jeudi 16 octobre 2014

Saint Augustin fait recette [par l'abbé de Tanoüarn]

Beaucoup de monde ce soir au François Coppée pour la première séance "Saint Augustin". Le premier étage est trop petit. Nous envahissons le rez-de chaussée. J'ai admiré cette foule de gens attentifs sur des sujets pas très faciles. J'ai admiré cette volonté de savoir, ce désir de comprendre ce qui a pu mouvoir cet esprit si délié à se donner entièrement au Christ. J'ai conclu sur un extrait du Livre 8 des Confessions que j'aime beaucoup : "Les méditations, dit Augustin, les réflexions que je faisais sur toi, mon Dieu, ressemblaient aux efforts de ceux qui veulent s'éveiller et qui pourtant ne peuvent faire surface et sombrent à nouveau dans les profondeurs du sommeil" - en latin ne peuvent faire surface se dit : superati soporis altitudinis : vaincus par la profondeur du sommeil. Spirituellement nous sommes souvent vaincus par la profondeur de notre "sommeil dogmatique" (Kant dixit), par la force de nos habitudes, par le diktat de notre confort. Entrer dans la vie spirituelle, c'est comme accéder à l'action véritable, nous réveiller de notre sommeil (selon une image qui est aussi dans saint Paul) - vivre.

Facile ? voyez un peu plus loin dans le livre VIII : "L'esprit commande au corps, on lui obéit aussitôt. L'esprit se commande à lui-même : on lui résiste. Il commande - dis-je - de vouloir, lui qui ne commanderait pas s'il ne voulait pas : et il ne fait pas ce qu'il commande" Saint Augustin est l'homme qui a inventé la volonté comme concept philosophique, après que saint Paul l'ait évoqué comme réalité théologique. A quelles conditions pouvons-nous devenir des êtres volontaires ? Nous ne le pouvons pas sans la foi. En revanche, avec la foi (comme le remarque Descartes), on peut vouloir à l'infini, alors que l'intelligence humaine, elle, n'accèdera jamais à l'infini.

Ce n'est pas l'intelligence conceptuelle dont les représentations sont tellement limitées, c'est l'acte de la volonté, que l'on peut appeler la tendance intellectuelle, qui nous permet d'accéder à l'Absolu. Pour saint Augustin, le seul problème c'est de parvenir à aimer. "Notre coeur est inquiet jusqu'à ce qu'il trouve en Toi sa quiétude". "Mon amour est le poids qui m'entraîne".

7 commentaires:

  1. « Un prêtre doit-il éviter de faire de la politique ? »

    6. Contrairement à Pontier de Marseille François répond clairement non. Il y eut d’abord cette parole mémorable « chers immigrés musulmans » - digne d’un Grand Mufti Catholique - qui était la seule à pouvoir être prononcée, reconnaissons-le, dès lors qu’on se croyait obligé de dire quelque chose. A Lampedusa ce fut un coup d’épée dans l’eau.

    Mais les nouvelles qui parviennent maintenant du synode romain sont ressenties par les catholiques français comme un coup de poignard dans le dos. Ces malheureux sont aux prises avec la plus effroyable meute de chiens dévorants, « Huma Nova », dont l’objectif est de changer l’Homme et subsidiairement transformer l’homme en femme.
    Il est clair qu’ils n’avaient nul besoin, dans leur combat d’arrière garde contre la chienlit ambiante, des décisions qui semblent avoir été prises sur le mariage catholique et sur la reconnaissance et l’accueil des homosexuels par le haut gouvernement de l’Eglise. Certains attribuent ces « avancées » au Pape.
    Répétons une nouvelle fois « Avec de tels amis... ».

    François nous vient d’une terre américaine, encore plus lointaine que l’Amérique du Nord, elle-même vide et grotesque sous sa carrosserie clinquante et lustrée. Dans cette terre partirent de chez nous des prêtres marxistes – nous en avons tous connus – prêcher la bonne parole dialectique aux péons andins, au risque de se faire cracher dessus par des lamas irascibles. De cette terre surgit aussi Léonardo Boff, qui fit couler beaucoup d’encre ecclésiastique avant de défroquer et de vivre à la colle. De ce continent où on prétend que les pauvres nombreux et valeureux seront sauvés par la disparition des riches rares et dégueulasses.
    Les gens de la vieille Europe, cœur de la Chrétienté, eurent beaucoup de retenue et quelques appréhensions quand ils virent arriver un Saint Père de là-bas. Aujourd’hui ils sont en passe de paniquer : pour le christianisme, pour l’humanisme, pour leur culture. Ils restent seuls au créneau, ils sont seuls à pouvoir défendre.
    On aura beau faire, les Bergoglii sont et resteront des expat.

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  2. Quelques bouffées Augustino-cabaretières.

    Augustin parle de lui. Il livre un témoignage de lui-même. On en est tous là.

    Il exprime une certitude intérieure. Les certitudes extérieures sont relatives.

    Selon Bergson une œuvre = une seule idée. Superbe.

    Le désir de Dieu n’est pas naturel. Bigre ! C’est vite dit. De fait ce désir est inscrit en toutes choses dès l’instant sans durée de la création.

