jeudi 2 octobre 2014

Vers un Vatican II de la famille et du mariage

[Cet article a été publié dans le numéro de Monde et Vie paru la semaine dernière...]
Le Synode pour la famille est officiellement lancé. Il devrait avoir lieu à huis-clos (malgré les fuites inévitables dans ce genre d’exercice) et il sera suivi l’année prochaine d’un second synode sur la famille, rendant publiques les décisions du Premier. Objectif : faire un Vatican II de la famille.

Le 1er mars dernier, contre toutes les directives d’embargo, le quotidien Il Foglio publiait le Rapport introductif au Consistoire de la semaine précédente, que le pape avait demandé au cardinal allemand Walter Kasper. François semble pourtant avoir poussé à sa publication. Le 21 février, il déclarait : "Hier, avant de dormir, mais pas pour m’endormir, j’ai lu – ou plutôt relu – le travail du cardinal Kasper et je voudrais le remercier parce que j’y ai trouvé une théologie profonde et aussi une pensée sereine dans cette théologie. Et j’y ai également trouvé ce dont saint Ignace nous parlait, ce 'sensus Ecclesiæ', l’amour pour notre Mère l’Église. Cela m’a fait du bien et cela m’a donné une idée : cela s’appelle 'faire de la théologie à genoux'. Merci. Merci".

Que se passe-t-il ? On sait que, durant le concile Vatican II, le pape Paul VI s’était délibérément réservé certaines questions brûlantes comme la contraception et l’avortement. Depuis l’encyclique Humanae vitae (1968), la pastorale du mariage et de la famille est un domaine réservé au Souverain pontife. Jean-Paul II, ancien professeur d’éthique, a construit un magistère  puissant sur ces questions. Il semble qu’il est trop tôt pour remettre en cause les textes si clairs de Jean-Paul II et de Paul VI. Mais… Ces deux pontifes n’avaient pas traité explicitement la question de l’accès à l’eucharistie des divorcés remariés. On peut donc aborder la Pastorale familiale par ce biais et y faire souffler « l’esprit de Vatican II ». Contre ce que le cardinal Kasper appelle « une herméneutique de la peur » (désignant par là la position de ceux qui sont fidèles à la Tradition catholique), il s’agit « d’ouvrir quelques portes » : « Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation semblable à celle du dernier concile. Déjà à ce moment-là, il y avait, par exemple à propos de la question de l’œcuménisme ou de celle de la liberté de religion, des encycliques et des décisions du Saint-Office qui paraissaient exclure d’autres voies. Le concile, sans violer la tradition dogmatique contraignante, a ouvert des portes. On peut se demander s’il n’y a pas également, pour la question dont nous parlons, la possibilité d’un nouveau développement » déclare le cardinal Kasper.

Il s’appuie, ce disant, sur plusieurs interventions du cardinal Ratzinger qui soulignait que pour les personnes qui sont "parvenus à la conviction en conscience motivée de la nullité de leur premier mariage tout en étant dans l’incapacité de faire la preuve de cette nullité par voie de justice", il fallait sans doute étendre la procédure de nullité déjà en vigueur. Leur mariage pourrait être reconnu nul moyennant plusieurs attestations écrites par exemple. L’idée du pape Benoît à l’époque était de rejoindre les personnes en difficulté. Le pape honoraire avait pourtant conscience des abus qui pouvaient se glisser dans de telles pratiques. Et il demandait « du temps » pour approfondir la mise en œuvre de cette nouvelle attitude de l’Eglise à l’égard des personnes divorcées souhaitant se remarier. On trouve trace de cette réflexion au n°84 du document de Jean-Paul II Familiaris consortio.

Le cardinal Kasper fait abondamment état de ces propositions du théologien Josef Ratzinger. Mais en se couvrant de son autorité, il va plus loin que lui (voir ci-dessous).

