mardi 1 avril 2014

Malek Sibali : un homme qu'il faut lire

Je viens de recevoir de la part de mon ami Jean-Luc de Carbuccia aux éditions de Paris un nouveau livre de Malek Sibali intitulé Allah qui es-tu ? Il avait déjà publié chez le même éditeur Islam, sacrée violence. C'était en 2011. Je me permets de publier la critique que j'en ai faite à l'époque.

Sacrée violence ! 
C’est un livre que j’ai manqué, dont j’aurais dû vous parler en 2011, quand il est paru. J’ai été trompé par… la modicité de son prix et la simplicité de la couverture blanche aux caractères noirs… Le titre aurait dû me retenir : L’islam, sacrée violence. Sous titre : Textes fondateurs.
Ce qui est intéressant dans ce livre, c’est que l’auteur, Malek Sibali ne fait aucun commentaire de son crû. Il se contente d’accumuler les citations violentes, en les classant : d’abord celles qui sont issues du Coran. Ensuite les hadiths, en particulier ceux de la collection Bukhari ou des collections Daoud et Muslim. Enfin le récit de la vie de Mahomet, un simple descriptif, j’allais dire : sans le détail. On a le récit de ses campagnes militaires, énumérées l’une après l’autre (il y en a  34 en 9 ans avec deux exterminations de tribus juives). Le moins que l’on puisse dire c’est que « le Beau modèle » n’a pas fait dans l’ambiguïté. En appendice, l’auteur traduit plusieurs études d’ex-musulmans, manifestement écoeurés par les textes fondateurs de leur religion. Malek Sibali est alors en droit de demander comment libérer les musulmans du carcan fondamentaliste. En manière de réponse, il cite encore, Hamadi Redissi dans La tragédie de l’islam moderne (Seuil 2011) : « La globalisation a-t-elle des chances de libérer l’islam ? Aucune à mon avis pour une culture désorientée, qui ne sait plus distinguer entre ce qui dépend d’elle et ce qui n’en dépend point. Reste cependant peut-être une chance, pour toute personne qui saura aller librement contre elle-même, c’est-à-dire le plus loin possible : j’appelle cela, aujourd’hui, mener une vie héroïque ». Cet héroïsme de la lucidité auquel appelle Hamadi Redissi, il s’applique aux musulmans qui veulent comprendre les textes fondateurs de leur croyance, mais aussi aux non-musulmans qui doivent s’intéresser à l’islam et identifier les menaces potentielles contenues dans ses textes sacrés et dans la vie du « Beau modèle ».
Il me semble qu’il existe trois points sur lesquels il importe de mener une critique vigoureuse de l’islam : l’invocation par les musulmans de la loi islamique lorsqu’elle semble l’emporter sur la morale élémentaire (justifiant massacres et répressions en tous genres) ; le rapport entre les sexes, tel qu’il est envisagé en particulier dans la sourate 33 ; et enfin l’interdiction sous peine de mort de la conversion de l’islam à une autre religion (qui va explicitement contre l’article 18 de la déclaration des droits de l’homme de 1948).
Un livre fait simplement de citations, en français et en arabe, à vous procurer au plus vite. Il devrait être tiré à des centaines de milliers d’exemplaires. Je ne vois pas comment, musulman ou pas, on peut résister à sa lecture.
Ce livre pose la question que posera ce soir à sa manière Maurice Saliba au Centre Saint Paul : l'islam peut-il changer ? Peut-il s'adapter à la modernité ? Il a été professeur dans plusieurs universités libanaise. Arabisant et arabophone, il nous donnera une réponse "de l'intérieur". C'est sans doute la question la plus importante pour notre vivre ensemble en Europe, où il y a aujourd'hui quelque 40 millions de musulmans, attirés par la prospérité du Vieux continent, parfois admiratifs souvent revanchards. Il est impossible de savoir comment parler aux musulmans si l'on ne comprend pas leurs réflexes les plus profonds, si l'on ne fait pas effort pour pénétrer dans leur culture.

Par exemple...

Pris au hasard dans le nouveau livre Allah qui es-tu ?, Mohammed expliquant la défaite de Uhud face aux Quraychites : "Ils disent [la troupe des soldats de Mohammed, défaits par leurs adversaires] : Si nous avions eu part à la décision [qui a été prise par Mohammed seul], il n'y aurait pas eu de morts ici. Réponds leur : "Quand bien même vous seriez restés dans vos maisons, la mort aurait frappé dans leur lit ceux dont le trépas était inscrit là haut pour que le Seigneur éprouve ce que recèlent vos coeurs et qu'il en purifie le contenu". Commentaire de Malek Sibali : "Cela signifie que toute défaite éprouvée par des combattants croyants vient d'Allah". Cela signifie que la liberté humaine n'existe pas face aux oukases d'Allah. Oui, vraiment : Allah qui es-tu?

