Jean Vincent me pose magnifiquement deux questions que mon incompétence en informatique m'empêche de transporter ici (voyez les commentaires donnés au post : la foi, une évidence, ci-dessus). Antoine lui a offert de très belles réponses, mais je souhaitais prendre occasion des sujets qu'il aborde pour essayer d'approfondir notre théologie, en cette veille de Réveillon, tant il est vrai qu'il n'y a pas que la foie gras qui compte, même s'il a sa part.
Première question de Jean-Vincent : si la Vierge est immaculée dans sa conception, ne serait-elle pas immaculée dans sa maternité ?
Depuis les origines du christianisme, les chrétiens professent la doctrine de la virginité de la Vierge jusque dans l'enfantement et donc de la naissance miraculeuse de Jésus. L'abbé Belon, professeur de patrologie à Courtalain que je ne désespère pas d'attirer sur ce blog, vous donnerait certainement quantité de témoignages des Pères de l'Eglise sur ce sujet. Je dois dire que c'est le Père Ignace de La Potterie, jésuite, et c'est son livre Marie dans le mystère de l'alliance qui ouvre l'aperçu le plus spectaculaire sur ce sujet.
Pour cet éminent exégète, l'évangéliste Jean (celui auquel la Vierge a été confiée par le Christ du haut de la Croix cf. Jean 18) évoque d'une manière cryptée ce que les théologiens scolastiques appelleront plus tard "la virginité in partu" de Marie, sa virginité dans l'enfantement.
Trop fort ? Le raisonnement s'effectue en deux temps.
Premier temps : nous ne possédons pas actuellement dans la version la plus couramment utilisée le texte authentique de la fin du prologue de jean, mais une déformation gnostique de ce Prologue. (Les gnostiques étaient d'ailleurs coutumiers du fait). Nous lisons aujourd'hui : "Mais à tous ceux qui l'ont reçu, Il (le Verbe) a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, eux qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté d'un homme mais de Dieu".
En réalité Tertullien, à la fin de son De carne Christi attribue cette leçon du texte johannique à des marcionites. Pour lui le texte authentique est le suivant : "Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, LUI QUI N'EST PAS NE du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté d'un homme mais de Dieu". Les hommes que nous sommes sont tous nés de la volonté de la chair (il s'agit vraisemblablement d'une manière un peu misogyne de désigner la femme) et de la volonté d'un homme. Ce sont les gnostiques qui nient la réalité de cette volonté charnelle pour tous ceux qu'ils nomment les parfaits. Tertullien a donc raison de subodorer du marcionisme. Et Tertullien écrit entre 190 et 210. Son témoignage est bien antérieur aux manuscrits conservés de ce passage, qui datent du Vème siècle. Or il témoigne de l'existence de la leçon que nous avons reçu, mais aussi d'une autre leçon, objectivement meilleure, car tout à fait réaliste : le Christ n'est pas né de la volonté de la Vierge Marie (qui, souvenez vous, a tout fait pour décourager l'ange Gabriel). Il n'est pas non plus né de la volonté d'un homme puisque Joseph, père légal de l'enfant, a d'abord pensé à renvoyer sa fiancée en constatant l'événement.
La Bible de Jérusalem a donc adopté désormais cette version au singulier comme étant scientifiquement la plus probable. Fin de la première manche.
Deuxième temps : si l'on adopte la version au singulier, qui apparaît comme la plus ancienne dans la tradition du texte, il faut aller plus loin et essayer de comprendre l'expression : "Lui qui n'est pas né du sang". Soulignons pour compliquer l'analyse que le texte grec porte un pluriel, aimasi, scrupuleusement conservé par saint Jérôme, non ex sanguinibus (et non ex sanguine). Ce pluriel ne correspond à rien, ni en latin, ni en grec. Il ne signifie rien. En revanche, en hébreu, les sangs au pluriel, cela désigne toujours le sang menstruel. Le Christ n'est donc pas né "des sangs". Il est né, miraculeusement, en protégeant l'intégrité de sa mère. Les théologiens diront : préservée du péché originel, Marie ne devait donc pas accoucher dans la douleur.
