Vous êtes identifié comme ‘bleu’? vous n’aurez pas
toute l’info bleu... mais vous n’aurez plus qu’elle!
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[par RF]
Ce post fait suite à Bulle/s [1] posté hier.J’échange quelques mots sur FB avec Bruno, il s’étonne de ce qu’une information marquante passe inaperçue sur internet (il s’agissait en l’occurrence du communiqué par lequel la Grande Mosquée de Paris exprime sa solidarité avec les chrétiens irakiens, et condamne le mauvais sort qui leur est fait). Alors que tournent en boucle les images, les récits, et les interrogations («pourquoi un tel silence?»), voila qu’un élément majeur reste largement ignoré.
Peut-être s’agit-il d’un banal phénomène de «bulle de filtres», pour reprendre le titre du livre du journaliste Eli Pariser. De quoi s’agit-il? L’information que nous consommons passe par des systèmes (google news, twitter, facebook, etc) qui la filtrent et nous fournissent ce qu'ils ont déterminé que nous voulons consommer. On cite fréquemment l’exemple de la recherche sur EXXON: un étudiant va tomber directement sur les méfaits environnementaux de cette société pétrolière tandis que son père (c’est une histoire américaine) tombera sur les cours de l’action. Ce qui enferme chacun un peu plus dans sa bulle.
Autrement dit, si vous êtes gauchiste, vous serez nourri et abreuvé d’images de textes et de commentaires qui alimenteront votre gauchisme…. ou votre droitisme si vous êtes de droitiste, votre progressisme si vous êtes progressiste, etc. Et cela selon une boucle qui se nourrit et se renforce d’elle-même. Un classique phénomène de milieu auto-référent, de bocal hermétique, aggravé par l’illusion de bénéficier désormais de ‘toute l’info’.
Dans notre exemple, peut-être que l’information (la Grande Mosquée solidaire des Chrétiens irakiens) ne correspondait pas à ce qu’attend une partie de nous-mêmes, d’une fraction de notre sphère, prompte à récuser tout geste musulman qui ne conforterait pas une vision exclusivement noire de l’islam.
La «bulle de filtres» technique (exposée plus haut) peut très facilement être amplifiée par notre propre choix, par nos ‘follows’ et de nos ‘likes’. Rien de mieux pour cela que de voir un ‘infiltré’, un ‘provocateur’ ou un ‘idiot utile’ derrière toute contribution que ne colle pas avec nos représentations. Rapidement on bénéficie du confort d’une pensée «ready made» (il y en a pour tous les goûts) à laquelle il n’y a plus qu’à contribuer.
A contrario, on peut choisir d’enrayer la «bulle de filtres» si l’on accepte de ‘suivre’ ce que disent un Michel Onfray, un Jean Pierre Denis ou un Pierre-Henri Gouyon (exemples choisis au hasard, sans valeur prescriptive!). Il faut pour cela se faire à l’idée qu’il puisse y avoir des hommes de qualité(s) chez nos adversaires. C’est alors qu’il faut renoncer à lire le monde selon cet axe unique «eux/nous», où «eux» ne sont pertinents qu’à mesure qu’ils se rapprochent de «nous».
Autre variété de "bulle de filtre": l'historien ou le scientifique qui découvrent ce que leur hypothèse de travail avait déjà induit, laquelle hypothèse de travail cherchait en fonction d'un axiome implicite, d'une volonté de trouver, de critères de vérité inavoués. Car en se les avouant, fût-ce à lui-même, l'historien ou le scientifique, le philosophe ou le psychologue laisserait filtrer que la vérité est d'abord esthétique. Je ne consens à tenir pour vrai que ce qui me plaît et que je trouve beau. Subjectivement, le vrai est une catégorie du beau. Qu'en est-il en réalité?
RépondreSupprimer"Je ne consens à tenir pour vrai que ce qui me plaît et que je trouve beau."
RépondreSupprimerVARIANTE:
"... tenir pour vrai que ce que je trouve particulièrement beau OU particulièrement laid."
D'accord pour votre variante, Anonyme,mai le laid est du vrai négatif et répond toujours, en négatif, à un critère esthétique.
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