8 commentaires:

  1. Il y a peu de temps encore MAG2T, vous citiez Camus. Dans « l’homme révolté », son analyse de la pensée occidentale nous explique que toutes les idéologies nées dans notre culture viennent directement du christianisme. Vous auriez dit : « des idées chrétiennes devenues folles ». L’homme occidental est un révolté qui cherche à accomplir le Royaume des Cieux sur terre, à chaque siècle sa spécialité, messianisme collectif ou volonté de puissance (supposée divine, le Kaïros) ou encore larmoiement théâtral (Romantisme). En tant que chrétien, l’on se doit d’aller jusqu’au bout de cette réflexion et de chercher l’origine de cette révolte. J’ébaucherai un élément de réponse : Le Christ nous a ouvert les yeux. Nous avons « vu » le Royaume en Lui. « Le Royaume des cieux est parmi vous et vous ne le voyez pas », nous a t-il dit ! Nous avons vu la Lumière et c’est bien cela notre problème. Et, comme il est dit dans le Prologue de Jean, nous ne l’avons pas comprise. Ni hier, ni même aujourd’hui, ne nous leurrons pas. Ce qui est sûr, c’est que cette Lumière a laissé en nos âmes une marque indélébile. Depuis, nous la recherchons parfois là où elle se trouve et la plupart du temps là où elle ne se trouve pas. Pourtant, la rupture est totale, nous ne pouvons pas revenir en arrière. Avec le Christ est née notre liberté. Ayant vu, nous pouvons accepter ou refuser, mais non rester aveugles. « La révolte ou la Croix », pour comprendre que nous seuls humains sommes à l’origine de ce monde de violence et de mort et que Dieu n’y est pour rien. Que les musulmans soient encore, pour la plupart, empêtrés dans la Loi, c’est assez normal. Une fois constatée la violence du Coran et des Hadîts, ne leur jetons pas la pierre. Nous avons vécu sous la même Loi. L’échec de notre civilisation prouve bien que nous oscillons encore entre les deux. Et la mondialisation, dans tout ça ? Une catastrophe heureuse. Catastrophe par la radicalité du mal qui se mondialise mais heureuse parce que les chrétiens seront obligés de prendre conscience de n’avoir pas pris les Evangiles dans leur radicalité et heureuse aussi car c’est par ce brassage des cultures et des religions que tous les humains pourront « bouger » dans leur têtes et dans leurs cœurs. Il s’agit effectivement d’un héroïsme de la lucidité, mais cela vaut en premier lieu pour nous chrétiens ! Les musulmans ont à faire eux-mêmes leur autocritique. Cela les regarde. Occupons-nous plutôt de notre propre conversion.



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    1. Il n'est pas question de jeter la pierre aux musulmans ! N'est-il pas important de dire la vérité sur l'Islam, d'autant plus que pour eux toute critique de leur foi est interdite ! Que faites-vous de la charité chrétienne ? Ne faut-il pas les sauver ?
      "Nous avons vécu sous la même Loi" de quelle Loi parlez-vous ?
      "L'échec de notre civilisation " ... Parce qu'une civilisation est faite pour réussir ?
      ... Si la prise de conscience des chrétiens et l'espérance que les humains bougent dans leur tête vous suffit pour vous satisfaire des catastrophes que nous prépare le mondialisme... ! De plus, nos frères chrétiens ne vous ont pas attendu pour avoir conscience qu'ils n'ont pas pris les Evangiles dans leur radicalité... La plupart de nos saints doivent être bien tristes en constatant notre tièdeur.
      Je partage totalement votre conclusion je prie Dieu pour la conversion de tous : laïcs, religieux, prêtres et Evêques.
      Le christ était un homme libre et courageux qui ne mâchait pas ses mots :
      L’Islam est anti Christ: vous en doutez ? Moi j’en ai la certitude ! Tous les jours des dizaines de chrétiens le paient de leur vie à travers le monde. Et vous dans vos pantoufles vous ergotez sur la nécessité ou non de relever l’ignominie de bien des versets du Coran.
      Il n’est pas question de confondre Islam et musulmans, il n’est pas question de faire la guerre… J’ai assisté à plusieurs rencontres inter religieuses : j’ai été outré des non-dits, de cette hypocrisie qui consistait à laisser dire n’importe quoi avec des sourires niais.
      Quel admirable sens de la charité et de la vérité quand des chrétiens relaient que l’Islam est la religion de l’amour, de la tolérance et de la paix !
      Si des chrétiens se convertissent à l’Islam c’est de la faute d’idiots utiles comme vous, qui cachent ce qu’est réellement l’Islam. Heureusement que nous avons des gens comme Malek Sibali.

