Dans la perspective de l'enquête d’été mené par Présent sur les divers
médias, quelques questions m'ont été posées sur mon rôle de nouveau rédacteur en chef de Monde et Vie. L'entretien, dirigé par ma complice courtoise Anne Le Pape, est paru le 11 juillet dernier. Il n'a pas vieilli.
— Monsieur l’abbé, vous avez dirigé de nombreuses publications. Je me souviens notamment de Quark, qui doit être la première…
— Quark,
effectivement, fondée par Christophe Héry, que j’ai dirigée après son départ de
Paris, devenue ensuite Certitudes, Pour une catholicité baroque, enfin La Nouvelle Revue Certitudes, avec plus
de 50 numéros parus pour les deux titres. Il s’agissait d’une revue
d’idées, mise sous le patronage de ce que Marc Fumaroli appelle l’âge baroque.
Plus que d’une époque, il s’agissait d’une manière d’être catholique. L’abbé
de Nantes parlait de la Contre-Réforme catholique, mon catholicisme
baroque était de cette eau, en moins polémique. L’idée de la Contre-Réforme
au XVIIème siècle était de réaliser une symbiose entre la foi et la culture, pour lutter
efficacement contre le protestantisme. Il faut bien reconnaître qu’à ce jeu-là,
les catholiques à l'époque ont gagné par KO debout!
A notre époque, où l’on veut enfermer le christianisme dans les sacristies, une telle ambition m’était apparue à la fois salutaire et nécessaire, avec la liberté d’esprit qu’elle suppose toujours.
A notre époque, où l’on veut enfermer le christianisme dans les sacristies, une telle ambition m’était apparue à la fois salutaire et nécessaire, avec la liberté d’esprit qu’elle suppose toujours.
— N’y a-t-il pas eu aussi Objections ?
— Toutes les revues sont mortelles. J’en ai créé deux
autres : Objections et Respublica Christiana, un trimestriel
dont j’ai publié quatre numéros.
L’ensemble offre une réflexion sans tabou sur la condition
chrétienne et sur l’orthodoxie dans la société d’aujourd’hui. Mais, pour faire
vivre ces revues qui étaient autant de danseuses, j’ai lancé Pacte, une feuille d’informations, dont
il y eut 87 numéros. Pacte
vivait bien, avant que l’informatique ne vienne rendre ce genre de presse
caduc, car les informations brutes, on les trouve toujours plus vite sur
internet. La presse, aujourd’hui, doit proposer et un esprit, et une analyse.
— Ces revues n’avaient pas une périodicité aussi soutenue que celle d’une parution toutes les trois semaines, comme Monde et Vie. Ce rythme n’est-il pas un peu lourd, en plus de votre activité de pasteur, l’organisation du centre Saint-Paul avec notamment les conférences hebdomadaires, l’animation de Metablog et je dois en oublier ?
— Monde et Vie est
avant tout une équipe et une amitié. C’est un travail collectif, avec un
conseil de rédaction pour chaque numéro et une bonne complémentarité entre des
rédacteurs jeunes et animés d’un même esprit.
— Quel esprit, précisément ?
— L’esprit de Monde et
Vie a certainement évolué depuis sa création. Nous avons publié le
911e numéro (dont vous retrouverez des extraits sur monde-vie.com)… J’ai eu le bonheur de présider au 900e. Au départ, Le Monde et la Vie, fondé par
André Giovanni (qui lancera plus tard Santé
Magazine, avec le succès que l’on sait), était une sorte de Paris Match catholique de droite, avec
le même format et, dans chaque numéro, le poids des photos. L’objet était de
magnifier l’action du maréchal Pétain ou des héros de l’Algérie française. Un
peu plus tard, Claude Giraud, qui a longtemps eu une émission sur Radio
Courtoisie, récupère ce qui s’appelait déjà Monde
et Vie et c’est elle, officiellement, qui fait du magazine le principal organe
de presse du traditionalisme catholique, dans les années 1970, avant la
naissance de Présent.
Plus tard encore, Olivier Pichon reprend notre magazine, avec une ambitieuse politique de développement et un vrai rajeunissement des cadres, dont le symbole est encore aujourd’hui, pour les pages femmes et famille, Gabrielle Cluzel. Monde et Vie, sous son impulsion, devient vraiment généraliste, s’intéressant aussi bien au théâtre, au cinéma en même temps qu’à l’actualité politique, sociale et religieuse. Lorsque Jean-Marie Molitor rachète Monde et Vie, il apporte une expertise de patron de presse, avec la volonté de conserver à ce magazine une dimension catholique militante. Eric Letty arrive comme rédacteur en chef, représentant, avec la pertinence et le style qu’on lui connaît, ce qui devient, sous son panache, la ligne du journal, à la fois catholique et maurrassien.
