Jésus est mis au tombeau. Cet ensevelissement sonne comme une sorte de confirmation de l'article précédent : il est bien mort puisqu'il a été enseveli. De Lui qui est "le saint de Dieu", il ne reste pour ceux qui l'ont connu, ceux qui l'ont aimé, qui ont espéré et qui ont cru en lui, qu'un cadavre. Mais ceux qu'une telle perspective ne détourne pas de lui, celles qui, après le sabbat, dès le matin, sans se demander comment elles pourront embaumer ce corps aimé alors qu'une grosse pierre interdit l'accès au tombeau, sont encore là, sont revenus, sans doute espérant obscurément contre toute espérance, attendant alors qu'elles n'ont plus rien à gagner, aimant un mort d'un amour absolument gratuit. Ce sont des femmes, ce n'est pas un hasard, il y a dans leur démarche toute l'insistance ou l'entêtement de femmes amoureuses, qui suivent Jésus depuis la Galilée nous indique saint Luc et qui ne veulent pas admettre que c'est fini. Ces femmes voient la pierre roulée, le tombeau vide, des anges qui leur disent de retourner en Galilée; Elles ne le voient pas lui, mais cela leur suffit pour courir dire aux apôtres : il est ressuscité d'entre les morts. Les apôtres ne le prennent d'ailleurs pas très bien : "ce récit leur parut comme un délire et ils ne les crurent pas"(Lc 24, 11). La misogynie est la plus forte alors que ce qui leur est demandé, ils le sentent bien, c'est du courage. Il y en a une autre qui n'est pas satisfaite, c'est Marie Magdeleine. Pendant que les autres femmes essaient de convaincre les hommes d'aller voir (d'aller voir quoi pense sans doute la Madeleine : le tombeau vide ?), Marie Madeleine est revenu sur les lieux, elle erre comme une folle dans le jardin, cherchant ce corps qu'elle n'a pas pu toucher. Dieu lui envoie des anges, mais cela ne lui suffit pas, c'est Jésus qu'elle cherche, elle n'a pas besoin du baratin sur une résurrection qui serait purement spirituelle, elle veut toucher, reconnaître son Seigneur. Si elle ne le peut pas c'est qu'on a volé son corps. Elle aperçoit un homme dans le jardin : "Monsieur, monsieur, ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où ils l'ont mis". Le jardinier ce retourne et il l'appelle par son nom : Marie !" Rabbouni répond elle : mon petit maître. Elle se précipitait dans ses bras quand elle entendit : "Ne me touche pas, car je ne suis pas encore retourné vers mon Dieu et votre Dieu, vers mon Père et votre Père". C'est Marie Madeleine qui décide Pierre, le chef des apôtres et aussi Jean, le mystérieux disciple. Parce qu'elle est revenue au tombeau, parce qu'elle a insisté, il lui a été donné d'être la première à voir le Seigneur en personne.
Lorsque Pierre et Jean accourront au tombeau, alertés par Marie Madeleine, qui a vu le ressuscité la première, Jean, le disciple qui est aussi cohen, qui sera bientôt élu grand prêtre, reste à l'extérieur. Il a couru plus vite que Pierre, il est arrivé le premier au Tombeau, mais, observant fidèle de la loi juive, il ne peut pas voir un cadavre sans se souiller. Il reste à l'entrée et ne pénètre dans ce tombeau qui était un tombeau neuf (où il n'y avait pas d'autres cadavres donc d'autres occasions de se souiller), que lorsque Pierre l'eut assuré que le tombeau était vide. Alors seulement il put s'avancer. "Il vit et il crut" dit-il à son propre propos dans son Evangile. La foi, dans son coeur avait définitivement remplacé la loi. Il regardait de tous se yeux, il écarquillait les yeux dans l'obscurité, vérifiait qu'il n'y avait plus de cadavre, que les linges étaient soigneusement pliés. Et lui revint la parole du Seigneur sur le fils de l'homme qui ressuscitera le troisième jour. Il crut à la parole que Jésus avait dite comme en énigme. Il crut à la vie : pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la vie avait eu le dernier mot : "la vie est devenue en Jésus Christ la lumière des hommes" écrira-t-il dans le prologue de son évangile. Oui décidément, qui a le courage de la chercher la trouve.
Le tombeau est le lieu où envers et contre tout, contre tous, Marie Madeleine a cherché et à trouvé la vie.
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