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  2. Avec le Christ est née notre liberté : je dirais, autrement, que le Christ a objectivé notre liberté
    Il s’agit effectivement d’un héroïsme de la lucidité : je suis bien d'accord. J'aimerais bien ajouter que le refoulement en psychanalyse témoigne du refus de cet héroïsme. C'est probablement de cet héroïsme qui est le sujet, dans les hadith du prophète de l'islam, de la "Grande Guerre Sainte" par rapport à l'autre beaucoup plus connue surtout de nos jours avec tous nos arabophobes et islamophobes patentés.

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  3. Ce livre pose la question que posera ce soir à sa manière Maurice Saliba au Centre Saint Paul : l'islam peut-il changer ? Peut-il s'adapter à la modernité ? : je suis passé sur ce passage sans broncher, tellement habitué sans doute à cette litanie. Surtout sur Radio Courtoisie! La réponse est d'une simplicité biblique, la Tradition n'a pas à s'adapter à la modernité dont elle ne peut que rien avoir à faire! La Tradition doit rester vivante et non pas s'adapter. D'ailleurs la chrétienté ne s'est pas adaptée, elle a été forcée et c'est ce forçage qu'on veut nous faire prendre pour une adaptation. Là on est en plein "Ralliement" C'est la vierge violée qu'on marie à son violeur pour "réparer".

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  4. Cette focalisation des conférences du centre st Paul sur l'islam commence à franchement devenir exaspérante. Quelle désolation de voir chaque jour celui-ci s'enfoncer un peu plus dans une islamophobie maladive faisant de ce qui devrait être un véritable centre de culture chrétienne au sens noble du terme le point de rencontre de la frange la plus néoconservatrice de l’extrême droite. Quelle misère de voir la tentation xénophobique de certains engager le metablog dans la promotion zélées des thèses racistes et impérialistes du "Nouveau Siècle Américain". Vous valez pourtant beaucoup mieux que ça.

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    1. "une islamophobie maladive faisant de ce qui devrait être un véritable centre de culture chrétienne"
      C'est un peu difficile d’être chrétien tout en étant islamophile ... il y a un momment ou il faut choisir son camp ...

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    2. Je ne vois pas où se situe la difficulté entre le fait d'être chrétien et celui de respecter les musulmans. En l'absence de ce respect de base, il est également toujours possible d'être indifférent à la question de l'islam.
      Non, je n'admets pas que le fait d'être catholique entraine automatiquement la détestation systématique des autres confessions. Je ne crois pas non plus que la "culture chrétienne" soit compatible avec celle de la dénonciation systématique d'un bouc émissaire.
      Je me permettais juste de souligner dans mon premier commentaire l'étonnante fréquence de conférences ayant pour objet la question musulmane dans un centre culturel catholique. Fréquence qui se comprend mieux lorsqu’apparaît le fait que celles-ci se déroulent toujours sous le signe de la dénonciation violente quand ce n'est pas carrément l'occasion de donner libre cours au délire xénophobique paranoïde d'un Alain Wagner (dont les liens étroits avec l'extrême droite néoconservatrice raciste et américanolâtre sont bien connus).

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  5. Du temps de Péguy c’était simple. Il y avait les cathos que l’on appelait Talas et les autres. Les autres ne nous intéressent pas.

    Un siècle après c’est plus diversifié. Il y a toujours les autres, lesquels ne nous intéressent toujours pas, bien qu’ils soient notablement plus nombreux. Mais chez les cathos il y a eu fragmentation (au sujet de la Sainte Messe). On distingue les Tradis, les Concils ou V2 et les Plutalas (ceux qui ne vont plus (t) à la messe).

    Certains, sans doute plus angoissés, se demandent si une seconde ligne de clivage n’est pas en train de se mettre en place insidieusement parmi nous. D’un côté il y aurait ceux qui disent «les arabes avec nous » ; de l’autre ceux qui ne le disent pas.

    Faisons immédiatement 2 remarques. Une, d’ordre arithmétique : les cathos vont se retrouver rangés en 6 catégories. Cela commence à faire beaucoup même si certaines seront quasi vides. Une autre pour préciser les limites de l’ensemble de « ceux qui ne le disent pas » qui va allégrement de ceux qui ne le disent pas par lâcheté à ceux qui disent simplement «Dehors!». L’éventail est large.

    Si l’on classe ces catégories par leur population on peut parier que la plus nombreuse sera celle des Plutalas qui ne le disent pas et la plus étique celle des Tradis qui disent « les arabes avec nous ». Cette dernière serait, à l’évidence, celle des personnalités les plus riches, les plus valeureuses, pas les plus sages.

    Attention, il ya des erreurs centenaires, que dis-je, millénaires.

    Bon RamDam camarades.

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