Le rôle du pape François est sans doute décisif dans cette affaire. D’une part, il appuie le cardinal Gerhard Ludwig Müller, qui réaffirme de manière très rigoureuse la "sainteté" et l’indissolubilité du mariage chrétien, rejetant vigoureusement "une mise en conformité avec l’esprit du temps". D’autre part il encourage les cardinaux qui notoirement sont ses proches – Reinhard Marx, président de la Conférence épiscopale allemande, ou Oscar Maradiaga, archevêque du Honduras, à prendre des positions ouvertement réformistes. La réponse de quatre cardinaux de Curie, dont le cardinal Müller, dans un ouvrage de 350 pages défendant l’indissolubilité du mariage, laisse augurer un Synode particulièrement agité.

Les deux propositions concrètes du cardinal Kasper 
Le préfet honoraire de la Congrégation pour l’unité des chrétiens, par ailleurs théologien de renom est entré fort avant dans ce qu’il s’agira de faire avaliser par les cardinaux réunis en synode. Il fait clairement deux propositions : d’une part, « Puisque les tribunaux ecclésiastiques ne sont pas 'iure divino' (de droit divin), mais se sont développés historiquement, on se demande parfois si la voie judiciaire doit être le seul moyen de résoudre le problème ou si d'autres procédures plus pastorales et spirituelles ne seraient pas possible. Comme alternative, on pourrait penser que l'évêque puisse confier cette tâche à un prêtre avec une expérience spirituelle et pastorale comme pénitencier ou vicaire épiscopal» 
Deuxième proposition : considérer comme « valable » un remariage purement civil, en admettant cinq conditions « s’il se repent de son échec ; s’il a clarifié les obligations correspondant à son premier mariage, s’il est définitivement exclu qu’il revienne en arrière ; s’il ne peut pas renoncer, sans ajouter d’autres fautes, aux engagements qu’il a pris dans le cadre de son nouveau mariage civil ; si toutefois il s’efforce de vivre au mieux de ses possibilités son second mariage à partir de la foi et d’élever ses enfants dans la foi ; et enfin s’il a le désir des sacrements en tant que source de force dans sa situation. » Il s’agit de rien moins que de donner une dimension religieuse au mariage civil. 
Ce qui est troublant ? A aucun moment le cardinal Kasper n’utilise le mot « péché ». Il parle d’« échec » et d’« obligations »… Un vocabulaire purement… civil lui aussi.
(A suivre)

25 commentaires:

  1. Monsieur Chrząszcz2 octobre 2014 à 23:07

    Sans vouloir être oiseux, et d'un point de vue totalement horizontal (par opposition à: "vertical") je me demande ce que deviennent les conditions du Cardinal Kasper si l'on prend en compte les évolutions de la société et de l'union civile.

    Imaginez que le marié qui divorce se remarie... cette fois-ci avec une personne du même sexe. C'est OK? Pas OK?

    Ou alors, imaginez que le marié qui divorce contracte une union civile qui, dans la loi civile propre à son pays, ne se nomme pas 'mariage' mais justement 'union civile' ou 'pacte civil de solidarité'. C'est OK? pas OK?

    Ou encore: imaginez le couple qui se sépare de fait, sans jugement de divorce. Chacun refait sa vie, sans plus de formalités administratives. C'est OK? Pas OK?

    Je redis que je ne souhaite pas ergoter, mais puisqu'un envisage une situation nouvelle, en résonance avec les sociologies actuelles... il faut justement prendre en compte ces situations nouvelles, qui sont monnaie courante.

    Sans quoi l'on ne fera qu'adapter la pratique de l'Eglise, en 2014, à l'état de la société... d'il y a 50 ans.

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  2. Tragédies en 5 actes

    Gourdel, c’est un acte de guerre.
    Merah, ce sont des actes de temps de paix.
    Nemmouche, un acte antisémite.
    Fiona, un terrifiant acte familial.
    Vallaud Belkacem, acte politique.

