Juste une question : une fille de 9 ans (9 ans), enceinte de jumeaux, peut-elle les mener à terme ? Peut-elle en accoucher sans danger grave pour sa propre vie ?
L'avortement qui a provoqué l'excommunication de la mère de l'enfant par l'archevêque de Recife était d'une façon ou d'une autre un avortement thérapeutique. Or d'après le Code de droit canon un avortement thérapeutique n'est pas passible de la sanction (médicinale faut-il le rappeler ? autrement dit: corrective) d'excommunication.
Il me semble que se poser le problème aurait évité de donner de l'Evangile de la vie dont l'Eglise est chargée une caricature moralisatrice, dont tout le monde se moque impunément.
Le drame là encore est que l'on s'écarte de la morale traditionnelle de l'Eglise qui est une morale prudentielle (considérant toujours le rapport des moyens à la fin) et casuistique (c'est-à-dire personnaliste : acceptant, avec la loi universelle, de poser chaque "cas" dans sa singularité) et non une morale de l'impératif catégorique, qui ferait toujours voir la réalité en noir et blanc.
Le drame est que l'on tend à faire de la morale une des fins de l'enseignement de l'Eglise, qui travaillerait ainsi (selon Gaudium et spes) à l'union des coeurs et (selon Lumen gentium) à l'unité spirituelle du genre humain, autour de valeurs laïques comme le respect de la vie. Ce n'est pas là le rôle premier et directement voulu de l'Eglise, qui travaille avant tout pour le salut de chaque personne humaine, c'est-à-dire, comme l'a très bien rappelé récemment en des circonstances difficiles Mgr André Vingt-Trois (je cite de mémoire), qui ne demande pas un certificat d'impeccabilité (ou de citoyenneté) avant de rentrer, puisque c'est justement non pour les justes mais pour les pécheurs que le Christ est venu dans le monde.
L'Eglise ne propose pas aux hommes une morale, elle propose la foi. Et c'est la foi qui, parce qu'elle est "active dans la charité" comme dit saint Paul (Gal 5, 6) nous fait agir bien, de manière à ce que nous soyons capables, chacun d'entre nous, d'offrir notre propre sacrifice intérieur.
L'avortement qui a provoqué l'excommunication de la mère de l'enfant par l'archevêque de Recife était d'une façon ou d'une autre un avortement thérapeutique. Or d'après le Code de droit canon un avortement thérapeutique n'est pas passible de la sanction (médicinale faut-il le rappeler ? autrement dit: corrective) d'excommunication.
Il me semble que se poser le problème aurait évité de donner de l'Evangile de la vie dont l'Eglise est chargée une caricature moralisatrice, dont tout le monde se moque impunément.
Le drame là encore est que l'on s'écarte de la morale traditionnelle de l'Eglise qui est une morale prudentielle (considérant toujours le rapport des moyens à la fin) et casuistique (c'est-à-dire personnaliste : acceptant, avec la loi universelle, de poser chaque "cas" dans sa singularité) et non une morale de l'impératif catégorique, qui ferait toujours voir la réalité en noir et blanc.
Le drame est que l'on tend à faire de la morale une des fins de l'enseignement de l'Eglise, qui travaillerait ainsi (selon Gaudium et spes) à l'union des coeurs et (selon Lumen gentium) à l'unité spirituelle du genre humain, autour de valeurs laïques comme le respect de la vie. Ce n'est pas là le rôle premier et directement voulu de l'Eglise, qui travaille avant tout pour le salut de chaque personne humaine, c'est-à-dire, comme l'a très bien rappelé récemment en des circonstances difficiles Mgr André Vingt-Trois (je cite de mémoire), qui ne demande pas un certificat d'impeccabilité (ou de citoyenneté) avant de rentrer, puisque c'est justement non pour les justes mais pour les pécheurs que le Christ est venu dans le monde.
L'Eglise ne propose pas aux hommes une morale, elle propose la foi. Et c'est la foi qui, parce qu'elle est "active dans la charité" comme dit saint Paul (Gal 5, 6) nous fait agir bien, de manière à ce que nous soyons capables, chacun d'entre nous, d'offrir notre propre sacrifice intérieur.
Voici, Monsieur l'abbé, des liens directs.
RépondreSupprimerJ'y vois que 300 000 naissances chez des mères de moins de 14 ans existent : le Brésil n'est pas l'Europe. Les médecins savent de quoi il retournent, eux savent. Les pédiatres sont concernés aussi au Brésil. Si vous lisez comme moi le blog du courageux et clairvoyant curé, vous verrez que "les jours de la petite fille n'étaient pas certainement en danger grave" et que l'aberration vient avec lemontées au créneau des féministes et surtout de par l'entretien décisif des assistants sociaux, -et non des médecins- avec le père de la très jeune mère. Au Brésil, rappelons-nous, les deux parents sont requis pour autoriser l'avortement chez une mineure.
