dimanche 4 janvier 2015

Le pape s’affranchit de toutes les règles [par Ernesto]

[par Ernesto] Des diocèses n’avaient jamais eu de cardinaux dans toute leur histoire. C’est le cas de Rangoon, David, Morelia, Tonga ou Santiago de Cap Vert dont les presses locales se disent elles-mêmes surprises du choix papal. En même temps, elles témoignent de l’importance de l’Église sur ces diocèses où évoluent de jeunes chrétientés. Cependant, les presses de ces pays qualifient généralement leurs nouveaux cardinaux de « François » local ou de « modérés », ce qui de la part des médias actuels est déjà un enseignement. C’est le cas du cardinal Sturla, de Montevideo (archevêque depuis un an seulement).

Dans les pays plus anciennement catholiques, l’effet est plus ravageur. En Espagne, le primat, qualifié de conservateur et poulain du cardinal Rouco Varela, voit la barrette lui échapper au profit de l’archevêque de Valladolid, jugé plus ouvert, sa ville n’ayant pas eu de cardinal depuis plus de 100 ans. C’est le cas aussi d’Ancône en Italie tandis qu’Agrigente n’en n’a pas eu depuis le XVIIIe siècle. En revanche, Venise qui avait depuis cette époque une lignée ininterrompue de cardinaux et fourni les papes Pie X, Jean XXIII et Jean-Paul Ier au cours du XXe siècle devra encore attendre (un prochain pontificat ?). Le patriarche, seul non-cardinal estimé comme papabile par certains journaux, a le lourd handicap sous ce pontificat d’avoir été formé chez le cardinal Siri tandis que l’archevêque d’Agrigente, que l’on dit proche du pape, est l’un des artisans de la fameuse visite à Lampedusa. Et aux États-Unis, est-ce une conséquence du Synode, toujours est-il qu’il n’y a aucun cardinal américain cette fois pour la plus grande catholicité au monde. En même temps, les Allemands n’ont qu’un cardinal non électeur, Mgr Rauber, qui a 80 ans passés.

Le pape a cependant veillé à prendre des prélats peu connus et assez cosmopolites. Il tire les conclusions de la fronde au Synode et évite les noms trop évocateurs. Il ne refait pas deux fois l’erreur de se dresser contre l’épiscopat comme il l’a fait à la Curie, même s’il froisse plus d’un siège, surtout en Europe, et qu’il dédaigne cette même Curie. Il a pour l’instant évité de promouvoir l’archevêque de Boston ou celui de Madrid, évêques de tendance plutôt progressiste récemment nommés. En même temps, leurs émérites sont toujours de ce monde. Le pape s’est sans doute également soumis à une certaine logique pour honorer de la pourpre le président de la Signature apostolique seul français électeur nommé depuis huit ans ainsi que les archevêques de Lisbonne, Adis Abeba, Wellington ou Ha Noï.

Parmi les non-électeurs devenant princes de l’Église de façon honorifique, on note la présence d’un cardinal quasi-centenaire, Mgr José de Jesús Pimiento Rodríguez qui est l’un des vétérans du Concile. Cela ressemble un peu aux derniers poilus de 14 que l’on distinguait tous de la Légion d’honneur lorsqu’ils n’étaient plus qu’une poignée. A travers eux, c’est l’œuvre qui s’éloigne dans le temps qu’on semble gratifier. Est-ce un lot de consolation pour les conservateurs, on note cependant le nom de Mgr de Magistris, qui a été sous tout le pontificat de Jean-Paul II un ferme opposant à Mgr Piero Marini. Il devient cardinal, à l’âge de 88 ans. Il a ordonné à plusieurs reprises à la Fraternité Saint Pierre ou à l’Institut du Bon Pasteur. Signalons aussi que Mgr Alberto Suárez Inda, archevêque de Morelia au Mexique, célèbre régulièrement selon l’usus antiquior ainsi que l’a relevé Paix Liturgique (photo).

Enfin, on relèvera que, à l’heure où on parle du départ de Mgr André Léonard de l’archevêché de Malines-Bruxelles, il semble qu’il va être le premier primat de Belgique qui n’aura jamais été nommé cardinal. Or il avait été nommé par Benoît XVI pour relever une Église qui subit de plein fouet depuis cinquante ans les tendances les plus avancées du progressisme.

1 commentaire:

  1. Monsieur Chrzaszcz5 janvier 2015 à 00:04

    Notons qu'il y a un an, à la semaine près, le pape François avait également créé cardinal un grand vieillard: Mgr Capovilla qui est entré dans le Collège Cardinalice à 98 ans. On s'autorise à penser, dans les milieux autorisés, que Mgr Géry Leuliet (archevêque émérite d'Amiens) aurait permis de battre tous les records, s'il n'était malencontreusement décédé avant-avant-hier à l'âge de 105 ans...

    Notons aussi que le collège évolue nécessairement très rapidement, et que sur 110 cardinaux électeurs actuels, 10 seulement datent encore du XXe siècle.

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