Qu'est-ce que la vérité ? C'est sans doute la seule question au monde et c'est Pilate qui la pose, avant de condamner le Christ à être flagellé, alors qu'il sait qu'il est innocent. Pilate aura une postérité spirituelle nombreuse de gens qui savent parfaitement ce qu'il en est de la vérité, autant qu'elle leur est accessible, autant qu'elle se manifeste dans leur vie, mais qui font semblant de se réfugier derrière le scepticisme pour s'autoriser les pires saloperies.
D'après saint Thomas (III CG 50) la vérité engendre le seul désir qui rende la vie digne d'être vécue.
Il y a les mille désirs qui nous agitent : désir sexuel, désir mimétique, désir de sécurité... Ces désirs excitent et disparaissent, une fois satisfaits, pour renaître autrement, plus exigeants et plus ingrats encore. Spirale du désir !
Le seul désir qui nous remplisse vraiment, le vrai désir, c'est le désir de vérité. celui là ne s'éteint pas : il augmente au fur et à mesure qu'on le satisfait. Il nous sort de ce que saint Paul appelle "la vanité" (Rom. 8), c'est-à-dire la spirale... l'addiction.
Ce qui m'émeut chez Pascal, c'est ce désir de vérité, qui flambe dans toute son existence. Pour lui, il y a une vérité de la grâce efficace : c'est le salut apporté aux hommes par Jésus Christ. Il y a une vérité de la "délectation victorieuse", qui nous fait préférer la grâce aux désirs charnels. Cette vérité n'a rien à voir avec une école de théologie (ou une autre). Elle est celle de la Vie et de la Vie éternelle.
En 1660, après avoir flingué du jésuite (pauvre Père Annat !) dans les Provinciales (1657), après avoir appris la mort de sa soeur à Port Royal, Pascal est à un tournant de sa vie. Il y a justement une réunion grave des principaux Port-royalistes ; elle a lieu chez Pascal car ce dernier ne se déplace plus qu'à grand peine. D'un côté Arnauld et Nicole, avec une nième distinction pour pouvoir signer le formulaire en toute bonne conscience ; de l'autre Domat, Roannez et Pascal. Ce dernier est très faible (il mourra en 1662), mais il souhaite que l'on défende saint Augustin et non que l’on se réfugie dans des arguties, qui lui rappellent sans doute cette casuistique qu'il a condamnée. A un moment, sans crier gare, alors que la conversation s'est échauffée, il s'évanouit. On fait sortir les Messieurs. Demeurent les amis. Pascal revient à lui et il a cette phrase admirable : "Ils ont préféré Port-Royal à la vérité". Le prêtre qui l'accompagnera dans ses derniers moments ne sera ni Singlin ni Arnauld ni personne de Port-Royal, mais le curé de sa paroisse d'alors, l'abbé Berryer de Saint-Etienne du Mont. Pascal rompt avec Port-Royal, parce que Port Royal est devenu la vérité d'Arnauld et de Nicole de préférence au Christ et à sa grâce.
Arnauld, Nicole, ces deux là, la suite le montrera à satiété, si compétents soient-ils, si sincères, s'immobilisent sur les arguments humains, derrière lesquels ils se sentent inexpugnables. Ils mourront derrière leur ligne Maginot. Leur virtuosité leur a fait oublier l'essentiel : l'enjeu de leur combat.
A ce moment là, Pascal, que Nicole, après sa mort prématurée, appellera assez dédaigneusement "un ramasseur de coquilles", dépasse son Parti et... il accède à la sainteté que la nuit de feu de 1654 lui avait fait entrevoir comme une promesse.
D'après saint Thomas (III CG 50) la vérité engendre le seul désir qui rende la vie digne d'être vécue.
Il y a les mille désirs qui nous agitent : désir sexuel, désir mimétique, désir de sécurité... Ces désirs excitent et disparaissent, une fois satisfaits, pour renaître autrement, plus exigeants et plus ingrats encore. Spirale du désir !
Le seul désir qui nous remplisse vraiment, le vrai désir, c'est le désir de vérité. celui là ne s'éteint pas : il augmente au fur et à mesure qu'on le satisfait. Il nous sort de ce que saint Paul appelle "la vanité" (Rom. 8), c'est-à-dire la spirale... l'addiction.
Ce qui m'émeut chez Pascal, c'est ce désir de vérité, qui flambe dans toute son existence. Pour lui, il y a une vérité de la grâce efficace : c'est le salut apporté aux hommes par Jésus Christ. Il y a une vérité de la "délectation victorieuse", qui nous fait préférer la grâce aux désirs charnels. Cette vérité n'a rien à voir avec une école de théologie (ou une autre). Elle est celle de la Vie et de la Vie éternelle.
