D'après les échos, les bruits que l'on peut recueillir en ce moment sur l'organisation des JMJ madrilènes, le pape souhaite consacrer la jeunesse du monde au Sacré-Coeur de Jésus et chaque jeune qui le souhaite pourra prendre cette consécration pour lui-même et la faire, en union avec le pape.
Pas de quoi casser trois pattes à un canard direz-vous. J'ai recensé deux types d'arguments hostiles. Le premier sur ce que signifie la dévotion au Sacré Coeur : "Je ne voudrais pas que de près ou de loin on évoque un muscle", le muscle cardiaque, me glisse une lectrice de ce Blog. Le second sur la notion de consécration : "Peut-on consacrer des gens contre leur gré ?", avec l'exemple de la consécration de la Russie au Coeiur Immaculé de Marie. Et cette question : "On est obligé de croire à Fatima ?", car c'est à Fatima que la Vierge a fait cette demande.
Comment répondre à la première ? Il est vrai que l'iconographie du Sacré Coeur est catastrophique, même lorsque, subissant une abstration vertigineuse, elle devient un coeur, comme le coeur amoureux que l'on représente en graffiti (Je pense, ce disant à une "oeuvre" sponsorisée par Mgr Rouet, l'évêque sortant de Poitiers dont on connaît le goût affirmé pour l'art contemporain). J'avoue que les Christs au coeur sanguinolents ne me font d'ailleurs pas meilleur effet ! Mais cette laideur graphique risque de nous faire oublier la beauté du culte du Sacré-Coeur. De quoi s'agit-il ?
Il s'agit du coeur humain de Notre Seigneur Jésus Christ. Non pas le coeur de chair, non pas le muscle, qui n'est ici qu'un symbole, mais le coeur au sens de Rodrigue et de Corneille : le coeur à l'ouvrage, l'élan le plus intime, qui n'est pas un décret de notre raison mais une attitude de notre intelligence se saisissant elle-même comme volonté et comme volonté de l'Absolu, c'est-à-dire aussi comme "volonté absolue". Henri Suso et Jean Tauler, au XVème siècle, sur les bords du Rhin, parlait à ce sujet de "vouloir foncier".
Vénérant le sacré Coeur, nous adorons la décision irrévocable de Jésus qui a voulu mourrir pour nous "endurcissant sa face (Luc) pour monter à Jérusalem.
Et face au coeur de Jésus, nous réfléchissons à notre propre coeur. Qu'est-il ? Un bourbier ? un bâton de guimauve ? Un coeur d’artichaut ? Ou bien avons nous à la place du coeur un Code civil (ou un Code de droit canon) ? Ou encore une calculatrice performante ? "C'est le coeur qui sent Dieu, non la raison". Et s'il ne sent pas Dieu, s'il ne se porte pas immédiatement à l'Infini dans un élan radical, que devient-il ? L'amour humain peut parfois être une image de cet infini dont notre coeur a besoin. Ainsi l'amour est-il comme un commencement de salut pour les âmes bien nées. Mais s'il n'est pas là, ou bien s'il est là de manière caricaturale, que reste-t-il de nous-même ? Un consommateur qui "profite" de toutes les bonnes fortunes de l'existence et ne sait pas faire face à la mauvaise.
Le coeur... Ce sans quoi on ne peut pas vivre, au physique et au moral. Notre coeur c'est notre jeunesse intérieure, c'est le gage d'un constant renouvellement, d'un élan sans cesse réalimenté. Il faut donner aux jeunes du monde l'image de la jeunesse du coeur de Jésus et il faut leur dire que c'est Dieu qui "réjouit" qui suscite toujours de nouveau notre jeunesse : renovabitur ut aquilae juventus tua.
Deuxième objection : peut-on consacrer des jeunes sans leur adhésion ? Je ne dis pas que cette consécration suffit. le salut est toujours un acte personnel. Mais je crois que ce faisant l'Eglise fait simplement son bouleau ; elle offre à Dieu la jeunesse du monde, dans un gigantesque offertoire. Qu'est-ce qui lui permet une telle audace ? Elle est catholique, comme le constatait déjà fièrement saint Ignace d'Antioche au tout début du IIème siècle. En français cela veut dire qu'elle est "universelle". Elle est l'Eglise universelle. Elle doit donc s'occuper non pas seulement de sa jeunesse à elle, de la jeunesse chrétienne ou de la jeunesse qui est de confession catholique, mais de la jeunesse du monde. En ces temps de mondialisation, il serait opportun de se souvenir que la catholicité de l'Eglise est la seule mondialisation qui vaille : mondialisation du salut... Mondialisation du coeur.
