mercredi 26 février 2014

Seul Nixon peut aller en Chine. [par RF]

[par RF] Patrick Archbold est un contributeur régulier du National Catholic Register. C’est sur ce très important blog catholique conservateur américain qu’il a publié un billet (Pope Francis and the SSPX: An Opportunity - Le pape François et la FSSPX : une opportunité). Son texte a déplu aux responsables de NCR, et il faut aller sur Minority Reports pour le trouver, ou sur Rorate Caeli qui en reprend la plus grande part, avec des commentaires. Pour ceux d’entre vous qui ne savent pas assez d’anglais, voilà à grosses mailles de quoi il s’agit :
Le pape François a rappelé à des protestants que c’est le péché qui nous sépare, ainsi qu’une longue suite d’incompréhensions mutuelles. Le pape Benoît disait déjà que les divisions viennent d’un manque d’effort d’unité, et qu’aux moments critiques de Son histoire, les responsables de l’Eglise n’en avaient «pas fait assez» pour éviter la division ou la guérir. 
A notre époque par exemple, la rupture des contacts avec Rome accentue la marginalisation de la FSSPX. Bien sûr certains de ses leaders ont été durs et peu respectueux. Il n’en reste pas moins que François est le pape le plus à même d’opérer une réconciliation, de par son vrai souci d’unité des chrétiens. 
L’Eglise devrait se montrer généreuse, sans insister sur une «adhésion dogmatique à l’interprétation d’un concile non-dogmatique». Il y a bien sûr des divergences mais elles doivent être traitées fraternellement, au sein de la même maison, et non devant une porte cadenassée. 
François est suffisamment attaché au Concile de Vatican II pour que son geste puisse être interprété comme autre chose que de la pure générosité. Tel n’aurait pas forcément été le cas sous le pontificat précédent. 
C’est cette générosité qui est la norme dans l’Eglise, et on ne demande pas à d’autres, qui la rejoignent, de «signer un exemplaire de Pascendi Dominici Gregis». Que l’Eglise ait cette même générosité envers la FSSPX, qui professe une doctrine qui, il y a 50 ans encore, était communément acceptée. 
Cette générosité porterait des fruits, et le gros du travail a déjà été fait par le pape Benoît, il n’y a plus qu’à leur donner un statut canonique. Le Saint Père, par cette offre généreuse, peut éviter un division qui irait croissante, et faire qu’aucun de ses successeurs n’ait à regretter: «si seulement nous avions fait plus».
Et Rorate Coaeli de commenter «Nixon goes to China», métaphore historique que les Américains utilisent pour dire que certaines décisions ne peuvent être prises que par un homme à la réputation assez établie dans son camp pour ne pas être suspecté de mauvaise manœuvre. Autrement dit, et dans le cas présent: que François est assez «à gauche» pour qu’une réintégration de tous les traditionalistes soit acceptée par les épiscopats et les opinions, sans qu'ils y voient la manip d’un krypto-intégriste faisant rentrer ses copains par la porte de derrière.

Mise-à-jour du 27 février 2014:
Rorate Caeli rappelle opportunément la lettre de Benoît XVI aux évêques (10 mars 2009) pour leur expliquer la levée des excommunications, en particulier ce passage, dont le texte de Patrick Archbold est le parfait écho:
"Certainement, depuis longtemps, et puis à nouveau en cette occasion concrète, nous avons entendu de la part de représentants de cette communauté beaucoup de choses discordantes – suffisance et présomption, fixation sur des unilatéralismes etc. Par amour de la vérité je dois ajouter que j’ai reçu aussi une série de témoignages émouvants de gratitude, dans lesquels était perceptible une ouverture des cœurs. Mais la grande Église ne devrait-elle pas se permettre d’être aussi généreuse, consciente de la grande envergure qu’elle possède; consciente de la promesse qui lui a été faite? Ne devrions-nous pas, comme de bons éducateurs, être aussi capables de ne pas prêter attention à différentes choses qui ne sont pas bonnes et nous préoccuper de sortir des étroitesses? Et ne devrions-nous pas admettre que dans le milieu ecclésial aussi des discordances se sont fait entendre? Parfois on a l’impression que notre société a besoin d’un groupe au moins, auquel ne réserver aucune tolérance ; contre lequel pouvoir tranquillement se lancer avec haine."

6 commentaires:

  1. On nous dit souvent qu'il y a un fossé entre l'Eglise et la FSSPX à cause du statut du concile. On nous dit qu'il faut "reconnaître" Vatican II. Mais que signifie, précisément, "reconnaître" quand il y a assez peu de points doctrinaux (à part la sacramentalité de l'épiscopat, l'Eglise vue comme un élément complexe ne dissociant pas son corps et son âme, etc.); a fortiori, rien de dogmatique, parce que, tout simplement, les pères conciliaires ne le voulaient pas. Jean XXIII entendait tout simplement rappeler la doctrine traditionnelle, mais nullement l'amender ou la modifier. Donc Vatican II ne devrait pas poser de problèmes parce que, tout simplement, il n'existe pas stricto sensu de foi "duovaticanesque" comme il a existé dans le passé une profession de foi tridentine ou nicéenne. Il est donc impossible de demander une adhésion à quelque chose qui n'existe pas. Les difficultés avec la FSSPX relèvent plus du climat ecclésial qu'autre chose (soit dit en passant, ce climat est aussi bien interne à l'Eglise qu'interne à la FSSPX). Et d'un...

