"Il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas le Paraclet ne viendra pas à vous" (Jean 16, 7). Cette formule du Christ est mystérieuse. Il semble dire qu'il faut qu'il parte pour qu'advienne l'Esprit saint. Dans le magnifique Octave de la Pentecôte (massacré par les liturgistes de Paul VI et qui n'existe plus que dans l'extraordinaire rite que j'ai l'honneur de célébrer), nous lisons aujourd'hui une déclaration absolue du Christ, qui affirme son Unicité : "Je suis la Porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands"(Jean 10, 7). Les deux textes doivent être tenus ensemble pour produire tout leur sens. D'une part, il faut reconnaître qu'il n'y a pas d'autre Porte pour entrer dans le Bercail divin que celui qui est envoyé par le Père pour nous sauver. Le Christ seul nous sauve : "Il n'y a pas sous le Ciel d'autre nom donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés" (Ac. 4, 12). Mais en même temps, c'est le Saint-Esprit qui, à l'intime de chacun de nos coeurs, opère ce Salut procuré par le Christ. C'est pour cela que le Fils doit en quelque sorte s'effacer pour qu'advienne le Saint-Esprit, second don du Père.
Nous sommes là devant le sens mystique du double mystère de l'Ascension et de la Pentecôte, que la liturgie traditionnelle exprime bien au moment où, le jeudi de l'Ascension, après la lecture de l'Evangile, le prêtre éteint solennellement le cierge pascal, qui était resté allumé, durant chaque messe pendant quarante jours après Pâques, comme un signe des quarante jours que le Christ a passé sur la terre après sa résurrection, "parlant du Royaume de Dieu". Le Christ nous a quitté. Il n'est plus parmi nous. "Le Seigneur Jésus, après leur avoir ainsi parlé fut enlevé au Ciel et Il est assis à la droite de Dieu" dit l'Evangile de saint Marc (16, 19), citant le Credo. Pourquoi FALLAIT-IL que le Christ parte pour que nous soit donné l'Esprit saint ? Il est la Porte des brebis, mais il nous est avantageux qu'il s'en aille... Comment comprendre ? C'est la question que nous pouvons nous poser...
Et nous sommes renvoyé à la Pentecôte, qui n'est pas seulement la fête du Saint Esprit, mais la fête de ce deuxième don que Dieu nous fait : il nous a offert son Fils, nous l'avons tué. Il nous offre l'Esprit saint... si nous le voulons ! Les deux dons sont aussi importants l'un que l'autre et ils se complètent. Il y a dans l'Esprit saint comme une nouvelle incarnation, que la première, absolue, parfaite, semble exclure et appeler tout ensemble. Quand le Christ dit "Je", c'est Dieu qui dit Je. On ne peut pas imaginer union plus intime à la Divinité que cette union personnelle. Et c'est pourquoi elle est unique. Il n'y a qu'un Jésus-Christ. Il ne peut pas y avoir d'autres incarnations en sa présence. Mais dix jours après son départ, le Saint Esprit peut faire de nous d'autres Christ, comme des esquisses inachevées, imparfaites mais partout présentes.
Merveilleux, mon Père ! Je ne vous lis pas souvent et c'est un tord, je suis heureux de lire ce qui pourrait être une homélie et m'encourage dans le mouvement qui se fait en loi de me rapprocher de l' Église traditionnelle. Je vais vous lire plus souvent. Mais à quoi bon, si je ne me rapproche pas de l’Église traditionnelle aussi je vais aller y voir si j'y suis.
RépondreSupprimerEt encore merci pour ce bel article !...
Patrick de St Cyprien
Merci pour votre commentaire, je dirais bien sûr, mais surtout merci de mettre en relief ce merveilleux passage de l'évangile qui me fait toujours frémir à le lire.
RépondreSupprimerIl y a une interprétation "au ras des pâquerettes" mais qui me satisfait pleinement : jusqu'à ce moment le Christ dirigeait parce qu'il était là, présent. Par conséquent notre initiative était réduite voire abolie. Maintenant, sa présence, il nous faut la réclamer! Et c'est cette requête qui fait venir le Saint-Esprit. Nous constatons la disparition de Jésus et c'est par le souvenir que nous nous repérons. Nous avons besoin de nous souvenir de lui alors que les apôtres se "contentaient" de le suivre. Il était là il faut à présent le chercher! C'est le but de notre vie.
Très beau commentaire! Merci beaucoup.
RépondreSupprimerLe génie de Mgr Lefebvre c'est d'avoir compris .et fait comprendre à ses brebis, ce que lui avait compris et était son trésor .ce que que jamais le monde ne pourra comprendre parce qu'il ne le voit ni le reconnaît, , que le Paraclet a été reçu comme un don d'une flamme de feu dans les multiples langues de l'univers d'Hérodote (Grèce, Egypte, Libye, Mésopotamie...) mais aussi en Latin; langue des romains, et qu'autour de ce don divin en latin est la vie, et donc que le grec et le latin dès lors ne peuvent pas être des langues mortes, mais étaient t des langues vivantes...
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