Pas de quoi casser trois pattes à un canard direz-vous. J'ai recensé deux types d'arguments hostiles. Le premier sur ce que signifie la dévotion au Sacré Coeur : "Je ne voudrais pas que de près ou de loin on évoque un muscle", le muscle cardiaque, me glisse une lectrice de ce Blog. Le second sur la notion de consécration : "Peut-on consacrer des gens contre leur gré ?", avec l'exemple de la consécration de la Russie au Coeiur Immaculé de Marie. Et cette question : "On est obligé de croire à Fatima ?", car c'est à Fatima que la Vierge a fait cette demande.
Comment répondre à la première ? Il est vrai que l'iconographie du Sacré Coeur est catastrophique, même lorsque, subissant une abstration vertigineuse, elle devient un coeur, comme le coeur amoureux que l'on représente en graffiti (Je pense, ce disant à une "oeuvre" sponsorisée par Mgr Rouet, l'évêque sortant de Poitiers dont on connaît le goût affirmé pour l'art contemporain). J'avoue que les Christs au coeur sanguinolents ne me font d'ailleurs pas meilleur effet ! Mais cette laideur graphique risque de nous faire oublier la beauté du culte du Sacré-Coeur. De quoi s'agit-il ?
Il s'agit du coeur humain de Notre Seigneur Jésus Christ. Non pas le coeur de chair, non pas le muscle, qui n'est ici qu'un symbole, mais le coeur au sens de Rodrigue et de Corneille : le coeur à l'ouvrage, l'élan le plus intime, qui n'est pas un décret de notre raison mais une attitude de notre intelligence se saisissant elle-même comme volonté et comme volonté de l'Absolu, c'est-à-dire aussi comme "volonté absolue". Henri Suso et Jean Tauler, au XVème siècle, sur les bords du Rhin, parlait à ce sujet de "vouloir foncier".
Vénérant le sacré Coeur, nous adorons la décision irrévocable de Jésus qui a voulu mourrir pour nous "endurcissant sa face (Luc) pour monter à Jérusalem.
Et face au coeur de Jésus, nous réfléchissons à notre propre coeur. Qu'est-il ? Un bourbier ? un bâton de guimauve ? Un coeur d’artichaut ? Ou bien avons nous à la place du coeur un Code civil (ou un Code de droit canon) ? Ou encore une calculatrice performante ? "C'est le coeur qui sent Dieu, non la raison". Et s'il ne sent pas Dieu, s'il ne se porte pas immédiatement à l'Infini dans un élan radical, que devient-il ? L'amour humain peut parfois être une image de cet infini dont notre coeur a besoin. Ainsi l'amour est-il comme un commencement de salut pour les âmes bien nées. Mais s'il n'est pas là, ou bien s'il est là de manière caricaturale, que reste-t-il de nous-même ? Un consommateur qui "profite" de toutes les bonnes fortunes de l'existence et ne sait pas faire face à la mauvaise.
Le coeur... Ce sans quoi on ne peut pas vivre, au physique et au moral. Notre coeur c'est notre jeunesse intérieure, c'est le gage d'un constant renouvellement, d'un élan sans cesse réalimenté. Il faut donner aux jeunes du monde l'image de la jeunesse du coeur de Jésus et il faut leur dire que c'est Dieu qui "réjouit" qui suscite toujours de nouveau notre jeunesse : renovabitur ut aquilae juventus tua.
Deuxième objection : peut-on consacrer des jeunes sans leur adhésion ? Je ne dis pas que cette consécration suffit. le salut est toujours un acte personnel. Mais je crois que ce faisant l'Eglise fait simplement son bouleau ; elle offre à Dieu la jeunesse du monde, dans un gigantesque offertoire. Qu'est-ce qui lui permet une telle audace ? Elle est catholique, comme le constatait déjà fièrement saint Ignace d'Antioche au tout début du IIème siècle. En français cela veut dire qu'elle est "universelle". Elle est l'Eglise universelle. Elle doit donc s'occuper non pas seulement de sa jeunesse à elle, de la jeunesse chrétienne ou de la jeunesse qui est de confession catholique, mais de la jeunesse du monde. En ces temps de mondialisation, il serait opportun de se souvenir que la catholicité de l'Eglise est la seule mondialisation qui vaille : mondialisation du salut... Mondialisation du coeur.
Mon travail, c'est sacré, disent certains, les arbres sont divins, disent d'autres. Où se situe notre cher abbé, qui parle de bouleau ecclésial ?
RépondreSupprimerCher M. L'Abbé, ce n'est pas grave d'avoir un code de droit canon dans le coeur, c'est même très catholique ! Voilà ce que disait Fernando della Rocca, un avocat à la Ste Rote entre deux guerres :
RépondreSupprimer"Le droit canon est une science sacrée avant même d'être une science juridique, puisque, du point de vue traditionnel, il constitue une des deux branches de la théologie pratique. [...] Parmi les différentes sciences sacrées qui, dans la sphère de la théologie historique, comprend les études bibliques et l'histoire de l'Église; et dans celle de la théologie systématique, l'apologétique, le dogme et la morale, qui plus est, la théologie pastorale laquelle, avec le droit canon, font tous deux la théologie pratique, il est utile de noter la distinction entre le droit canon et les deux autres grandes branches de la théologie, du dogme et de la morale. Le droit canon diffère de la première du fait que les vérités éternelles, lesquelles sont l'objet des croyances catholiques, et lesquelles forment la matière du dogme, sont évidemment et absolument présupposées par les canons. En d'autres mots, ces lois sont les normes de conduite, regulae agendi, alors que les principes du dogme sont regulae credendi."
