[par Hector] Il y a bien des lieux communs qui
affectent l’Eglise et dont l’opinion se nourrit. On les connaît. Ils tiennent
autant aux faits historiques (Inquisition) qu’aux institutions (célibat des
prêtres, etc.). Le mouvement traditionaliste, tel que perçu par le grand public, peut à lui seul résumer l’esprit de ces lieux communs
dont l’Eglise est victime. On peut dire qu’à ce jour sa nature reste peu ou mal analysée. Peu analysée, car les jeunes
générations ont une culture et une perception de plus en plus parcellaire du
milieu ecclésial ; mal analysée, car dans la tentation de la
classification, le traditionalisme serait la transposition au catholicisme
romain d’attitudes politiques situées à droite de l’échiquier. Au même titre
que le FN, encore situé à l’extrême-droite, ou que l’UMP, située malgré tous
ses doutes, à droite, le traditionalisme, ce serait logiquement la droite,
voire l’extrême-droite de l’Eglise.
Une telle vue est réductrice. Ce qu’une telle description oublie, c’est la question spirituelle. Or, ce qui est évacué par une certaine pastorale ecclésiale, c’est bien cet aspect, qui au demeurant n’est nullement politique! Si des fidèles franchissent les portes de chapelles, prieurés et autres modestes lieux de cultes, approuvés, tolérés ou récusés par l’évêque, c’est d’abord pour des raisons spirituelles, pour des raisons de foi. Prier, s’interroger sur la fin de sa vie, se poser des questions sur sa destinée est une chose ; adopter une position politique, définir un projet de société, dans des circonstances données, en est une autre. On peut aussi le dire d’attitudes dérivées : s’agenouiller à la messe, se confesser à un prêtre est une chose ; distribuer des tracts politiques, signer des pétitions ou faire du phoning en est une autre. En politique, on est davantage dans l’ordre de l’immédiat, des choix pratiques, qui s’appliquent à des situations données, nullement dans un rapport à son âme indépendamment de tout contexte.
Une telle vue est réductrice. Ce qu’une telle description oublie, c’est la question spirituelle. Or, ce qui est évacué par une certaine pastorale ecclésiale, c’est bien cet aspect, qui au demeurant n’est nullement politique! Si des fidèles franchissent les portes de chapelles, prieurés et autres modestes lieux de cultes, approuvés, tolérés ou récusés par l’évêque, c’est d’abord pour des raisons spirituelles, pour des raisons de foi. Prier, s’interroger sur la fin de sa vie, se poser des questions sur sa destinée est une chose ; adopter une position politique, définir un projet de société, dans des circonstances données, en est une autre. On peut aussi le dire d’attitudes dérivées : s’agenouiller à la messe, se confesser à un prêtre est une chose ; distribuer des tracts politiques, signer des pétitions ou faire du phoning en est une autre. En politique, on est davantage dans l’ordre de l’immédiat, des choix pratiques, qui s’appliquent à des situations données, nullement dans un rapport à son âme indépendamment de tout contexte.
Or, curieusement, si les fidèles
ont rejoint les rangs de ce qui allait devenir le mouvement traditionnaliste,
c’est bien parce qu’ils redoutaient une réduction du message spirituel à des
options purement politiques et temporelles. Si la crise de l’Eglise a fait
souffrir beaucoup de fidèles, c’est avant tout parce que des confusions avaient
été faites entre des attitudes spirituelles et des démarches temporelles (faire
la révolution, vouloir changer la société, etc.) avec réduction des premières
aux secondes. Les fidèles n’ont pas supporté que les homélies soient tournées
en prêche politique ou que le militantisme politique (et/ou syndical) soit
érigé comme l’étalon de la vie spirituelle. Sous prétexte d’aller de l’avant ou
d’ouverture au monde, des traits de la vie spirituelle furent évacués :
confession, dévotions, adoration du Saint-sacrement, etc. Sous prétexte
d’esprit évangélique, des notions comme la vie éternelle, le péché originel –
quand ce n’est pas le péché tout court -, la loi naturelle ou l’appartenance à
l’Eglise furent vidées de leur sens ou reléguées. Enfin, sous prétexte
d’humilité et de simplicité – attitudes qui mériteraient d’être mieux précisées
et non soumises à des interprétations démagogiques -, la visibilité de l’Eglise
par rapport au monde profane, donc temporel, a été atténuée : abandon de
la soutane et de tout signe religieux, dépouillement des églises,
transformation de la célébration liturgique en réunion associative ou festive,
etc. Si les réformes des années 1960 et 1970 n’ont pas été supportées par des
fidèles qui ont préféré faire le choix d’une résistance, c’est tout simplement
parce qu’elles évacuaient toute référence au surnaturel.
