Cette contribution d’Hector vient après un premier volet écrit par RF. On ne s’étonnera pas de trouver des idées, voir des expressions similaires, les deux textes étant issus d’une discussion préalable entre les auteurs des deux textes.
La popularité du pape François, y compris auprès de publics éloignés de l’Église, est un phénomène massif et constant. Un pape qui fait l’objet de plusieurs couvertures de journaux à portée mondiale ; un pape qui suscite l’intérêt de personnalités éloignées de l’Église; etc. Certains hurleraient, d’autres s’en réjouiraient. Mais ce n’est pas la question. Et je crains que les discussions sur le pontificat bergoglien n’oublient certaines choses, à commencer par l’état précaire du catholicisme dans un pays comme la France, qui se vérifie dans tout l’occident sécularisé (de Los Angeles à Berlin ou de Stockholm à Barcelone). On raisonne encore comme si les jeunes de France et de Navarre étaient en contact permanent avec l’Église, comme si celle-ci continuait à drainer massivement les jeunes par ses aumôneries et son catéchisme… Nous ne sommes plus dans les années 1950, on en conviendra. Mais nous ne sommes plus non plus dans les années 1980: cela, on tend à l’oublier, tant chez les catholiques dits traditionnels que chez ceux qui ne le sont pas.
Permettez-moi une petite séquence rétro. Je ne vais pas vous parler de l’état de l’Église avant le concile, ou même de celui des dernières années pacelliennes ou même du bref intermède roncallien, mais bien de la situation des années 1980. Au cours de ces années, un nombre non négligeable d’enfants allaient au catéchisme et suivaient un parcours sacramentel complet, allant du baptême à la confirmation. Évidemment, ils allaient au catéchisme qui avait, pour ainsi dire, pignon sur rue, au point de susciter la curiosité de leurs collègues. Certes, les jeunes n’allaient pas à la messe tridentine, pas plus qu’ils ne suivaient un catéchisme sous forme de questions-réponses (le manuel Pierres vivantes existait) ; mais dans ces années 1980, le catholicisme existait encore dans l’espace public. Le catéchisme des enfants était un phénomène social. Malgré toutes les controverses relatives aux méthodes catéchétiques et au contenu enseigné aux enfants, il existait encore une jeunesse touchée par l’Église. Après la bourrasque des années 1960 et 1970, il y eut une relative accalmie. Ainsi, mes camarades d’école primaire (précisons qu’il s’agit de l’école laïque) ou de colonie de vacances allaient au catéchisme. En classe de neige (CM1), les animateurs qui nous suivaient avaient même accompagné des jeunes à la messe du dimanche. De telles situations semblent impensables aujourd’hui : outre les éventuels cris d’orfraie poussés si l’on apprenait que des agents publics aident les jeunes à accomplir leur devoir dominical, il serait tout simplement inimaginable de voir des jeunes aller à la messe… Les jeunes catholiques existaient et cela se savait dans leur entourage. C’est sur cette jeunesse qu’a pu se greffer l’action de Jean-Paul II.
Aujourd’hui, la situation est toute autre. Outre le fait que de moins en moins de parents font baptiser leurs enfants (sauf pour faire plaisir aux grands-, voire aux arrière-grands-parents), il y a moins de monde au catéchisme. De même, le parcours sacramentel se limite à la portion congrue : baptême jamais suivi de première communion, encore moins d’une confirmation ou de confession.. Ah, oui, j’oubliais : il va de soi qu’il n’y a plus de catéchisme donc plus de formation religieuse, même rudimentaire. Le gamin des années 1980 pouvait encore savoir qui était Jésus, qu’il existait un Ancien et un Nouveau testament ou qu’à la messe on écoutait les paroles de consécration : je ne suis pas sûr que son camarade d’aujourd’hui sache qu’un curé est forcément un prêtre ou ce qu’est une messe… Le décrochage parasite la perception par le grand public de ce que fait l’Eglise : par exemple du débat sur la communion aux divorcés remariés. Vu de l’extérieur, communier est un simple rite social, la marque d’adhésion à une communauté, qui ne communie jamais qu’à elle-même : un peu comme on se sert la main, en d’autres groupes ou d’autres occasions. Ce malentendu n’est pas nouveau – mais la petite minorité ignorante qu’il concernait est devenue majoritaire.
