mardi 7 septembre 2010

3 commentaires:

  1. Je m'étonne du brusque changement de sujet (revirement un peu moderne, vous ne trouvez pas?) qui nous a fait soudain dériver du péché originel à une critique du film de xavier bauvois, film dont le titre pouvait certes prêter à une habile transition de l'un à l'autre, le titre du film passant ici, sur le métablog de: "DES HOMMES ET DES DIEUX" à: "DES HOMMES COMME DES DIEUX", promesse que le serpent faisait à Eve en guise de tentation.

    Comme c'est au point où, justement, une seconde lecture de la méditation de l'abbé de Tanoûarn me faisait vouloir revenir, je me permets ici de ressaisir la trame de notre méditation collective initiale, non sans avoir répondu à Thierry, puisqu'il m'interpellait parmi d'autres métablogueurs que oui, je compte bien aller voir le film de Xavier Bauvois, qui me semble, d'après ce que j'en entends ici et là, faire rejaillir le même débat intérieur que "LE DIALOGUE DES CARMELITES", avec les différentes positions adoptées selon les protagonistes.

    Mais revenons à notre sujet d'origine, le péché originel. Vous dites, Monsieur l'abbé, que la notion de péché originel est inséparable du don de "justice originelle", soit, selon la définition que vous en donnez, d'une absence d'écart entre la passion et le libre arbitre, les passions de l'homme étant ici soumises à sa volonté, laquelle est éclairée par la Lumière de dieu. Le désir est ici au pouvoir de la volonté, tout différemment qu'il en va dans la condition ordinaire de notre nature actuelle, nature et condition ne s'actualisant pas de la même manière pour Adam et pour nous. Autrement dit, et toujours en reprenant votre méditation, autant il n'était pas possible à un homme voulant faire le bien de faire le mal, autant, inversement, il devenait possible à l'homme qui aurait mangé du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal de nommer désormais mal ce qu'il savait pourtant être le bien. Pris dans ce sens où le désir est soumis à la volonté comme nous voudrions en effet qu'il le fût demeuré, il peut certes y avoir "péché d'insatisfaction", c'est-à-dire volontaire changement d'échelle, et cette insatisfaction n'est qu'un effet de l'orgueil, c'est-à-dire que nous préférons une autre satiété à celle qui nous comble parce que nous nous voulons les créateurs de notre propre échelle de valeurs que nous jugeons supérieures au bonheur même. (En ce sens, le péché originel serait le même que celui de la modernité et l'on comprendrait mieux ce que j'appelais ailleurs votre "obsession antimoderne"). C'est ainsi qu'il est possible que l'âme se juge en se préférant à Dieu après la mort.

    Certes, l'hypothèse est séduisante, quoique tordant un peu le texte. Car où y prendre que connaître le bien et le mal conduise l'homme à le nommer différemment de ce qu'il en perçoit? Mais, en admettant que votre interprétation soit la bonne, le serpent trompe l'homme sur sa "condition", pour reprendre le terme par où vous estimez qu'Adam diffère de nous. Il lui fait croire que c'est s'il crée une nouvelle échelle de valeurs qu'il rendra supérieure au bonheur lui-même qu'il deviendra semblable à un dieu. Au lieu que c'est parce qu'il possède la subordination de son désir à sa volonté qu'il est déjà comme Dieu. Il lui fait entrevoir ce qu'il ne sera plus en le détournant de ce qu'il est encore. Il substitue en sa défaveur l'insatisfaction contre la béatitude.

    Julien WEINZAEPFLEN

    RépondreSupprimer
  2. Je crains, cher Julien, d'être en grande partie responsable du "brusque changement de sujet", ayant intempestivement abordé le sujet du film de Xavier Beauvois, dans le fil "Méditation sur la Genèse": à ma décharge, comme vous l'avez peut-être noté, c'était AVANT la superbe chronique cinématographique du Père Guillaume, comme quoi aborder le sujet de ce film devenait impératif, sur le Métablog: oui, ce film nous concerne au premier chef (comme nous concernait celui de Mel Gibson: peut-être faudra-t-il établir quelques liens, dans cette production cinématographique "religieuse"!)

    Je note également avec plaisir que le Père Guillaume ne peut même pas mettre un fil en réserve, comme le présent "topic" (je crois qu'on peut utiliser aussi ce mot), déjà nous nous précipitons, avant même qu'il ait écrit un mot....Je ne sais pas s'il va être content mais en tout cas, cela prouve combien ces échanges sont stimulants...

    RépondreSupprimer
  3. Je ne sais par quel "bug" internautique tous les commentaires précédents se sont perdus dans le ventre de la baleine cybernétique. Je voudrais tout de même ajouter à mon précédent poste ce qu'il en manquait de plus important: c'est que, sans le don praéternaturel de "justice originelle", dans une optique de transmissibilité dont le côté naturel n'a pas l'air de vous paraître aller de soi, ces "homme comme des dieux" qu'étaient adam et eve n'auraient pu commettre un péché dont la gravité, les faisant préférer le désir au bonheur, leur aurait fait quitter "la vision de Dieu" pour leurs propres menées et adopter hors de saison "une religion de l'homme" qui, pardonnable en Son éclipse, ne convenait guère en Présence de dieu.

    RépondreSupprimer