...au Curé de Sainte Anne d'Auray qui a la gentillesse de nous accueillir, ce n'est pas sa profession d'obéissance, c'est que, lui parmi tant d'autres, il joue le jeu de la diabolisation, qui me semble vraiment un jeu diabolique. Le jour où on aura compris que diaboliser son prochain (en particulier entre chrétiens), c'est un acte antiévangélique, il me semble que l'on aura fait un grand pas vers la santé dans l'Eglise.
Pour qui a un peu lu René Girard, la diabolisation est lié au mécanisme du bouc émissaire qui caractérise les sociétés archaïques. Il est quand même dommage de constater que, à mots couverts ou à insultes découvertes, cette diabolisation, de part et d'autre (je veux dire qu'on soit "conciliaire" ou "tradi"), ait cours dans l'Église. C'est le cas de répéter avec le Christ que si notre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens (c'est-à-dire celle des sociétés préchrétiennes) nous n'entrerons pas dans le Royaume des Cieux.
Si les chrétiens étaient plus nombreux à vivre de cette logique de la charité qui refuse le Bouc émissaire comme un mécanisme diabolisateur, indigne de la grâce qui les a régénérés, ils seraient certainement, toutes liturgies confondues, plus crédibles. Mais si dans l'Église c'est comme ailleurs, il ne faut pas s'étonner qu'on ne fasse qu'y passer.
Reste Antoine que vous avez raison de louer l'obéissance du curé.
Message personnel à mon cher Webmestre : techniquement je n'arrive plus à répondre "dans le fil". C'est ce qui vous vaut à tous cette réponse solennelle et un peu longue.
Pour qui a un peu lu René Girard, la diabolisation est lié au mécanisme du bouc émissaire qui caractérise les sociétés archaïques. Il est quand même dommage de constater que, à mots couverts ou à insultes découvertes, cette diabolisation, de part et d'autre (je veux dire qu'on soit "conciliaire" ou "tradi"), ait cours dans l'Église. C'est le cas de répéter avec le Christ que si notre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens (c'est-à-dire celle des sociétés préchrétiennes) nous n'entrerons pas dans le Royaume des Cieux.
Si les chrétiens étaient plus nombreux à vivre de cette logique de la charité qui refuse le Bouc émissaire comme un mécanisme diabolisateur, indigne de la grâce qui les a régénérés, ils seraient certainement, toutes liturgies confondues, plus crédibles. Mais si dans l'Église c'est comme ailleurs, il ne faut pas s'étonner qu'on ne fasse qu'y passer.
Reste Antoine que vous avez raison de louer l'obéissance du curé.
Message personnel à mon cher Webmestre : techniquement je n'arrive plus à répondre "dans le fil". C'est ce qui vous vaut à tous cette réponse solennelle et un peu longue.
Obéissant? Mouais! Pour moi, obéir, c'est faire ce qui est demandé, ni plus, ni moins. On peut faire plus, et c'est bien. Mais quand on fait... parce que vraiment on n'a pas d'autre choix -et qu'on le fait savoir- ce n'est plus de l'obéissance à proprement parler, c'est de l'obéissance a minima.
RépondreSupprimerMerci de prendre la peine de répondre à ma remarque, Cher M. l'Abbé, mais permettez-moi de vous faire remarquer respectueusement et néanmoins amicalement que vous pratiquez à l'égard de ce prêtre ce processus de diabolisation que vous décrivez si bien car je ne vois nulle part de sa part les mots couverts ou les insultes découvertes que vous évoquez...
RépondreSupprimerVous donnez ce prêtre en pâture à votre lectorat, comme s'il fallait qu'il paie pour tous les autres tout en analysant avec une grande clairvoyance le processus de dénonciation qu'affectionnent les tradis : quel paradoxe...
Et contrairement à ce qu'affirme Maciek, l'obéissance même contrainte, vécue dans le Christ est méritoire, à moins de pouvoir juger au for interne, ce qui est tellement apprécié par les tradis mais pourtant si peu conforme à la charité et au précepte évangéliques !
« Contrairement à ce qu'affirme Maciek »… J’affirmerais que l’obéissance n’est pas méritoire si elle est contrainte. Voici ce que comprends Antoine de ce que j’ai écrit. C’est donc que je me suis mal exprimé. C’est donc que je dois redire les choses différemment.
RépondreSupprimerQu’est-ce qu’obéir ? Cas n°1: Quand on tombe dans le vide, on obéit (aux lois de la gravitation) mais on n’en a aucun mérite. Cas n°2: Quand on se plie à la volonté d’un supérieur, on obéit avec d’autant plus de mérite qu’on aurait pensé agir différemment.