Je ne parle pas de droit canon, ni de doctrine, ni d'opportunité intelligente de telle ou telle déclaration médiatisée d'un clerc éminent : je vous donne seulement les liens à la source que vous n'aurez peut-être pas eus.
Avec mes respects
Glycéra
Le curé de la paroisse de la petite brésilienne dont on parle beaucoup :
http://www.famillechretienne.fr//societe/bioethique/le-temoignage-du-cure-de-la-paroisse_t7_s29_d50057.html?type=1#confirmation
un autre article :
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2009/03/recife-de-retour-du-br%C3%A9sil-monseigneur-rey-%C3%A9crit.html
et le lien vers le Blog du curé :
http://padreedson.blogspot.com/
On peut utiliser 'Google translate' pour passer du portugais à un français compréhensible (attention, google s'imagine que c'est de l'espagnol, bien cocher "portugais")
Vous dites que l'avortement thérapeutique n'est pas, d'après le droit canon, passible d'excommunication.
RépondreSupprimerPouvez-vous nous expliquer sur quoi vous vous basez pour inférer cela ?
Bien à vous
Emmanuel
J'apprécie votre billet, Monsieur l'Abbé, notamment en ce qu'il ne correspond pas à l'image légaliste que renvoient trop souvent à mon sens les traditionalistes.
RépondreSupprimerComme le disait Mgr Rey, "tout légalisme enferme dans la peur". Ca ne signifie évidemment pas pour moi qu'il ne faut pas avoir de principes, mais la foi catholique me semble avoir aussi ceci de beau qu'elle s'applique en humanité (ce que vous expliquez, en évoquant la morale casuistique). C'est beaucoup plus compliqué que d'appliquer dans toute sa rigueur un simple texte. Mais c'est plus proche de l'homme, et la religion catholique est une religion de l'incarnation.
En ce qui concerne l'état de santé de la fillette, je note qu'une fois encore, sur le salon beige, certains préfèrent "mordre et dévorer et démontrer leur défiance envers nos évêques sans avoir pris la peine de lire avec attention ces textes, pas plus que celui de Mgr Rey, qui n'affirme pourtant pas que la fillette ne courait aucun risque. Le témoignage du curé est également intéressant, certes, et je ne doute pas que des assistantes sociales, des médecins, aient pu faire pression sur la famille. Mais les éléments qu'il donne sur l'état de santé ne sont que des suppositions : (i) le père change d'avis après un entretien seul à seul avec l'assistante sociale, ce serait curieux et (ii) elle aurait eu un bon de sortie alors qu'elle serait en danger de mort. Ceci ne nous donne pas d'information vraiment fiable sur son état de santé.
Je vois que même Mgr Fisichella n'est pas jugé crédible par certains, lorsqu'il affirme effectivement que la vie de la fillette était en danger.
Serait-ce la perpétuation d'une vielle tendance à savoir mieux que nos évêques, et même le Vatican ?
Et d'où vient cette volonté acharnée de voir justifiée l'excommunication de la mère de l'enfant ?
Même l'autorité de l'abbé de Tanoüarn est remise en question. Où va le monde ?
Merci Monsieur l'abbé pour ce courageux post qui ne fera pas plaisir à de nombreux bien-pensants.
RépondreSupprimerAu sujet des 300 000 naissances je suis plus que perplexe!
quelles sont les sources officielles?Et non pas de vagues blogs qui manient l'approximation comme arme de bataille.
Justement les médecins brésiliens,eux!'ont reconnu la menace d'une grossesse à risque.
Arrêtons de faire passer la doctrine avant l'humain; le texte de Mgr Fisichella dans l'OR nous invite tous à l'intelligence et à la miséricorde à l'image de notre divin Maître.
Worou
MERCI MONSIEUR L'ABBE, vous avez tout dit, ainsi que ceux qui vous remercient ci-dessus.
RépondreSupprimerPour les autres.... brrrr, les frissons dans le dos !!! On se demande seulement s'ils/elles savent ce que c'est qu'une grossesse !!??! Déjà pour une femme adulte normalement constituée c'est en quelque sorte un traumatisme (même si le bonheur et l'anticipation du bébé font surmonter beaucoup), un énorme bouleversement dans sa vie de l'être humain, du moins la 1ère fois, alors pour une fillette ????
Abstraction déjà faite du danger physique, le danger du choc psychologique traumatisant à vie était incommensurable pour cet enfant de 9 ans qui a elle-même besoin de sa maman, c'est un âge où l'on pleure encore, où l'on a un doudou, où l'on joue à la poupée, enfin, une antinomie totale avec 9 (!) mois de grossesse dont on ne comprend pas le sens, surtout suite à un premier traumatisme du viol !