La question est plus
simple : les notions de péché, de rédemption, de contrition, etc.,
sont-elles de droite ? La
transcendance de Dieu et la permanence de l’Eglise peuvent-elles être annexées
à un camp politique donné ? Au temps des premiers chrétiens, bien des
concepts politiques actuels étaient clairement inopérants (la démocratie
parlementaire, la séparation des pouvoirs, la notion de représentation, le
concept de parti politique, etc.). En revanche, les notions de péché, de grâce,
de mort ou de rédemption étaient déjà d’actualité. Hier, comme aujourd’hui. Ces
notions sont de tout temps. De tout temps ? C’est justement le propre de
la… Tradition. Et de tout temps
aussi, les hommes se sont posés les mêmes questions sur la vie, la mort et le
sens de leur existence. Ils avaient beau vivre sous des latitudes différentes,
dans des milieux différents ou exercer des professions différentes : ce
sont bien les mêmes appels qu’ils ont reçu, les mêmes tristesses qu’ils ont
éprouvé et les mêmes espérances qui les ont nourris.
Comme il existe une gauche
hostile à tout aspect surnaturel, il existe aussi une droite qui ne goûte guère
au dépouillement évangélique. De même qu’il existe une gauche qui récuse toute
prière, il existe aussi une droite pélagienne qui refuse de voir que Dieu reste
le seul et véritable maître des temps et qui se réfugie dans l’activisme, etc.
De même qu’il existe une gauche qui rejette la morale comme un carcan, il existe une droite pour qui la
morale n’est qu’affaire d’utilité et de calcul, pour qui le mal ne saurait être
notion objective, et ce indépendamment du sujet qui le commet. Pour avoir vu
suffisamment d’esprits de droite dégagés de toute référence religieuse, je
m’interroge sur la pertinence qui tend à comparer les traditionalistes aux
militants de mouvements politiques, dont les comportements - outre le fait
d’être de moins en moins politiques… – sont encore moins religieux.
Plus précisément, le
traditionalisme a été une résistance à un
vaste mouvement de sécularisation affectant l’Église, qui s’exprime à une
époque où certains mouvements politiques actuels n’étaient pas sur le devant de
la scène. Pour nous limiter à l’exemple français, le mouvement traditionaliste
apparaît à une époque où le paysage politique (années 1960) reste marqué par un
condominium exercé par les gaullistes
et les communistes. Il se structure à une époque où le Front national - qui
n’apparaît qu’en 1972 - existe à l’état groupusculaire et réalise des résultats
électoraux microscopiques (années 1970). Enfin, il s’étend dans des régions qui
restent souvent imperméables aux succès électoraux du FN (années 1980), à tel
point que même Golias (dans un numéro
spécial sorti en 1991) dut reconnaître que la portion géographique du
territoire français la plus favorable au traditionalisme révèle une faible
implantation du FN. Enfin, le développement actuel du FN (début des années
2010) se fait encore dans des régions où la mouvance traditionaliste (Nord,
Picardie, etc.) est peu présente.
