mercredi 24 juin 2009

Une poussée de fièvre plutôt rassurante

Mgr Marc Aillet a dit sa réprobation de la Gay Pride organisée à Biarritz:
«Les revendications tapageuses de groupes pour la plupart étrangers à la ville de Biarritz ne représentent pas, et de loin, la conviction profonde qui anime les personnes homosexuelles. Il suffit de lire tel ou tel témoignage pour comprendre à quel point celles-ci sont en souffrance. Outre le fait que la jeunesse, particulièrement les enfants, n’a pas besoin de voir affichées des revendications aussi agressives, une telle licence sexuelle exposée sur la voie publique ne peut avoir que des effets négatifs sur la moralité sociale et le bon sens de la majorité de nos concitoyens.»
Il l’a écrit à Didier Borotra («Je tenais à vous communiquer en toute simplicité ces quelques réflexions») qui est maire de Biarritz. Lequel n’a pas apprécié la prise de position de l’évêque («j’ai eu honte à la lecture de votre lettre») et le lui fait savoir :
«En tant qu’homme politique, je ne me mêle jamais des affaires de l’Eglise et je vous conseille d’en faire autant.»
… et aussi :
«De toute évidence, vous ignorez les lois de la République»
On peut argumenter que les lois de la République, justement, autorisent le citoyen Marc Aillet à exprimer son avis, même négatif, même concernant un élu local. Mais je ne crois pas que ce soit cela qui est en cause.

Ce qui est en cause ce n’est pas qu’un évêque ou un prêtre prenne position. Personne n’a jamais reproché aux évêques de France de s’exprimer sur les sujets les plus divers - ils ne s'en privent d'ailleurs pas: «le développement de l’Union européenne a été un facteur de paix et de prospérité», «les événements qui se déroulent depuis plusieurs semaines à Gaza sont effroyables» ou encore «dans la France d’aujourd’hui, serait-il moins risqué de frapper sa femme que son chien?». Personne n'a jamais reproché non plus à l'abbé Pierre de s'intéresser à des questions sociales.

Ce qui est insupportable à la France de 2009 c’est que Mgr Marc Aillet aille contre le courant. Qu’il s’exprime comme tout le monde (paix=bien, violence=mal) et c’est bien volontiers qu’on lui passera le micro. Qu'il aille dans le sens général, et on rendra hommage à son courage. Mais que sur d’autres sujets il ne chante pas en chœur, et c’est la levée de bouclier sur l'air de «de quoi se même-t-il?!». Hargne, quolibets et trépignements. Ces poussées de fièvres (Benoît XVI et les capotes, Mgr Aillet et la Gay Pride) seront d’autant plus fréquentes que la société se déchristianisera, et que l’Eglise fera entendre son message.

Il n’y a pas à s’en inquiéter. C’est même plutôt rassurant. Le Saint Père l’a redit, «Jésus a été en fait ‘un signe de contradiction’ (Lc 2, 34), et il continue à l’être, même de nos jours».

3 commentaires:

  1. "Ce qui est insupportable dans la France de 2009 c’est que Mgr Marc Aillet aille contre le courant. "

    mais n'est-ce pas la mission du chrétien que d'aller contre le courant du monde ?

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  2. En réponse à Jovanovic: effectivement. Le proverbe allemand dit "Nur tote Fische schwimmen mit dem Strom" -seuls les poissons morts vont dans le sens du courant- on pourrait en dire autant des chrétiens. La voie du chrétien c'est le Christ, suivons-la sans trop nous préoccuper des vents ni des courants du monde.

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  3. Finalement Monseigneur courageux s'oppose à la banalisation du mâle...

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