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  3. Vatican II ? de la famille ?
    Avant VII les églises étaient pleines .
    La religion catholique faisait partie du patrimoine commun.
    En 1974 les Evêques sont restés muets face au projet de l'avortement alors qu'une majorité de français étaient contre.
    Résultat : c'est ce qui est connu.
    Contre le mariage pour tous 700 000 protestations mise au panier par celui_là même qui avait la prétention de prendre la parole à la cathédrale ND de la Treille à Lille pour le centenaire du diocèse.
    Ecoutez les " grands médias chrétiens" La Croix , La Vie , RCF et vous verrez qu'une minorité agissante est " dans le vent" : Les fidèles sont piétaille et s'ils ne sont pas d'accord on les méprise.
    On les traite de'intégristes et maintenant de fondamentalistes pour " banaliser r" les jihadistes .
    Le Pape François a la côte mais quand il ne plaira plus aux maîtres du monde , il fera à son tour l'expérience des injures et des dérisions de toutes sortes y compris la calomnie comme Pie XII.

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    1. Cher Basile le Grand,

      Avant Vatican II, les églises étaient pleines?
      Vous plaisantez ?
      Mensonges des abbés tradis et intégristes !
      Les églises se vident déjà au sortir de la boucherie que fut la guerre 14/18,
      puis après le nazisme où bcp de cathos se sont dit "mais où est Dieu dans toutes ces horreurs ?"
      et puis les années 50/60 les églises se vident encore, les ordinations chutent,
      et des prêtres abandonnent le ministère
      et se marient et le Concile arrive .. trop tard !

      Le pape François a la côte ? Demandez vous pourquoi ?
      Puis-je vous soumettre ma réponse ?

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    2. Cher Adrien
      Oh merci de me donner du grand !
      Un peu aigre la réponse , seriez-vous par hasard une de ces bonnes âmes qui profitèrent du Concile pour rebâtir l’édifice …euh je veux dire l’Eglise à votre convenance et tant pis pour les grincheux , qui finalement se révèlèrent si nombreux que les paroisses s’anémièrent au point de devenir transparente.
      Bien sûr les vocations à la prêtrise commencèrent à chuter dans les années cinquante et de ceux qui se maintinrent par la suite avaient une telle envie de secouer le cocotier que Vatican II vint à point nommé. De ceux_là , pas beaucoup d’amour pour les prédecesseurs et ceux parmi les fidèles à ne point applaudir à leurs « révolutions ». Statues de saints au dépotoir , autels prestigieux saccagés façon révolution chinoise.
      Vous dîtes que des cathos s’interrogèrent sur Dieu et les crimes du nazisme . Il était temps ,le massacre des arméniens , celui des ukrainiens dans les années vingt et trente ou encore les déportations sibériennes ? fariboles ?
      Ah oui mais c’était la grande Union Soviétique absoute elle et son régime au point que dans les années quatrevingt le Primat des Gaules concédait qu’une part non négligeable du clergé français était « sensible » au marxisme.
      Quand au mariage des prêtres , marronnier de la presse religieuse à la mode , n’a qu’un concurrent : le monstre du Loch Ness.
      Comme on dit : » un pr^t vous engage , vérifiez AVANT de vous engager votre capacité à rembourser.
      Que dirait-on d’un soldat qui au moment décisif et risqué pour lui se lèverait ; » Pouce, je ne joue plus »
      Bien le bonjour chez vous

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    3. @ Adrien : peut-être que les ordinations et la fréquentation des églises avaient baissé avant V II, mais c'est sans commune mesure avec le désastre d'après. il y a eu dans le passé des périodes et des régions de désertification religieuse, mais il y avait alors une doctrine et un enseignement solides qui ont suscité de belles vocations et des actions d'évangélisation profondes. rien à voir avec "l'esprit du concile", le flou, les approximations, les déviations, les compromissions avec "l'esprit du temps" de la doctrine ectoplasme actuelle.

