jeudi 17 juillet 2014

L’homme qui cherchait ses clefs [par RF]

[par RF] On connaît la vieille blague : sous un réverbère, en pleine nuit, un homme cherche ses clefs. Un passant s’arrête pour l’aider – en vain. Au bout d’un quart d’heure il lui demande s’il est sûr de les avoir perdues à cet endroit. «Ah non, répond le quidam, mais ici, au moins, c’est éclairé».

Cette histoire n’est jamais que la forme condensée d’une erreur assez répandue. Nous vivons des temps confortables mais troublés, où il ne suffit plus de vivre la vie de nos parents. Notre environnement (technique, sociologique, économique, etc) a changé au point que nos grands parents ne le reconnaîtraient pas. Face à cette nouvelle donne, nous n’avons pas toutes les clefs.

Le danger est alors de vouloir garder celles d’antan. Mais les codes ont changé, les portes qu’ils ouvraient n’existent plus. Les clefs de lecture ont été établies pour des univers qui ne sont plus les nôtres.

Amis lecteurs, je ne vais pas vous donner les exemples que vous trouverez vous-mêmes… que ce soit dans le monde du travail (que devient la loyauté réciproque entre le chef et le subordonné, quand chacun est prié de fonctionner comme un centre de profit intérimaire, free-lance, et interchangeable) – ou encore dans l’enseignement (où l’on passe de la rareté des supports de connaissance à leur surabondance).

Je veux plutôt vous raconter cette anecdote (est-elle vraie? je ne sais) de médecins américains se disputant vers 1980 sur une série de cas atypiques: les uns penchaient pour un nouveau type de cancer, les autres pour une hépatite inconnue. Ils ne savaient pas trancher, et puis ils ont compris que leur boite-à-étiquettes ne les aiderait pas, qu’il fallait inventer un nouveau mot (AIDS en l’occurrence).

Dans ces situations, le danger est toujours de forcer les faits à rentrer dans les cases dont nous disposons, à tordre les lignes pour qu’elles correspondent à nos schémas de pensée. Bref, à chercher l’explication non pas là où elle est, mais là où elle aurait été à une autre époque, parce «à cet endroit, au moins, c’est éclairé».

Pensons à frais nouveaux le monde qui nous entoure, étant saufs les principes! faute de quoi notre traditionalisme catholique deviendrait, dans ses applications sociétales, l'égout collecteur de tous les ringardismes, de toutes les obsolescences.

9 commentaires:

  1. bon, mieux vaut ne rien dire, puisque l'administrateur administre la censure ! Valls,hollande tradis, mêmes combats ...Admirel

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  2. C'est rigolo votre exemple sur le S.I.D.A., ça fait penser à un autre exemple.

    On s'est penché (début des années 2000 ?) sur un nouveau type d'union, inconnu jusqu'à présent, entre 2 personnes de même sexe. Après étude, cet union s'avéra inclassable et on inventa un mot nouveau: P.A.C.S.

    Mais cela ne correspondait pas aux exigences de certains intégristes, qui s'obstinaient à conformer le monde à leur vieilles façons de voir les choses. Pour eux seul le mariage avait un sens, et donc ils modifièrent ce sens par la force pour y inclure ce nouveau type d'union.

    Cet exemple nous montre bien où se situent les véritables intégristes, ringards et aigris.

    La modernisation du monde (et non pas le modernisme) est un autre sujet. Elle n'est en rien un problème pour les catholiques. Elle est un problème pour les véritables intégristes qui veulent contraindre le monde à leur vision obtuse. Réglementer, restreindre et surveiller internet est leur obsession.

    Attention au piège des mots. Souvenons nous que ceux qui lancent une injure, la lancent très souvent pour rejeter sur les autres ce qui taraude leur propre conscience. Le radin est le premier à traiter les autres de radins. Le ringard est le premier à traiter les autres de ringards. L'intégriste est le premier à traiter les autres d'intégristes.