    Désir de Dieu = connaissance. Mais nous ne sommes qu’aptes à connaître. Mis à part naturellement ceux qui peuvent visionner un match de foot jusqu’au coup de sifflet final.

    Moins je le connais, plus je suis à jeun, plus j’en suis écœuré. Normal puisque notre seul désir profond est de le connaître.

    La conscience ne suffit pas à rejoindre l’absolu. Il y a aussi les emmerdements de chaque jour.

    La mythologie (grecque, romaine), c’est la vie rêvée des hommes. Splendide.

    Et nous terminâmes par cet aveu de De Benoit « Si j’étais chrétien je serai prêtre ». On a envie de rétorquer « Et si ma tante en avait ». Mais de nos jours cette répartie est devenue incompréhensible.

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  3. Oui il y a la volonté comme réalité théologique et la volonté comme concept philosophique. Par contre, il n'est pas impossible que cette volonté puisse être freiné par un acte provenant de cette faculté qu'est l'intelligence. Ici le rôle de l'intelligence de stopper est le fruit de la clairvoyance, du discernement. Il est pas catholique de faire volontairement des sauts dans le vide quand nous savons par l'intellect qui sont dans le vide.. L'intellect ici venant au secours de la volonté.

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  4. A quoi sert de vouloir à l'infini si l'on ne peut pas ce que l'on veut?

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  5. Bouffée anale.

    L’autre soir l’Abbé, pressé par le temps, n’a eu qu’un mot pour évoquer le fameux vol des poires - connu par cœur de l’assemblée. C’était un mot de trop : ce larcin est tout sauf un tour de mauvais garnements. Augustin explique clairement que c’est un pur acte gratuit, le mal pour le mal, la provocation ultime à la création.

    Cette attitude n’est pas si fréquente, tout au moins dans la littérature. Le méchant Richard III, Iago le porte-serviette d’Othello, ont des motivations précises. Quant à Don Juan, mythe des mythes, il a toujours quelque chose à grappiller dans ses actions. Sauf dans sa confrontation avec le Commandeur, mais il s’agit là d’une situation fictionnelle, un peu fabriquée.
    Pour en trouver des exemples on est contraint de regarder du côté des bouffons : le Lafcadio de Gide, le Salavin de Georges Duhamel.

    Dérober des poires dont on n’a que faire, c’est de l’art pour l’art, quand bien même il s’agirait d’affronter un risque physique, jamais nul, de se prendre une flopée de plombs dans le bas du dos. Aventure qui serait plus risquée si on s’avisait, au demeurant, de dérober une cerise haut perchée.
    Et en bande organisée de surcroit.

    Gâcher, détruire une nourriture pour le « plaisir », c’est attenter à la richesse que le créateur nous offre, c’est insulter le jardinier qui l’a produite, c’est humilier le genre humain. Car il y a toujours quelqu’un quelque part qui a faim.

    On comprendra l’effarement qui nous saisit quand on assiste au déversement de tonnes de produits agricoles devant les portails de préfecture. Les politiciens responsables seront-ils un jour châtiés ?

    Mais voici que l’actualité nous offre, impromptu, un remarquable acte gratuit – un cas d’école – autant inattendu qu’ignoble. Dans la patrie des lettres, des sciences et des arts on vient de dégrader – au point de le rendre impropre à la consommation – une œuvre d’art, une sculpture gonflable d’un des plus grands créateurs contemporains, sous les yeux et à la barbe – si on peut se permettre - de la gardeuse des sceaux.

    Est-il utile de préciser que sont accusés du méfait « le printemps français, les milieux identitaires, les cathos tradis ». C’est l’habitude. Ce qui est nouveau c’est qu’on les accuse maintenant de bien connaître la signification seconde mais réelle de Tree aussi bien qu’un détraqué normal. « Mais, oui, Messieurs, nous connaissons cela, nous avons tous eu dans notre jeunesse des copains carabins, lesquels au retour d’une nuit de garde aux urgences, étaient trop heureux de nous ébahir en nous citant tous les objets qu’ils avaient récupérés : la canette de bière (le plus classique) mais aussi la bouteille de coke, les boutons de porte style Louis XVI (dans les beaux quartiers), les clés à molette (du côté de Billancourt) et même, uns fois, une ampoule électrique - sans doute le patient avait souhaité s’éclairer dans un endroit habituellement obscur. Nous n’ignorons rien de ces pratiques adjuvantes. »

    Pour le dire en deux mots Tree c’est aussi plug et sex-toy.

    Ainsi, en quelques jours, nous sommes passés d’un vol de poires à l’afessement d’une poire à lavement.

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    1. Cet anonyme fait sans doute référence au twit de Maître Eolas du 18 octobre
      « Je suis effaré de voir la quantité de réacs autoproclamés qui savent ce que c’est qu’un plug anal ».

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  6. que cette sculture soit un arbre ou un sex-toy, qu'on trouve ca beau ou laid, pourquoi vouloir imposer sa vision aux autres, alors que l'art ce n'est justement que de la subjectivité, et ca cheche a pousser à la reflexion et à l'interprétation...

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