Il n’y aura pas de «génération François» non parce que le pape ne le mérite pas ou parce qu’il n’en est pas digne -ce n’est pas la question- mais tout simplement parce qu’il n’existe pas, en soi, de génération. On peut dire qu’il existe des générations marquées par l’Église préconciliaire, des générations conciliaires, marquées par les réformes s’inscrivant dans le sillage de Vatican II : je crains qu’on ne puisse parler de génération franciscaine si ce n’est pour constater son inexistence. Et c’est bien le problème d’un discours papal qui s’adresse à un public en filigrane, un peu comme il existe des comédiens sans public. Je ne sais pas en quoi consistera l’exhortation post-synodale à venir, mais je crains qu’elle ne rate son coup en s’adressant à un public de vieilles dames, dont les questions matrimoniales apparaissent avec moins d’acuité…
Rien à retrancher.Vécu par toute une génération catholique qui , en se retournant ,voit un paysage maintenant disparu. Comment est-ce possible ?
RépondreSupprimerAu sujet du catéchisme actuel , ce n'est plus le mercredi matin ( y a école) mais le dimanche une fois par mois , l'école du dimanche disait Tom Sawyer.
Tom Sawyer dont Mark Twain relate les aventures et la débrouillardise de ce gamin qui, pour briller aux yeux d'une petite camarade, se livre à un trafic de bons points de catéchisme pour recueillir les félicitations du Pasteur.Celui-ci épaté lui pose alors une question pour servir d'exemple à ses petits camarades / Dis-moi Thomas , dis nous quels furent les deux premiers apôtres de Notre Seigneur Jésus ?.Embarras de Tom qui est pris pour de la timidité , encouragé , il se décide et dit, humblement :" David et Goliath "
Cette histoire m'a toujours rassuré.
Rien n'est perdu.
Le catholicisme habitait l'espace public. Votre anecdote sur "David et Goliath" faisaient rire les jeunes lecteurs et ce ne peut plus être le cas.
Supprimermais si Père Guillaume, il existe une génération franciscaine j'en ai fait l'expérience. : seulement voilà : la France n'est pas le centre du monde. Certes le Padre Pio est mort.(... enfin c'est un saint très vivant au Ciel) et l'abbé Pierre aussi, qui a fait aimer Dame Pauvreté. mais Medjugorje est un sanctuaire franciscain parce que autrefois les franciscains étaient très liés à la Bosnie : or il a un rayonnemeent mondial; les martyrs de Siroki Brigeg sont des franciscains, des frères mineurs.. J'ai plus jeune, découvert Saint François d'Assise à travers les Fioretti au MJCF ... cet amour se renouvelle, à travers l'amour des animaux dont st François était simple précurseur. Jésus est la Vie. par exemple mais aussi des grâces d'amour de la nature, de la vie, des randonnées dans la nature, comme jamais encore depuis toute l'histoire de l'humanité. Simplement ce fait vient de personnes parfois déçues par l'église, qui de nos jours encore méprise les animaux, créés par Dieu tout comme l'homme.
SupprimerCher anonyme de 12H08 je crois que votre message résulte d'une série de malentendus montés en parallèles ou en série. Par exemple, le message est d'Hector et non du Père Guillaume. La génération François dont parle Hector se réfère au pape actuel, et non aux franciscains - pour le comprendre il fallait lire non seulement le titre mais aussi l'article.