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  4. Je pense que Dieu viendra intervenir dans ce monde, à un momento donné. ( Pas pour ce problème des remariés. ) Mais pour éclairer les hommes, pour rétablir certaines règles, pour éclairer les esprits.
    Et surtout, par une église plus grave, mais aussi plus motivée par une foi vivante qui vient du coeur. Une foi à vivre plus l ´Èvangile et moins les doctrines philosophiques.
    Vivre plus l´Évangile, c`est le problème. Nous avons besoin que Dieu nous enseigne comment vivre cet Évangile. Et surtout, comment nous devrons prier les uns pour les autres.


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  5. Dans ce même numéro de « Monde et vie » notre cher Joël Prieur fait le service de presse de son copain Dandrieu – celui de l’Himalaya aux 6000 films avec « Sunset Boulevard » pour point culminant – lequel nous offre, cette fois-ci, un compendium (9 € seulement) des milliers d’ouvrages consacrés à Fra Angelico.
    Innovant dans l’Art comparé, l’auteur tente un rapprochement audacieux et original entre le peintre et Woody Allen, lequel est à la finesse ce que J.M. Bigard est à l’élégance. Quant au cinéaste le plus proche du moine de San Marco il s’agit du dénommé Malick dont on visionnera sans faute les films dès qu’ils passeront à la télévision, c’est promis. Auparavant nous irons revoir au Louvre les trop rares tableaux des primitifs Italiens.
    La comparaison est un exercice difficile. Pour l’apparier avec le peintre, si on me demandait sous la torture de cracher un nom, je dirais Pasolini.

    PS. Tout est dépeuplé. Benoîte, tu nous manques.

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  6. L'indissolubilité du mariage chrétien ne pose pas de problème.

    Ce qui semble un peu moins clair, c'est l'application des règles de nullité.

    Nous connaissons tous des cas dont on peut penser qu'il y a nullité : immaturité (mariage pour fuir le domicile familial ou autre), refus d'enfants caractérisé, infidélité chronique dès avant le mariage, mariages sociaux (cela devient plus rare, mais doit encore exister), etc.

    Deux problèmes se posent :
    - d'abord, des chrétiens responsables se disent : « je savais ce que pensait mon futur conjoint, je me suis marié en connaissance de cause, donc je n'ai pas, en conscience, le droit de faire annuler mon mariage ». C'est faux, mais ils le pensent. Alors, ils jettent leurs bonnets par dessus les moulins, vivent dans la difficulté, soit en quittant peu ou prou l'église, soit en vivant sans sacrements, en pensant vivre dans le péché, en se présentant dans leur communauté comme des pêcheurs publics, alors qu'il est vraisemblable que leur mariage est nul et qu'ils pourraient parfaitement en contracter un second de manière régulière.
    - ensuite, l'annulation des mariages me semble bien compliquée. En effet, il semble nécessaire que les deux parties témoignent, ce qui n'est pas toujours évident. J'aimerais avoir l'assurance que ces annulations sont toujours prononcées à juste titre. Si tel n'est pas le cas, alors elle est obtenue frauduleusement. De même, il semble que certaines officialités soient plus coulantes que d'autres, en particulier sur le motif d'immaturité. On ne peut donc pas dire que cette procédure offre toutes les garanties de justice.

    Par conséquent, j'imagine deux choses :
    - d'abord, renforcer la formation des futurs époux sur ces sujets-là pendant la phase de préparation au mariage,
    - ensuite, envisager un sérieux allègement de la procédure de nullité, en la transformant en simple déclaration de la part d'une ou des deux parties, assortie d'une enquête beaucoup plus légère. S'il y a fraude, les fraudeurs seront ramenés au cas précédent de fraude sur les procédures actuelles et auront à s'expliquer avec les autorités supérieures après leur mort. Bien entendu, cette déclaration devra donner lieu à publicité, de même nature que pour le mariage initial.