Quant aux exemples étrangers, ils sont encore plus criants : la
corrélation droite/traditionalisme est encore plus vidée de son sens, car,
outre l’absence de liaison entre les deux variables, on est en peine de trouver
une droite comparable à son homologue
française. Comment expliquer le développement de messes Ecclesia Dei, puis Summorum
pontificum, dans un pays (les États-Unis) étranger aux cristallisations
françaises de ces deux derniers siècles ? On peut descendre dans
l’hémisphère sud. Comment expliquer aussi le développement d’apostolats de la
FSSPX dans un pays (les Philippines) où peu de gens savent qui est Charles
Maurras et l’Action française ? Enfin, comment expliquer le succès de la
FSSPX ou de l’ICRSP dans des pays (d’Afrique noire) où l’on reste étranger aux
préoccupations de la survie l’Occident chrétien ? Le mouvement traditionaliste
mériterait d’être analysé à partir des préoccupations qu’il exprime, non de
phénomènes périphériques et conjoncturels, sans rapport avec la Tradition.
C’est un peu comme si on liait l’essor du mouvement traditionaliste à telle
mode musicale ou vestimentaire. À coup sûr, on friserait le ridicule.
Cet article contient beaucoup de vérités qu'il est bon de rappeler ; cependant, il me semble qu'il faudrait prendre en compte un facteur qui n'y est pas mentionné et qui à mon avis n'est pas sans importance, à savoir, le "mouvement catholique" de l'époque contemporaine, qui à certains égards, et avec les meilleures intentions du monde, puisqu'il s'agissait de rechristianiser la société ébranlée par la Révolution, a anticipé sur la sécularisation par l'intérieur de l'époque postconciliaire. C'est dans ce sens que vont par exemple les travaux d'Y. Tranvouez (comme Catholiques d'abord) : avec le mouvement catholique, des impératifs avant tout séculiers, profanes, donnent le ton et le rythme de la conduite de l'Eglise et des catholiques. Dès la fin du XIXe siècle s'opère un premier déplacement de la définition du bon catholique de la réception des sacrements, de la pratique des vertus, de la vie intérieure etc. vers une forme de militantisme ; le pontificat de Pie XI, avec sa promotion effrénée de l'Action catholique, aurait encore accentué ce déplacement, qui n'est peut-être pas pour rien dans le désastre connu depuis par l'Eglise dans les pays de vieille chrétienté. Ce déplacement vers le profane, même s'il ne s'inscrit généralement pas sur un immédiatement politique, a conduit à associer options politiques et sociales et options pastorales et spirituelles (Action catholique, mouvement "missionnaire" des années 1940-50, prêtres-ouvriers... options qui ont eu de larges répercussions liturgiques par exemple) : l'apparition des "catholiques de gauche" est probablement impensable hors de ce contexte marqué par le mouvement catholique. Peut-être l'analyse à mon sens assez juste proposée dans cet article demanderait-elle donc à être complétée en certains aspects.
RépondreSupprimerPeregrinus
Il y a beaucoup de vérités dans votre article ! Cependant, l´homme ne peut pas échapper aux influences politiques de son temps. C´est curieux, car on voit dire que la tradition serait la droite, mais jamais la gauche de l ´Église. Ce sont classifications que peuvent ne pas faire beaucoup de sens, mais qui existent. Les fidéles ne sont pas tous idiots, et certains peuvent percevoir si un prêtre parle de politique, de quelque côté il est. Mais je suis d´accord que l ´église n´est pas le lieu de parler sur politique. Mais il y a des choses qui affectent la vie des gens, et serait presque impossible rien parler : ici je ne parle pas de politique par rapport à la chose elle.même, mais de facts comme le coût de la vie, le travail, le monde moderne...Ici où j´habite, on ne voit pas, est rare entendre un prêtre qui parle de politique. Ici aussi, (même à la nouvelle messe) les notions spirituelles comme dévotions, adoration du S.Sacrement(qui on a tous les jeudis, même à la nouvelle messe) , la vie éternelle, etc, n ´ont pas été relégués. Un autre question à poser, c´est qu´il a une grande différence entre vivre dans une petite ville ou une grande ville. Si vous considérez cette différence, vou verrez que, dans les petites villes, on a une religiosité plus zélée, tandis que dans les grandes villes en général on verifie l ´invers. Peut-être que la vie aux grandes villes est bien plus pressée, car les gens perdent beaucoup de temps pour aller d´un endroit à un autre, et les églises ne sont pas toujours près de chez eux, donc, ils vont une fois par semaine à l ´église, tandis que dans les petites villes on peut y aller tous les jours. Mais votre texte est assez lucide, intéressant . Merci beaucoup de ce texte.
