mardi 7 juillet 2009

Ah ! l'obéissance...

Le 7 juillet 2007 le pape octroyait son Motu proprio libéralisant la messe traditionnelle. Le 7 juillet 2009, il publie une encyclique, signée le 29 juin pour la fête des saints Pierre et Paul et sous embargo jusqu'à midi. 07 07, le chiffre de la perfection ?

C'est le 6 juillet - hasard de la numération : 7 - 1, la perfection, moins un : n'est pas pape qui veut! - que m'est parvenue la belle défense de l'obéissance que signe Antoine une fois de plus. Notre webmestre bien aimé étant parti en vacances, loin de toute connexion wifi, je vous communique moi même, avec les moyens du bord, le long message qu'il m'envoie, ayant fait l'effort de se procurer (par quelle voie ?) mon adresse personnelle : gdetanouarn2@wanadoo.fr. Je le remercie de tout coeur et vous livre volontiers son message:
Bonjour Monsieur l'Abbé j'ai tenté de vous répondre par voie de commentaire sur le blog mais j'ai l'impression que ça n'est pas passé... donc je préfère vous envoyer directement ma réponse que vous pourrez mettre sur le blog ou non, comme vous le voudrez! Désolé de m'acharner sur ce sujet, mais j'ai tout dit dans mon commentaire, donc je n'en rajoute pas! je trouve que ce type de débat résume bien ce à quoi nous excellons pour perdre notre temps plutôt que de méditer la Révélation et j'ai été un peu déçu que ce soit vous qui l'ayez initié! Certes, entre les grenouilles de bénitier qui estiment que vous n'êtes pas assez ceci et moi qui vous trouve pas assez cela, il y a de quoi envoyer paître tout le monde et vous en avez le droit! Avec mes respectueuses salutations.A. B.


Merci pour ces nouvelles précisions, M. l'Abbé, mais je reste chiffonné par ce débat et sans doute n'ai-je pas été assez clair dans mon propos puisque certains estiment que ma charité est par trop iréniste ou que je demanderais de tendre l'autre joue...
Il m'importerait peu de n'être pas compris par des gens que je n'estimerais pas et de plus votre profondeur habituelle de vue, M. l'Abbé, me semble éloignée des propos grinçants que vous infligez au prêtre vannetais ; donc je m'explique une ultime fois!
A) Rien dans les propos de ce prêtre ne laisse à penser qu'il souhaite victimiser l'IBP, le faire passer pour un bouc puant ou non, ou autre. Il se contente d'affirmer qu'il se tait et qu'il obéit... Le journaliste croit pouvoir en déduire une opposition qui n'est certainement que dans sa tête et qu'il qu'il arrive assez adroitement à faire passer dans la nôtre. Je trouve cela manipulateur, injuste, peu respectueux de ce prêtre et de sa « présomption d'innocence »! On le considère coupable de diabolisation de l'IBP en extrapolant non ses propos mais son silence (!) , ce qui est parfaitement incompréhensible et illogique.
B) Si le silence de ce prêtre obéissant peut être interprété négativement et alors jugé comme une diabolisation de l'IBP, la dénonciation que vous en faites à votre tour dans trois posts successifs, M. l'Abbé, revient exactement à adopter le comportement dont vous l'accusez! En réalité, vous venez par trois fois de diaboliser ce prêtre, de le vouer aux Gémonies et à la vindicte populaire des commentateurs peu amènes de votre blog! Comme quoi on voit assez facilement la paille supposée dans l'œil de ce prêtre tout en pratiquant soi-même très concrètement l'attitude dont il ne serait, lui, qu'hypothétiquement coupable... En d'autres termes et quand bien même vous auriez raison sur le fond de l'analyse de la pensée de ce prêtre, est-il bien adroit pour dénoncer son attitude, d'utiliser exactement le même comportement que vous avez pourtant parfaitement symptomatisé, analysé et surtout dénoncé ? Bref, si ce prêtre pèche en stigmatisant l'IBP, que faisons-nous à notre tour en le lynchant ?
C) Je vais pousser le bouchon mais on aurait pu tirer grand profit de la méditation sur l'obéissance silencieuse de ce prêtre qui est celle qu'ont pratiquée les plus grands saints, à l'imitation du Christ, l'Agneau conduit au supplice sans ouvrir la bouche, selon le Prophète, qui s'est fait obéissant jusqu'à la mort, par amour de son Père : avait-Il le choix ? Intéressant sujet de méditation théologique d'ailleurs, que cette notion de choix du Sauveur... En tant que Dieu, en tant qu'Homme, en tant que Fils de son Père, en tant que Fils de la Vierge Marie, en tant que Créateur, en tant que Justicier, en tant que Perfection absolue, en tant qu'Amour infini...
En conclusion, je trouve que cet échange montre combien la stigmatisation des tradis par les modernistes a été nourrie et entretenue par la stigmatisation inverse. Et pourtant : « Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des pharisiens... »
Conclusion de la conclusion : j'aime bien vos posts quand ils nourrissent la méditation spirituelle et la connaissance théologique ; c'est ça qui manquait à la FSSPX!... En revanche, laissons-lui les polémiques stériles et les combats politiques! (voilà qu'à mon tour je ne peux m'empêcher de stigmatiser la FSSPX ;-)) Car je pense que nous avons plus besoin d'une spiritualité exprimée en termes d'aujourd'hui que de monômes liturgiques qui parlent de guerres collectives de clan et non de l'union de l'âme avec Dieu...
Et voici ma réponse :