    Les avantages que j'y vois sont multiples :
    - simplification de procédure,
    - responsabilisation des époux, qui semble logique pour un sacrement que les époux de donnent,
    - suppression des cas, nombreux, entraînant des souffrances pouvant durer des dizaines d'années, tant pour les remariés qui auraient pu contracter un mariage parfaitement licite, que pour leurs descendances,
    - réduction des scandales et donc des médisances et calomnies dans les paroisses.

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  7. L’autre matin, sur une friendly radio, on disputa sur l’évolution de la liturgie de la messe au cours des cinquante dernières années. Les gens étaient bien élevés, affables, enjoués. Les échanges furent aimables, spirituels, gais.
    On s’est toujours demandé pourquoi les hiérarques de Constantinople – d’après les historiens - s’entretenaient du sexe des anges pendant que la multitude turco-mongole s’apprêtait à déferler sur la ville. Peut-être que c’était la seule chose qu’ils savaient faire et qu’ils trouvaient l’activité plaisante.
    ***
    L’après-midi du même jour on pouvait croiser dans la rue la manif des intermiteux du spectacle. Mal lavés, mal peignés, mal rasés, mal chaussés, mal habillés, prêts à tourner « Les misérables » sans passer par le maquillage et l’habillage. On comprenait bien que ces citoyens avaient de bonnes raisons de réclamer des sous. Sauf peut-être quelques coquets et coquettes qui arboraient des bijoux, façon anneau dans la narine ou la lèvre, et des tatouages de maîtres.
    A bout de bras ils exhibaient deux immenses banderoles sur lesquelles on pouvait lire ART sur l’une, CULTURE sur l’autre.
    L’Art, ce n’est pas forcément le Laid.
    La Culture, c’est ce que l’on n’a pas quand on a rien appris.

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  8. Le cardinal Kasper n’utilise pas le mot « péché ». Il parle d’« échec » !

    Evidement puisque le péché est ailleurs !
    Le péché c'est tout autre chose ! Le péché c'est d'être coupé de Dieu ....
    rien à voir avec un couple qui vit l'échec de leur mariage !
    Quelle confusion monsieur l'abbé !

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    1. Il ne semble même pas vous avoir traversé l'esprit qu'il est au moins envisageable (ne serait-ce qu'à titre d'hypothèse à discuter) que l'on puisse se couper de Dieu en n'étant pas fidèle à son mariage (sacrement de l'union du Christ et de l'Eglise, dit saint Paul, et par-là moyen d'union à Dieu).
      Six points d'exclamation sur huit phrases (plus des points de suspension) ne suffisent pas à donner de l'autorité à vos déclarations, qui reposent sur des pétitions de principes (et des pétitions de principe fausses qui plus est).

      Peregrinus

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    2. Très cher Anonymus !

      Dieu j'ignore s'il nous veut mariés ou pas ... pardonnez mon ignorance.
      Jésus, que je fréquente quelque peu, n'a jamais proposé de mariage,
      encore moins de sacrement, invention de l'Eglise.
      Paul, en effet, marie le Christ et l'Eglise, à nouveau invention, projection, élucubration ....Non Jésus ne propose rien de tout ça, bien au contraire,
      il nous ouvre un chemin de liberté pour nous conduire vers le Père ..
      Avouez que c'est déjà immense non ?

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    3. Cher Adrien,
      Je suis heureux d'apprendre que vous fréquentez Jésus (dois-je supposer que vous considérez que ce n'est pas mon cas ?). Mais il se trouve que ce même Jésus-Christ Notre-Seigneur a révélé sa gloire aux noces de Cana, qu'il a proclamé l'indissolubilité du mariage, que son vase d'élection saint Paul a parlé du grand mystère (sacramentum magnum dans la Vulgate) quant au Christ et à l'Eglise qu'est le mariage. Quel dommage, tout cela, c'est dans le Nouveau Testament. Mais je vois que selon vous saint Paul "élucubre". Vous êtes certainement plus chrétien que lui, de même que vous avez mieux compris la sainte Ecriture que tous les Pères de l'Eglise.
      Notre-Seigneur nous ouvre en effet un chemin de liberté pour nous conduire vers le Père céleste ; mais cette affirmation ne vous permet aucunement de donner force aux précédentes, car il se trouve que je n'en tire pas exactement les mêmes conséquences.
      Que le mariage chrétien soit un moyen de se rapprocher de Dieu et de suivre Jésus qui est la voie, la vérité et la vie, n'est-ce pas immense également ?