Voilà aussi ce que disait le le Cardinal Villeneuve :
"Le Code continu l'Évangile, il est l'écho et le prolongement de la maxime du Maître : Non veni legem solvere sed adimplere. Le Calvaire, le Sinaï, le Très-Haut, voilà de quelles hauteurs descend le droit ecclésiastique ; la Chaire et le Trône de Pierre, les saints autels et le bûcher du martyre, la judicature du dernier jour lorsque le Rédempteur apparaîtra sa croix en main, entouré de ses anges et de ses apôtres, le définitif partage des brebis et des autres, voilà à quelles hauteurs il monte dans l'avenir."
Bref, le code de droit canon, c'est la Loi du Christ transcrite pour la vie de l'Eglise au jour le jour et nous aurions bien tort de le considérer comme une simple somme de considérations juridiques étroites ! C'est un ensemble de règles sacrées inspirées par l'Esprit Saint et qui renvoient aux 10 commandements et aux Béatitudes, c'est ce qu'il faut faire pour être sauvé...
Par ailleurs, en tant que juriste, je vous confirme que mes confrères chargés de l'application du code civil utilisent ce texte pour appliquer les grands principes du droit et non pour mettre en oeuvre une série de règles tatillonnes et étroites... du moins quand ils mettent la loi naturelle au dessus de la volonté populaire...
Voilà longtemps que nos Saints Pères successifs ne mettaient plus le Sacré-Cœur de notre Bon Jésus autant à l'honneur : ceux qui l'invoquent, s'y consacrent et l'arborent sont par trop catalogués de gens "mal pensants", voire "d'extrême droite".
RépondreSupprimerPourtant, l'extrême droite, comme son nom l'indique est d'essence républicaine, tandis que les promoteurs du Sacré-Cœur, les Chouans, ne l'étaient pas le moins du monde !
Beaucoup de Catholiques que l'on appelle "Tradis" regardent d'un très bon œil ce retour au Sacré-Cœur, gage que l'on se préoccupe de plus en plus du salut des âmes, ce que les prêtres du Concile avaient largement mis de côté.
Merci au Sacré-Cœur de Jésus, espoir et salut de la France.
"ô Christ, as-tu du coeur?" Cette interrogation vient irrésistiblement aux lèvres de ceux qui vous ont lu et assimilent comme le faisait corneille "le coeur" au "courage", à l'élan de la volonté par la ressaisie de l'être dans son "intelligence", qui devient "vouloir absolu" ouvrant sur la vie héroïque. Il se murmure au sein de la bien-pensance individualiste ambiante que les sociétés post-modernes n'auraient plus besoin de héros. Catastrophe ! Mais l'élan est une chose; la persévérance dans l'envol en est une autre. L'être ou les masses se soulèvent et puis... Les bras leur en tombent. Dans un accès d'"à quoi bonisme" général, nos sociétés anomiques et abouliques se demandent:
RépondreSupprimer"que vouloir? A quoi bon l'aventure?
Sur ce, examinons les deux arguments que vous réfutez. Le second dans l'ordre d'entrée en scène est le travers chrétien qui consiste à vouloir sauver les gens malgré eux ou en faire des chrétiens malgré eux. Ceux qui se sentent agrégés de forceà la divine Bergerie ne se sentent pas respectés. Il faut reconnaître que de les agréger ainsi en faisant fi de leur consentement nous dispense de trouver les arguments qui pourraient les convertir. Ou de vivre de manière à leur donner envie de croire. La règle d'or est sans doute de prendre chacun pour ce qu'il se donne. Mais ce n'est pas facile, attendu qu'en nous, un influx christique nous pousse à vouloir les ascensionner et les attirer au Rédempteur malgré qu'ils en protestent.
D'autre part, il n'y a pas que l'iconographie du sacré-coeur qui soit catastrophique. Il y a aussi la logique réparatrice, que j'ai déjà évoquée sur ce blog et que le christ aurait poussée auprès de Ses voyantes dans toutes les apparitions qui ont donné lieu à cette dévotion. Cette logique réparatrice pose un double problème: celui de la Gratuité de la Passion du christ d'où découle la grâce et celui d'une Ostension du chrisst qui se ferait toujours sur un mode accusatoire et triste. Le christ nous a donné Sa vie, mais "le don est innocent de la dette". Le christ veut communiquer "la Joie parfaite" à ses disciples, et Il ne cesse de se présenter à eux Larmoyant et Sanguinolent. Y a-t-il moyen de concilier ces contradictions?