«Quand je suis arrivé dans les locaux de la PAF [police aux frontières, ndlr], j’ai vu cet homme, un Camerounais qui serrait précieusement ses bidons d’eau bénite autour de lui, dans sa geôle.» [...]
[Ainsi commence cet article de Libération du 21 septembre 2009,"Le pèlerin, pain bénit policier", qui ne sera pas repris par la revue de presse de La Croix. Et voici la suite:]
La semaine dernière encore, deux Nigérianes et un Djiboutien ont été interpellés par les policiers alors qu’ils se rendaient en pèlerinage à Lourdes. «Nous sommes convaincus que la PAF pratique des contrôles systématiques et quotidiens sur cette ligne ferroviaire. C’est un bon moyen pour le préfet de faire du chiffre», assène Isabelle Casau, la responsable de l’équipe des treize avocats palois spécialisés dans le droit des étrangers. «C’est révoltant et complètement cynique. On ne mesure pas l’attrait que peut exercer Lourdes sur des catholiques majoritairement africains qui ont une foi très profonde. Ils sont prêts à prendre des risques pour effectuer leur pèlerinage», poursuit l’avocate. […][Alors ils décident d'agir et se tournent vers l'évêque du lieu, pensant qu'il aidera les pèlerins:]
Le bâtonnier de l’ordre des avocats de Pau, Jean-François Blanco […] a adressé un courrier à l’évêque de Lourdes pour lui demander «d’intervenir auprès de monsieur le préfet des Pyrénées-Atlantiques afin que la croyance de ces malheureux étrangers soit respectée et qu’il renonce à ces arrestations». […]
Jacques Perrier, l’évêque de Tarbes et de Lourdes, n’a pas encore répondu au bâtonnier. Mais une chose est d’ores et déjà acquise : l’ecclésiastique n’a pas l’intention d’accéder à la demande de Jean-François Blanco. «Que ce monsieur se saisisse de cette affaire, c’est très bien, et il est dans son rôle, reconnaît Jacques Perrier, mais si j’écris au préfet, il va me dire : "Mêlez-vous de vos oignons, monsieur l’évêque."» Et le responsable des sanctuaires de préciser : «Dans le christianisme, le pèlerinage à Lourdes n’a pas la même signification que le pèlerinage à La Mecque pour les musulmans.» Il ne constitue, en aucun cas, une obligation pour les croyants, rappelle l’évêque. […]
Monseigneur, Seriez-vous un nouveau Ponce Pilate? "Vous vous en lavez les mains".
RépondreSupprimerBien malheureuses sont les brebis avec de tels pasteur!!!!
J'ai été surpris des commentaires venant de quelques traditionalistes du Forum Catholique. Partageant souvent les idées de la "droite nationale" (MPF, FN, etc) sur l'immigration, ils se laissent emporter par leur élan et se réjouissent de l'attitude de l'évêque. A croire qu'ils ont perdu le sens même de l'asile ecclésial. Bien sûr qu'être catholique ne suffit pas pour être accueilli en France mais enfin on pourrait imaginer que prioritairement la police tende ses filets ailleurs que dans un sanctuaire ou dans un train de pèlerins.
RépondreSupprimerConcernant l'évêque, qui se tait parce qu'il craint qu'on lui demande de se mêler "de [ses] oignons", qu'il sache qu'il y aura toujours quelqu'un (et régulièrement un préfet) pour trouver qu'il n'a pas à s'en mêler. Que ce soit sur la capote ou sur l'immigration, sur le préservatif ou sur le travail le dimanche, sur le mariage des homos ou sur le remariage des divorcés.
Mais peut-être est-ce lui, Jacques Perrier, qui pense que quand la police profite d'un pèlerinage pour coincer des pèlerins, ce n'est "pas ses oignons".
Lu sur le site de l'Association des Amis du Père Riobé, ancien évêque d'Orléans:
RépondreSupprimerDans les années 70 Mgr Riobé "publie le texte Non aux armes nucléaires. L’amiral de Joybert lui répond à la télévision par cette apostrophe: «Halte-là ! Messieurs de la prêtrise! Voulez-vous, s’il vous plaît, vous mêler de vos oignons.» C’est bien là toute la question : quels sont les «oignons» d’un évêque?"
Je souligne, je partage: "C’est bien là toute la question : quels sont les «oignons» d’un évêque?"