SupprimerEt sur le fond: l'Eglise ne méprise pas la création. Peut-être qu'elle ne même pas assez l'accent sur l'écologie (la vraie). Pour autant, je ne sais pas si notre époque et ses 'randonnées dans la nature' comprend vraiment mieux que la Création est l'oeuvre du Créateur, et que c'est la première fois "depuis toute l’histoire de l'humanité". Je pense au contraire qu'ont certainement existé dans l'histoire de l'humanité, il y a 100.000 ans, 10.000 ans, ou même 1.000 ans, des hommes qui percevaient la Création comme oeuvre du Créateur.
Cher Hector Au fait, joyeux Noël !!! oui c'est vrai, j'ai pas lu l'article à fond... on peut se dire, tant de gens aiment la nature et combien communient? combien aiment dame Pauvreté? on ne peut qu'espérer dans les messages de la Reine de la Paix, de la présence de Dieu en tout homme (surtout baptisé) message d'autant plus vraissemblable que Dieu n'est pas son Eglise, et si l'Eglise (au sens de Cour Romaine) devenait pécheresse selon les révélations de Sœur Lucie, il y aurait alors comme une rupture entre" Dieu présent en tout homme" et son église ; et François, que ses chroniqueurs appellent saint Père François, serait d'autant plus aimé aujourd'hui. Bronzer avec frère Soleil, chanter avec Sœur Lune au clair de la Lune ...tandis que et c'est paradoxal plus Dieu était éloigné de ses créatures plus on avait besoin de la Création...mais on ne l'aimait pas, on l' "adorait", on s'en faisait des idoles. Idoles de la lune, du soleil, des flots, des vents (Eole) etc..et puis ensuite, on a fait de belles enluminures et des mosaiques magnifiques comme à Monreale en Sicile, sur Dieu le créateur ... comme le dit Saint Paul. Aimer la nature c'est finalement, un concept chrétien par ce que Dieu est Amour et émerveillement : il a tout créé pour Marie.Cependant avec la pollution, jamais aussi on ne l'a tant salie qu'aujourd'hui, nos ancêtres n'avaient pas cette pollution, le lait se prenait dans une jatte, pas de papiers gras, de bouteilles, de verre ou de métal. et aujourd'hui on a besoin d'un Sauveur du monde, de la planète, écologiquement parlant...Anonyme (Laurence)
SupprimerIl se peut que les générations actuellles sont moins religieux. Mais je pense toujours que la faute n´est pas seulement de l ´église, mais de la famille, de l ´école, de toute la societé actuelle. Je ne crois pas aussi que les générations plus agées étaient plus « parfaites » dans ce sens. Je crois que nous pouvons transmettre une saine religiosité aux gens quand nous la vivons nous-mêmes, par nos actions, pas seulement par nos paroles.
RépondreSupprimerParler, tout le monde le peut, mais agir avec bonne conscience tout le monde ne peut pas, car nous sommes sous pression par une societé qui acueille les apparences, même si elles sont parfois irréalistes et trompeuses. Une personne peut sembler être « un saint » aux yeux des autres et être, en vérité, une mauvaise personne, fausse, trompeuse. Peut- être les « bonnes gens » soient ceux qui vivent calmes et sans atirer l ´atention sur eux-mêmes ! Ceux qui pratiquent la charité dans le silence, qui savent écouter l `autre, avoir pitié des souffrances des autres... prier, reconnaître que tous nous sommes faibles, et à cause de cette fragilité, reconnaître que nul n´est mieux que l´autre, et que nous devrions avoir un peu plus de compassion avec les autres. Des exemples de bonté et de charité, dans la pratique, peuvent faire plus par la foi que tous les manuels de religion, de la théologie, etc. Nous avons des exemples comme cela dans l ´histoire de l´église, anciens et plus actuels... Des gens qui se sont devenus remarquables pour la charité. Bien que peu connus ou presque inconnus...
Nous sommes d'accord sur plusieurs choses: par exemple que l'effondrement de notre religion catholique ne tient pas qu'à l'Eglise, et aux bouleversement des années 60/70/80. J'ai écrit ici il y a pas mal de temps déjà que si l'on veut bien dé/zoomer, si l'on veut ne serait-ce que regarder les courbes de pratiques religieuses dans des sociétés à la fois homogène et mixtes (la Suisse, l'Allemagne), on observe que les protestants ont décroché autant que les catholiques - sur toues les pratiques.
