... où j'ai passé quelques jours dans notre communauté, je ne dirais pas forcément comme Joachim du Bellay : "Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, que des palais romains les fronts audacieux". La Ville éternelle a des charmes merveilleux. Malgré le temps froid et la pluie parfois diluvienne, en particulier jeudi, Rome reste Rome, une ambiance, une atmosphère.
Et pourtant, parti pour enseigner, je ne suis pas sorti de chez nous. Une jolie maison à 20 minutes de tramway d'Argentina et du Centre ville. Elle appartient à des religieuses. Nous y sommes installé depuis 10 jours. C'est tout neuf et déjà tellement bien en place, ce "convict" (voir post précédent : l'entretien dans Monde et Vie avec René Sébastien Fournié). Ecce quam bonum et quam jucundum habitare fratres in unum. Nous avons récité ensemble à Vêpres ce verset de psaume : qu'il est bon et qu'il est agréable pour des frères d'habiter dans un même lieu. Et je me disais : c'est rare, mais c'est profondément vrai. Dieu sait si j'ai connu dans le passé des communautés où, pour une raison ou une autre, la fraternité n'était pas de saison. A la Maison du Bon Pasteur à Rome, elle l'est.
Saint Paul a ces deux mots : fraternitatem diligite. Aimez la fraternité. Nous autres trop souvent nous ne l'aimons pas parce que la République a fait de la fraternité une sorte de réplique laïque de la charité. Mais ce mot nous appartient, à nous chrétiens, avec tout ce qu'il signifie, puisque nous appelons Dieu : "Notre Père". C'est le fait de prononcer cette prière que le Sauveur nous a apprise avec foi qui nous rend frères, fiers et heureux de l'être.
Et ce dernier point m'amène à remercier (à nouveau) Antoine pour la qualité de sa remarque à propos de mon dernier post sur le Nom de Dieu. J'avoue que j'ai toujours été particulièrement sensible à la Somme théologique Ia Q13 a11, où Thomas explique que le tétragramme est le nom sacré de Dieu. Cajétan commente : son nom propre. JE SUIS. JE : Dieu est une personne. Le monde ne se comprend que dans cette lumière d'une Personne infiniment intelligente et aimante au Principe de tout. Dieu se révèle à Moïse comme un JE. Et Cajétan ajoute, paraphrasant saint Paul aux Ephésiens : "De lui, toute personne au Ciel et sur la terre tire son nom".
JE est avant SUIS. Dans l'univers, c'est la personne qui est la mesure de l'être et non l'être une mesure impersonnelle de la personne. La personne est l'unité de référence. Tout se comprend par rapport à elle. C'est pourquoi, contrairement au Etats terrestres, qui sont fondés sur l'ethnie ou au moins sur une unité de lieu, l'Eglise, Royaume du Seigneur des seigneurs, est une société de personnes.
C'est en elle, c'est dans ce monde personnalisé sans étroitesse, que la création prend un tour nouveau : "le vieux monde a disparu, voici que je fais toutes choses nouvelles". Dans le Christ qui est ce Dieu qui dit JE, le monde n'a plus seulement un corps lumineux et parfois flamboyant de beauté mais un coeur caché, depuis la fondation du monde et qui apparaît dans notre fraternité si elle nous fait appeler Dieu : Notre Père.
Et pourtant, parti pour enseigner, je ne suis pas sorti de chez nous. Une jolie maison à 20 minutes de tramway d'Argentina et du Centre ville. Elle appartient à des religieuses. Nous y sommes installé depuis 10 jours. C'est tout neuf et déjà tellement bien en place, ce "convict" (voir post précédent : l'entretien dans Monde et Vie avec René Sébastien Fournié). Ecce quam bonum et quam jucundum habitare fratres in unum. Nous avons récité ensemble à Vêpres ce verset de psaume : qu'il est bon et qu'il est agréable pour des frères d'habiter dans un même lieu. Et je me disais : c'est rare, mais c'est profondément vrai. Dieu sait si j'ai connu dans le passé des communautés où, pour une raison ou une autre, la fraternité n'était pas de saison. A la Maison du Bon Pasteur à Rome, elle l'est.
Saint Paul a ces deux mots : fraternitatem diligite. Aimez la fraternité. Nous autres trop souvent nous ne l'aimons pas parce que la République a fait de la fraternité une sorte de réplique laïque de la charité. Mais ce mot nous appartient, à nous chrétiens, avec tout ce qu'il signifie, puisque nous appelons Dieu : "Notre Père". C'est le fait de prononcer cette prière que le Sauveur nous a apprise avec foi qui nous rend frères, fiers et heureux de l'être.
Et ce dernier point m'amène à remercier (à nouveau) Antoine pour la qualité de sa remarque à propos de mon dernier post sur le Nom de Dieu. J'avoue que j'ai toujours été particulièrement sensible à la Somme théologique Ia Q13 a11, où Thomas explique que le tétragramme est le nom sacré de Dieu. Cajétan commente : son nom propre. JE SUIS. JE : Dieu est une personne. Le monde ne se comprend que dans cette lumière d'une Personne infiniment intelligente et aimante au Principe de tout. Dieu se révèle à Moïse comme un JE. Et Cajétan ajoute, paraphrasant saint Paul aux Ephésiens : "De lui, toute personne au Ciel et sur la terre tire son nom".
JE est avant SUIS. Dans l'univers, c'est la personne qui est la mesure de l'être et non l'être une mesure impersonnelle de la personne. La personne est l'unité de référence. Tout se comprend par rapport à elle. C'est pourquoi, contrairement au Etats terrestres, qui sont fondés sur l'ethnie ou au moins sur une unité de lieu, l'Eglise, Royaume du Seigneur des seigneurs, est une société de personnes.
C'est en elle, c'est dans ce monde personnalisé sans étroitesse, que la création prend un tour nouveau : "le vieux monde a disparu, voici que je fais toutes choses nouvelles". Dans le Christ qui est ce Dieu qui dit JE, le monde n'a plus seulement un corps lumineux et parfois flamboyant de beauté mais un coeur caché, depuis la fondation du monde et qui apparaît dans notre fraternité si elle nous fait appeler Dieu : Notre Père.
Merci ! je vais me précipiter pour lire Saint Thomas ! Au passage, je me suis relu et vous prie de m'excuser, car il y a une certaine virulence dans mon propos qui est plus due à la passion pour le sujet qu'à une volonté polémique. J'espère que vous ne m'en garderez pas rigueur.
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