Pour les "bien pensants", lisez l'Osservatore Romano du 15 mars (en ligne ou sur zenit), le Saint Siège lui-même tient les propos similaires à M.l'Abbé, on n'en imaginerait pas d'autres, le Christ lui-même avait en horreur ces justiciers de la loi toujours prêts à jeter les pierres et l'Evangile les appelle "engence de vipère" (ce qu'ils SONT)
Avez-vous remarqué une nouvelle « religion de la Vie » ? A mesure que s’est estompé le sacré dans la liturgie est apparu un para-dogme : la Vie est Sacrée. Pourtant ma personne n’est pas sacrée donc ma vie (qui n’en est qu’un aspect) n’est pas sacrée non plus ! sauf à penser que tout est sacré : la vie d’un homme, le rire joyeux d’un enfant, le coucher de soleil sur la mer, et mes vacances pour profiter de tout cela.
RépondreSupprimerDeuxième para-dogme : la vie humaine dès la première cellule. Une pétition avait été lancée (on croit rêver !) il y a quelques années pour demander à Rome de se prononcer en ce sens. Nous ne savons pas quand l’âme est insufflée dans le corps, saint Thomas d’Aquin dit 40 jours pour les garçons et 80 pour les filles – ce qui est tout aussi péremptoire. Dans le doute, faire comme si les fœtus sont déjà des humains – c’est évident. Mais souhaiter absolument qu’ils le soient c’est vouloir que chaque avortement (provoqué ou naturel) soit la mort d’un homme.
Une remarque : la médecine nous dit que la nature élimine la moitié des ovules fécondés dans leurs premiers jours, avant même qu’une femme se soit dit : « je suis enceinte ». Si l’âme est déjà là, quel raccourci ! se retrouver face à son créateur au bout de quelques heures, quand d’autres auront besoin de 30, 60, ou 90 ans de pérégrinations avant cela ! C’est toute la théologie sur la vocation de l’âme qui serait à revoir.
Le commentaire de Mirko est profondément chaquant. Alors comme ça il existe une "religion de la vie" qui contredit la religion catholique? Pour vous le combat contre l'avortement n'a pas plus de valeur que celui en faveur des bébés phoques, puisque le foetus peut ne pas être un être humain...
RépondreSupprimerOui, la vie humaine est sacrée et le meurtre est sacrilège, affirmer ça, ce n'est pas promouvoir une religion humaniste!
En outre vous croyez rêver en apprenant que dès la première cellule on a un être humain mais ce qui est allucinant, c'est de déclarer que l'âme est insufflée à partir de 40 ou 80 jours, sous prétexte que c'est Saint-Thomas qui le dit. Il faudra alors aller au boût de son raisonnement en concluant que tous ceux qui ont été baptisés le jour-même de leur naissance (ce qui inclue une longue liste de saints) sont en réalité en enfer car ils n'ont pas reçu le baptème (ce dernier n'ayant aucun effet sur une créature sans âme).
Nous voulons bien de cette "religion de la Vie" et l'Eglise sera toujours là pour combattre l'infanticide abominable qu'est l'avortement.
Mon message vous choque? j'en suis bien désolé. Pourtant je persiste. Pour certains la «défense de la Vie» est l’ultime absolu, en cela c’est une religion qui se superpose à la religion catholique. Est-ce que pour autant, les premières cellules n’étant pas à coup sûr un être humain on ne doit pas leur conférer plus de valeur qu’à un bébé phoque ? Je dis précisément : le contraire. Puisque ce sont peut-être des personnes, il faut les considérer comme telles. Si vous me confiez trois caisses et que je pense que dans chacune il y a peut-être une personne, je vais en prendre grand soin, c’est évident.
RépondreSupprimerEst-ce que je pense que l'âme «est insufflée à partir de 40 ou 80 jours» ? Non, c’est saint Thomas et j’ose dire qu’il est bien péremptoire. Encore que ces «40 ou 80 jours» s’entendent à partir de la conception, et non à partir de la naissance comme vous semblez le comprendre («il faudra alors aller au bout de son raisonnement en concluant que tous ceux qui ont été baptisés le jour-même de leur naissance… sont en réalité en enfer car ils n'ont pas reçu le baptême»). Notez que saint Augustin pense que l’âme s’unit au corps à la première respiration, à la naissance donc et pas avant. Au contraire saint Basile pense que l’âme est là dès la conception.