En 1660, après avoir flingué du jésuite (pauvre Père Annat !) dans les Provinciales (1657), après avoir appris la mort de sa soeur à Port Royal, Pascal est à un tournant de sa vie. Il y a justement une réunion grave des principaux Port-royalistes ; elle a lieu chez Pascal car ce dernier ne se déplace plus qu'à grand peine. D'un côté Arnauld et Nicole, avec une nième distinction pour pouvoir signer le formulaire en toute bonne conscience ; de l'autre Domat, Roannez et Pascal. Ce dernier est très faible (il mourra en 1662), mais il souhaite que l'on défende saint Augustin et non que l’on se réfugie dans des arguties, qui lui rappellent sans doute cette casuistique qu'il a condamnée. A un moment, sans crier gare, alors que la conversation s'est échauffée, il s'évanouit. On fait sortir les Messieurs. Demeurent les amis. Pascal revient à lui et il a cette phrase admirable : "Ils ont préféré Port-Royal à la vérité". Le prêtre qui l'accompagnera dans ses derniers moments ne sera ni Singlin ni Arnauld ni personne de Port-Royal, mais le curé de sa paroisse d'alors, l'abbé Berryer de Saint-Etienne du Mont. Pascal rompt avec Port-Royal, parce que Port Royal est devenu la vérité d'Arnauld et de Nicole de préférence au Christ et à sa grâce.
Arnauld, Nicole, ces deux là, la suite le montrera à satiété, si compétents soient-ils, si sincères, s'immobilisent sur les arguments humains, derrière lesquels ils se sentent inexpugnables. Ils mourront derrière leur ligne Maginot. Leur virtuosité leur a fait oublier l'essentiel : l'enjeu de leur combat.
A ce moment là, Pascal, que Nicole, après sa mort prématurée, appellera assez dédaigneusement "un ramasseur de coquilles", dépasse son Parti et... il accède à la sainteté que la nuit de feu de 1654 lui avait fait entrevoir comme une promesse.
A force de vous voir tourner, tel l’astéroïde sur son orbite excentrique (ça arrive assez souvent), autour des « soleils » du jansénisme – Pascal, mère Angélique Arnauld, le fameux « Formulaire » etc. – une idée m’assaille, monsieur l’abbé. Pourquoi ne rédigeriez-vous pas vous-même ce « Formulaire » qui ne manquera pas d’être présenté, un jour ou l’autre, à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X ? Et ce, non pas pour devancer Rome et vous substituer à la Congrégation pour la doctrine de la foi, mais à titre d’exercice, et pour nous complaire dans un suprême témoignage de votre fidélité au Magistère.
RépondreSupprimerJuste pour rire..
RépondreSupprimerIl faudrait d'abord et par précaution faire interroger Monsieur l'abbé par Laubardemont...
Ou par Péréfixe et le saint-esprit, évidemment...
Cordialement
"La vérité vous rendra libres".
RépondreSupprimerLibre est l'abbé de Tanoüarn.
Point besoin de formulaire. Il arrive un moment où le combat pour la vérité peut enfin être mené A l'INTERIEUR de la famille et avec des frères auxquels on n'aurait pas pensé.
C'est le moment de laisser là amertume et rancoeur, d'abandonner ses obsessions et en se dépouillant des vieilles livrées, de se placer sans hésiter dans le feu de l'Esprit qui souffle peut-être une nouvelle direction. La barque a pris l'eau mais elle repart.
Le gouffre est derrière nous. Courage!
"Le gouffre est derrière nous" ?
RépondreSupprimerFaut voir....et même pré-voir
Le gouffre de la lâcheté et de l'abandon dans l'Eglise de France est derrière nous.
RépondreSupprimerEt comme on "avance" en marche arrière, la marche arrière du reniement du multi ou inter-religieux de la grande "spiritualité" cosmique où la Passion du Christ devient une faute de gout empéchant de jouir en rond dans la grande harmonie universelle.....etc etc, et bien on y va tout droit et on l'assume !
RépondreSupprimerComme Mgr Vingt-Trois qui nous explique que le faible nombre d'ordinations à Paris vient de ce que nous serions passé depuis environ un demi siècle, progressivement, d'une foi sociologique à une fois choisie !
Jolie formule n'est ce pas ? Cela démontre ,en tous cas, une vision pour le moins curieuse de l'Eglise et de son histoire bi-millénaire...
Bon alors et qu'est-ce qu'on fait ?
RépondreSupprimerOn s'assoit par terre et on gémit ?
ou bien on se retrousse les manches et on repart ?
On passe son temps à désigner le coupable ou bien on recolle les morceaux ?
On s'arrache les cheveux et on déchire ses vêtements ou bien on change son coeur ?
Tiens, regardez sur internet un beau monastère en train de se construire à Puimisson près de Béziers et séchez vos larmes.
Youpi youpa ! On fait youkaidi youkaida....
RépondreSupprimerNon on fait face à la réalité sans mollir et se voiler la face et, ainsi, on agira, éventuellement, d'autant mieux....Car il y a grande misère dans le "royaume" de France et au-delà
Mon bon monsieur Anonyme du 10/07, je ne sais pas à qui cela s'adresse mais si c'est pour moi sachez que je ne suis pas gémissant assis par terre mais peiné et saisi d'une sourde mais stimulante colère....hors de toute appartenance à une chapelle dite "tradi" mais sans a priori non plus....
