Quelle est la différence entre la foi naturelle et la foi surnaturelle ? C'est une question de qualité d'adhésion, disions-nous dans le précédent post. La foi surnaturelle vient de Dieu, c'est Dieu qui nous l'enseigne, elle nous ramène à lui, elle nous mène en lui. La foi naturelle, elle, vient de l'homme, elle nous propose une manière de "bien faire l'homme" comme dirait Montaigne. Elle n'atteint d'elle-même qu'à une certaine image de Dieu, la plus vraisemblable ou la moins invraisemblable humainement, qui n'est pas celle que Dieu a voulu donner de lui-même dans l'Evangile à travers le Christ.
Mais l'Evangile suffit-il à nous donner la foi surnaturelle ?, L'autorité de l'Evangile suffit-elle ? On sait bien que non. Si chacun interprétait les quatre évangiles à sa guise, on se trouverait devant un beau bazar spéculatif. Si comme le dit le Pèree Congar, "la source elle-même est plurielle" et qu'il n'y ait rien d'autre que la pluralité de ces quatre évangiles, avec leurs paroles de feu, il faudrait renoncer à toute norme de la foi ; il faudrait renoncer à ce que saint Paul appelle "l'obéissance de la foi" (Rom. 1, 5 et Rom. 16, 26). C'est le drame de tous les fidéisme, en particulier de celui de Luther, à l'enseigne de la foi seule. Le Christ lui-même a confié la foi à l'Eglise, en disant aux apôtres cette parole formidable : "Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans les cieux ; tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans les cieux"(Matth. 18-18). Cette infaillibilité des apôtre "sur la terre comme au ciel' a quelque chose de divin, dans les mots mêmes que trouve le Christ pour la définir. Elle n'est possible elle-même que si elle est confié à un hommme, seul responsabkle de la transmission de la foi devant Dieu : "Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l'enfer ne l'emporteront pas contre elle. Je te donnerai les clés du Royaume de Dieu. Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux" (Matth. 16, 16).
Personne ne peut rien contre ces deux textes qui prouvent à eux tous seuls que l'Eglise a été fondée par le Christ et qu'on ne peut pas séparer l'Eglise et l'Evangile. Si l'on imagine "l'Eglise seule" on arrive assez vite au fascisme spoirituel qui caractérise le grand inquisiteur dans les Frères Karamazov de Dostoïevski (le gransd inquisiteur finit par condamner à mort le Christ revenu au monde). Si l'on oppose à l'Eglise seule, l'Evangile seul, on fait abstraction de ces formules de l'Evangile, qui sont définitives et l'on se contredit soi-même. Le Credo de Nicée Constantinople est la parole d'autorité que porte l'Eglise pour guider notre interprétation de l'Evangile.
On connaît la longue recherche de saint Augustin : voulant à tout prix échapper aux soins trop attentifs de sa mère, il se rapprioche de cette hérésie chrétienne qu'est le manichéisme. Mais la secte, qui enseigne le dualisme entre l'esprit et la matière, n'est pas sans poser quelques questions au futur évêque d'Hippone. Il attend un ponte de la secte Faustus, qui doit répondre à toutes ses questions; Quand il le rencontre, il comprend que sa volonté de savoir ne sera pas rassasiée par les manichéens. Il abandonne alors momentanément son platonisme pour flirter avec le scepticisme et l'épicurisme. Mais en même temps, il s'inscrit à Milan parmi les catéchumènes de l'Eglise catholique. Encore en recherche pour longtemps, il découvre l'importance de l'autorité de l'Eglise. Il écrira plus tard dans une lettre cette parole qui résume l'objet de notre recherche : "Evangelio non crederem, nisi me catholicae ecclesae auctoritas commoveret". Je ne croirais pas à l'Evangile si l'autorité de l'Eglise catholique ne m'y poussait". Il ne s'agit pas d'être servile face à l'Eglise, mais de reconnaître que dans les temps de crise, c'est l'autorité de l'Eglise catholique qui dirime les questions. Roma locuta, causa finita" dit-il aux rigoristes de Donat.
Le grand enjeu de la crise actuelle de l'Eglise est la préservation de son autorité comme criterium de la tradition et même, parce que les paroles du Christ sont formelles, de l'Eglise.: Je crois en l'Eglise une sainte catholique et apostolique, je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés..."
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