lundi 27 décembre 2010

Dans les diocèses: «… la relève n’est pas là …»

La Croix s’entretient aujourd’hui avec Marie-Françoise Godard, l’assistante sociale que le diocèse de Rennes emploie, «pour apporter une aide aux prêtres âgés». Il s’agit de les accompagner «sur le plan matériel comme sur le plan de leur santé». Et ce n’est pas une mince affaire : Les «500 prêtres» de 2001, ne sont plus que «340» mais leur moyenne d’age est passée de 69 à 74 ans. Une des missions de l’assistante sociale est d’établir un «tableau de bord trimestriel avec le nombre de prêtres actuel et prévisionnel, la pyramide des âges», qui aide l’évêque dans ses nominations. Vues les circonstances, celles-ci «deviennent plus difficiles».

Autre difficulté, pour les prêtres : Retraités «à 60 ans» pour les caisses de prévoyance, ils restent en activité jusqu’à 75 ans et peuvent alors «demander à être déchargés de leurs fonctions: ils sont alors ‘retirés’». Demande qu'ils ont du mal à faire: «le sacerdoce, c’est toute leur vie». Et «ils voient bien que la relève n’est pas là». Quitter leurs ouailles? mais pour les confier à qui! Se pose aussi la question des moyens financiers: «Pendant leur séminaire, on leur a dit qu’ils seraient toujours pris en charge». L’assistante sociale prend en compte leurs désirs, mais doit «voir avec eux ce qui est possible».

Certains diocèses font appel à des bénévoles pour cet accompagnement des vieux prêtres. Mais le métier  ne s’improvise pas, et les évêques commencent à recourir à des assistantes sociales professionnelles: «En 2001, nous étions six… aujourd’hui, nous sommes 14». Inévitablement, «le thème des prêtres âgés sera débattu lors de la prochaine Assemblée plénière des évêques à Lourdes».

Voici donc ce que dit l’article. Il témoigne de ce que l’Eglise de France s’évapore. Force est de constater qu’à ce sujet, un ricanement imbécile s'élève parfois de nos rangs: Il y aurait d’un côté les «conciliaires» qui n’ordonneraient plus grand monde -- de l'autre côté nos séminaires traditionalistes, qui seraient pleins.  Eh bien... c’est une erreur d’optique.

Prenez un diocèse classique: 20 ou 30 ordinations annuelles dans les années cinquante, 2 ou 3 aujourd’hui. Auxquels s’ajoute un jeune formé dans une Fraternité et ordonné «pour la messe traditionnelle». Nous, traditionalistes, pouvons nous réjouir: ce nouveau prêtre c'est «1 sur 4» voire «1 sur 3»! Dans le même temps nous reprochons aux «conciliaires» d’avoir décroché de 90%. A y regarder de plus près... c'est aussi imbécile et injuste que si des «conciliaires» nous objectaient que le sacerdoce sous sa forme traditionnelle attire aujourd'hui  un seul jeune, c'est à dire 20 ou 30 fois moins que dans les années cinquante.

L’Eglise de France ordonne une petite centaine de prêtres chaque année. Pour maintenir le clergé à 25.000 (étiage des années 70) il faudrait 500 ordinations annuelles. Nos séminaires traditionalistes ne sauraient à eux seuls en fournir plus qu’une fraction, quelque bonnes que soient les perspectives.

La souffrance de l’Eglise de France est notre souffrance.

6 commentaires:

  1. Excellente analyse du WM. Mais il faudrait chercher les causes du tarissement des vocations et ce ne serait pas glorieux pur les évêques.

    Je vois deux causes principale. Tout d'abord la fermeture des petits séminaires et des juvénats qui étaient des pépinières de vocations (une vocation cela se cultive dès le plus jeune âge ; il es rare que cela vienne à 25 ans, sauf exception rarissime). Ensuite les critères de recrutement retenus : on a sélectionné les séminaristes selon "l'esprit du Concile" et "ouverts" au monde moderne; tout jeune un tant soit peu "traditionnaliste" ou de droite (même modérèment) ou bon élève en latin était impitoyablement écarté. On a vu le résultat : tous les ordinands des années 70-80 (sans exception) ont quitté le sacerdoce. Les séminaires se sont vidés ou ont été dissous après 1968.
    Maintenant comment redresser la barre. J'avoue que je n'entrevois aucune solution, d'autant plus que dans les familles "cathos" que je conais on pousse plutôt les jeunes à faire "prépa" qu'à entrer au séminaire puis à faire un "beau" mariage avec une sur-diplômée (le problème c'est qu'ils ne trouveront plus de prêtres pour les marier).
    Dans dix ans la situation sera terrible. J'ai bien peur que la seule solution des éveques soit de faire appel à des gens mariés et/ ou à des femmes. Ne riez pas : c'est ce qui est suggéré dans un site dirigé par deux "théologiennes" en jupe qui ont eu maille à partir ave Mgr 23 mais qui apparemment font la loi (et avec quelle arrogance) à la TV catholique du dimanche.