SupprimerNous serons d'accord aussi pour reconnaître que nous catholiques n'avons pas le monopole de la charité, sous quelque nom qu'on la considère... et c'est heureux. Mais enfin, même en se plaçant sur un plan tout à fait horizontal, il n'est pas non plus prouvé (/ironie) que la charité augmente à mesure que ferment les églises, ni que la compassion prenne la place laissée libre par la chute de la pratique religieuse.
Je suis d´accord avec vous, quand vous dites que “qu´il n´est pas prouvé que la charité augmente à mesure que fermentent les églises » .
SupprimerMoi, je connais moi-même plusieurs prêtres (tradis ou modernes) qui ne montrent pas aucune charité pour leurs prochains... et certains sont des gens froids.
Un moine m´a dit un jour que « les prêtres en général sont froids émotionnellement, » donc, une chose est prêcher et une autre vivre ce qu´on prêche... Et un prêtre m´a dit un jour : « il n´y a pas un type de personne plus fier qu´être homme et prêtre au même temps... Ils pensent qu´ils savent tout, du ballet à la physique nucléaire... »
Cela m´est arrivé, car j´ai eu une discussion avec un prêtre radical : cet homme pense avoir(comme tous les radicaux extrémistes) « la vérité », et il n´a pas pu supporter d´écouter idées différents, m´a traité brutalement et me considére comme un ennemi, car je lui dit simplement que prêcher qu´ils ont « l ´unique vérité » c`est déjà mauvais, parce que la vérité ne va pas bien avec le mépris des autres... Il prêche, par example, que « les messes tridentines célébrées par des prêtres qui sont dans l´unité avec le Vatican ne sont pas valables... » Pour moi, cela est manque de charité et aussi passer un certificat de stupidité... Comme vous voyez, ce genre de prêtre ferait un meilleur service hors de l´église... Seul Dieu pour avoir pitié ...
Vous êtes d'accord avec moi pour opposer la charité et le fait que les églises "fermentent"? Sauf que moi, j'ai parlé d'églises qui "ferment". J'ai parlé de fermeture, et vous avez lu fermentation. Oh, le beau cas de lapsus!
SupprimerExcusez mon lapsus!
SupprimerMais... maaaaaa c'est justement sous Jean-Paul II, si l'on regarde les statistiques, que les gens ont massivement cessé d'aller à la messe et de se dire catholiques : dans la seconde moitié des années 1980.
RépondreSupprimerEt ça n'a pas empêché l'émergence d'une "génération Jean-Paul II", non plus que celle, dit-on d'une "génération Benoît XVI"... Et pourtant, depuis 2005, le nombre de jeunes catholiques ne s'est pas tant que ça effondré. La "génération Jean-Paul II", comme la "génération Benoît XVI", comme, peut-être demain la "génération François" a pour principale caractéristique d'être parfaitement consciente d'être minoritaire. Et d'agir en conséquence.
J'ajoute d'ailleurs que présupposer, après dix-huit mois de pontificat, qu'il n'y aura pas de "génération François", c'est supposer que la "génération Jean-Paul II" aura été stérile. Oui, parce que la génération Jean-Paul II, maintenant, ses enfants approchent de la vingtaine, et ont pour aumôniers des prêtres "génération Jean-Paul II".
Edel
Enfin, je dis ça, je ne dis rien.
En effet anonyme vous ne dites rien .
SupprimerBeaucoup de gens ne montrent aucune charité . Etre prêtre aujourd'hui est difficile et est un signe de la plus haute charité .
Et la charité n'est pas du cucugentisme
C'est à dire que le détricotage se fait par paliers. Les personnes qui ont cessé d'aller à la messe dans les années 80 sont (par définition) des personnes qui avant y allaient: qui savaient donc ce qu'est un prêtre, un curé, un sacrement... qui avaient donc encore la connaissance de ce qu'elles ne venaient plus chercher, en tout cas plus aussi régulièrement.