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  3. Pascal de Roubaix18 juillet 2014 à 12:35

    Bien vu ! La tradition n'est utile que pour protéger le trésor, si elle ne protège plus qu'elle-même elle sent très vite le moisi.

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  4. Et alors ? Le texte est amusant mais il ne touchera personne. Soit le lecteur est tradi de stricte obédience et il s'en remettra à son coach spi, soit il sait regarder là où ce n'est pas éclairé et alors ce texte ne lui ouvre pas de piste supplémentaire.

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  5. Dans votre article vous parlez de médecins américains qui se disputaient sur le nom à donner à une nouvelle maladie qui apparut au début des années 1980. Comme cette maladie était surtout concentrée dans les grandes villes et touchaient surtout les Homosexuels, on lui trouva en 1982 un nom GRID qui veut dire Gay related immune deficiency. Cela fit un tapage monstre, c'était de l'homophobie. Alors histoire de calmer le jeu on l'appela AIDS ou SIDA en français. Voilà un exemple typique d'une clef de lecture qui fut rapidement changée... et pour cause.

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  6. Article étrange et finalement très abstrait. Il ne suffit pas de dénoncer des obsolescences et des ringardises : encore faut-il les identifier, et montrer qu'en effet elles sont effectivement obsolètes et ringardes (et non simplement hors des modes intellectuelles du moment). Et enfin, pourquoi faudrait-il exclure a priori que les traditionalistes ont présentement les bonnes clefs de lecture ? Et si les idées simples étaient les idées vraies ?
    Enfin, il y a quelque chose d'agaçant dans cette manie de vouloir constamment montrer que l'on n'est pas comme ces "amis tradis" tout de même un peu bornés et stupides dont il faudrait se distinguer.

    Peregrinus

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    1. @Mon cher Pérégrinus, et quelques autres! La chose est si évidente que je pensais qu’elle allait de sens: l’erreur de l’homme qui cherche ses clefs sous un réverbère, c’est l’erreur potentielle de chaque homme. Pour éviter d’avoir ensuite à redire ce qui me semble couler de source, je précise que les tradis sont des hommes, que tous les hommes sont faillibles, donc que les tradis sont faillibles. Pas moins, pas plus.

      Vous l’aurez noté, mon court texte reste général, avec une phrase finale tout de même réservée aux tradis (ben oui! quand même… on est sur le metablog, tout de même).

      La-dessus vous venez me reprocher de ne justement pas avoir listé les erreurs de vision actuelles des traditionalistes. Le faire, c’eut été tomber justement dans le travers que vous me reprochez. Surtout, et pour reprendre l’image de l’homme au réverbère, cela voudrait dire que je sais, moi, où sont les clefs.

      Certes non! tout juste si je sais dire ponctuellement que peut-être on fait fauisse route en les cherchant à tel endroit. Voyez par exemple mon poste «Dé/zoom» (août 2013) ou encore «Le concombre, cousin de la courge?» (août 2012). Pour le reste… je compte sur vous?

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    2. Nous savons bien sûr tous (cathos tradis ou pas, ou pas cathos du tout) où est la clef universelle: c'est la Croix.
      "Celui qui connaît la Croix connaît tout" : comme l'explique assez bien René Girard, cette citation n'est pas une figure de style mais est à prendre à la lettre.

      Donc pas besoin de chercher de clef.
      On peut chercher des petites clefs pour comprendre et résoudre des petits problèmes, mais tout ça reste ponctuel et à effet très limité.

      L'erreur de chaque homme c'est plutôt de chercher une clef qui n'existe pas, tout en sachant pertinemment qu'elle n'existe pas: une clef alternative à la Croix.

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    3. En tant que chrétien, je ne peux que vous donner raison... Cependant, ne croyez-vous pas que c'est un peu simpliste de considérer que la référence au Christ répond à toutes les questions ? Vous pourriez au moins citer la doctrine sociale de l'Eglise, qui est la seule alternative radicale au mondialisme.

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