      Peregrinus (qui n'est pas marié)

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  9. Quelques remarques:

    1. On sait, Monsieur l'abbé, que vatican II vous donne de l'urticaire. Aussi la question que vous posez dans cet article ne saurait être marquée au coin de la bienveillance. "Faut-il faire un vatican II de la famille?" Vous n'êtes pas pour. Or ici, il s'agit de faire un adjiornamento en fonction de la sociologie des situations effectivement et non idéalement vécues. Refuser par principe tout adjiornamento sous l'effet de l'idolâtrie juridiciste d'un magistère qui ne saurait jamais se tromper et n'aurait pas à tenir compte des temps et des moeurs, excusez-moi, mais c'est se priver de la capacité que se reconnaissent les "savants" de l'islam d'abroger certaines lois quand elles ont cessé d'être opératoires.

    Le reproches que notre seigneur faisait aux pharisiens était d'avoir volé la clef de la connaissance et de n'y laisser entrer personne. On peut aussi voler la clef du Trésor sacramentel et ne laisser personne disposer de ce fonds au prétexte de la pureté que rendent les sacrements et qui ne les précède pas, chez personne qui s'en approche.

    2. Quel était le besoin qu'avait l'Eglise de se saisir d'un sujet qu'elle n'avait jamais traité? C'est un peu comme la contraception ou l'avortement, c'étaient des sujets qu'elle ne maîtrisait pas ou dont elle ne parlait pas. Cela relevait du contrôle des naissances sur lequel elle avait un avis flottant et mitigé. L'interdiction de communier faite aux divorcés remariés, seuls la connaissaient ceux qui étaient assez chrétiens pour s'inquiéter de leur état de Grâce. Un journaliste un peu médiatique et et catholique accommodant avec sa conscience a dû s'entendre quelque jour répondre par son confesseur qu'il ne pouvait pas communier dans sa nouvelle situation matrimoniale. Il aura donné l'alerte et les médias se seront emparés du sujet, sur lequel l'Eglise a longtemps trouvé plus sage de ne pas légiférer, avant de s'en saisir, tout récemment, cédant à l'injonction médiatique d'avoir à le tenir pour une des urgences du nouveau pontificat.

    On retrouve le même prrocessus que pour le préservatif. L'eglise n'avait rien dit, mais un connaisseur de la scolastique de l'Eglise devait s'être avisé que, selon sa logique, il valait mieux être fidèle que de "sortir couvert" si on n'en était pas capable et que, du moment qu'un premier péché avait été commis, si un autre péché s'ajoutait à ce premier péché, l'Eglise ne voulait pas disccuter de la hiérarchie du mal. Moyennant quoi elle n'avait rien à dire sur le port du préservatif. Au lieu de répéter à l'envi qu'elle n'en avait jamais rien dit parce que le préservatif n'était pas son sujet, elle s'en saisit, et Benoît XVI tombe dans le piège en lançant ses propos émis dans l'avion qui le menait au Cameroun.

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  10. (suite)

    3. L'Eglise était contre le divorce, mais le divorce sest banalisé à un tel point qu'elle ne peut plus faire l'autruche. Elle doit se saisir du sujet, mais elle le peut, car elle parait seulement le divorce d'un autre nom: la nullité.

    L'Eglise était contre le divorce, car elle entendait régler seule les cas de "nullité" et ce qui la vexait dans cette nouvelle permission de la société fut que le prononcé d'un divorce ne fût plus émis par un "tribunal éclésiastique", mais par un tribunal civil.

