lundi 1 septembre 2008

Michel Foucault : le mystère d'une exigence

Il faut lire Michel Foucault, me disait il y a 20 ans le Père Huot de Longchamp, qui en avait beaucoup retiré lui-même, pour sa Lecture de Jean de la Croix. Je n'ai jamais vraiment suivi ce cnseil, et c'est dommage. C'est en tout cas ce que démontre Paul Veyne dans son récent Michel Foucault : il faut lire cet auteur indépendamment du discours que la Pensée 68 a bâti autour de lui. Foucault est le contraire d'un idéologue : un sceptique. J'ajouterai : un sceptique de grande race, au sens étymologique du verbe grec skepto : un examinateur, assoiffé de vérité. Il y a deux races de sceptiques : ceux qui font de leur scepticisme la seule vérité et qui le conçoivent comme une machine de guerre contre toutes les autres et ceux dont le scepticisme est une exigence dressée contre toutes les demi vérités, au nom de la vérité intégrale. Paul Veyne présente Foucault qu'il a bien connu comme un intégriste de la vérité, un sceptique en ce second sens. Il note son affinité inattendue avec saint Augustin sur ce point. Et il cite cette formule magnifique, tirée du dernier volume de Dits et Ecrits (p. 535) :
"Je sais que le savoir a le pouvoir de nous transformer, que la vérité n'est pas seulement une manière de déchiffrer le monde (...) mais que si je connais la vérité, alors je serai transformé et peut-être sauvé. Ou alors je mourrai, mais je crois de toute façon que c'est la même chose pour moi".
Cette transformation, entrevue par Michel Foucault, la première génération chrétienne l'a appelée : metanoia, conversion. Comment construire une anthropologie chrétienne, en oubliant ce fait nouveau de la transformation spirituelle, de la transvaluation universelle dans la grâce de Dieu ?
Les Maîtres penseurs, Marx, Freud et leurs épigones croient à la connaissance ; Jules Monnerot disait que c'était des gnostiques. Leur prise de conscience n'impliquait pas cette "transformation à en mourir" qu'entrevoit Foucault et dont le seul analogue crédible est la conversion.
Je ne cherche à baptiser personne, mais les accents augustiniens de Foucault, relu par Paul Veyne et tout athée résolu qu'il soit, ont quelque chose de troublant.

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