    RépondreSupprimer
  2. Cher webmestre,
    La crise des vocations fait régulièrement revenir sur le tapis l’idée de prendre des hommes mariés ou des femmes ou même des femmes mariées pour devenir prêtres (prêtresses).
    L’idée est tellement éloignée d’une tradition, pour le coup bien tenace, qu’on la trouve saugrenue et même un peu sulfureuse.
    Pourtant, ce serait un moindre mal que d’avoir des prêtres mariés ou féminins voire les deux, plutôt que pas du tout.
    Il faut bien se rappeler que la prêtrise n’a pas toujours impliqué le célibat. Un prêtre vivant dans le siècle n’est pas un moine.
    Evidement, un homme sans attaches familiales est plus disponible. Mais, si c’est cette seule raison qui est invoquée pour en maintenir le célibat, alors cela ne tient pas face à un autre choix de vie.
    Toutefois, je crains que cela soit un pis-aller. Imaginons l’accès à la prêtrise offert à tous, hommes et femmes, mariés ou célibataires. Il y aurait nécessairement une recrudescence des vocations, mais cela ne suffira certainement pas, car le problème est de toute évidence ailleurs.
    La fermeture des séminaires et tout autres raisons matérielles peuvent également et justement être évoquées. Toutefois, je suis persuadé que le problème est d’un autre ordre.
    Une rupture s’est opérée dans la société. Jadis, les familles étaient pratiquantes parce que socialement, il devait en être ainsi. Cela faisait baigner les enfants, puis les adolescents dans un bain de foi et de culture religieuse qui pouvait être propice à une vocation çà et là. Aujourd’hui, il n’est plus socialement nécessaire de s’afficher comme pratiquant. Une partie de la société, sans doute la moins motivée, la moins formée à la religion, a fini, tout naturellement, par s’éloigner de la pratique et donc de la culture religieuse. Ce qui est un choix individuel s’impose comme étant une quasi obligation familiale. En effet, les enfants n’étant plus éduqués religieusement, ils ne sont presque jamais touchés par la religion et seront même plus ignorants que leurs parents.
    Ajoutons à cela une volonté, peut être malhabile, de vouloir suivre l’air du temps du concile, de 68 etc., et le taux des vocations chute nécessairement. Ceux qui ont une réelle vocation dans un tel flot de laïcité conquérante, sont sans doute les plus mystiques et ceux-ci se tournent vers la vocation monacale (hommes et femmes).
    Il est a remarqué que deux « genres » de vocations monastiques semblent s’imposer depuis quelques décennies. Les ordres nouveaux où parfois couples vivent avec des moines et moniales consacrés (Béatitudes) et les ordres anciens en version traditionnelle (Bénédictin(e)s du Barroux). Là aussi on voit que les femmes ont leur place.
    Il y aura une solution. Celle-ci émergera sans doute par surprise et dans une direction que nous n’imaginons peut-être pas encore.
    Clément d'Aubier (pseudo de rêverie)

    RépondreSupprimer
  3. Tout le monde sait que l'ascenseur social est cassé.

    Jadis l'entrée dans le clergé signifiait pour les intéressés une promotion sociale (voir le Rouge et le Noir). Beaucoup de curés étaient des fils de paysans voire de domestiques (voir Le Journal d'un curé de campagne) qui faisaient carrière dans l'Eglise et pouvaient devenir chanoines ou même évêques.

    Qu'on se rappelle que le curé était une prsonnalité qui comptait dans la commune oule canton;

    Hélas depuis les années 50 les prêtres ne veulent plus être des notables. onvoirt le résultat. D'ailleurs comment respecterait-on un bohomme en jean et polo. Quoiqu'on en dise la soutane amenait les respect et même les "mauvais garçons" se gardaient bien de brocarder les prêtres. Monsieur le Curé ou Monsieur l'abbé c'était quelqu'un : même les non catholiques venaient lui demander conseil pour un problème dans le foyer ou pour un enfant qui ne marchait pas droit.

    Enfin, c'est un monde qui semble fini.

