[par Hector] Je ne sais pas si, au milieu des
préparations de Noël, de vos vacances ou de votre repos bien mérité, vous vous
êtes intéressés au dernier sondage sur le pape François (sondaqe Odoxa de décembre 2014 réalisé pour iTélé et Le Parisien-Aujourd'hui en France). Les articles de presse qui font
état de cette enquête sont tous à l’unisson : « record de popularité », « exceptionnelle popularité », etc. Les termes sont
flatteurs et quel politicien en mal de popularité ou star déchue ne rêverait pas
de qualificatifs aussi élogieux?
Les éléments du sondage sont
largement positifs : 89% des sondés ont une bonne image de François, et la
cote de popularité semble élevée quelle que soit l’orientation politique du sondé.
Les Français de gauche l’aiment à 93% et ceux de droite, à 85%. François fait donc
consensus chez tous les Français
politisés (au passage, quelle serait la popularité de François chez ceux qui ne
veulent pas se situer ? Ils sont aussi légion…). L’homme, voire le style,
car les deux semblent liés, plaît incontestablement.
Le sondage traite aussi de l’Église
et se son rôle dans l’espace public. Il ne semble pas catastrophique : 55%
des Français estiment que « l’Église est
à sa juste place en France, ni trop interventionniste, ni trop passive dans la
société » (Le Figaro). On pourrait supposer que la popularité du pape
François, qui déteint sur l’Église et sa hiérarchie, rend leurs prises de
position sur les questions dites de société moins clivantes. On s’en réjouira, car il est habile que le médecin sache
faire avaler la pilule (sans aucun jeu de mots de notre part).
Pourtant, il y a ce détail qui change tout : dans toutes les dépêches qui font état de ce sondage, on nous indique à la fin qu’il y a 3% de pratiquants dans le lot des sondés. C’est un peu le hic de l’enquête : la popularité du pape François, c’est un peu celle du type que l’on aime bien sans que cela change quoi que ce soit à votre vie. François, on l’aime bien, soit, mais de loin. Comme nous le remarquions, c’est un peu à un public absent (des églises) que le discours new look s’adresse. Fermez le ban !
Il se pourrait que ce pape soit beaucoup plus clivant dans l'Eglise que dans la société .
RépondreSupprimerPlus encore , est ce que la "popularité" est un critère pertinent pour évaluer et tenter d'apprécier l'action bénéfique d'un pape pour l'Eglise et pour le monde ?
Je pense que non .
Il y a par contre des "fruits" que l'on peut apprécier , des fruits de vitalité de l'Eglise .......
Faudrait voir et y voir !
je ne comprends pas bien votre analyse ? Vos critiques ont des petits goûts d'analyse marketing ! En fait, vous comparez la connaissance de la marque et l'utilisation... Intéressant mais il me semble bien avoir lu ici que ce dont crevait l'Eglise et la société, c'est d'une vision commerciale, mercantile et marchande... C'est d'ailleurs la seule fois où le Christ c'est mis en colère : pour refuser les marchands/voleurs... ce même Christ qui, au passage, n'a heureusement pas plu qu'aux pratiquants de l'époque (+ ou - 12, sa Sainte Mère et une poignée de femmes...) mais parlait aux foules...
RépondreSupprimerJe suis partagé. D'un côté je souscris à ce que vous écrivez, Hector; j'entends dire que le séminaire de Buenos-Aires ne recrutait pas ou quasiment pas de candidats au sacerdoce pendant l'épiscopat de mgr bergoglio; je sens comme des rodomontades dans le discours du pape à la curie ou ses foucades contre "les évêques d'aéroports" ou les soeurs qui auraient un "sourire d'hôtesse de l'air". Odon vallet n'a qu'à me dire que le pape court de grands risques d'être assassiné pour que je n'y croie pas. En un mot je trouve que le pape fait beaucoup de vent et brasse beaucoup d'air sans intimider ni remettre en cause une génération dont ses foucades confortent plutôt le style "provocation verbale" qui ne résorbent pas la "fracture éclésiale". Et si le style c'est l'homme, alors le pape est un homme de sa génération.