RépondreSupprimerCher Hector,
RépondreSupprimerSi vous voulez dire que le traditionalisme n'est qu'une des matrices du nationalisme français, mais pas la seule, on ne saurait que vous donner raison, à condition d'ajouter que cette composante religieuse est à la fois la plus profonde, et la seule à pouvoir durablement rendre légitime l'expression actuelle du discours national. C'est dire que, dans l'exemple français, le Front National se fourvoie en croyant pouvoir traiter les catholiques comme des "idiots utiles" de fondation, au bénéfice du vieux paganisme gudard remis en selle dans les habits neufs du laïcisme. L'empreinte du paganisme a été trop efficacement déracinée par la culture chrétienne pour que cette posture politique ait de l'avenir, même si vous avez raison de dire que, si "le mouvement traditionaliste" est "peu analysé",c'est que "les jeunes générations ont une culture et une perception" trop "parcellaire" du "milieu éclésial" pour que le traditionalisme ne leur paraisse pas folklorique, bien que les questions qu'il pose soient éternelles, même si le vocabulaire dans lequel il les pose est daté.
Ce n'est pas pour autant que "Le mouvement traditionaliste mériterait d’être analysé à partir des préoccupations qu’il exprime, non de phénomènes périphériques et conjoncturels, sans rapport avec la Tradition." J'entends d'ici l'historien et sociologue Luc Perrin soupirer d'aise en vous lisant, mais je ne voudrais pas me rendre complice de son déni et du vôtre, même si le vôtre est plus stimulant que le sien, si l'on me passe cet accès d'amertume récurrent à l'encontre d'un universitaire qui est mon pays par adoption puisqu'enseignant à l'Université de Strasbourg.
Les raisons de vous refuser d'analyser le traditionalisme avec l'impartialité que vous souhaitez tiennent d'abord à ce que vous a déjà dit notre commentateur brésilien: il ne viendrait à personne d'amalgamer le traditionalisme catholique avec la gauche de l'Eglise. Si le tractage et les dévotions n'appartiennent pas au même ordre d'activités, force est de reconnaître que les traditionalistes qui tractent le font presque toujours dans le même camp, un peu comme on dit que "tous les musulmans ne sont pas islamistes, mais tous les islamistes sont musulmans", pardonnez cette provocation un peu primaire. Pour l'affiner, je dirai que l'ADN de tout chrétien devrait en faire un dissident face au monde. L'originalité du traditionaliste catholique est que sa dissidence s'exerce au moins autant contre l'Eglise que face au monde. Le traditionalisme est est dans les catacombes de l'Eglise dans son face à face avec le monde. Se pose dès lors une première question: la dissidence contre l'Eglise est-elle légitime?
Mais Pour les "jeunes générations" auxquelles vous en appelez, la raison pour laquelle "des fidèles franchissent les portes de chapelles, prieurés et autres modestes lieux de cultes, approuvés, tolérés ou récusés par l’évêque", autrement dit cette logique de catacombes adoptée par une minorité théoriquement non opprimée, est plus obscure encore que ne l'est la réalité du milieu éclésial. Ce confinement dans les catacombes de l'Eglise pourrait être assimilé par les parents de ces jeunes à une dérive sectaire, même si la dissidence est à la mode parmi les jeunes.
(II)
RépondreSupprimerLe mode aristocratique de logique des catacombes adopté par le traditionalisme catholique face à une eglise embourgeoisée est difficilement compréhensible par une jeunesse déchristianisée, même si elle est plus pénétrée de valeurs chrétiennes que du paganisme qu'on voudrait lui offrir comme nouvelle matrice du nationalisme. Inversement, le bipartisme a une vie plus longue que vous ne le pensez dans la mentalité sociale: "la droite" et "la gauche" ne datent pas de la Révolution française, mais existent au moins depuis les psaumes, et le manichéisme de ceux-ci renvoie assez facilement à la division des jeux vidéo entre camp des "bons" (ou des "saints") et camp des "méchants".