Dans quel cas se trouve le curé en question ? Il ne s’agit pas de le juger mais de lire sa phrase. Il s’exécute, mais son «vous comprendrez bien…» vient nous dire qu’il y a quelque chose à comprendre. Quelle chose ? «je ne souhaite pas m’exprimer» (c’est donc sérieux). Et pourtant il s’exprime : «Nous ne faisons qu’obéir»… et même que ça vient de tout en haut («demandé par Rome»), pas moyen de faire autrement.
Les propos de ce curé (les a-t-il démentis?) indiquent une ‘obéissance’ qui me semble se rapprocher plus du cas n°1 (la pierre tombe – a-t-elle le choix ?) que du cas n°2.
Après votre explication, Maciek, je constate que je n'ai pas déformé vos propos ni votre pensée. Vous avez d'ailleurs une étrange conception de l'obéissance bien éloignée de la morale.
RépondreSupprimerEn revanche, vous sollicitez/extrapolez gravement les propos et la pensée de ce prêtre en tombant directement dans le procès d'intention (voire dans l'invention pure) totalement contraire à la charité.
Plus généralement, je suis désolé de constater que votre attitude confirme la remarque que je faisais à l'Abbé.
Finalement vous m'ayez bien compris, ce n'est pas un malentendu, mais bien une divergence d'appréciation sur ce point.
RépondreSupprimerPour ma part je ne connais guère la morale, mais le bon sens me dit qu'une chose est méritoire quand elle est consentie. Exemple: un pauvre bougre mendie, vous lui donnez 2 euros, c'est charitable, donc méritoire. Dans une autre ville, au autre jour, un pauvre bougre armé d'un gourdin vous demande 2 euros, vous lui donnez parce que vous avez la pétoche. C'est bien légitime mais où est le mérite? où est l'acte de charité?
Deuxième point, est-ce que je juge ce curé? Je dis que non. Je me contente (comme vous) de lire la phrase que rapporte le journaliste. Cette phrase, vous y voyez "une belle leçon d'obéissance" parce qu'il dirait en substance "je ne m'exprime pas, j'obéis". J'en fais une autre lecture: d'abord, il s'exprime. Et il le fait par un code si classique ('vous comprendrez bien...', 'je ne souhaite pas...', 'nous ne faisons que...') qu'il faut un esprit optimiste comme le vôtre, Antoine, pour ne pas y voir sous-jacentes récrimination et contestation.
Obéissance? Telle n'est pas l'impression que me laisse la phrase du curé Guillevic.
Cher Maciek, la question est de savoir si nous devons faire de ce prêtre un bouc émissaire ou non et pour cela, il convient de ne pas se baser sur des sentiments et des impressions tout en se demandant quelle est notre légitimité pour porter un tel jugement sur ce prêtre...
RépondreSupprimerCher Antoine, ce n'est pas ce prêtre qui est en cause, c'est sa déclaration, je veux bien croire qu'il vaut mieux que sa phrase que nous rapporte le journal. Phrase que je trouve, allez, plutôt moche. Je fais part de mon ressenti sur cette phrase (et sur cette phrase seulement) après que vous l'ayez fait le premier ("une belle leçon d'obéissance").
RépondreSupprimerVous voyez, il ne s'agit pas de 'lyncher' le curé, ni de le juger ni de le dénoncer, toutes choses qui à vous lire serait une spécialité des tradis. Je connais assez les travers de mon (notre?) milieu. M'étant adressé à quelques prêtres diocésains dans le cadre d'une demande d'application du motu proprio, j'ai fait une découverte: ces travers sont (à tout le moins) bien partagés. Mais c'est une autre question.
Cher Marciek
RépondreSupprimerIl me semble que votre exemple du pauvre bougre armé d'un gourdin proposé à Antoine est insatifaisant.
Il semble plus voler que mendier, ne pensez vous pas?
Ensuite en lui donnant même sous la contrainte, et la peur, mais en lui pardonnant, n'accomplirait pas tout autant la charité?
si l'on peut comprendre, par des années de non-dit l'attitude de ce curé, certainement formaté par un environnement, et parfois par l'attitude de certains traditionnalistes...
Si l'on peut comprendre aussi l'étonnement de Monsieur l'abbé et son mot, certainement causé par les mêmes raisons...
Antoine fait des remarques charitables et légitimes.
Et Monsieur l'abbé l'a compris.
Peut-on penser que les deux clercs réunis autour d'un bon dîner pourrait en discuter?
