dimanche 26 décembre 2010

[Laurent Tollinier - Respublica Christiana] Noël, naissance et renaissance


Le mystère de Noël a quelque chose d’un clair-obscur formidable et métaphysique. Ténèbres et lumière dans leurs expressions radicales! Devant la lumière éclatante de gloire divine qui accompagnait le message de l’ange, les bergers de la campagne de Bethléem semblent avoir perçu, avec leur faculté intacte d’émerveillement, la portée hors du commun de ce contraste lumineux : au cœur de la nuit la plus longue de l’année, en plein solstice d'hiver, le jaillissement de la « Lumière du monde», le Christ. Mais aujourd’hui, qu’évoque un tel contraste pour notre temps qui ne sait plus vraiment voir les symboles ? Certes, les scintillements qui animent nos villes à longueur de boulevards, les soirs de ce temps de Noël, manifestent encore un certain symbolisme et témoignent confusément de son origine, mais c’est en définitive sous un mode platement festif. Les guirlandes clignotent plus pour le consommateur affairé que pour l’homme face à son destin.

C’est pourtant à ce dernier que s’adressent le Créateur et les signes révèlant Ses actes. Au moment où naît Son Fils dans une modeste étable, cette opposition entre la lumière par excellence et la nuit la plus dense renvoie au « Fiat lux » de la Création. Tout commence et tout recommence par une lumière absolue surgie dans la nuit. Oui, la Nativité apparaît comme le second acte de cette Création. Dans un monde assombri par le péché et avec pour horizon certain la mort, « salaire du péché » (Rom 6, 23), elle constitue un nouveau départ.

En effet, l’avènement du Sauveur est une victoire sur la mort, excusez du peu. Cette naissance divine est riche d’une promesse inédite. Rompre le cycle fatal de l’alternance vie/mort dans l’existence de l’humanité. Mettre fin au mécanisme millénaire de la Chute, qui fait de la mort un mode de régulation du vivant. En suivant librement le Christ, l’homme retrouve son destin, à rebours de tout « être pour la mort ». L’Histoire prend un autre sens. Aussi, bonne nouvelle entre toutes, c'est bel et bien la renaissance de l’humanité urbi et orbi qui a débuté en cette vallée de la Mer Morte, dans la petite ville de Bethléem.

Laurent Tollinier

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