Si donc vous placez le curseur aux origines des dualités culturelles, le bipartisme français à travers lequel on analyse le traditionalisme catholique, à la fois est moins impénétrable que la logique des catacombes que celui-ci a adoptée, et est presque aussi séculaire que les questions qu'il pose.
Le traditionalisme catholique est-il dépolitisé? Cela vous paraît relever de l'évidence, j'en suis beaucoup moins sûr que vous.
Je suis de l'avis de Peregrinus: vous dénoncez "Le militantisme politique ou syndical, étalon de la vie spirituelle". Nous n'avons là qu'un avatar de la charité politique prônée par l'Action catholique, et qui organisait l'Eglise en ses ordres : "le laïcat" pour le temporel, le clergé pour l'administration des choses spirituelles. A l'origine, cette organisation favorisait le cléricalisme ; aujourd'hui, compte tenu du manque de prêtres et de la tentation ou de l'attraction du pouvoir, le laïcat se mêle et tend à vouloir s'emparer du pouvoir spirituel. L'atavisme révolutionnaire s'il existe s'explique d'abord par là: c'est un fruit de l'action catholique. Mais il est largement fantasmé. Moi qui fréquente la liturgie ordinaire pratiquement tous les dimanches, je n'entends jamais des homélies qui seraient des prêches politiques. Tout au plus arrive-il qu'on encourage les campagnes du CCFD, qui, aux yeux de certains, est une dangereuse organisation révolutionnaire.
D'un autre côté, ne pas vouloir changer la société en réaction contre ceux qui voudraient faire la Révolution est aussi une option politique. Au nom de la permanence, e réactionnaire privilégie la conformation de la société à la "loi naturelle" et l'organicité politique et sociale sur les mythes ou les idéologies du progrès. Je me demande même si le réactionnaire n'est pas un sacrificiel en politique. Autrement dit, je le soupçonne de transporter en politique la logique sacrificielle qui est à l'oeuvre dans le culte divin, au risque d'opérer une confusion archaïque du politique et du sacrificiel, en désignant un ennemi humain à l'origine du sacrifice de l'Agneau immolé pour les péchés de tous les hommes. Disons que le réactionnaire est un sacrificiel conscient, quand le révolutionnaire est un sacrificiel qui s'ignore. Car la permanence et la Transcendance imposent qu'on leur sacrifie.
(III)
RépondreSupprimervous demandez: "les notions de péché, de rédemption, de contrition, etc., sont-elles de droite ? La transcendance de Dieu et la permanence de l’Eglise peuvent-elles être annexées à un camp politique donné ?" Je réponds oui, pour autant que Transcendance et permanence sont des valeurs de droite, qui s'opposent à la "fuite en avant" du progressisme de gauche. L'ontologie, la permanence d'un être stable opposé à un néant perçu comme anéantissement ou disparition sont des représentations de droite, au rebours de l'être en mouvement et du néant sans tragédie, qui sont des représentations de gauche. Voilà pour les transcendentaux.
Mais, objectez-vous, "Comme il existe une gauche hostile à tout aspect surnaturel, il existe aussi une droite qui ne goûte guère au dépouillement évangélique. De même qu’il existe une gauche qui récuse toute prière, il existe aussi une droite pélagienne" (et activiste). A cette différence près que la gauche est majoritairement séculière et que la droite est minoritairement utilitariste. La gauche morale de Jean-Claude Michéa n'est qu'une réaction populaire qui fait honte à la gauche intellectuelle ; de même, la droite de l'argent et la classe des parvenus qu'elle génère est le secret de famille de la droite, qui cache son économisme foncier et radical sous des intentions plus louables et nobles, censées obliger et garantir la Transcendance des valeurs familiales et patrimoniales à ne pas dilapider.