RépondreSupprimerL'abbé2T a eu raison de saluer le fait qu'enfin, nous avions un pape qui parle normalement. Il est compréhensible et son langage est normal sans que son expression soit naturelle. Il en fait trop. On pourrait même aller jusqu'à suspecter "la tendresse" très ostentatoire dont l'Eglise ne devrait plus avoir peur, soit de consommer le sacrifice à l'émotionnel d'une Eglise qui donne son humanité en spectacle plus qu'elle n'annonce sa Foi en Dieu, soit, pire encore, de déjouer les frontières entre la prise dans les bras du fidèle et l'abandon sexuel au "baiser mystique" ou à la relation pédophile ou ambiguë. Et cela après que Benoît XVI a semblé jeter l'Eglise avec les turpitudes de quelques-uns de ses clercs, mal célibataires, psychologiquement immatures ou ayant une inclination homosexuelle un peu trop marquée: "on refusera désormais dans les séminaires les prêtres en qui l'on discernera une telle inclination", avait-il édicté.
François parle kash, en remontre à ses princes et se fait une popularité sur le dos de ses ânes curiaux. et pourtant c'est le premier pape (on ne l'a pas assez remarqué) à avoir "protestantisé" la pratique catholique. Je m'explique: c'est le premier pape à avoir dit (cf son exhortation "evangelii gaudium") que les catholiques épisodiquement pratiquants faisaient partie intégrante du peuple évangélisateur et pas seulement du peuple à évangéliser. Donc, Hector, il vous cloue le bec: ma popularité n'engendre pas une hausse de la pratique religieuse parce qu'il n'y a plus besoin de pratiquants. Et en un sens, cette mesure de la sociologie de la foi est caduque: est dit pratiquant celui qui fait publiquement état de sa dévotion ou de sa participation au culte, alors qu'on ne saurait faire de la charité publiquement pratiquée, sans qu'on la sonde au fort interne, un critère de la même pratique religieuse.
La popularité de François réconcilie quoique de loin l'Eglise avec la société. Ce n'était pas du luxe, sauf à ne concevoir qu'une relation conflictuelle entre ces deux instances qu'on veut par ailleurs l'une à l'autre subordonnée.L'Eglise qui est contre le divorce serait quoi qu'il arrive en conflit avec une société qu'elle entend régenter en lui inculquant ses principes moraux, et la société n'aimerait bien l'Eglise qu'à condition de la regarder comme la mère qu'on adore détester. curieuse conception légèrement sado-maso de la conjugalité entravée de l'Eglise et de la société...
Le pape empêche l'Occident de détester l'Eglise. Il y avait urgence. C'est le verre à moitié plein. On peut aussi considérer qu'on se fiche de ce que pense de l'eglise sa matrice occidentale, c'est à mon sens aller trop vite en besogne. Y a-t-il un "nihilisme européen"? Quand bien même, l'Occident n'est pas rien dans l'Eglise qui n'a pas changé de matrice, ni la forme de ses rites, ni sa langue sacrée...
Suite franciscaine, du pape et du populisme :
RépondreSupprimerLes populismes constituent les seules propositions politiques un peu fécondantes face aux fatalismes des : "Il n'y a pas d'autre politique possible", qui poussent l'Europe et le monde dans l'austérité généralisée ou dans ce que le pape François appellerait "la mondialisation de l'indifférence". (Son prédécesseur aimait mieux parler de "la dictature du relativisme". Dans les deux cas, l'hérésie morale est constituée d'un déterminant massif et d'un complément de détermination encore plus absolu).
Politiquement, Marine le Pen ou Jean-Luc Mélanchon refont du peuple un sujet historique. Pour la première, le peuple se substitue assez sensiblement à ce qu'il signifiait pour son père, un agent de la souveraineté, la souveraineté étant la fin de la nation. De manière générale, la nation tend à cesser d'être le sujet politique majeur au profit du peuple. Jean-Luc Mélanchon conglomère le peuple comme une grande connexion urbaine de besoins à la conquête d'un territoire et de la souveraineté qu'il doit exercer sur ce territoire. C'est ce qu'il appelle "L'ERE DU PEUPLE", dans la plus pure tradition du Contrat social. Cette constitution du peuple comme entité de hasard rassemblée par une communauté de besoins participe beaucoup de l'impuissance de la proposition mélanchoniste. Il n'y a pas que la personnalité de Mélanchon qui fait écran à notre besoin de vraie gauche, il y a aussi que l'humanisme de hasard au moyen duquel se constituerait le peuple selon lui donne à penser qu'il n'y croit pas. Quand on ajoute à cela que Mélanchon inscrit toute son action politique dans "l'éducation populaire", on conclut que c'est une posture et que Mélanchon est un démagogue.