    Et puis si l'on regarde l'histoire, en 1965, les pères conciliaires ont signé des textes sans forcément entendre la même chose, pour ne pas dire des choses diamétralement opposées. Je ne suis pas certain que le Cardinal Suenens ait entendu les textes dans les mêmes sens que Mgr Lefebvre qui, avec les pères du Coetus, signa ces textes. Comment 3000 pères conciliaires auraient-ils pu entendre les choses de la même manière ? Certains ont signé avec joie, d'autres avec opportunisme, d'autres encore en traînant les pieds... C'est tout. Donc "reconnaître" Vatican II ne veut pas dire grand chose, car, tout simplement, cette expression ne signifie rien. Adhère-t-on à un état d'esprit comme on adhère à une position doctrinale ? Très honnêtement, cela tient de la prestidigitation, car on adhère jamais, en soi, à quelque chose de fluctuant ou d'inexistant... Et de deux.

    Au concile de Nicée, en 325, les Novatiens - nom donné à des dissidents qui entrèrent en bisbille avec Rome vers la moitié du IIIème siècle après Jésus-Christ - furent même invités, alors qu'ils étaient en position dissidente. Mais la Grande Eglise avait reconnu qu'ils ne différaient point de ce qui allait être défini au concile. Et d'ailleurs, Nicéens et Novatiens tinrent bon contre les hérétiques ariens. A méditer dans ces temps un peu compliqués...

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    1. Cher Athanase, vous nous dites que Vatican II est une pastorale et n’a rien définit auquel on doive ni même ne puisse adhérer. Bien. Mais c’est là un raisonnement de catholique… traditionnel.

      Je vous renvoie à la Conférence du Cardinal Ratzinger aux évêques du Chili et de Colombie (1988):«La vérité est que le Concile lui-même n'a défini aucun dogme. Il a voulu de manière consciente s'exprimer selon un registre plus modeste, comme un concile simplement pastoral; cependant, beaucoup l'interprètent comme s'il était un ‘super-dogme’ qui enlève à tout le reste son importance».

      On peut donc oser le schéma suivant : trois cercles concentriques.

      1. Au centre, l’Eglise du Concile. Elle tient pour vrai tous les dogmes, vus au travers du super-dogme.

      2. Autour, divers communautés ecclésiales, dans la mesure où elles partagent le super-dogme. Elles ne sont pas en communion parfaite avec Rome, mais bénéficient tout de même d’un fort degré de communion. On pourrait presque dire : d’un fort coefficient de communion.

      3. Plus loin, ceux qui ne partagent pas le super-dogme.

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  2. Le problème est que la fsspx ne veut pas reconnaître le CVII comme légitime, et l´église ne veut pas revenir à l`ancienne messe...
    Je pense que la fsspx pourrait rejoindre à l ´église et célébrer le rite traditionnel ; et l´église continuer avec le nouveau rite. Deux rites dans l ´église, je ne vois aucun problème.
    Mais les hommes aiment compliquer les choses : et un veut obliger l `autre à faire ce qu´il ne veut pas. Nonsense. Les gens vont à la messe qu´ils préfèrent : Donc, il s`agit d`un désacord idiot.
    Et l ´Évangile, qui dit que nous devons nous aimer les uns les autres, n `entre pas dans la tête de tous ces ecclésiastiques... C´est incroyable!,,,

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  3. Anonyme

    Un "super-dogme" jamais exprimé c'est une supercherie et une forfaiture . Cela n'existe pas ! La dernière invention , rarement exprimée clairement ( merci de dire le non-dit ...) , de ceux qui instrumentalisent Vatican 2 pour en faire une sorte de méta-concile , le dernier , l'unique , qui remplacerait tout les autres .
    L'herméneutique de continuité de Benoit XVI ils n'en ont rien à faire ....Bon débarras

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  4. Goethe disait préférer une injustice à un désordre.Dans l'Eglise catholique " Vox papa , vox Dei" ou du moins ça devrait l'être.Surtout si l'on croît à la présence et l'intervention du Saint Esprit .Et puis face à ceux qui en profitent ( méchamment ?) pour tirer la couverture à eux , il faut souffrir en silence , avec confiance , comme Sainte Bernadette en son couvent de Nevers. Dieu reconnaît les siens . Unis face aux méchants qui veulent la confusion de l'Eglise.Toujours sourire.Comme celui qui connaît la fin de l'Histoire.

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  5. Tout le monde a sans doute lu le communiqué de l’Evêque de Forth Worth interdisant la messe grégorienne dans un collège de son Diocèse. En voilà un qui se prend pour le Pape !! Mais ce qui est plus inquiétant, c’est la dernière phrase de sa lettre que je retransmets ci-dessous. Personne ne se doutait jusqu’à présent du danger de cette messe pour les âmes des fidèles ! Maintenant, nous sommes renseignés !… : « J’ai pris ces décisions, animé par un souci pastoral et une attention pour les étudiants du collège de Fisher-More, ainsi que pour votre propre âme. » (Mgr Michael F. Olson, Evêque de Fort Worth). Lorsque le Pape revêt sa casquette de Jésuite, est-il encore inspiré par l’Esprit ? On ferait mieux de l’imiter sur d’autres points que sur cette bêtise. Par contre, je ne crois pas que ce soit l’Eglise qui refuse la FSSPX mais bien celle-ci qui ne désire pas y rentrer et cela malgré un discours apparemment soumis à la Chaire de Pierre. L’Eglise a les bras ouverts comme le Christ sur la Croix. Sa mission est d’accueillir tout le monde en son sein.

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