Sur un autre plan, l'impact du traditionalisme dans les pays que vous citez, soit est trop peu significatif pour étayer votre analyse (la FSSPX aux Philippines), soit réhistorise la matrice occidentale dans des pays anglo-saxons (les messes eclesia Dei aux Etats-Unis), soit ressuscite l'esprit des missions dans une Afrique noire qui y retrouve un garde-fou contre le retour au tribalisme qui menace l'intégritédu continent.
enfin, La relégation de "notions" telles que "la vie éternelle, le péché originel – quand ce n’est pas le péché tout court -, la loi naturelle ou l’appartenance à l’Eglise" doit être analysée à part des autres renoncements dont vous dressez l'inventaire. Ces relégations correspondent à une crise de la théologie fondamentale, et à une diminution de la Foi, beaucoup moins issue de la sécularisation que de l'effet conjugué de la volonté de s'affranchir d'une présentation traumatisante de certains dogmes, et du contact de la théologie chrétienne avec les sciences humaines et notamment l'anthropologie, qui vient relativiser ces dogmes traumatisants en les analysant comme des invariants de l'"esprit de religion".
RépondreSupprimerLa Guyane est à la mode.
Récemment elle se signala par de vigoureuses mesures à l’encontre de gourous venus d’Europe qui prétendaient se nourrir sur le dos du peuple alors qu’il y a tant de nouveaux bébés qui arrivent et dont il faut s’occuper.
Aujourd’hui c’est un jugement exemplaire qui vient de tomber, juste mais sévère ; un de ceux que l’on aimerait prononcer contre toutes nos incivilités.
Le différent n’était pas mince puisqu’il s’agissait, ni plus ni moins, que de la différentiation des espèces.
Pour mémoire, rappelons que la forêt vierge recouvre largement ce territoire, domaine où règnent des animaux « nombreux et variés ». Il serait donc légitime que leur tribunal dise sa vérité dans cette affaire.
Au moins en première instance, quitte à laisser le tribunal international des Etres Vivants de Genève se prononcer sur le fond.
Pas tout à fait d’accord avec vous Hector (ça rime !).
RépondreSupprimerLa volonté de changer les sociétés et donc l’humanité entière est mise en œuvre depuis l’époque de la Perestroïka. On cherche à changer les valeurs, les comportements, les attitudes et sous couvert « d’éthique » on impose une idéologie communiste de soumission (des masses) à l’Etat. L’Etat n’est plus, il est vrai, un pouvoir nationaliste mais un ensemble de poupées russes dont l’opacité de la première enveloppe laisse deviner son projet de domination mondiale. Une des techniques de ce cryptocommunisme étant d’infiltrer tous les milieux. La première cible est sans aucun doute l’éducation des enfants : C’est là qu’on change vraiment les mentalités, mais sa tactique s’étend à tous les secteurs de la société. C’est une révolution douce mais hégélienne. Douce car sa technique c’est la manipulation psychologique, universelle car elle envahit tout les secteurs de la vie publique et privée et tous les pays, de l’Amérique, son pays de naissance jusqu’aux confins du tiers-monde en passant par l’Europe et la Chine. La révolution psychologique cherche à modifier les comportements afin d’obtenir une adhésion de la personne au changement recherché. La religion (c’est là où je voulais en venir), n’est pas exclue de ce projet. C’est toujours la tactique du cheval de Troie mais dans sa version « soft ». C’est pourquoi il est difficile de séparer le politique du religieux. L’idéologie cryptocommuniste a certainement envahit l’Eglise après le Concile V.II, la notion de progrès et de changement étant les armes de cette idéologie. Elle s’attaque à la conscience et à l’inconscient de façon à ce que les gens eux-mêmes se croient les acteurs de ces changements. La messe centrée sur le peuple au lieu d’être centrée sur Dieu est la conséquence logique de ce phénomène et, bientôt, elle ne sera d’ailleurs qu’une vulgaire autocélébration. C’est pourquoi il est naturel qu’un courant s’oppose à cela. On a enlevé la Transcendance mais en même temps on a enlevé la culture (chrétienne), l’histoire etc. La résistance est politique car elle s’oppose à quelque chose de global qu’on ne sait pas toujours définir. On s’en est pris au Concile comme si à lui seul il pouvait contenir tout cet élan démoniaque ! La Tradition rejette toutes ces modifications de société. C’est une position spirituelle d’un côté et politique de l’autre (les partis jusqu’au FN étaient tous en harmonie avec cette idéologie cryptocommuniste). Pourquoi les U.S.A seraient-ils exempts de cette résistance ? Ils connaissent le problème encore mieux que nous !