Cher Antoine,
J'apprécie beaucoup que vous m'ayez d'abord envoyé ce mot personnel et signé (dont je n'ai conservé que vos initiales) et ensuite le raisonnement en trois points que le lecteur vient de prendre connaissance. Je crois que la vie est ainsi faite : Primum vivere, deinde philosophari. J'aime que vous ayez signé d'abord et que vous ayez réfléchi ensuite. "La raison, cette petite chose à la surface de nous même" disait Barrès. Je ne fais pas d'antiintellectualisme (ce serait un comble de ma part), mais je trouve que l'essentiel, pour que la discussion puisse être fructueuse, c'est la qualité de la relation de personne à personne et c'est ce que je ressens dans votre mail et dans le mot personnel, précédant l'explication (ou la tentative d'élucidation) que vous m'envoyez.

En vous relisant, je crois que je suis d'accord avec à peu près tout ce que vous dites.

Premièrement : je pourrais le faire, avec tel ou tel écho bien ou malveillant que j'ai pu recueillir sur place, mais il est inutile de rentrer dans le détail de la conduite de ce prêtre, le Père Guillevic, qui, quoi qu'il en soit de ses intentions personnelles, a obéi. Cette obéissance, toute gouvernée par le bien commun de l'Eglise, est une bonne chose. Elle ne saurait lui être reprochée. Elle doit être portée à son crédit.

Deuxièmement : vous citez la même formule évangélique que moi (pas le temps de vérifier, si par hasard elle ne se trouvait pas dans l'un de mes trois derniers posts, sachez que j'y ait pensé très fort) : "Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux". C'est un signe! J'allais dire : on est connecté pareil.

Troisièmement : vous stigmatisez ce que vous appelez avec bonheur les guerres de clan. C'était l'essentiel de mon propos. Non pas rentrer dans une nième croisade politique à l'intérieur de l'Eglise, mais inviter à l'amour du Royaume de Dieu au-delà des idéologie et surtout au-delà de ce mécanisme archaïque du Bouc émissaire, qui nous empêche de voir le bien à accomplir ensemble.

Si je vous ai donné l'impression de prendre personnellement à partie l'abbé Guillevic, je m'en excuse. Mon propos était de stigmatiser le terrorisme intellectuel et spirituel régnant dans la sainte Eglise et dont ses silences atteste qu'il est une victime et pas un acteur.

Vous ne le dites pas explicitement mais vous pensez sans doute qu'il aurait été plus habile de se taire et de remercier par mon silence de la faveur que constituait l'offre de la Basilique Sainte Anne. Nous avons remercié et nous remercions Raymond Centène du fond du coeur, je l'ai fait ici même avec une chaleur non feinte. Mais le connaissant pour avoir échangé assez longuement avec lui sur la terrasse du Séminaire français, je ne crois pas que Mgr aura mal pris ma défense de la liberté des enfants de Dieu, face aux mécanismes destructeurs qui orchestrent le consensus des chrétiens en dehors du seul consensus divin, celui qui a pour objet les vérités de la foi.

La question fondamentale que posent les silence de l'abbé Guillevic est la suivante : doit-on admettre que l'unité des chrétiens se réalise par l'union sacrée de tous contre quelques uns que l'on baptise "intégristes" et que l'on jette hors du campement ? Doit-on admettre que le Curé Guillevic évoque à demi mot ce consensus de tous contre quelques uns, en répondant aux journalistes : "Vous comprendrez bien que...". Comme si ses critères pour nous juger devaient être les mêmes que... les leurs ?

Il me semble que l'Eglise repose effectivement sur un consensus, celui qui naît d'une foi commune et que de ce point de vue, le curé Guillevic se serait honoré en disant : "Vous comprenez bien que nous avons, eux et nous, la même foi".

Détail direz-vous... Je crois que désormais nous ne sommes plus dans les années Soixante dix où une foi unitarienne tendait à remplacer la foi catholique à l'intérieur de l'Eglise. Ce silence et cette complicité affiché entre un prêtre et des journalistes qu'il ne connaît pas - plutôt qu'entre un prêtre et des prêtres dont il sait par hypothèse que leur foi est la même que la sienne - ce réflexe diabolisateur, qui matériellement ne repose sur rien, et qui chez le curé Guillevic se manifeste par un silence hautement revendiqué, demeure actuellement comme le principal obstacle pour réaliser cette union entre les catholiques, à laquelle nous invite avec tant d'insistance le Saint Père.

Dans ce Metablog expérimental, dont la première caractéristique est la liberté de parole, il m'a paru important que ces considérations aient lieu, et qu'elles soient bien précisées au fil de vos interventions et de mes réponses. Non pas par hargne ou amertume vis-à-vis de quiconque, mais pour... chercher l'air frais qui nous sortira de ces quarante longues années de plomb.

Cher Antoine, excusez ma hardiesse, qui aimerait n'être en rien polémique ou politique. J'abhorre la guerre des clans autant que vous. En 2006, j'ai organisé à Paris une grande Mutualité dont l'un des slogans était : La guerre de 70 est terminée. Rassurez-vous : ce n'est pas en 2009 que je vais m'amuser à la rallumer.

Message personnel : je serais ravi de vous connaître, cher Antoine. Je ne sais si vous êtes parisien. Mais si le coeur vous en dit et si votre travail vous en laisse le temps, vous pouvez m'appeler au o6 15 1o 75 82.

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