Je suis le modeste héritier de cette histoire mouvementée d’une résistance catholique et française, désormais bien ancrée dans le XXIe siècle. Monde et Vie veut être, en 32 pages, un magazine généraliste abordant sans complexe tous les sujets, dans une perspective résolument catholique et donc traditionnelle en même temps que nationale, et donc ouvertement anti-mondialiste. Le combat d’aujourd’hui est à la fois politique, social, religieux. Notre ennemi est le nihilisme contemporain dans tous ses états, la crise des valeurs, qui prend la forme d’une sorte de nomadisme obligatoire. Notre arme, face au terrorisme intellectuel, au pseudo grand récit progressiste et à tous les discours intimidants, c’est la netteté, avec l’ambition, dans tous les domaines, de servir la vérité.
Plus tard encore, Olivier Pichon reprend notre magazine, avec une ambitieuse politique de développement et un vrai rajeunissement des cadres, dont le symbole est encore aujourd’hui, pour les pages femmes et famille, Gabrielle Cluzel. Monde et Vie, sous son impulsion, devient vraiment généraliste, s’intéressant aussi bien au théâtre, au cinéma en même temps qu’à l’actualité politique, sociale et religieuse. Lorsque Jean-Marie Molitor rachète Monde et Vie, il apporte une expertise de patron de presse, avec la volonté de conserver à ce magazine une dimension catholique militante. Eric Letty arrive comme rédacteur en chef, représentant, avec la pertinence et le style qu’on lui connaît, ce qui devient, sous son panache, la ligne du journal, à la fois catholique et maurrassien.
Je suis le modeste héritier de cette histoire mouvementée d’une résistance catholique et française, désormais bien ancrée dans le XXIe siècle. Monde et Vie veut être, en 32 pages, un magazine généraliste abordant sans complexe tous les sujets, dans une perspective résolument catholique et donc traditionnelle en même temps que nationale, et donc ouvertement anti-mondialiste. Le combat d’aujourd’hui est à la fois politique, social, religieux. Notre ennemi est le nihilisme contemporain dans tous ses états, la crise des valeurs, qui prend la forme d’une sorte de nomadisme obligatoire. Notre arme, face au terrorisme intellectuel, au pseudo grand récit progressiste et à tous les discours intimidants, c’est la netteté, avec l’ambition, dans tous les domaines, de servir la vérité.
— En tant que nouveau rédacteur en chef, quels sont vos projets pour Monde et vie ? Qu’envisagez-vous comme nouveautés ?
— Je ne crois pas nécessaire d’effectuer beaucoup de
changements dans l’état actuel des choses. Nous avons une équipe rédactionnelle
assez variée et qu’il faudra étendre encore. Nous avons depuis peu un site
internet (monde-vie.com), qui est un bon relais pour le magazine. Il faut seulement être le plus
attentif possible à l’actualité, pour faire en sorte que chaque numéro soit
comme un premier numéro, sans jamais céder à la lassitude que peut entraîner
forcément la périodicité quasi mensuelle qui est la nôtre.
— On remarque par exemple, dans les derniers numéros, un plus grand nombre d’entretiens, souvent animés par vous, d’ailleurs. Quelles sont les raisons de ce choix ? Trouvez-vous que cela correspond à un besoin actuel, « dans l’air du temps » ?
— Je fais avant tout ce que je sais faire à travers ces
entretiens, qui ont l’avantage par ailleurs d’ouvrir le magazine à toutes
sortes de talents, à toutes sortes d’expériences, donnant à Monde et Vie la diversité du monde et
les couleurs qui sont celles de la vie.
Plus que jamais, avec internet, l’écrit est devenu le moyen de communication le plus universel. Dans ce contexte, la presse écrite demeure une référence, le lieu où s’expriment ceux qui, au-delà du déluge verbal des réseaux sociaux, ont vraiment quelque chose à dire. En 32 pages, nous offrons une synthèse qui se veut à la fois accessible et dense pour ceux qui n’ont pas de temps à perdre. Dans la confusion actuelle, si nous voulons garder un jugement clair sur les événements et sur les personnes, le support papier reste indispensable, en offrant à chacun la distance nécessaire pour ne pas être victime des mirages de l’immédiateté.
Plus que jamais, avec internet, l’écrit est devenu le moyen de communication le plus universel. Dans ce contexte, la presse écrite demeure une référence, le lieu où s’expriment ceux qui, au-delà du déluge verbal des réseaux sociaux, ont vraiment quelque chose à dire. En 32 pages, nous offrons une synthèse qui se veut à la fois accessible et dense pour ceux qui n’ont pas de temps à perdre. Dans la confusion actuelle, si nous voulons garder un jugement clair sur les événements et sur les personnes, le support papier reste indispensable, en offrant à chacun la distance nécessaire pour ne pas être victime des mirages de l’immédiateté.
Propos recueillis par Anne Le Papeanne-le-pape@present.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire