Au cours d'un petit périple au sud de la Loire (oui... ça m'arrive), j'ai fait escale à Bayonne, et je suis tombé sur la fête. La teuf. Du mercredi au samedi quatre soirées à l'enseigne de l'éclatez moi ça. Une occasion rêvée pour prendre le pouls d'un Pays, qui, pour l'occasion, abandonne toute inhibition et se retrouve - tel qu'en lui-même : basque.
Je confesse que c'est depuis peu de temps que je sais que Bayonne est la capitale du Pays basque et Pau celle du Béarn. Pour moi Bayonne était d'abord le berceau d'un homme illustre, Jean Duvergier de Heauranne, abbé de Saint Cyran (dans la Brenne). C'est à Bayonne que le célèbre confesseur a travaillé son saint Augustin, avec son brillant camarade batave, Cornelius Janssen, qui deviendra chancelier de l'université de Louvain puis évêque d'Ypres. C'est à Bayonne que les deux compères ont compris, sans doute par la vertu de l'analogie, la douceur des montagnes de la théologie catholique, la beauté sans pareil d'Augustin. Le moins que l'on puisse dire et qu'il fallait être basque (ou venir du pays des polders) pour comprendre cela au début du XVIIème siècle.
L'abrupte des montagnes et la douceur d'y vivre heureux, c'est encore aujourd'hui me semble-t-il ce qui caractérise les basques. Il suffisait de se promener en soutane (avec le foulard et la ceinture rouge de rigueur) pour être immédiatement hélé, interpelé, questionné. A 11H00 du matin on m'offre un gobelet de fine : ils n'ont pas des estomacs de Mickey, ces chrétiens. Car c'est ce qui frappe d'abord : la soutane agit en l'occurrence comme un révélateur de la foi... des autres. Il y a des firetti de saint François qui montrent que c'était déjà vrai au XIIIème siècle. Ces gens, loin des miasmes de l'idéologie laïque, ont su se garder un coeur. Ils se souviennent qu'ils ont une âme. Ainsi cette jeune maman qui me dit : "Je n'ai pas la foi, mais je veux faire baptiser mon bébé, pour qu'on soit ensemble après la mort".
Je dis qu'ils n'ont pas été contaminés par l'idéologie laïque, mais il y a une laïcité en acte, la conscience avant tout d'être un peuple, que j'ai perçue sur la petite place de la mairie, où l'on était à touche touche, en attendant l'envoi de "la clé" de la ville par le "roi Léon" (Saint Léon martyr local), après un petit feu d'artifice. Il me semble que c'est la vieille laïcité chrétienne et française - celle de Montesquieu éminent juriste en son château de la Brède (oh! avec l'autoroute ce n'est pas loin...). Pas l'idéologique, qui mettant Dieu hors champ supprime toute vraie possibilité de communion sociale, mais celle qui nous fait Français, avec un héritage qui va au-delà des croyances de chacun.
C'est dans ce contexte basque qu'il faut comprendre l'action d'Agour Maria (Je vous salue Marie en basque) : 25 jeunes qui parlent de Dieu dans la rue, en profitant de ce que le vin (et la sangria) délient les langues et peut-être ouvre les coeurs. Le soir à la cathédrales ces jeunes prient pour tous ceux qu'ils ont rencontré dans l'après-midi. Ils font, deux par deux, sans ostentation inutile, ce que ma soutane me permet de faire à plein temps : faire entendre un autre son de cloche. Rappeler chacun au Voyage intérieur qui constitue sa vie. Éveiller ceux que l'Abondance matérialiste a fait tomber dans l'hébétude du sommeil métaphysique...
...une laïcité en acte, la conscience d'être avant tout un peuple...", jolie formule qui condamne tout le contenu moderniste de ce vieux mot. Conscience qui, probablement, surgit de cette autre figure, "le roi en ses conseils, le peuple en ses états" héritée de notre monarchie au charme séculaire.