Le pape actuel semble se trouver au point d'intersection romain entre les Français laïcs Jean-Luc Mélanchon et Marine le Pen. Comme Mélanchon, il paraît être un démagogue. Il paraît miser sur le levier de "la piété populaire" (comme Michelet avec Jeanne d'Arc) dont il adopte les dévotions sans y croire lui-même. Par exemple, il a raconté s'être mis à réciter le rosaire le jour où il a vu quelle déferlante de piété populaire a suscité cette dévotion quand le peuple regardait Jean-Paul II réciter le rosaire à Lourdes. Il ne s'est pas senti intérieurement dans la nécessité de prier le rosaire, il l'a fait par imitation populaire… De même que sa vocation de prêtre a été de seconde main par rapport à un amour qui l'intéressait davantage et dont les versions divergent s'il s'en est détourné pour devenir prêtre ou s'il est devenu prêtre parce que son amour s'est détourné de lui. La vocation de françois manque de racines, ou plonge ses racines dans la piété populaire. Il semble davantage s'être fait prêtre pour un peuple que pour accomplir une destinée individuelle. Rappelons que le cardinal Bergoglio a toujours été un péroniste.
Mais voici que son populisme d'Etat deviendrait un populisme d'Eglise. François ne vit pas le concile de la manière naïvement éclésiocentrique dont le vivaient ses prédécesseurs. Mais il fonde les espérances ou les craintes (que je n'avais jamais comprises avant lui) qu'exprimaient partisans et adversaires du concile sur ce point capital que l'Eglise serait devenue "peuple de Dieu". François veut faire du "peuple de Dieu" un sujet religieux comme Marine le Pen veut en faire un sujet politique. Il veut échanger son infaillibilité contre celle du sensus fidei du Peuple de dieu.
Je me demande si Jésus de Nazareth était aussi populaire chez les "vrais bons juifs" - pharisiens, prêtres, scribes...- que chez le tout-venant mal pratiquant - publicains, samaritains, prostituées, etc. Evidemment, à chacun ses critères. Pas sûr que les vôtres soient ceux de la Bonne nouvelle, ni tout simplement de l'évidence massive des Ecritures.
RépondreSupprimerJe me demande s´il y a beaucoup d´importance la popularité ou non d´un pape. Quand les gens ont de la foi, ils ne se soucient pas si le pape est populaire ou impopulaire. Peut-être en France les catholiques pratiquants soient peu nombreux. Je vis dans un autre pays, et ici on ne se soucie pas de la popularité (ou non) du pape. Les gens vont à l´église normalement : les gens qui ont de la foi, qui croient en Dieu...donc, je ne vois pas beaucoup d´importance dans cette popularité.
RépondreSupprimerDans les siècles passés, étaient les papes populaires ou impopulaires ? Ils étaient presque inconnus, on n´avait pas la radio ou la télévision, et même les avions. Les papes ne sortaient pas pour voyager aux pays lointains.
En fait, être populaire ou non ne signifie pas grand chose. Benoit XVI n´était pas populaire dans mon pays. Mais il a fait son travail. Si François semble être plus populaire, peut-être cela est dû à son tempérament ,sa conversation. Nous pouvons avoir à l ´avenir un pape silencieux, fermé, qui parle peu. Qu ´importe cela ?
Ce qui conduit les gens à l ´Église est leur foi. L `Esprit Saint conduit les gens à la foi, les prières amenent les gens à avoir de la foi, l´éducation religieuse de la famille.
Cependant, l ´Esprit Saint n´est pas « populaire » ou « impopulaire ».
Ou avez-vous déjà vu l´Esprit Saint à la télévision ?