Pour terminer, je reviens sur votre phrase, je digresse, mais... Pensez-vous vraiment que l’enfant mort quelques semaines après sa naissance (sans baptême) va souffrir en enfer ? Dans ma religion, quand Dieu veut qu’un innocent souffre, Il monte Lui-même sur la Croix. Éventuellement je formule mal la chose, mais vous voyez l’idée.
J'admets que j'ai peut-être réagi au quart de tour à votre message.
RépondreSupprimerMais si, en effet, la défense de la vie n'est pas un but ultime, elle est indispensable. Et lorsque l'Eglise demande le respect de la vie humaine de la conception jusqu'à la mort naturelle, c'est une revendication tout-à-fait catholique, il n'y a rien là-dedans qui puisse appartenir à une prétendue "religion de la vie". Toute atteinte à la vie est inacceptable, tout simplement.
Avant d'aborder la question de l'âme, je trouve que vous avez tort de refuser la certitude qu'un embryon soit un être humain. C'est tellement évident! Scientifiquement c'est imparable, l'enfant à naître sens ce qui se passe autour de lui, enregistre déjà des sons dans sa mémoire, souffre... La séparation entre le foetus et le bébé déjà né est une idéologie illégitime ne servant qu'à justifier ce qui n'est ni plus ni moins un crime contre l'humanité et contre Dieu.
Parmis les trois Saints que vous évoquez, je trouve que c'est St-Basile qui est le plus pertinent, et qui est cohérent avec la réalité scientifique. La thèse de St-Augustin est surtout en adéquation avec l'idéologie déjà dénoncée ci-dessus.
Quant à St-Thomas (fut il un des plus grands théologiens et un docteur de l'Eglise), l'absurdité de sa théorie réside surtout dans le fait qu'il sépare garçon et fille alors que les embryons des deux sexes se développent à la même vitesse.
Pour ce qui est de l'enfer pour les enfants sans baptème, je caricaturais (peut-être inutilement) à quelles théories on pouvais en arriver avec certains raisonnements (auxquels n'appartiennent finalement pas le vôtre, étant donné votre réponse).
J'ai plutôt tendance à considérer que, puisqu'un bébé n'a commis aucun péché, il n'est pas coupé de Dieu (certe, s'il avait vécu plus longtemps, il en aurait commis mais s'il avait vécu plus longtemps, on aurait aussi pu le baptiser...) et va au paradis. Après ce n'est que mon opinion sur un sujet théologique délicat.
Il n'empèche que la défense de la vie est une réelle priorité et que la condamner comme une fausse religion ne me semble pas être un traîtement juste.
autour de valeurs laïques comme le respect de la vie... de jumeaux????
RépondreSupprimerIl est vrai que l'on se perd dans tous ces anonymes (dont je suis)...
RépondreSupprimerJe me situerais entre Mirko et Anonyme avec qui il échange : oui, du point de vue médical, effectivement on "élimine" des "foetus" naturellement sans le savoir en amont d'une fécondation réussie, comme une succession des mini "fausses couches" dont nous n'avons pas conscience; ont-ils une âme ? Je dirais oui (peut-être pas dans leur forme, mais dans leur essence) mais si Dieu ne les appelle pas à vivre, leur destin est autre: peut-être ont-ils eu un rôle de préparer le chemin de ceux qui eux seront appellés à venir en ce monde....?
Certes, un avortement conscient d'un foetus bien fécondé (capable dès 4 semaines dans le ventre des gestes "humains" comme eg froncer le front etc)est une privation de vie de cet être. Après, il y a des circonstances comme celle de la petite Carmen, si bien commentée par M.l'Abbé, ses partisants supra et l'Osservatore Romano.
L'essentiel est donc d'éviter de devenir des ayatollahs d'une cause, mais en considérer systématiquement tous les tenants et aboutissants, comme fait M.l'Abbé précisémment. D'accord avec Mirko sur une certaine ressurgence de cette nouvelle dogmatique de la "vie", qui certes se justifie si elle englobe TOUTE VIE, conçue et celle qui est déjà là, hors les entrailles de la mère.
Mais là, souvent on a l'impression que pour certains mouvements seule vie in utero a de l'importance et de l'instant que ces bébés naissent, ces gens s'en désintéressent complétement (pourtant il y en a, des malheureux ! et dont cette vie même est menacée...); c'est même assez effrayant de voir certains extrêmistes militer farouchement contre l'avortement en TOUTE CIRCONSTANCE, faisant abstraction totale des vies des êtres nés et présents. Parfois on aurait même l'impression que ce dogmatisme est d'autant plus acharné chez ces gens-là que la grossesse résulte d'un acte sexuel et qu'au fond c'est cela qu'ils combattent, c'est là-dessus qu'ils focalisent, car sincérement, sentez-vous chez ces dogmatiques un amour de la vie ???