Je suis certain qu'une meilleure compréhension serait-alors possible.
A coté d'une caisse automatique de parking, une jolie gitane, mendie armée de son enfant.
J'introduis mon ticket et la note est salée.
Je m'approche d'elle et je lui dis je donne tout le temps maintenant toi peux tu donner? je lui indique le montant de ce que je dois payer. Elle me donne l'argent...
Je prends l'autoroute, je m'arrête dans une station pour me désaltérer, je prends deux bouteilles d'eau, arrivée à la caisse armée du même sourire, je dis à la jeune femme, allez vous me faire payer pour deux bouteilles d'eau, elle me regarde me rend mon sourire, et me laisse passer sans payer.
Tout cela sous le regard médusé d'un ami qui peut en témoigner...
Trouvez vous ces deux situations comparables?
Que fait la gitane en répondant à ma demande?
Que fait la caissière en répondant à ma demande? La peur est présente pourtant, celle de la caissière qu'on s'en aperçoive...pourtant elle le fait devant témoin la personne qui m'accompagne.
Secret Story
RépondreSupprimerCher Monsieur l'abbé:
"Si les chrétiens étaient plus nombreux à vivre de cette logique de la charité..."
Votre mission sera d'inviter, le curé à un repas amical.
Si vous l'accomplissez vous gagnerez...
« Tendez l’autre joue ! » C’est le conseil aimable que semblent donner certains dans cette petite affaire. Mais le Christ lui-même a-t-il toujours tendu l’autre joue ? Ne se présente-t-il pas aussi comme un puissant signe de contradiction, qui vient bousculer les logiques trop humaines ? En maintes occasions relevées avec soin par l’évangéliste, ne voit-on pas à l’œuvre une authentique combativité chez le Fils de Dieu, qui n’en incarne pas moins la Charité de façon absolue ? A l’évidence, le Christ ne pouvait confondre les uns et les autres en matière d’injures et d’offenses, comme le font souvent nos contemporains post-modernes. Victime librement offerte pour l’éternité, il ne pouvait s’en laisser conter en matière de victimes réelles et supposées. Ainsi décerne-t-il aux « pharisiens hypocrites » le plaisant label de «sépulcres blanchis, qui au dehors paraissent beaux, mais qui au-dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture » (Matthieu 23, 27). Difficile, aujourd’hui, de mesurer l’audace polémique de NSJC en cette occasion ! Il faudrait peut-être déjà que l’on accepte de voir où se jouent certains épisodes du combat de la foi à notre époque. Combat que seule permet la Charité qui emporte tout.
RépondreSupprimerPour la question de M.l'Abbé sur les Anonymes : oui, ils sont plusieurs car pour ma part qui écris de temps en temps dans ce blog, je ne me suis pas exprimé dans ce fil. Nous sommes donc au moins trois (également constaté dans d’autres fils, trois ou quatre même, à moins que les deux ci-dessus ne soient un :-)
RépondreSupprimerLe mien était le message dans le fil précédent sur le sujet, qui, au lieu de juger ce brave curé, essayait de répondre à la question du pourquoi de son attitude d'obéissance contrainte (donc à mon sens louable car effort sur soi), plutôt que joyeuse. Je me permets de répliquer mon message ici, car cet aspect mérite à mon sens d'être analysé (c'est la paille dans notre oeil avant la poutre dans celui du voisin) : « Anonyme a dit…
Exact, il obéit et c'est d'autant plus louable car il obéit contre son gré ! Peu importe la cause, comme vous dites, il ne connaît pas la Tradition telle que vue et vécue par vous, M.l'Abbé, il n'en récolte que ce que la "majorité visible" tradie sème par ci, par là : sur le FC (insupportable de prétention, surtout chez certaines "vieilles dames", mais le fanatisme des hommes très présent aussi), dans une certaine presse affiliée tradi (généralement d'extrême-droite nationaliste à outrance), dans les attitudes affichées des tradis de leurs certitudes lefebvristes les menant droit au paradis, dont bien sûr tout les autres sont exclus...
Si vous êtes confronté à ce types de réactions, pensez que ce sont "vos"
(guillemets car veut dire tradis de différentes mouvances lefebvristes) fidèles qui véhiculent cette image pas très avenante de la tradition et qui n'attire pas des chrétiens qui vivent autrement, pensent autrement, bien qu’unis dans le Christ. Ce prêtre est catholique, donc donc il obéit, mais les tradis tels qu'ils s'affichent dans la société ne lui donnent pas envie d'aller plus loin....3 juillet 2009 17:07 »