RépondreSupprimerMais à la génération suivante, cette connaissance est moins présente. On passe de catholiques-anciennement-pratiquants à catholiques-non-pratiquants, puis à non-catholiques-non-pratiquants. Il y a la chose, l'écho de la chose, l'écho de l'écho, et comme le souvenir de l'écho... qui va s'amenuisant. C'est bien me semble-t'il le sens de ce qu'écrit Hector et c'est certainement ce que j'avais moi-même déjà écrit d'une autre manière.
Voyons ensuite ce qu'il en est des jeunes dont vous nous dites que le nombre "ne s'est pas tant que ça effondré", et vous retenez comme date 2005. Nous avons un chiffre sur ces jeunes, depuis 10 ans qu'ils ont quitté l'adolescence: c'est la part d'enfants baptisés en France. Elle continue belle est bien de fondre, hélas. Les jeunes des années 60 et 70 faisaient très majoritairement baptiser leurs bébés, dans les années 70 et 80. Ces bébés sont devenus eux-mêmes parents, dans les années 2000 et 2010 et les statistiques montrent qu'ils sont fort minoritaires à faire baptiser leurs propres enfants.
La-dessus, vous nous dites que les enfants des jeunes de la Génération JPII ont pour aumôniers... je vous réponds qu'à moins de s'en tenir à une mince couche sociologique, ces jeunes ne fréquentent pas l'aumônerie qui n'existe d'ailleurs pas dans leur lycée.
Je comprends bien qu'on puisse ne pas aimer ce que j'écris. Moi-même je déteste ce que j'écris. Mais les faits sont têtus, je dirais même: les faits "sont" - facta sunt.
Bon. D'après vous, y a-t-il eu une génération Benoît XVI ?
SupprimerParce que le nombre de confirmations entre 2005, année de l'avènement de ce dernier, et 2013, n'a diminué que 15%. C'est encore beaucoup trop, certes ; mais ça ne suffit pas à crier "il n'y a plus personne". Parce qu'il y a encore 40000 jeunes confirmés chaque année, et que ce sont eux, la potentielle "génération François". Et il n'y avait pas chez les 49000 confirmés de 2005 beaucoup plus d'espérance qu'aujourd'hui.
Je ne nie pas les difficultés... je ne dis pas "bien sûr qu'il y aura une génération François", parce que qui peut le dire, dix-huit mois après son élection ? S'il meurt demain, il n'y aura pas eu de génération François ! S'il reste pape encore dix ans... qui peut prédire ? C'est entre les mains de la génération qui vient... mais aussi entre les nôtres, car si on commence par dire "de toute façon il n'y a personne", c'est sûr qu'il n'y aura personne : ces quarante mille confirmés... ils en connaissent au moins autant qu'ils peuvent amener à l'aumônerie, au patronage là où il y en a encore. Pour autant qu'ils y pensent, pour autant qu'ils soient un peu apôtres... pour autant qu'on les y conduise, qu'on les y forme. Le problème n'est pas qu'ils soient peu nombreux, mais qu'ils soient "écrasés" par le milieu ambiant, alors que les jeunes chrétiens, spécialement ceux qui ont un tempérament de meneur ou qui sont très sociables, devraient être l'âme et l'élite de leur classe.
Je me suis demandé si l'on peut dire que la France Catholique ne transmet plus. En fait, la France Catholique transmet, et même elle transmet assez bien. Tout de même il y a une déperdition: à chaque génération, en gros, on perd un tiers de ce qui restait. Au début, on se dit "même pas mal", ceux qui restent ce sont les purs et durs, etc. Bref, le discours classique de l'intégriste (qui en l'espèce est conciliaire) qui voit que les rangs sont clairsemés et qui s'en réjouit presque: sont partis ceux qui étaient là par simple convenance. A la génération d'après, l'intégriste est confirmé dans son analyse: une nouvelle purification! On est moins, "donc" on est plus durs, plus purs. A la génération d'encore après, on commence (vraiment) à respirer, on n'est plus qu'entre nous (nous savez: les purs, les durs). Tout de même, on sent poindre comme une petite nostalgie, presqu'une inquiétude. Mais bon, encore un peu et arrive une nouvelle génération, encore épurée, et apurée. Et ainsi de suite. On passe de trois messes par dimanche et par clocher à une - puis on tourne, et chaque clocher abrite la messe une fois par mois - puis trois fois l'an. Etc.