    RépondreSupprimer
  4. Petit témoignage: je découvris la messe en 1958,avec un aumônier de lycée en soutane, fils de mineur du Nord, grand liturgiste et passionné de Dieu, prédicateur, enseignant, vulgarisateur du thomisme... . J'avais croisé dans ma famille "décomposée recomposée" un autre prêtre, blondélien, jamais en soutane, jamais un bénédicité, mais pourtant très cultivé, directeur de revue et auteur de livres. Mon père disait toujours de lui:" si sa mère ne l'avait pas forcé à être prêtre , il aurait été plus heureux marié"...
    La rupture entre deux styles, deux théologies,(qui ne recouvre pas "traditionnalistes/conciliaires" exactement ), entre une vision "mystique" (théologale") et une vision horizontale même littéraire( psychique,sociologique)...me semble avoir fait une grande part du mal.
    Et moi qui aurais tant aimé être prêtre (la messe, ce pivot des mondes!)...j'ai finalement abandonné,devant la trop grande divergence de "figures"...et les idées arrêtées de mon père... (peut-être pas un mal; qu'aurais-je été sinon un prêtre révolutionnaire?)
    Les paysans d'après la révolution, dite française, partagés entre les réfractaires et les soumis, n'avaient ils pas le même sentiment?
    J'entends dire souvent : notre diversité fait notre richesse( j'entends cela à "droite" comme dans l'"église" ... "il y a beaucoup de maisons..").mais pour ceux du dehors, ce n'est que cacophonie et contradictions...

    A quand une réunification minimale, qui permette de nouveau aux "gentils" de dire " voyez comme ils s'aiment"???

    L'idée de "pas de prêtre du tout " (voire de pas d'église du tout !) ne doit pas nous paralyser ou jeter dans n'importe quel palliatif: les japonais n'ont ils pas vécu deux siècles sans aucun prêtre,? Et l'Eglise triomphante comme l'Eglise souffrante n'existent-elles pas déjà?

    Les catacombes recommencent , comme les persécutions. il n'y pas là que de l'illogique : n'a-t-on pas voulu, par angélisme et primitivisme, nous faire recommencer les " premières communautés"...Eh bien, les premières communautés,c 'est aussi les persécutions, le désert et les catacombes...

    il nous reste à organiser des centres culturels et théologiques où de bons livres nous tiennent lieu de prêtres, et d'utiliser Internet et autres moyens ( voyages, etc ) pour resserrer les liens...Pourquoi pas des paroisses sur le Net, comme déjà certains prêtres( Pagès, Tanoüarn, naguère Aulagnier) le font?
    Le baptême, nous pouvons le conférer. Et les communions spirituelles, ce n'est pas pour les chiens ..;
    Ce que Dieu permet doit être adoré ! A.S.

    RépondreSupprimer
  5. @ l'anonyme du 28/12, à 20:27

    Vous croyez vraiment que si le curé n'est plus un notable, c'est parce que par une humilité mal comprise on aurait voulu suite au Concile qu'il en soit ainsi?

    Dans le canton, entouré de paysans qui quittait l'école a 12 ans, le curé d'antan faisait figure d'homme de science -- en outre il jouissait d'une certaine aisance matérielle. C'est terminé.

    @ l'anonyme du 27/12, à 20:45

    Ce qui précède explique ce que vous dites: que les familles poussent leurs fils vers des diplômes d'ingénieur de juriste ou de médecin, plus que vers la sacerdoce.

    Être prêtre, c'est exercer un métier difficile, non reconnu (voir mal vu), qui permet de vivre mais de plus en plus chichement. Et avec fort peu de perspectives de reclassement si on décide de le quitter.

    Alors effectivement, laisser son fils suivre cette voie si l'on pense que telle est sa vocation, c'est une chose. Mais le "pousser" dans cette voie, s'en est une autre.

    RépondreSupprimer
  6. L'aspect économique et social n'explique pas tout.

    Dans les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle les prêtres sont rémunérés par l'Etat sur les mêmes bases que les professeurs des écoles et de surcroit ils sont logés gratuitement par les mairies des communes. Malgré tous ces avantages il y a peu d'ordinations sacerdotales (en moyenne une par an pour les deux diocèses de Strasbourg et de Metz) et l'on manque cruellement de prêtres. A l'inverse il y pléthore de pasteur(e)s protestant(e)s et de rabbins israélites.

    Il y a donc bien un problème de fond sur lequel il faudra bien s'expliquer un jour. Pourquoi seule l'Eglise catholique peine-t-elle à trouver des ministres du culte ? Est-ce uniquement à cause du célibat ? Je ne le pense pas, le malaise est plus profond.

    Si vous avez des idées...
    qu'il faudra

    RépondreSupprimer