RépondreSupprimerJuste pour l'anecdote, et comme M. l'abbé G2T (dont je peux imaginer qu'il la connait, vu qu'il a presque tout lu!....sauf le bouquin que je lui avais apporté?! lol), nous parle de l'abbé de Saint-Cyran, cela me rappelle qu'un ami m'a raconté cette histoire incroyable: il a vu la dépouille de l'abbé de Saint-Cyran, en l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas (dans la quartier du Panthéon, à Paris), dans laquelle elle reposait depuis son inhumation, miraculeusement préservée sous la Révolution. Des travaux de rénovation avaient permis de la localiser avec précision, et elle fut exposée dans une chasse vîtrée, pendant le temps des travaux, avant de retourner à un juste sommeil.
RépondreSupprimerIl est fort dommage cher AG2T que vous n’ayez pas annoncé votre arrivée !... Décrivez-vous une belle image d’Epinal, ou un épisode de « Bécassine au pays Basque » ? Saint Cyran, basque ? Que nenni !! Il y a dans notre région 2 peuples qui se côtoient, les Gascons d’une part, les Basques de l’autre. Ils n’ont ni la même langue et encore moins les mêmes origines et je ne vois pas, à prio,ri ce que Jean-Ambroise Duvergier de Hauranne, avec un tel nom, aurait de Basque ! N’oubliez pas que le pays Basque a plutôt produit des Jésuites, Ignace, François Xavier, ironie de l’histoire… Voilà un point « réglé ». Vous nous parlez des Fêtes où vous semblez avoir fait l’ouverture, de jour, où certainement l’ambiance y est encore bon enfant. Dès la nuit tombée, le spectacle change. Les jeunes et moins jeunes de l’Europe entière y viennent s’enivrer et se défouler dans la violence et les bains de foule. Il n’y a plus d’autre but à ces fêtes. L’élément fédérateur basque en l’occurrence n’existe plus. Plus personne ne chante ni ne danse ni se saoule à la basquaise ! Terminé ! Les fêtes de Bayonne sont devenues le « vomitorium » de l’hexagone pour ne pas dire autre chose. Tous ces jeunes arrivent le soir dans des autobus de la ville surchargés, hurlant et tapant sur les vitres et les parois du véhicule. Un boucan infernal. Ils passent devant mes fenêtres et tout au long des fêtes j’entends le même vacarme toutes les demi-heures. Hier soir (Jeudi) j’avais honte et était remplie de tristesse. 80 personnes venaient de perdre la vie dans un accident ferroviaire, des familles souffraient, le peuple voisin dans son entier pleurait et « ces petits cons de la dernière averse » hurlaient, bêlaient sans aucun état d’âme ! Une honte ! Quant à la soutane, cher Abbé, je vous remercie de l’avoir portée, dans cet endroit. Les prêtres du « petit Bayonne » (le quartier basque) ainsi que Monseigneur lui-même ou même votre ancien collègue ne sont pas si fidèles à l’habit, qui pourtant les distingue du monde auquel ils n’appartiennent plus. Il a fallu 6 mois à Monseigneur pour l’enlever... Pourtant sans la soutane, l’Esprit n’est plus le même ! De « Révérend » à l’habit civil… Le monde gagne sur eux. Il n’est alors pas étonnant que l’on préfère alors aller manifester à Paris au lieu de processionner aux Rameaux, fête ô combien vénérable, puisqu’elle est l’entrée du Christ dans Sa Passion. Je terminerai en donnant un point de vue géopolitique : Parler de « Pays Basque » a toujours été ambivalent dans le sens où il y a un arrière plan séparatiste et terroriste. Il ne faut pas l’oublier car nous devons la trêve actuelle à un chantage : La paix contre l’autonomie du pays comprenant les provinces espagnoles et françaises. Cela promet donc, par voie de conséquence, soit une balkanisation de la France (En Espagne, c’est déjà fait) soit un retour aux violences et attentats en tous genres. Les textes Européens sont prêts. : La charte de l’autonomie locale et régionale ainsi que la charte des langues régionales et minoritaires et convention cadre pour la protection des minorités. Provinces qui alors, comme la catalogne, seraient directement sous la coupe de Bruxelles sans passer par l’Etat ! Ce séparatisme fait le jeu de l’Europe et derrière, de la gouvernance mondiale. C’est la suite logique de la perte de souveraineté nationale. Ce que nous avons construit difficilement en 1500 ans, on nous l’enlèverait en un tour de passe-passe ? Car qui connaît les textes européens chez les Basques ? Il peuvent toujours chanter « l’Agur Maria » ou le « Gure AÏta » Ils ne se rendent pas compte que les états les protègent encore. Notre région malgré votre description est un désert spirituel. Je l’ai dit déjà sur ce blog. La messe en langue basque, c’est une revendication culturelle et non spirituelle !
RépondreSupprimerbravo (brava ?) Benoîte !
RépondreSupprimer@Benoîte,
RépondreSupprimerdepuis quand l'orgie et le carnaval (même en plein ramadan) ne font-ils plus partie de la civilisation chrétienne? Surtout si l'orgie est encadrée, ritualisée, de manière à permettre à dame nature de se défouler, de se "vider" (vomitorium)de ses bas instincts... Je sais bien que cet avis n'est pas très paulinien, puisque le puritanisme de saint-Paul envoyait tous les ivrognes rôtir en enfer.Mais un christianisme vigoureux et assumé savait avec l'éclésiaste qu'"il y a un temps pour tout", un temps pour s'éclater et un autre pour s'en repentir. Attention aux excès de la pénitence!
Quant à l'Union européenne qui ferait son lit dans tous les séparatismes et nous ferait nous réveiller demain matin basque, breton, Alsacien ou Flamand, après que la france aura disparu comme "les poètes" de la chanson de trennet, je crains que vous ne lisiez trop Pierre Hillard. Certes, celui-ci cite ses sources et maints documents à l'appui de sa thèse. Mais de même que ce n'est pas parce que Nicolas dupont-Aignan a participé une fois à une réunion de "young leaders" que ça fait définitivement de lui un agent US infiltré (je rappelle que Pierre Hillard est allé jusqu'à remettre en cause l'intégrité de Jean-Paul Bled et de l'ambassadeur Pierre Maillard pour des motifs aussi futils), de même, citer des documents d'abondance ne crée pas une perspective. Il faudrait d'abord savoir si d'autres documents n'existent pas tout aussi abondamment dans le sens contraire et, si tel est le cas, analyser le rapport de forces à l'oeuvre dans l'UE. Si tel n'est pas le cas, il faudrait envisager l'hypothèse que les documents cités par Pierre Hillard puissent émaner d'activistes qui pèsent moins qu'il le suppose. Bref, Pierre Hillard nous étouffe sous les citations, ce qui n'en fait pas un analyste émérite. Il sait débusquer quantité de réunions secrètes auxquelles il n'a pas participé et dont il ne nous rapporte pas le verbatim, ce qui n'en fait pas un témoin crédible. Pour être vachard, Pierre Hillard m'apparaît surtout comme un prof d'histoire-géo qui s'est pris pour un géopolitologue.
(Suite)
RépondreSupprimerSi je suis si sévère avec Pierre Hillard, c'est peut-être que je n'ai pas envie de croire à son scénario. Mais il y a surtout quelques arguments rationnels qui flattent mon envie de n'y pas croire (pour rester obligeant):
1. Le séparatisme n'est guère enraciné dans la culture des régions à forte identité. La majorité des bretons sont bien contents qu'il y ait des écoles Diwan,(pardon pour l'orthographe) pour que leur langue ne dépérisse pas, ça n'en fait pas des militants du FLB, et la charte des Langues Régionnales et Minoritaires assure la survie de leur langue. Quand le défunt professeur Frédéric Delofre disait cela dans des cercles nationalistes au nom de son expertise dans l'histoire de la langue française, il se faisait huer de ses amis. Or que l'on songe au traumatisme qu'a constitué l'abandon obligatoire de ses patois par la paysannerie française, sous la férule de l'abbé grégoire qui a véritablement unifié la langue française, sans que la France d'Ancien régime, celle qui parlait patois, ait été moins la france.
2. Je sais bien que Pierre Hillard se place du point de vue de l'allemagne dont il pense que l'hégémonie économique peut contaminer la politique, et le modèle allemand étant bien celui qu'il décrit, cette conjecture n'est pas déraisonnable. Mais il ne faudrait pas oublier que ce que l'Occident tient pour son modèle politique capable d'assurer un minimum de stabilité dans le monde est l'etat-nation.C'est tellement vrai que le projet de "grand Moyen Orient" porté il y a dix ans par les etats-Unis était basé sur une rationalisation des nations sur une base ethnico-religieuse, ce qui n'avait rien d'absurde et pourrait finir par être accepté, y compris des populations concernées, car ce serait un facteur de paix. Cela ne veut pas dire que les frontières, protégées politiquement, ne doivent pas, aux yeux de nos oligarques, rester poreuses économiquement. Mais l'établissement d'une économie libérale dans une concurrence capable de passer par les trous de frontières-passoires n'entraîne pas la disparition de celles-ci, à moins que l'on tienne, pour se faire peur, à invoquer la chimère d'un "gouvernement mondial" qui ne serait pas viable une seconde et dont l'Organisation des Nations... Unies serait une préparation. Que le monde essaie de s'organiser sur quelques chapitres de sa gouvernnance, lesquels peuvent être rendus extensibles par les multinationales et les banques, avides de commerce et de spéculation et ennemies de tout protectionnisme, ne fait pas que ces "économâtres" auraient intérêt à un gouvernement que rien ne pourrait faire tenir, tant, à la base, les intérêts sont divergents, ne serait-ce que ceux des américains, des Russes et des Chinois (je ne parle pas des peuples, car j'entends bien qu'ils ne détiennent pas la force armée). Un peu de bon sens, tout de même! Ou qu'on me prouve que le gouvernement mondial et provincial est viable...
Nous volons de bataille en bataille. Après avoir encensé le suicidé de Notre-Dame et fustigé Tasin voici qu’on exalte un particularisme.
RépondreSupprimerMonsieur l’abbé, bienvenu au club des partisans de la guerre franco-française.
Se promener sur les hauteurs est aisé. Mais il est terrible de ne pas avoir conscience que les chemins que l’on emprunte descendent.
Caserte, vous me redonnez espoîr. C'est donc que si M.l'abbé G2T "se promène sur les hauteurs", il finira (peut-être) par en redescendre, et jeter un coup d'oeil sur le modeste présent que je lui avais apporté mais avec tout mon coeur d'avoir choisi ce qu'il apprécie, je crois: un sîmple bouquin mais ardu comme nous savons qu'il les aîme....
Supprimeril faut rappeler aussi que Ignace de Loyola, l'ennemi jésuite de jean Duvergier de Heauranne était Basque également. IL est plaisant de voir que les deux illustres théologiens étaient Basque.
RépondreSupprimerL'effet soutane? Voilà qui pose la question: crise de l'offre ou crise de la demande? L'effet soutane fait pencher pour une crise de l'offre. Je crains que trop, dans l'épiscopat français penchent pour le diagnostic keynesiano-socialo-laxiste d'une crise de la demande. Potdevin en soutane! Louis.
RépondreSupprimerFélicitations pour votre promotion bien méritée au grade de Cardinal puisque vous arborez une ceinture rouge.
RépondreSupprimerJe sui perplexe devant le propos de la jeune maman qui dit : "Je n'ai pas la foi, mais je veux faire baptiser mon bébé, pour qu'on soit ensemble après la mort".
RépondreSupprimerIl y a un manque de logique évident : si elle n'a pas la foi comment peut elle affirmer qu'il y a quelque chose après la mort ?
Bref on est en pleine confusion mentale, comme souvent en matière de religion.