SupprimerOn connait le slogan de la fin de la RDA: "celui qui quittera le pays le dernier est prié d'éteindre la lumière". Faudra-t'il demander au dernier paroissien de chaque village, quand il sentira venir sa fin, de glisser sous la porte la clef de l'église?
C'est l'histoire d'une calotte du pape François, mise en vente aux enchères, pour financer une oeuvre caritative. A combien pensez-vous que les enchères sont montées? En fait elles n'ont seulement pas démarré. Aucun enchérisseur. Personne n'a voulu l'acheter. Voyez ce lien : ouest-france.fr
RépondreSupprimerCette anecdote illustre parfaitement le décalage entre une coutume ringarde et qu'on reproduit machinalement et une situation nouvelle qui demande des initiatives adéquates!
SupprimerHector et RF disent vrai et bien. c'est l'avenir de l'église catholique qui est posé et notre pape ressemble bien, finalement, à la description d Hector et RF. Nous sommes donc ( déjà ) la génération François! Qui est plutôt la non-génération François. Notre pape est un anti-pape non pas au sens grossier que l'église a connu jadis mais au sens très subtil que donnait Sartre à l'"anti-roman" Nous entrons dans une "pastorale apophatique" Bref on est en train de changer de planète comme disent les jeunes!
SupprimerJe préfère penser qu ´aller à l ´église c´est pour rencontrer Christ, qu´il est préférable de parler d´une « génération Christ » et non d´une génération JP II, Benoit, François, ou quelque autre chose.
RépondreSupprimer1. @RF: "Il n'est pas prouvé, même horizontalement, écrivez-vous, ... que la compassion [ne] prenne [pas] la place laissée libre par la chute de la pratique religieuse." ce n'est pas prouvé et pourtant ça se voit. Dans notre société quart-mondisée et déstructurée par la langue des acronymes, seul la compassion émerge de l'implosion des structures. Et cette compassion n'émerge pas dans la structure-Eglise, mais bien plus de tous les milieux dits militants. On pourrait même conjecturer que cete émergence de la compassion des individus les uns pour les autres est un châtiment divin contre la permanence du manque de charité au sein de l'Eglise. L'Eglise n'a plus le monopole du coeur ni de la solidarité, elle garde encore celui de la condescendance, l'Etat se réservant celui de l'indifférence compassionnelle. L'empathie a remplacé la compassion et l'Etat est empathique en principe, apathique en réalité.
RépondreSupprimer2. @Hector, nous devons être à peu près de la même génération. Donc nous sommes de la "génération conciliaire". Or vous êtes antéconciliaire en dépit du processus de génération. Vous êtes antéconciliaire par génération spontanée et nostalgie de ce que vous n'avez pas connu. Partant de là, où est le problème s'il n'y a pas de "génération François" et que voulez-vous dénoncer?
3. On s'est rarement interrogé sur l'identité de la "génération Benoît XVI". C'est évidemment celle des jeunes issus de "la manif pour tous". Autant Benoît XVI était méditatif, autant cette génération est braillarde. C'est une génération qui crie par peur du silence et qui s'imagine qu'elle doit sauver l'humanité, tout comme il me souvient que Benoît XVI interrompit le rosaire pour apparaître sur le balcon lors de son voyage de Lourdes, ou se dépécha de sortir de la crypte de la cathédrale de cologne lors des premières JMJ de son pontificat. Donc à la réflexion, Benoît XVI était plus spéculatif que méditatif, et sa génération vocifère, où celle de Jean-Paul II reste sur le pont de la prière parce que son héros était un contemplatif.