RépondreSupprimerSi on recolle les morceaux....lesquels recolle t-on et comment ? Il faut rentrer parfois dans le concret pour éviter de brasser de l'air et du bon sentiment facile
"Ils ont préféré Port-royal à la vérité", mais ils savaient la vérité, comme Pilate savait la vérité. Vous êtes sûr? Ah, la vérité, tant qu'elle nous est extérieure, il se peut que nous la sachions. Mais, qu'elle nous devienne intérieure, et soudain notre expertise ne fait qu'un tour: nous savons nous mentir. Nous pratiquons l'art du subterfuge. Nous maîtrisons cet art à merveille. Il y a des vérités que nous savons sur nous et dont nous ne voulons pas savoir que nous les savons, parce que nous manquons de courage pour en tirer les conséquences. Mais, ce qui est fascinant, c'est combien nous savons la vérité sur les autres. Nous savons parfaitement ce que devraient faire les autres pour changer, s'en sortir, etc; mais nous le savons en pure perte; car eux n'ont pas notre expérience d'eux-mêmes, et nous n'arrivons pas à leur communiquer notre conviction à leur sujet. Quant à nous, nous prêchons le détachement, mais nous avons peur de l'arrachement. "S'arracher une écharde dans la chair, qu'est-ce que ça fait mal!" C'est pourquoi nous parlons de renoncement, mais nous en parlons surtout. Qu'il est difficile de dépasser "la peur de perdre!" Vous en connaissez beaucoup, vous, des pécheurs qui, au confessionnal, ont sincèrement "le ferme propos" de ne plus offenser Dieu? Au moins devraient-ils confesser ne pas l'avoir, ils ne recevraient pas forcément l'absolution, mais ils feraient une bonne confession.
RépondreSupprimer"Dieu, délivrez-nous de nous mentir à nous-mêmes pour qu'il ne nous soit pas vain d'espérer en Votre Miséricorde. Et apprenez-nous à "haïr le mal" pour nous abandonner à fonds perdus à Votre volonté, quelle qu'elle soit."
En bonus, ces deux cadeaux:
1. Vous avez du mal avec la notion de "volonté de dieu"? Oubliez le mot "volonté" et remplacez-le par "espérance". Dieu a une espérance pour chacun de nous (ce conseil m'a justement été donné par mon curé de paroisse).
2. vous voulez un beau programme de vie? "La sainteté dans la fantaisie" (c'est ce que se souhaite à elle-même mon amie Nathalie).
"Ils ont préféré Port-royal à la vérité", mais ils savaient la vérité, comme Pilate savait la vérité. Vous êtes sûr? Ah, la vérité, tant qu'elle nous est extérieure, il se peut que nous la sachions. Mais, qu'elle nous devienne intérieure, et soudain notre expertise ne fait qu'un tour: nous savons nous mentir. Nous pratiquons l'art du subterfuge. Nous maîtrisons cet art à merveille. Il y a des vérités que nous savons sur nous et dont nous ne voulons pas savoir que nous les savons, parce que nous manquons de courage pour en tirer les conséquences. Mais, ce qui est fascinant, c'est combien nous savons la vérité sur les autres. Nous savons parfaitement ce que devraient faire les autres pour changer, s'en sortir, etc; mais nous le savons en pure perte; car eux n'ont pas notre expérience d'eux-mêmes, et nous n'arrivons pas à leur communiquer notre conviction à leur sujet. Quant à nous, nous prêchons le détachement, mais nous avons peur de l'arrachement. "S'arracher une écharde dans la chair, qu'est-ce que ça fait mal!" C'est pourquoi nous parlons de renoncement, mais nous en parlons surtout. Qu'il est difficile de dépasser "la peur de perdre!" Vous en connaissez beaucoup, vous, des pécheurs qui, au confessionnal, ont sincèrement "le ferme propos" de ne plus offenser Dieu? Au moins devraient-ils confesser ne pas l'avoir, ils ne recevraient pas forcément l'absolution, mais ils feraient une bonne confession.
RépondreSupprimer"Dieu, délivrez-nous de nous mentir à nous-mêmes pour qu'il ne nous soit pas vain d'espérer en Votre Miséricorde. Et apprenez-nous à "haïr le mal" pour nous abandonner à fonds perdus à Votre volonté, quelle qu'elle soit."
En bonus, ces deux cadeaux:
1. Vous avez du mal avec la notion de "volonté de dieu"? Oubliez le mot "volonté" et remplacez-le par "espérance". Dieu a une espérance pour chacun de nous (ce conseil m'a justement été donné par mon curé de paroisse).
2. vous voulez un beau programme de vie? "La sainteté dans la fantaisie" (c'est ce que se souhaite à elle-même mon amie Nathalie).