    L'Eglise est bien obligée de tenir compte des cas très nombreux de divorce, mais elle ne veut pas employer le terme, elle préfère conserver le sien, elle continue de parler de nullité. Nullité d'un amour, illégitimité des enfants nés de cet amour éventuellement sanctionné par un mariage antérieurement reconnu. Nullité au nom de l'immaturité: je n'avais pas encore atteint le stade de mon entier développement pour vraiment consentir, donc ce que j'ai contracté alors n'a jamais rien valu. Puisque Dieu m'a destiné à un seul amour, je préfère ignorer que ma vie est une constante "évolutiion créatrice" et que je n'atteinds pas d'emblée ma stature idéale.

    L'Eglise parle de nullité parce qu'elle est idéaliste. Ce serait son problème si, en continuant d'employer un mot qui est complètement sorti du vocabulaire de la plupart des gens, elle ne contribuait pas une fois de plus à ne laisser entrer personne dans le trésor des Sacrements.

    Le cardinal Kasper voit ce problème et propose des solutions pour humaniser la réponse de l'Eglise. Sa troisième proposition est particulièrement bien tournée:

    "S'il (le divorcé remarié qui sait qu'il ne "reviendra pas en arrière" et ne retournera pas à sa première union) ne peut pas renoncer, sans ajouter d’autres fautes, aux engagements qu’il a pris dans le cadre de son nouveau mariage civil;"

    Cette solution est-elle déjà dépassée? Le dire, comme
    le fait notre premier commentateur par ironie, en mettant sur le même plan la situation des pacsés et des remariés, ou des couples séparés où chacun refait sa vie sans passer par la case "divorce", c'est dénier toute valeur au mariage qui, s'il n'est pas d'abord la reconnaissance d'un amour, est essentiellement un acte civil.

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  11. A"MorinMon ex mari et moi avons divorcés il y a vingt-quatre ans,après un mariage de vingt-deux ans, pourquoi? l'amour n'y était plus depuis quelques années vous direz que ce n'est pas une raison peut-être,mais pour nous qui étions encore jeunes ne voulions pas passer le reste de notre vie en ami ou comme frère et soeur,alors nous avons divorcés et il n'y a jamais eu de regret,les enfants ont très bien compris que ce que nous faisions ne leurs enlevait pas l'amour que nous avions pour eux.Aujourd'hui mon ex a refait sa vie avec une bonne compagne et moi j'ai eu le bonheur d'avoir à mes côtés un compagnons qui m'a donné dix ans d'un tr;s grand bonheur,l'Église ne considérerait sûrement pas notre décision comme valable mais elles nous a sauvée la vie,de toute façon nous n'avons jamais eu l'idée de nous remarier,alors entre la soumission à la doctrine nous avons choisi le bonheur,est-ce une faute,un péché? Moi je dis que non,L'Église n'a pas à légiférer dans le domaine du mariage,Elle doit s'occuper à ce que ses fidèles fassent le bien et aime son prochain.

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    1. Monsieur Chrząszcz6 octobre 2014 à 17:38

      J'entends votre témoignage, qui ne me laisse pas insensible. Cependant je reste perplexe lorsque vous écrivez que "l'Église n'a pas à légiférer dans le domaine du mariage". J'avoue ne pas comprendre. L'Eglise s'occupe de mariage religieux, il faut nécessairement qu'elle se donne quelques règles pour ses mariages religieux. Du reste, toutes les communautés chrétiennes procèdent ainsi. Bien sûr, les protestants ou les orientaux se sont donnés d'autres règles: ils légifèrent aussi, avec un résultat différent. En réalité, votre demande sonne un peu à mes oreilles comme "l'Église n'a pas, dans le domaine du mariage, à légiférer DIFFÉREMMENT de la société civile, sur laquelle elle doit s'aligner".

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    2. Bravo Anonyme !

