociale de NSJC prôné par Saint Pie X ?

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  8. Les Peres de l'Eglise -Augustin- qui a utilise Platon s'est fait corrige en bonne et due forme par St Thomas qui s'est mis a l'ecole d'Aristote!!Pere de l'Eglise ne veut pas dire Parole de Dieu!!Les Peres de l'Eglise ont aussi utilise les stoiciens; aujourd'hui c'est Hegel, on a eut Marx: il faut chercher la verite avant d'etre des benis oui-oui a l'esprit de chapelle..

    Ensuite, l'Eglise est ne de l'offrande de Marie et de celle des Apotres qui est d'abord un sacrifice interieur: il y a un ordre a respecter, ce qui ne signifie pas une opposition avec l'Evangelisation; cette derniere n'est en rien un messianisme temporel, un regne politique au sens humain du terme; Royaute Sociale du Christ se fait par une education theologale: foi esperance et charite, pas cette heresie Maurassienne du "Politique d'abord" La politique est un conditionemment, pas une fin, ce n'est pas la que l'homme trouve sa fin; ce n'est pas la que l'homme sera sauve et rencontrera le Christ! Regardez comment JPII a vaincu le communisme: pas en fondant un parti politique: il ne faut pas employer les armes de l'adversaire, il faut etre comme David face a Goliath...

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  9. Pour ceux qui se réclament encore de Platon :
    L'une des premières descriptions de communisme se trouve dans le dialogue La République de Platon. Ce que l'on a appelé le "communisme platonicien" suppose sinon la suppression du moins la limitation drastique de la famille avec l’éducation collective des enfants ainsi que la soumission de toute propriété privée à la propriété de la Cité. L’erreur de Platon, d’après Aristote, est de vouloir unifier à l’excès la cité en supprimant tout ce qui sépare les individus pour aboutir à une union de fusion, comme celle que souhaitent les amants dans le discours d’Aristophane. (1262 b) C’est méconnaître que l’amitié se fonde sur une irréductible altérité. Platon pose en théorie le communisme essentiellement pour la classe dirigeante, ceci afin de faire cesser la corruption qui était habituelle dans tout gouvernement ; les deux autres classes étant les travailleurs et les gardiens de l'ordre.
    Platon ne reconnaît ainsi qu’une unité idéale de la République, nie la propriété privée et la famille. Platon prône ainsi la communauté des femmes et l'éducation communautaire des enfants. Quant au travail, il est purement et simplement disqualifié par le mal qu'il fait au corps et le bien dont il prive l'esprit (le plaisir de la contemplation de l’Idée du bien en soi et la liberté de connaître désintéressés).
    Cf. HISTOIRE DU COMMUNISME OU REFUTATION HISTORIQUE DES UTOPIES SOCIALISTES Sudre, Alfred.
    Critique du communisme Platonicien, Karl Poper.

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