4. Les traditionalistes méprisent la loi du nombre et raisonnent toujours en termes quantitatifs.
5. François plaît, mais ne dit pas grand-chose. C'est le pape d'un "plan banlieu" de l'Eglise. On annonce le plan sans voir grand résultat sortir de cette annonce. Si l'on veut pérenniser immédiatement et quantitativement la transmission, François donne pourtant la seule bonne méthode: dire des choses éternelles en un langage nouveau, partir à la périphérie du langage, sortir du folklore, ce qui implique bien plus qu'un habillage charismatique. L'Eglise doit sortir de ses orgues et de ses pompes et c'est un organiste qui le dit.
Mon cher Hector, en espérant que vous avez passé un saint et joyeux Noël, permettez-moi de vous contredire. J’arrive peut-être bien tard dans cette discussion mais le sujet n’est pas terminé et est encore à venir. Pour qu’il y ait une « génération » « papale », il faut tout d’abord une ligne théologique ou pastorale qui se dégage et qui soit lisible. Hors, cette ligne existe bel et bien chez notre pape Jésuite (ou chez notre jésuite de Pape !). Nous en sommes qu’au début mais, d’après ce que j’en perçois, « la messe est dite » ! Nous allons avoir les plus grandes réformes que l’Eglise n’ait jamais connues. Le prochain Synode sur la famille nous prépare des surprises que nous entrevoyons déjà. Un autre bouleversement aura lieu au sujet de l’infaillibilité papale qui risque de voler en éclat. (lire l’article de l’Abbé Legrand-FSSPX- sur ce sujet) L’Eglise de François va devenir « démocratique » puisque l’infaillibilité viendra à la fois du peuple de Dieu et du Pape (du Magistère). L’Eglise a pour vocation d’aller chercher les pêcheurs que nous sommes, le plus loin possible et, comme nous sommes dans la « dernière ligne droite », elle y met le paquet ! Cela, apparemment ne peut se faire sans casse. Toutes ces réformes sont de l’ordre de la « rupture ». La Tradition se voit traitée avec une extrême violence (Franciscains de l’Immaculée, Cardinal Burke et d’autres). Les Fraternités ED ont du souci à se faire ! C’est une « bombe » dans le Motu Proprio de B.16. Non qu’il sera interdit de célébrer la messe Tridentine mais à condition que cela soit « en plus » et non « à la place de » la messe « dite » de Paul VI. Dans mon diocèse, c’est déjà comme cela que la chose est interprétée et ce, depuis le début. Toute une génération de jeunes et de moins jeunes seront sensibles à toutes ces réformes et rempliront peut-être nos églises. Nous qui ne sommes pas nés de la dernière pluie, nous savons que cela peut devenir une réforme allant vers le Protestantisme. Flirter avec les idées du monde est jeu dangereux pour l’Eglise Catholique, à moins que…les barrières se construisent autour de l’Eucharistie. On laisse du lest au sujet de la morale mais on remet le Sacré à sa place de façon à ce que Dieu présent dans l’Hostie soit vénéré avec le respect qui se doit et non pas vulgarisé comme c’est le cas aujourd’hui où l’on pousse à la « consommation » de celle-ci en dépit du bon sens. Mais cela est une autre histoire, car depuis le dernier Concile, aucun Pape ne s’est attelé au problème ! C’est pourquoi Evêques et Prêtres laissent les laïcs tripoter les hosties comme s’il s’agissait de bonbons bénis (Lire le livre remarquable de Mgr Schneider sur le sujet). Oui, la ligne de François est bien visible mais comme c’est un Jésuite, il dit les choses sans les dire et ne dit pas ce qu’il voudrait vraiment dire… Bon courage à tous pour ce programme ! Moi, je connais mes limites. Elles coïncideront avec le mariage des prêtres. Comme on dit aujourd’hui : « ça le fera pas ! »
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