      Que l'Eglise ne s'occupe point de mariage, de couple et de lit !
      Qu'elle soit pauvre et servante ....en Christ.
      et la grâce suivra ...

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    3. Monsieur Chrząszcz6 octobre 2014 à 18:41

      Adrien, votre demande n'est justement pas celle d'un certain nombre de personnes qui demandent AU CONTRAIRE à l'Eglise de s'occuper de mariage: de les marier avec un partenaire du même sexe, de défaire leur mariage, de les remarier, etc.

      Parce qu'au fond, on peut imaginer quelqu'un qui suivrait votre conseil, qui ne s'adresserait pas à l'Eglise pour son mariage, qui resterait (comme le disait Jean-Marie Le Pen à un journaliste pensant le coincer sur son divorce) "du point de vue ecclésial, un éternel célibataire". Et qui n'aurait donc pas besoin de la sollicitude du progressiste Cardinal Kasper.

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    4. OUI Mr Chrząszcz

      Ma demande est pour répondre à la souffrance
      de ceux qui ont besoin de mariage, et je soutiens Kasper,
      mais le chemin du Christ ne s'attarde pas dans ces contrats de mariage
      bénis ou pas, l'Evangile va plus loin ...

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    5. Monsieur Chrząszcz6 octobre 2014 à 22:23

      Vous souhaitez "répondre à la souffrance de ceux qui ont besoin de mariage" mais à peine deux heures avant vous préconisez que l'Eglise "ne s'occupe point de mariage". Je renonce à comprendre. Mieux: je renonce à comprendre ce qu'il y aurait à comprendre (?) dans vos interventions.

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  12. l'humaniste vous fait remarquer que la notion de péché n'a jamais été remise en question : simple question de terminologie : par la miséricorde et le tact nécessaire pour juger en la matière, le tact étant une donnée fondamentale "proprement hors fondamentalisme", s'impose sur un sujet délicat : la repentance est tout de même exigée aux futurs remariés : s'il y a ce repentir ainsi que l'assurance (et là nous sommes dans le monde et ses risques à assumer) d'une volonté sincère de fonder un foyer chrétien : où est le problème ? vous qui vous assuré savoir aller au delà des dogmes : il y en un, qui tout en étant un va au-delà du péché : la miséricorde : "tout péché mérite miséricorde" : une confession : un engagement dans un amour sincère et responsable, la faute est effacée, pouvons nous leur refuser la nourriture de toute vie chrétienne : la vie avec Dieu en somme. Jean Paul II a dit : "ouvrez grandes les portes du Christ !" Maintenant : pour les craintes d'erreurs de dérapages : primo l'Eglise retrouve ses racines traditionnelles : venez voir les messes : ça se remplit on finira par le dire. Et secundo : sans vouloir vous choquer : des erreurs, des fautes, des excès, dans l'Eglise : c'est de tous les temps : chacun est responsable de soi et Dieu n'abandonne pas le siens ; ils sont même inscrits dans le Livre de Vie...sincèrement vôtre.

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  13. Pour un Concile Vatican III de l'amour et de la liberté !

    Jésus refuse la famille que l'Eglise a sacralisée,
    bien au contraire, le Christ nous ouvre à une toute autre famille, celle de l'Esprit
    et non pas celle du sang ...
    Ah si ces paroles christiquement révolutionnaires pouvaient inspirer le synode :

    « Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent.
    Il leur répond : Qui est ma mère ? et mes frères ?
    Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui,
    il dit : Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m'est un
    frère et une sœur et une mère » Marc 3,31-35

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  14. J'ai trouvé la solution pour les divorcés remariés qui veulent communier. Il suffirait de leur donner des hosties non consacrées. En effet, il ne croient pas à la Présence réelle sinon, il ne songeraient pas à communier dans cet état. Ceux qui leur donnent la communion n'y croient pas toujours beaucoup plus... Et nous cela nous mettrait plus à l'aise.
    Que pensez-vous de cette solution digne d'Alphonse Allais ?

    Philippe Bornet

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