@Benoîte,
RépondreSupprimerPeut-on parler de crypto-communisme à l'ère du libéralisme triomphant? Peut-on croire à la fable que raconte le régime chinois, selon laquelle le "moment libéral" n'est que le stade précédent le "communisme intégral"? Pourquoi est-ce une fable? C'est très simple : l'homme tombe toujours du côté où il penche, la pesanteur l'attire à la matière, le matérialisme pratique triomphera donc nécessairement du constructivisme intellectuel et partageux. Le marxisme en a pris son parti et a fait le deuil du communisme. S'il y a un néocommunisme, celui-ci se réduit donc à un individualisme de masse, à une prise de pouvoir sur l'intellect qui ne prend plus rien au porte-monnaie des capitalistes.
Pourquoi datez-vous ce crypto-communisme (dans votre terminologie, néocommunisme dans la mienne) de la perestroïka? Supposeriez-vous comme je l'ai fait que le Président Gorbatchev était un agent de la CIA? Sérieusement, le germe du totalitarisme se trouve dans la déclaration universelle des droits de l'homme. Au miliieu dune masse d'articles dégoulinant de bon sentiment, il y en a un ou deux qui disent en substance: non pas, "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté", mais plus subtilement: "Il est interdit d'éduquer les enfants à la contestation des droits de l'home." donc il faut les promouvoir et en faire la propagande. C'est dès la déclaration universelle des droits de l'homme que le contrôle a été pris sur l'éducation des enfants, et le combat pour l'éducation au constructivisme sexuel auquel on a assisté cette année se situe à l'intérieur de cette éducation aux droits de l'homme, qui entend ne pas en rester à "la nature naturante", mais inculturer la nature au moyen d'un constructivisme intellectuel.
@Hector, dans mon précédent commentaire, j'ai tellement voulu analyser votre texte en le serrant de près que j'ai oublié l'essentiel et n'y pensais même pas en rédigeant ma critique de votre refus que la Tradition soit la droite de l'Eglise. Non seulement vous devriez l'accepter, mais encore vous en réjouir. Etre à la droite du Père, c'est être du bon côté pour l'entrée dans le Royaume des cieux. Mais il y a plus : si ce n'était pas depuis la droite du Père que le traditionalisme interpelle l'Eglise du Fils de Dieu, il y aurait longtemps que celle-ci ne s'intéresserait plus au traditionalisme. Or elle continue mystérieusement à s'y intéresser. François a assuré qu'il ne condamnerait pas le lefébvrisme et le laisserait continuer ses activités avec une feinte indifférence sans rien lui concéder au nom de l'admiration qu'il a pour la vie pleine de choix, de "oui" et de "non", de mgr Lefebvre. cette promesse de non agression est la planche de salut du traditionalisme, qui aurait pu mourir de son refus de signer des accords avec Benoît XVI, dont on pouvait penser qu'il serait le dernier pape traditionaliste. Le sursit que laisse le pape François au traditionalisme catholique, en ignorant ses propres suspens a divinis plus encore que ne le faisait Benoît XVI qui les rappelait dans sa lettre aux évêques accompagnant le motu proprio, ne le laisse pas seulement prospérer, il lui laisse espérer et augurer qu'un autre pape traditionaliste viendra. Il laisse en attendant au traditionalisme catholique de beaux jours devant lui.