vendredi 7 février 2014

Lévi-Strauss contre-révolutionnaire

La question du genre qui nous occupe en ce moment participe d'une tentative historique visant à rationaliser l'homme, à normaliser ses comportements, à gérer son destin dans toutes ses dimensions. Cela dépasse infiniment les médiocres qui nous gouvernent, c'est une tendance lourde, dont j'essaie d'expliquer dans l'Histoire du mal qu'elle remonte tout bêtement au péché originel. L'arbre du bien et du mal représente le premier culte de la Raison, comme je l'explique dans le chapitre 3 de mon livre (autopublicité gratuite).

Il me semble que, sans les références bibliques, Lévi-Strauss a compris la même chose. Je cite un texte que vient de m'envoyer l'un de mes anciens élèves :
"La Révolution a mis en circulation des idées et des valeurs qui ont fasciné l'Europe puis le monde, et qui procurèrent à la France, pendant plus d'un siècle, un prestige et un rayonnement exceptionnels. On peut toutefois se demander si les catastrophes qui se sont abattues sur l'Occident n'ont pas aussi là leur origine.
En quel sens ?
Parce qu'on a mis dans la tête des gens que la société relevait de la pensée abstraite alors qu'elle est faite d'habitudes, d'usages, et qu'en broyant ceux-ci sous les meules de la raison, on pulvérise des genres de vie fondés sur une longue tradition, on réduit les individus à l'état d'atomes interchangeables et anonymes. La liberté véritable ne peut avoir qu'un contenu concret : elle est faite d'équilibres entre des petites appartenances, des menues solidarités : ce contre quoi les idées théoriques qu'on proclame rationnelles s'acharnent; quand elles sont parvenues à leurs fins, il ne leur reste plus qu'à s'entre-détruire. Nous observons aujourd'hui le résultat."
Claude Lévi-Strauss - De près et de loin (1988).
Voilà un texte admirable. Je n'en connais d'équivalents que sous la plume d'Albert Camus. Je crois que Claude Lévi-Strauss exprime là le fond du combat de la Manif pour tous.

5 commentaires:

  1. Cela ressemblerait même à ce que dit Boutang de la liberté dans l'ordre féodal (cf La source sacrée) !

    RépondreSupprimer
  2. Oui, et Albert Camus ne dit pas autre chose dans l'Homme révolté, par son analyse du nihilisme, chez Saint Just par exemple. L'homme revolté peut devenir un exécuteur froid, régnant sur de tristes geôles.

    RépondreSupprimer
  3. Le temps ou la Raison menait le monde est révolu, MAG2T ! Il s’est complètement envolé, évaporé ! Une bulle de savon ! Nous avons affaire à une lutte des classes où les protagonistes ont inversés leurs rôles. La caste oligarchique mène un sale combat où tous les coups sont permis. C’est la loi du plus fort qui règne en maître et non celle de la Raison. La « Liberté véritable », je dirais fort benoîtement que c’est plutôt celle que le Christ nous propose. Si Lévi-Strauss ne voit pas le religieux en amont des structures de toutes les sociétés, cela le regarde, mais ce n’est pas mon idéal. Quant au Gender s’il chosifie l’être humain d’une manière encore plus immonde que la période industrielle ne l’a fait, il cache encore, à mon humble avis, un autre dessein : J’y devine comme une guerre contre le sexe féminin, une jalousie.( A développer !)
    " Je vivais donc sans autre continuité que celle, au jour le jour, du moi-moi-moi" A.Camus (la chute) Aujourd'hui on dirait: "Me, Myself and I" c'est plus chic!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Madame, Mademoiselle,

      Je partage tout à fait votre analyse pour ce qui est d'une guerre menée contre le féminisme. J'ai vécu les années post 1968 comme étudiant ( école d'ingénieur) et j'ai pu constater les choses suivantes:
      .la "libéralisation" de la femme avait pour but de "coucher" sans état d'âme moral et à moindre cout
      .la masculinisation du comportement masculin par le femme par son habillement et ses nouveaux métiers ont détourné le mâle de son atrait et a sûrement accru le nombre de tendances homosexuelles.
      .j'ai observé dans le monde étudiant que ceux qui avaient des problèmes avec leur sexualité partaient à gauche, là c'était permis.
      Ceci est le résultat de mes observations personnelles.
      Cordialement
      L.Lendran

      Supprimer
  4. Ça ressemble à du Boutang mais ce n'en est pas parce que là je comprends. Louis

    RépondreSupprimer