Nous possédons, semble-t-il, dans ce fragment du prologue de l'Evangile de Jean une allusion claire à la virginité "in partu" de la Vierge Marie. Si certains trouvent cela "trop fort", qu'ils cherchent un autre sens à donner au pluriel de "sang" utilisé ici par Jean. Il n'existe à ma connaissance aucune autre explication de ce texte.
Première question de Jean-Vincent : si la Vierge est immaculée dans sa conception, ne serait-elle pas immaculée dans sa maternité ?
Depuis les origines du christianisme, les chrétiens professent la doctrine de la virginité de la Vierge jusque dans l'enfantement et donc de la naissance miraculeuse de Jésus. L'abbé Belon, professeur de patrologie à Courtalain que je ne désespère pas d'attirer sur ce blog, vous donnerait certainement quantité de témoignages des Pères de l'Eglise sur ce sujet. Je dois dire que c'est le Père Ignace de La Potterie, jésuite, et c'est son livre Marie dans le mystère de l'alliance qui ouvre l'aperçu le plus spectaculaire sur ce sujet.
Pour cet éminent exégète, l'évangéliste Jean (celui auquel la Vierge a été confiée par le Christ du haut de la Croix cf. Jean 18) évoque d'une manière cryptée ce que les théologiens scolastiques appelleront plus tard "la virginité in partu" de Marie, sa virginité dans l'enfantement.
Trop fort ? Le raisonnement s'effectue en deux temps.
Premier temps : nous ne possédons pas actuellement dans la version la plus couramment utilisée le texte authentique de la fin du prologue de jean, mais une déformation gnostique de ce Prologue. (Les gnostiques étaient d'ailleurs coutumiers du fait). Nous lisons aujourd'hui : "Mais à tous ceux qui l'ont reçu, Il (le Verbe) a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, eux qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté d'un homme mais de Dieu".
En réalité Tertullien, à la fin de son De carne Christi attribue cette leçon du texte johannique à des marcionites. Pour lui le texte authentique est le suivant : "Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, LUI QUI N'EST PAS NE du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté d'un homme mais de Dieu". Les hommes que nous sommes sont tous nés de la volonté de la chair (il s'agit vraisemblablement d'une manière un peu misogyne de désigner la femme) et de la volonté d'un homme. Ce sont les gnostiques qui nient la réalité de cette volonté charnelle pour tous ceux qu'ils nomment les parfaits. Tertullien a donc raison de subodorer du marcionisme. Et Tertullien écrit entre 190 et 210. Son témoignage est bien antérieur aux manuscrits conservés de ce passage, qui datent du Vème siècle. Or il témoigne de l'existence de la leçon que nous avons reçu, mais aussi d'une autre leçon, objectivement meilleure, car tout à fait réaliste : le Christ n'est pas né de la volonté de la Vierge Marie (qui, souvenez vous, a tout fait pour décourager l'ange Gabriel). Il n'est pas non plus né de la volonté d'un homme puisque Joseph, père légal de l'enfant, a d'abord pensé à renvoyer sa fiancée en constatant l'événement.
La Bible de Jérusalem a donc adopté désormais cette version au singulier comme étant scientifiquement la plus probable. Fin de la première manche.
Deuxième temps : si l'on adopte la version au singulier, qui apparaît comme la plus ancienne dans la tradition du texte, il faut aller plus loin et essayer de comprendre l'expression : "Lui qui n'est pas né du sang". Soulignons pour compliquer l'analyse que le texte grec porte un pluriel, aimasi, scrupuleusement conservé par saint Jérôme, non ex sanguinibus (et non ex sanguine). Ce pluriel ne correspond à rien, ni en latin, ni en grec. Il ne signifie rien. En revanche, en hébreu, les sangs au pluriel, cela désigne toujours le sang menstruel. Le Christ n'est donc pas né "des sangs". Il est né, miraculeusement, en protégeant l'intégrité de sa mère. Les théologiens diront : préservée du péché originel, Marie ne devait donc pas accoucher dans la douleur.
Nous possédons, semble-t-il, dans ce fragment du prologue de l'Evangile de Jean une allusion claire à la virginité "in partu" de la Vierge Marie. Si certains trouvent cela "trop fort", qu'ils cherchent un autre sens à donner au pluriel de "sang" utilisé ici par Jean. Il n'existe à ma connaissance aucune autre explication de ce texte.
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